Amazônia – Créations et futurs autochtones – au Quai Branly

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 18 janvier 2026

coiffe de plume

Avec la COP 30 à Belem, l’Amazonie est d’actualité, occasion d’aller faire un tour au Quai Branly pour cette présentation des Autochtones d’Amazonie. 

En 2021, à la Philharmonie de Paris s’était tenue une exposition immersive des photographies de Salgadosur la musique de jean Michel Jarre  CLIC Somptueuses vues aériennes de la forêt et des fleuves, nuages….

peinture faciale

Au Quai Branly le propos est ethnologique : c’est une présentation de la richesse et de la diversité des populations autochtones dans cette région immense s’étendant sur 9 pays, où 300 langues sont parlées. Il s’agit de déconstruire les clichés et les idées reçues. 

Mogahe Gihu – Abel Rodriguez Valse

L’Amazonie, une forêt vierge ? Cette première idée préconçue  que la forêt serait un enfer vert, difficile d’accès, peu peuplé, est battue en brèche par l’archéologie. 5 vidéogrammes montrent le travail des archéologues sur un site habité depuis 6000 ans. Les fouilles montrent des vestiges d’une civilisation très ancienne. Des photographies aériennes mettent en évidence des fossés creusés, d’anciennes voies de communications, tout un réseau reliant des villages. Habitée depuis 9000 ans, l’Amazonie n’est pas une terre vierge mais peuplée au XVIème siècle de 8 Millions d’habitants. 

le territoire des ancêtres

L’exposition montre une Forêt-jardin façonnée par les hommes qui ont géré de façon durable la forêt, soignant le milieu naturel avec une connaissance très fine de ses ressources végétale mais aussi animales. 

A l’entrée de l’exposition : coiffes des jeunes garçons et installation

Créer la forêt, habiter les mondes 

Les mythes amazoniens mettent l’accent sur la transformation, dynamique créatrice qui ne s’arrêt jamais. Les humains ont la responsabilité de poursuivre la création du monde à travers des savoirs chamaniques, des cérémonies et des rituels.

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De nombreux objets colorés de plumes colorées, d’écorces, de fibres : coiffes, masques, labrets sont présentés

Couronne de plumes

mais certains confectionnaient aussi de très belles poteries pour toutes sortes d’usages : culinaires, funéraires, ou même des jouets, poupées pour les petites filles.

coupe en terre cuite

Fabriquer les humains

Contrairement à nos conceptions occidentales la frontière entre les humains et le monde vivant qui les entoure est très floue. A sa naissance il faut « fabriquer » les « vraies personnes » au cours de cérémonies de nomination, de rites de passage et d’initiations. Les corps sont façonnés avec des peintures très sophistiquées très signifiantes. Les graphismes remplissent plusieurs rôles exprimant les phases de la vie, le deuil …

Peintures corporelles

L’exposition montre des sceaux pour décorer des motifs géométriques. Une mandibule de carnivore aux dents acérées est un scarificateur. Des labrets vont transformer les lèvres. Certains masques spectaculaires en vannerie sont de taille impressionnante.

L’ennemi, les morts, les Blancs

la guêpe qui coupa la queue des hommes

Le statut d’humain n’est donc pas figé, un membre de la communauté peut devenir un esprit ou un animal. Les pratiques chamaniques intègrent aussi les rêves. Avec des cultures aussi riches et sophistiquées on est très loin des idées « civilisatrices » de la colonisation qui introduiraient la « modernité » .

Le collier des ancêtres

Au contraire, nous avons beaucoup à apprendre de ces manières d’habiter le monde.  

Et pour le plaisir, j’ai trouvé sur Internet les extraits du concert Aguas da Amazonia, de Philip Glass

 

Pour mourir, le monde – Yan Lespoux

BOOKTRIP EN MER

Hors délai pour le BOOKTRIP EN MER je remercie tous les marins du Challenge de m’avoir donné envie de lire ce livre : Claudialucia, keisha, fanja

Les aventures et les naufrages ont accompagné ma semaine à Arcachon et dans les Landes du Médoc . Le décor, dunes, marais et forêts, était planté sous mes yeux. J’ai adoré la petite maison d’Hélène la sorcière:

Les pins, ici, sont plus clairsemés, et après eux apparaît une maison étrange. Elle est faite de planches grossières et de poutres, de pièces de bateaux, et son pignon tourné face à l’ouest a presque disparu sous le sable qui s’amoncelle. On pourrait monter cette dune pour marcher sur le toit où une cheminée dégage une fumée grise rabattue par le vent. Derrière, le haut d’un pin fourchu émerge d’une autre colline de sable, et plus loin on peut voir des troncs morts. Des têtes d’arbres auxquelles s’accrochent encore quelques aiguilles marron sortent du sol. Tout un monde semble avoir été englouti,

Le naufrage de la caraque portugaise en janvier 1627 sur les côtes du Médoc a vraiment eu lieu et a été documenté, c’est un fait historique même si l’ouvrage est une fiction. 

Même si le Royaume du Portugal est tombé sous la tutelle de l’Espagne, même si la domination de la flotte portugaise est contestée sur les mers par les Anglais et les Hollandais il reste assez de fierté à Dom Manuel de Meneses, le Capitaine-mor, pour engager la flotte portugaise dans des aventures sur tous les continents connus alors : Europe, Afrique, Indes, Brésil.

« Il allait donc falloir se préparer à un combat déséquilibré et, éventuellement, pensa Fernando, prier pour trouver un morceau de bois auquel s’accrocher si le bateau venait à couler. Le genre de prière qu’il était plus facile de voir exaucée que celle qui aurait consisté en un apprentissage accéléré de la natation. Car si les prêtres enseignaient la prière et organisaient même des concours en la matière pour tuer l’ennui et détourner les hommes du jeu, si les officiers enseignaient le maniement du mousquet pour les mêmes raisons, si les soldats comme Gonçalo Peres vous enseignaient un peu malgré eux qu’il fallait toujours se tenir sur ses gardes, il ne venait à l’idée de personne, en embarquant pour un voyage de six mois sur des océans déchaînés, de vous apprendre à nager. »

Nous suivons les aventures de deux amis Fernando et Simao, soldats engagés en partance pour Goa, puis celles de Diogo, le fils de Nouveaux Chrétiens de Salvador de Bahia et de son ami Ignacio, indien Tupinamba, réunis après la prise et l’incendie de  Sao Salvador de Bahia par la flotte hollandaise et enfin la cavale de Marie, la landaise, qui a assassiné à Bordeaux un jeune noble qui voulait abuser d’elle.

Fernando et Simao, après leur engagement comme soldats tenteront leur chance dans le trafic des diamants. Histoire de tigre dans la jungle, prisons de l’Inquisition..

Ignacio et son arc, Diogo seront engagés par le Capitaine-mor à la suite d’une expédition des flottes portugaises et espagnoles pour déloger les Hollandais de Salvador de Bahia.

Voyages au long cours, naufrages, batailles navales et aventures sanglantes sur terre. C’est un roman d’action, picaresque, historique, très bien écrit et très distrayant!

 

 

Tarsila do Amaral – peindre le Brésil moderne – au Luxembourg

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 2 février 2025

Caïpirinha (1923) Tarsila se représente en jeune fille de la campagne qui joue dans son jardin

Tarsila do Amaral naquit en 1886  à Capivari (Etat de Sao Paulo) dans une exploitation caféière. En 1920 Tarsila va étudier à Paris à l’académie Julian, retourne au Brésil en 1922 pour la semaine de l’Art moderne. Oswald de Andrade devient son compagnon. Ensemble il reviendront à Paris en 1923, Tarsila prend des cours avec André Lhote, Fernand Léger et Albert Gleizes. Ils se lient avec Cendrars, Cocteau, Brancusi et les Delaunay.

Autoportrait au manteau rouge

Les Parisiens attendent une « fraîcheur exotique » elle soigne son apparence : « une caïpirinha habillée par Poiret »

L’Invention du Paysage brésilien

Le chemin de fer Central (1924)

Ses allers-retours Paris/Sao Paulo lui font appréhender le paysage brésilien. le cubisme lui offre une méthode d’analyse. Dans le Chemin de Fer Central, Tarsila exalte le progrès technologique faisant figurer locomotive, pylônes  qui voisinent avec une église portugaise ou des maisons colorées. Avec son industrialisation Sao Paulo serait la « locomotive du pays »

le Marché

J’ai beaucoup aimé la fraîcheur des couleurs, les fruits exotiques du marché et la surprise d’y découvrir des animaux, lapin, oiseau, tatou?

Primitivisme et identité

A Negra

Tarsila ne se contente pas des paysages, elle peint les Brésiliens construisant un imaginaire national fondé sur le métissage des cultures indigènes, africaines et portugaises. 

Le marchand de fruits

 

le baptême de Macunaïma (1956) présente un personnage composite, homme/femme à la fois, enfant qui devient blanc quand on le baptise dans une nature sauvage exubérante peuplée d’oiseaux cubistes rouge, de crapauds …

Batizado de Macunaïma (1956)
La Cuca (1924)

Le Brésil cannibale (1928)

Paysage anthropophage

En 1928, Oswald de Andrade publie un Manifeste anthropophage illustré par la figure de Abaporu

 

Abaporu d’après le tupi-guarani : Homme qui mange l’autre

Dans cette période anthropophage Tarsila peint les réminiscences enfantines des rêves. On l’a parfois comparée à Magritte et De Chirico mais elle ne se réclame pas du surréalisme

Taureau dans la forêt

Travailleurs/Travailleuses

Ouvriers

Le krach de 1929 affecte Tarsila qui perd ses propriétés. Son nouveau compagnon Osorio Cesar est un intellectuel de gauche. Ils partent en visite en URSS et Tarsila est influencée par le réalisme soviétique comme on le voit dans  le grand tableau « Ouvriers » presque une fresque. Ce voyage en URSS la conduira en prison en 1932. Dans le tableau des Couturières, elle s’attache à un traitement individuel de chacune des femmes

Couturières (1950)

Nouveaux paysages années 1950

Tarsila revisite ses compositions précédentes, intègre la construction des métropoles et peint Sao Paulo avec des grattes-ciel.

Porto (1963)