Etape à Dol-de-Bretagne

EN ROUTE VERS LE COTENTIN EN JUIN

la cathédrale de Dol et devant le bateau de Granite qui a transporté Saint Samson

Pour arriver  Saint Vaast-la-Hougue, à partir de Saint Malo nous disposons de tout notre temps pour flâner.  Arrêt petit-déjeuner à Dol-de-Bretagne. 

La silhouette de la cathédrale de Dol nous est familière. Elle voit de très loin du Mont Saint Michel et pourtant nous n’avions jamais fait le détour. De l’extérieur, c’est une forteresse de granite. Quand on entre je suis étonnée par la clarté et la légèreté de la nef gothique. Charmée aussi  par les vitraux (XIIIème)

Vitrail du choeur : arrivée de Saint Samson sur son auge de pierre

J’ai observé ceux qui racontent l’histoire de Saint Samson à qui est dédié la cathédrale. Samson, évêque de Cardiff, est arrivé du Pays de Galles navigant sur une auge de pierre. J’ai déja lu à plusieurs reprises cette légende des auges de pierre flottantes (en réalité des curraghs, barques irlandaises très légères pas du tout en granite) qui ont traversé la Manche. Ce voyage est aussi raconté par le vaisseau de granite sculpté par Jean Yves Menez  (voir photo ci-dessus). Selon Wikipédia cette barque de pierre aurait vraiment navigué. 

Dol de Bretagne : puits

Une autre curiosité de l’église : le Double Puits. on voit ci-dessus le puits extérieur où la population pouvait puiser de l’eau. Un second puits a été découvert dans la « Chapelle du puits ». Ces deux puits auraient la même source et l’un des deux serait même gallo-romain. 

A l’Office de Tourisme on peut acquérir un plan avec une visite de la ville.

A l’arrière de l’église, la Place de la Trésorerie rappelle le rôle du chapelain trésorier. Le Chapître était un élément de stabilité dans l’histoire de l’église., alors que els évêques se succédaient. 

Rue Ceinte

La promenade aurait dû me conduire aux remparts de Dol mais je l’ai écourtée en empruntant la Rue Ceinte : jolie rue pavée dont les maisons de granite semblent intouchée par la modernité. 

le marché du samedi à Dol de Bretagne

La grande rue principale formé par la Rue Lejamptel et la Grande rue des Stuarts est occupée aujourd’hui samedi par le marché. Elle est très encombrée par les étals variés aussi bien maraîchers que textiles. Tout est de très belle qualité. j’ai bien du mal à photographier les maisons à pan de bois derrière les auvents des marchands.

Chateaubriand tout jeune élève

A une extrémité, devant les halles (XIXème siècle) je reconnais le jeune Chateaubriand qui fut élève à Dol. Combourg est tout près. Plus loin, dans l’Hôtel Grand Maison une plaque explique que Victor Hugo et Juliette Drouet séjournèrent là en 1836. Cette coïncidence m’amuse, me rappelant que Victor Hugo a déclaré à 14 ans qu’il voulait être Chateaubriand sinon rien. Et ce n’est pas fini  : c’est dans ce même hôtel que la dépouille de Chateaubriand fut veillée en 1848 avant de rejoindre son tombeau à Saint Malo sur l’ilot du Grand Bé. 

Quittant la Bretagne par  l’autoroute de Caen, nous frôlons Villedieu-les-Poêles que nous devions visiter. 31°C nous dissuade. Toujours aussi chaud devant Saint Lô. Nous sommes pressées de voir la mer et un peu de fraîcheur. 

 

Cézembre – Hélène Gestern

UN ROMAN DE SAINT MALO

Cézembre vu du ferry

Ce gros roman (650 p en Poche) m’a accompagnée pendant ces vacances en bord de Manche. Il a guidé mes rêveries en passant devant les rochers, les îlots et les îles, flux et reflux des marées…

Cézembre est une île en face de Saint Malo. Une île chauve, un caillou, une île martyr dont l’histoire est tragique. Fortifiée par les Allemands, elle a subi un pilonnage monstrueux de la part des Alliés. Elle exerce une fascination pour le héros du roman

« J’ai toujours aimé la beauté des ruines ; mais celles-ci, sous leur vêtement de graminées, de mousses et de
lichens, ne s’étaient pas tout à fait départies de leur violence originelle. À Cézembre, la nature n’avait pas
éteint le souvenir de la bataille sans merci qui s’y était livrée : elle en avait simplement apaisé l’horreur. »

Yann de Kérambrun, le narrateur, est historien. Il enseigne à la Sorbonne et rédige une thèse sur les pirates de la Méditerranée du temps de l’Empire Romain. En instance de divorce, il vient de perdre son père. Son fils part en Allemagne. Il demande un congé sans solde et s’installe dans la maison familiale Les Couërons sur le Sillon à Saint Malo. Il y trouve un véritable trésor : les archives de la Société de propulsion nautique malouine créée en 1905 par son aïeul Octave. Cette société les « vedettes bleues » assuraient les traversées entre les Îles anglo-normandes et Saint Malo. Octave avait pour associés un homme d’affaire de Jersey et un avocat Sainte Croix, très actif dans la politique locale. 

Parmi les divers dossiers, il retrouve plusieurs dizaines de carnets des « livres de raison » comptes journaliers, mais pas que. L’historien qui sait déchiffrer de telles archives se lance dans une entreprise au long cours : reconstituer la saga familiale de cette famille d’armateurs malouins. A première vue, l’entreprise s’est transmise de père en fils et a prospéré, Octave a fait construire une belle maison de maître qui est restée dans la famille. Mais des secrets de famille le troublent. Entre temps, on retrouve un squelette à Cézembre, l’entreprise familiale est elle mêlée ? Yann se livre à une  enquête minutieuse qui va mobiliser les cousins éloignés qu’il avait perdu de vue. je retrouve les mêmes ressorts qui m’avaient tenue en haleine dans 555, le manuscrit de Scarlatti. 

Entrelacées avec l’histoire familiale, les tragédies qui se sont déroulées sur l’île : avant d’être occupée par l’armée allemande, Cézembre fut une colonie pénitentiaire. C’est aussi un site idéal pour la contrebande. Pouvait-on s’échapper de Cézembre à la nage?

Yann se lance le défi de faire la traversée à la nage.

Mais je rêve de plus en plus souvent à cette traversée, que je voudrais réussir en solitaire. Comme si
atteindre l’île par mes seuls moyens pouvait me permettre de replonger dans ces époques lointaines
dont nous parlait Étienne, lorsque la géométrie des terres et des sables était si différente que les îles
Anglo-Normandes n’étaient qu’une péninsule. Je m’imagine, marcheur gagnant le couvent des Récollets,
traversant une forêt de chênes baignée par le vent maritime. Ceux que la marée avait saisis, couchés,
minéralisés, chassant au fil des siècles la sève et la fibre du bois pour y loger son sel, son fer, sa silice.

Le livre est aussi traversé par l’histoire de la joggeuse mystérieuse, la femme au K-Way turquoise, Rebecca,  dont Yann va tomber amoureux. Pas la partie que j’ai préférée.

Et toujours la présence de la mer, de sa puissance, de naufrages comme d’entrainements à la nage. Saint Malo et ses légendes. J’ai adoré la légende de la forêt de Scissy, forêt enfouie sous le rivage depuis des millénaires, fossilisée

On a retrouvé des arbres fossilisés, enfouis dans le sol inondé, qui datent du néolithique. On appelle ça des
couërons. — C’est de là que vient le nom de la maison ? — Sans aucun doute. On les reconnaît parce qu’ils
sont couchés à l’horizontale, avec des racines qui forment un angle à quarante-cinq degrés avec le tronc.
Ce qui veut dire que ces arbres ont commencé à pousser avant la submersion,
[…]
À l’emplacement du Sillon, il n’y avait pas une forêt qui allait jusqu’à Cézembre ? Étienne a souri. — Ah,
la fameuse forêt de Scissy ! Ou Querckelonde selon d’autres sources. Hugo l’appelait la « forêt druidique »
… Elle aussi, elle fait partie de la légende.

Roman de la mer, saga des armateurs malouin, histoire du XXème siècle, de la guerre…Aussi relation père-fils. Les thèmes abordés sont nombreux et ce roman  est décidément très riche.

J’ai eu  le plaisir de rencontrer Hélène Gestern à la manifestation littéraire, Créteil en poche. Je lui ai dit tout le bien que je pensais de son livre. Mais comme je n’ai pas l’esprit d’à-propos, je ne lui ai pas demandé de photo. Quand je suis revenue, elle avait disparu!

Erquy

SUR LA ROUTE DE PORT BLANC A SAINT MALO

le Port d’Erquy vu d’en haut

Erquy ou Cap Fréhel?

Les deux sont très fameux mais risquent d’être bondés en ce dimanche de juin par beau temps.

Erquy est une station balnéaire construite autour de son port et de sa plage. Les maisons s’étagent à flanc de colline et l’urbanisation s’étend presque en limite de la Zone Naturelle. De grands parkings sont aménagés au sommet du rocher mais nous préférons descendre à la mer. Une rangée de terrasses des  restaurants s’aligne près du port. Nous piqueniquons devant la plage. Des baigneurs en maillots sont à l’eau. J’aurais été mieux avisée de les imiter. Plus tard la mer descendra très loin, libérant un estran caillouteux.

Grès rose d’Erquy

Près du port,  une série d’escaliers de bois à la base de la falaise permet d’accéder au cap.  Jolie surprise : un petit lac se trouve au pied d’un  mur rocheux, le front de taille d’une ancienne carrière de grès. Le grès rose d’Erquy est très apprécié. Un peu plus loin, des engins de carrière sont disposés près du sentier : une benne remplie de cailloux et on distingue un rail sur la petite anse de galets

La promenade se déroule d’abord dans les pins et une végétation méditerranéenne. les Hélichryses jaunes rappellent même la Corse. puis on arrive dans une lande rase avec des ajoncs en fleur et des bruyères rose vif.

le cap d’Erquy est parcouru de nombreux sentiers piétonniers avec de nombreux piétons cet après-midi de dimanche. Chacun va se percher sur un petit piton ou un amoncellement de blocs.

La géologie d’Erquy est intéressante : le Grès blanc ou rose rubané s’et formé il y a 470 Millions d’années. On trouve aussi du volcanisme très ancien 600 MA avec des filons de dolérite (310MA) et des diorites 580 MA.

Du plateau on a une vue jusqu’au Cap Fréhel – spectaculaire!

Nous comptions ensuite suivre le littoral et voir les Stations de Saint Cast, Saint Briac et Saint Lunaire. Des travaux sur le Pont de Lancieux nous bloquent le passage. Nous traversons deux fois le village de Matignon, sommes déviées et passons enfin le barrage de la Rance

En quête du pique-nique, une belle surprise :l’enclos paroissial de Runan

SUR LA ROUTE DE PORT-BLANC A SAINT MALO

Notre Dame du Bon Secours – Enclos paroissial de Runan

Nous ne sommes pas pressées d’arriver à Saint Malo.

 Au lieu d’emprunter  la grande route D767 comme le propose le GPS, nous nous attardons dans la campagne à la recherche d’un charcutier pour du pâté ou de l’andouille et d’une boulangerie pour une baguette bien craquante. Nous nous déroutons à la vue d’un clocher et d’un village. 

Façade ornée

Les dimensions de l’église sont impressionnantes pour un si petit village (253 habitants). L’église est précédée d’une imposante chaire à prêcher. L’église est ouvragée, son porche, comme les piliers carrés délimitant les travées de la nef à l’intérieur. Deux magnifiques retables de bois peint ry une chaire en bois sombre.

Pour le pique-nique, c’est loupé. Il y a bien une boulangerie qui fait aussi épicerie et propose même des poulets rôtis avec des pommes de terre. Tous ces villages sont jolis, fleuris mais il n’y a plus aucun petit commerce sur place.

les Enquêtes d’ANATOLE LE BRAZ – L’Ouvrier de la Mort – Gérard Lefondeur – Palémon

POLAR BRETON

L’Ankou – parc des statues Perros Guirec

Anatole Le Braz est un écrivain breton qui s’est intéressé aux légendes celtiques et a compilé traditions et contes à la fin du XIXème siècle. Un de ses ouvrages est justement La Légende de la Mort.

Gérard Lefondeur imagine une série de romans policiers ayant pour  enquêteurs le Commissaire Le Dantec et Anatole Le Braz. Le commissaire fait appel à l’écrivain comme expert de la culture bretonne. C’est le premier livre de la série Les enquêtes d’ANATOLE LE BRAZ que Babélio m’avait fait connaître avec Le sang de Douarnenez (CLIC)que j’avais beaucoup apprécié.

L’Ouvrier de la Mort qu’on appelle aussi l’Ankou est représenté brandissant une faux conduisant une charrette grinçante. 

« Je vous chante qu’il me semble les avoir croisés ce matin, en revenant de la Croix du Chaos du Moulin, sur
une drôle de charrette tirée par un postier breton ; une sacrée belle bête, soit dit en passant. Dans leur
équipage, ils avaient rien des deux moitiés de vagabonds qui ont disparu il y a belle lurette. Et puisqu’on en parle, maintenant que j’y pense, j’ai eu l’impression qu’ils revenaient par le chemin vicinal qui conduit à la demeure de Goadec, justement. »

 

Deux décès suspects dans les alentours de Braspart, petit bourg des monts d’Arrée, n’ont pas alerté la gendarmerie : une vieille femme malade décède d’arrêt cardiaque, le garde champêtre et son chien écrasé sous la roche branlante de la forêt de Huelgoat. Le Commissaire Dantec, inspecteur de police d’origine bretonne mais venant de Paris,  est intrigué par un détail : une petite faux sculptée en bois, retrouvée chez les deux victimes. C’est à ce propos qu’il fait appel  à Anatole Le Braz. 

La scène avait quelque chose d’un peu ridicule : un homme bien charpenté et vêtu comme un Anglo-
Saxon, suivant à moins de deux mètres un pilote automobile aux lunettes de conduite remontées sur le casque, totalement inutiles car couvertes de condensation ; quel couple étrange…

Le folkloriste habitué à aborder les paysans recueille plus de témoignages que le policier à bord de sa Dion Bouton. Il sait aussi désamorcer les susceptibilités des gendarmes à l’égard du policier supposé Parisien. Le duo va nous faire vivre des aventures étonnantes et sanglantes que je ne révèlerai pas ici. L’humour tempère la teinte sombre du thème de l’Ankou

Vous n’aurez qu’à suivre les pommes et quand leur piste s’arrêtera, sur votre droite, vous verrez l’Arbre
aux Pendus. Dans le champ. C’est là, juste au bord, qu’on l’a retrouvé.[…]les premières pommes sur la chaussée. Cela avait quelque chose d’un roman de Lewis Carroll, mâtiné de Charles Perrault ou des Frères Grimm, le tout illustré par Gustave Doré

Le roman décrit les coutumes et croyances de la Bretagne à l’aube du XXème siècle. Coutumes rurales mais aussi irruption de la modernité. Répression de l’usage de la  langue bretonne, opposition entre les laïcards et les calotins. Modernité de l’automobile, et du téléphone. Comment Monsieur le Comte n’a pas le téléphone dans son manoir? Arrivée du tourisme comme cet hôtelier belge à Port Blanc…

Cependant, Le sang sur Douarnenez que j’ai lu précédemment m’avait paru plus riche avec les luttes sociales dans les conserveries. J’y avais croisé Conan Doyle avec grand plaisir. 

Nous devions passer les deux semaines des JO en Bretagne, j’avais téléchargé ce roman que j’ai lu avec grand plaisir après l’annulation du séjour.

 

Détour sur le barrage de la Rance

BALADE NORMANDE (ET BRETONNE)

Plage des Bas sablons

Petit déjeuner excellent servi au bar de l’Hôtel Aleth, occasion d’apprécier la décoration très réussi sur le thème de la marine : belle maquette de voilier, figure de proue, canapés de cuir, aquarelles et cartes marines.

pzetit déjeuner avec vue!

Et si on faisait un détour pour aller voir le Barrage de la Rance?

La route de Dinard roule sur la digue. un parking est aménagé pour les visiteurs avec de nombreux panneaux explicatifs. J’y apprends que l’Usine marémotrice fut construite sur la rivière que était déjà équipée de 7 moulins à marée. La construction du barrage a duré 20 ans de 1946 à 1966, inauguration par le Général De Gaulle. Des explications très techniques décrivent le fonctionnement des bulbes. Ceci me permet de repérer les tourbillons que je n’aurais peut être pas vus seule. De nombreux panneaux sont consacrés à l’écosystème de l’estuaire (oiseaux, poissons, crustacés) ? la construction du barrage a été bien sûr un facteur perturbant la faune mais elle se serait adaptée et les peuplements se seraient reconstitués (si EDF le dit!)

barrage de la Rance : écluse

Côté Dinard, une partie du pont se soulève pour laisser passer les voiliers. Nous comptons les mats de la voiture. Les saumons et autres espèces qui remontent les rivières pourront passer comme les bateaux par l’écluse!

Sur la route de la Manche, un détour par Saint Malo

BALADES NORMANDES (et BRETONNE AUJOURD’HUI)

Route dégagée sur la RN12 jusqu’aux abords du Perche om le ciel se grise. Le brouillard s’épaissit dans l’Orne et en Mayenne. A la dernière descente vers la Baie, nous retenons notre souffle : le Mont Saint Michel devrait apparaître. Rien! Avalé par la brume.

la Baie à Cherrueix

Pique-nique au soleil devant l’école de Char à voile de Charrueix. Nous suivons la côte en comptant les moulins à vent et en passant devant les établissements conchylicoles du Viviers-sur-mer.

A 14 heures nous sommes  à Saint Malo devant l’Hôtel Aleth – fermé – rien n’indique que c’est un hôtel. A la même adresse, le bar Cunningham – fermé lui aussi. Une affiche indique qu’il y ara de la musique ce soir. Côté Plage des Bas-Sablons, la façade est pittoresque avec ses poutres vertes. mais la porte s’ouvre dans le vide. La passerelle métallique est remontée.

Voilies au pieds des remparts

Nous allons visiter la ville close « Intra-Muros« . Sans GPS, difficile de se déplacer dans Saint Malo et ses faubourgs, Paramé, Saint Servan, Aleth… les bassins , le port des ferries, les marinas semblent difficilement franchissables.

Les Remparts de Saint Malo

la ville close présente une remarquable homogénéité d’architecture même si certains bâtiments ont été restaurés au  XXème siècle. Au niveau des remparts certains surprise rompent la symétrie. Promenade sous le soleil, à marée haute avec une mer turquoise et bleu profond. Les îles sont entourées d’eau. Il n’y aura pas de pèlerinage à la tombe de Chateaubriand .  Je remarque une piscine naturelle d’eau de mer avec un haut plongeoir où je nagerais volontiers.

Grand Bé et piscine naturelle

J’ai négligé le Musée Historique visité il y a quelques années. A la Tour Bidouane, une belle exposition de photographies : Abstraction terrestre de Jérôme Sevrette. Photographies aériennes prises d’un drone dans la région de Saint Malo mais sans aucune référence géographique  invitant  le spectateur à construire lui-même sa propre représentation.

« la finalité étant de transposer la réalité des lieux vers une représentation spatiale, graphique et imaginaire aux frontières de la perception entre attraction et abstraction »

 

Couleurs, formes présence de l’eau turquoise dans un bassin carré qui se superpose au chevelu des ruisseaux qui se ramifient dans la tangue grise? Citerne ou phare circulaire photographié vu de-dessus.

La Tour Solidor est proche de notre Hôtel d’Aleth de l’autre côté d’un cap entre la Plage des Bas Sablons et l’anse de Solidor. Petite presqu’île très verte occupée par un camping. La Tour Solidor est un donjon fortifié formé de trois tours accolées construite, en 1381 pour suiveiller l’estuaire de la Rance. Le Musée Cap Hornier y était installé mais il est actuellement fermé.

La Tour Solidor e l’estuaire de la Rance

le sentier des douaniers passe au pied de la Tour . C’est une très jolie promenade tantôt au soleil, tantôt à couvert autour du Mémorial de la Seconde Guerre Mondiale (installations et fortifications militaires) . je découvre le port des ferries : justement le Condor arrive de Jersey . Qui peut l’emprunter par temps de Covid?

Je continue mes explorations sur la Plage des Sablons presque circulaire.

Il est temps de faire des provisions. Dans la route commerçante qui monte de la plage à l’Hôtel de Ville de Saint Servan je compte 4 librairies, 2 lunetiers, des agences de voyage, brocanteurs boutiques de fringues, encadreurs…mais d’alimentation, rien! Sauf un petit Carrefour en haut de la rue.

Mémoires d’Outre-Tombe : Chateaubriand enfant et son ami Gesril sur la plage de l’éventail…..

CHALLENGE ROMANTIQUE
Devant les murs de Saint Malo
Le challenge Romantique de Claudialucia est l’occasion de lectures communes et de partages avec toute la galaxie des bloguesues romantiques (là j’exagère un peu). C’est aussi l’occasion de préciser la notion de Romantisme qui pour moi était bien floue.
Merci à Claudialucia pour les liens !
les murs de Saint -Malo sont protégés depuis bien longtemps par des pieux brise-lames .Chateaubriand
enfant raconte dans les Mémoires d’Outre-Tombe cette anecdote :
A marée haute!
Nous étions un dimanche sur la grève, à l’éventail de la porte Saint-Thomas à l’heure de la marée. Au pied du château et le long du Sillon, de gros pieux enfoncés dans le sable protègent les murs contre la houle. Nous grimpions ordinairement au haut de ces pieux pour voir passer au-dessous de nous les premières ondulations du flux. Les places étaient prises comme de coutume : plusieurs petites filles se mêlaient aux petits garçons. J’étais le plus en pointe vers la mer, n’ayant devant moi qu’une jolie mignonne, Hervine Magon, qui riait de plaisir et pleurait de peur. Gesril se trouvait à l’autre bout, du côté de la terre. Le flot arrivait, il faisait du vent ; déjà les bonnes et les domestiques criaient : « Descendez, Mademoiselle ! descendez, Monsieur ! ». Gesril attend une grosse lame : lorsqu’elle s’engouffre entre les pilotis, il pousse l’enfant assis auprès de lui ; celui-là se renverse sur un autre : celui-ci sur un autre : toute la file s’abat comme des moines de cartes, mais chacun est retenu par son voisin ; il n’y eut que la petite fille de l’extrémité de la ligne sur laquelle je chavirai qui, n’étant appuyée par personne, tomba. Le jusant l’entraîne ; aussitôt mille cris, toutes les bonnes retroussant leurs robes et tripotant dans la mer, chacune saisissant son marmot et lui donnant une tape. Hervine fut repêchée ; mais elle déclara que François l’avait jetée bas. Les bonnes fondent sur moi ; je leur échappe ; je cours me barricader dans la cave de la maison : l’armée femelle me pourchasse. Ma mère et mon père étaient heureusement sortis. La Villeneuve défend vaillamment la porte et soufflette l’avant-garde ennemie. Le véritable auteur du mal, Gesril, me prête secours : il monte chez lui, et avec ses deux soeurs jette par les fenêtres des potées d’eau et des pommes cuites aux assaillantes. Elles levèrent le siège à l’entrée de la nuit ; mais cette nouvelle se répandit dans la ville, et le chevalier de Chateaubriand, âgé de neuf ans, passa pour un homme atroce, un reste de ces pirates dont saint Aaron avait purgé son rocher.

la Fée des Grèves – Paul Féval

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT MALO

tangues et lises entre Tomblaine et le Mont

……. « Ces brouillards de grèves forment une couche très peu profonde, et
qui souvent n’a pas deux fois la hauteur d’un homme.
En général, moins la couche de brume a d’épaisseur, plus elle est
dense et impénétrable aux regards.
Nous avons montré une fois déjà, au début de ce récit, le monastère de
Saint-Michel voguant comme une gigantesque nef au milieu de cette mer
de vapeurs. Nous avons montré la brume, arrondissant ses vagues cotonneuses,
balançant ses sillons estompés et laissant au radieux soleil de
juin, qui dorait le sommet du Mont, toutes ses éblouissantes ardeurs.
Au printemps et en automne, cet aspect, qui arrête le voyageur ébahi,
se représente fréquemment. Les gens du pays, blasés sur ces merveilles,
jettent au prodigieux paysage un regard distrait et passent.
Ce qui les occupe, et ils ont raison, c’est le fond de cet océan de brume.
De tous les dangers de la grève celui-là est, en effet, le plus terrible.
Le brouillard des grèves est assez compact pour former autour de
l’homme qui marche une sorte de barrière mouvante, possédant à peine
la transparence d’un verre dépoli. …… »

Conte breton ou roman de chevalerie? Roman de cap et d’épée par l’auteur du Bossu ou féerie dans la Baie? Roman d’amour aussi ; qui est donc cette Fée?

1450, on célèbre le service funèbre pour Gilles de Bretagne le seigneur du château du Guildo assassiné par son frère. Un moine ou un fantôme menace le Duc de Bretagne et lui promet que 40 jours plus tard il rejoindra son frère…

L’action se déroule entre le Vivier et Avranches aux confins de la Bretagne et de la Normandie, dans l’Abbaye et dans la Baie.

Lecture facile, agréable, un fin roman à emporter lors d’une escapade au Mont saint Michel ou à lire au retour pour rêver encore à ces lieux magiques.

On peut aussi télécharger gratuitement cet ouvrage qui n’a plus de copyright (1850)

La Fée des Grèves est parue en 1850, romantisme tardif?

le Moyen Age, la Brume, la chevalerie, me semblent être des thèmes romantiques et je ressens une certaine proximité avec Walter Scott d’Ivanhoé ou des romans écossais …. pourquoi pas romantique?

Prendre Chateaubriand pour guide?

CARNET DU MONT SAINT MICHEL A SAINT-MALO

Chateubriand sur la place Chateaubriand à saint-Malo

Chateaubriand est omniprésent dans la région. On entre dans la ville close de Saint-Malo sur la place Chateaubriand où se trouve l’hôtel Chateaubriand non loin de sa maison natale. Du haut des remparts on devine son tombeau sur le Grand-Bé.

le tombeau de Chateaubriand et les nombreux pélerins

Plancoët, le village de sa nourrice, Combourg, le château où il a passé son enfance et son adolescence, Dol où il a été au collège, Dinan et de nombreux manoirs conservent des souvenirs de son passage….

Munies des mémoires d’Outre-tombe et du guide Gallimard, nous allons suivre la piste-Chateaubriand pendant les dix jours de vacances.

J’ai pourtant hésité  : au lycée, Chateaubriand n’était pas au nombre de mes auteurs favoris. J’avais choisi mon camp avec Saint Just et Robespierre. Le noble émigré, le serviteur de Louis XVIII et de la Restauration était du mauvais bord! Je n’ai pas changé d’idées.  Je me suis assouplie, j’ai perdu le goût des censures. Atala aurait pu me faire rêver. Le titre « Mémoire d’Outre-tombe » me paraissait funèbre et le Génie du Christianisme carrément une punition.

Quarante ans plus tard, j’ai croisé Chateaubriand au cours de mes voyages en Grèce, l‘Itinéraire de Paris à Jérusalem se trouve sur ma table de nuit. Coïncidence : Claudialucia a lancé le CHALLENGE ROMANTISME. Je me devais d’y participer!

château de Combourg

Méfiante, je n’ai pas fait l’achat des 42 livres qui composent les Mémoires d’Outre-tombe (parus en feuilleton, cela représente 3 ou 4 livres de poche). J’ai emprunté à la bibliothèque du collège les Livres I à III en Classique Larousse, annotés pour les lycéens.

Et je me suis régalée! Je le craignais geignard et pompeux, je l’ai trouvé  vif et plein d’humour. Les descriptions sont surtout merveilleuses.

Certes, les lieux ont un peu changé, le parc de Combourg a été redessiné à la fin du 19ème siècle, les épaisses forêts et les landes ont cédé la place aux choux-fleurs et carottes des maraichers. L’étang et sa caravane emplumée est toujours là de même que les écureuils. Je n’ai pu entendre les chouettes, elles dorment aux heures de visites!