En route d’El Minia à Tel Amarna : Canne à sucre

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canne à sucre

Une culture s’impose vers le sud : la canne à sucre qu’on récolte en ce moment.  On désherbe à la binette des plants encore verts. Sur le bord de la route, des grands tas de cannes aux feuilles jaunes attendent. Des hommes chargent les camions qui les livreront dans des sucreries industrielles. Nous en voyons une près de Malawi. Anouar nous fait aussi remarquer les rails à faible écartement du « train de la canne ». Nous croisons même une caravane de dromadaires chargée de cannes. Là, nous réclamons un arrêt pour la photo !

Anouar descend avec nous – pour notre sécurité ? – en tout cas, sans ce chaperon, nous n’aurions pas osé photographier sans vergogne les hommes au travail. Anouar se fait offrir plusieurs cannes qu’il range dans le coffre. Les dromadaires s’ébranlent. Nous remontons dans le microbus jaune. Un homme âgé en galabieh marche droit sur nous avec assurance venant réclamer – quoi ? De l’argent sans doute – Anouar brandit son talkie walkie militaire. Impressionné, l’homme recule toute réclamation cessante, et les autres, à sa suite, se dispersent. La police fait peur ici.

En plus de la grosse sucrerie moderne nous verrons entre Malawi et Tell Amarna plusieurs sucreries traditionnelles avec leurs cheminées qui dépassent un bâtiment de pierre qui fume. Juste avant l’arrêt de Tounah el Gebel, Anouar nous en fait visiter une. Dans la pénombre, le sucre liquide refroidit dans des bacs en ciment. Il a une drôle de couleur noirâtre. Dans une cour sont installées deux rangées de cuves hémisphériques dans lesquelles bouillonne le jus de canne jaune vert. Dans certaines le jus mousse. Des hommes font passe le liquide bouillant d’une cuve à l’autre avec des sortes de louches à grand manche de bois. Il règne une grande animation. Une douzaine d’homme se pressent autour des cuves. Le long du mur extérieur, le jus frais de la canne arrive par une gouttière. Le moulin à canne est plus loin, on presse les tiges à l’extérieur. Pour voir la grosse presse il faut piétiner de gros tas de tiges pressées. Nous avions déjà vu des moulins à canne au Cap vert et à Cuba. Mais il était destiné à la distillation de la grogue ou du rhum.

Cette visite est sûrement le clou de la journée. Les Egyptiens antiques du temps des Pharaons me passionnent mais  les vivants m’intéressent toujours plus!

Chaleur

La promenade dans la campagne me ravit. Des petits bourricots chargés de luzerne trottinent et parfois galopent avec un gamin sur le dos. Il fait très chaud – plus de 40° peut être 45° à l’ombre. On rafraîchit les buffles en les emmenant se baigner dans le canal. Un gamin balance des seaux d’eau sur son buffle. Vers midi, les ânes sont si accablés qu’ils se couchent sur le flanc. Et pourtant sous ce soleil de plomb, hommes et femmes travaillent dans les champs ou s’arrêtent bavarder dans les rues des villages. Les policiers se tiennent debout aux carrefours, notant les passages, une simple casquette sur la tête.

le bac pour Tel Amarna

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Tell Amarna se trouve sur la rive orientale du Nil. Le ferryest une plateforme bleue qui accoste à un  débarcadère rudimentaire. Un petit garçon veut  nous vendre une gazelle en herbe tressée (nous avons acheté la même à Zagora au Maroc), il jette un pendentif avec sur la banquette de la voiture. Nous n’aimons pas ce procédé. On doit faire appel à Nabil ; nous voulons bien donner une guinée au garçon mais nous ne voulons pas y être obligées. D’ailleurs pourquoi n’est il pas à l’école ? Nabil lui demande. L’enfant nie. Si, il va à l’école !
Au retour, nous le retrouverons en compagnie de deux camarades et il recommencera à lancer ses pliages dans la voiture.

Nabil nous montre une « île flottante » de l’herbe emportée par le courant. La touffe mesure au moins 3 mètres sur 2. Des pêcheurs passent dans une barque : un adulte rame, un  petit assis derrière lui, un adolescent lance ses filets. Puis il prend une longue perche et tape violemment sur l’eau pour effrayer les poissons, puis il remonte le filet en tirant. Ses prises brillent mais elles sont minuscules.

Tel Amarna

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tel Armana

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On nous avait prévenues: le site de Tell Amarna n’a rien de spectaculaire.

Il faut plutôt considérer la visite à Amarna sur le plan sentimental : visite à Néfertiti et Akhnaton, personnages marquants de l’histoire égyptienne et de l’histoire des idées, les inventeurs du monothéisme. L’originalité de ces deux souverains ne se borne pas à l’aspect religieux ;  un style artistique correspond à leur règne. Leur cité, Amarna, étendue sur une vaste plaine dans un cirque, a été complètement rasée par leurs successeurs qui voulaient faire disparaître, les fondations du Palais de Néfertiti et des stèles bornant la ville.
Pour visiter  les tombes il faut grimper un sentier avec des marches – la moitié de celles de Beni Hasan –  mais il fait beaucoup plus chaud. Nabil fait la leçon aux accompagnateurs :
–    « chouaya, chaouya ! slowly, slowly ! »

La tombe d’Ahmès, le flabellifère (porteur d’éventail).

Un spécialiste aurait été nécessaire pour nous lire l’hymne au soleil. On nous montre le palais dessiné. Nous cherchons les musiciennes sans les trouver . Anouar nous montre les troupes de fantassins :
Au crayon rouge, on voit une belle ébauche d’attelage. La ville a-t-elle été rasée avant qu’on ne finisse la gravure ou le flabellifère est il mort prématurément ?

Tombe n°4 de Meryré
Méryré est un prêtre du culte du disque solaire. Le culte solaire est décrit avec ses détails. Néfertiti, Akhenaton et leurs filles Méritaton et Maketaton jouent du sistre Au dessous du soleil, un arc en ciel, sous les sacrifices des musiciens aveugles. L’un d’eux joue de la lyre les autres l’accompagnent en battant des mains. Cependant, on remarque que les sujets sont courbés devant les souverains aussi bien dans les processions que les marins sur les navires. Cette attitude soumise n’est pas commune dans les peintures et les bas reliefs égyptiens que nous avons vus. Une idée me traverse l’esprit : cette belle utopie serait peut être un totalitarisme antique ? Cela me fait aussi penser aux sectes actuelles.
Nous visitons une troisième tombe moins intéressante que les précédentes ?
Nous remontons en voiture pour admirer une stèle très haut dans la montagne. A côté deux statues en ronde bosse de Néfertiti et d’Akhnaton. La stèle est couverte de hiéroglyphes, il faudrait encore un spécialiste !
Je ne sais pas ce Nabil a encore inventé avec la Sécurité. Il embrasse le flic en uniforme et armé. Nos reprenons la voiture pour le Palais de Néfertiti. Anouar nous montre la piscine et les pièces de réception.. et une haie d’abricotiers et des grenadiers en fleur.

Hermopolis : Tounah el Gebel, Petosiris

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Hermopolis est une  ptolémaïque. Nous faisons donc un grand saut dans le temps. Deux sites présentent des vestiges de l’ancienne cité consacrée au dieu Thot sous forme d’Ibis ou de Babouin. A Achmonéin, nous ne verrons que deux statues colossales de babouins et une exposition lapidaire de statues d’âges variés. Courte étape.

Midi et demie à Tounah el Gebel écrasé de chaleur. Les bureaux et les pavillons des archéologues sont à l’ombre de grands eucalyptus mais le site est  à plusieurs centaines de mètres dans le désert. l’ allée cimentée qui  y conduit, est à moitié recouverte par un beau sable jaune. Comme hier j’ai mis le voile turc en plus du chapeau . Nabil et Anouar nous donnent rendez vous à la cafétéria tandis qu’un policiers et deux gardiens, gallabieh bleue et gallabieh brune, nous emboîtent le pas, rejoints par un moderne pantalon et chemisette tête nue. Le sable est moins brûlant que je ne le craignais. Au bout de l’allée, le temple de Pétosiris,le grand prêtre de Thot Curieux mélange de temple et égyptien, les colonnes sont égyptiennes ainsi que les scènes de la vie quotidienne mais certains personnages portent des vêtements grecs. Le style des dessins a bien changé, les coiffures égyptiennes ont disparu mais les visages sont égyptiens.

Nous voyons ensuite la momie d’Isadora, jeune fille noyée dans le Nil en 120 ; A l’intérieur de la tombe, l’air est irrespirable. Je ne jette qu’un coup d’œil furtif à la momie.

Hermopolis – ville de Tôt catacombes des Ibis et Babouins

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Hermopolis

 

Un peu plus loin, il y a une roue et un puits. La descente à l’intérieur du puits apporte une fraîcheur agréable même si le puits est à sec.

–    « Basilica ? »
Nos accompagnateurs doivent prier pour qu’on renonce par cette chaleur.
–    « Basilica, bien sûr ! »

Peu intéressante pour les profanes que nous sommes : une rangée de grosses colonnes et un quadrilatère à moitié envahi par le sable. Mais nous voulons tout voir.

–    « baboons ?
–    « Heiwa, baboons ! »

Le gros, pantalon et chemisette, m’entraîne par un raccourci dans le sable tandis que l’escorte reste  sur l’allée. Ils réapparaîtront par enchantement à la porte des catacombes.
Dans la chambre funéraire un babouin de pierre trône dans une niche tandis que la momie bien conservée sous verre peut regarder la lumière pour l’éternité par deux trous pratiqués dans la paroi. A Saqqarah, un policier nous avait montré un tel dispositif pour que Djoser contemple l’éternité. Après la visite au babouin, nous continuons la promenade dans les catacombes : hauts couloirs taillés dans la roche. Les loculi sont très petits : ce ne sont pas des restes humains comme en Sicile mais des ibis et des babouins qui sont momifiés. Il reste un ibis en bon état. Un des gardiens fouille et extrait un paquet de tissus d’où s’exhale une poussière rougeâtre.
– « Rangez moi tout de suite cette horreur ! »  Je pense par-devers moi.

Au bout du couloir, un puits, par une échelle on accède à une chambre funéraire où il reste un sarcophage destiné à un humain. A la fin de la visite on  me montre des faucons momifiés, des œufs d’ibis.
Le militaire se charge de la répartition du bakchich : 10LE pour le vieux gardien, 5 pour les autres, 5 pour lui. Ils ont l’air content.

Anouar et Nabil attendent  devant un vieux film égyptien en noir et blanc. Je regardais autrefois les films égyptiens le vendredi soir quand la télévision israélienne ne proposait rien. Pas besoin de comprendre l’arabe. Les acteurs sur-jouent comme dans le cinéma muet. Le méchant a l’air méchant, le gentil très gentil, les femmes très belles et très bien coiffées. The End.( Non, ce n’est pas écrit). Première image des infos :  Sarkozy  a rencontré Moubarak à Paris. Chirac aussi, mais on  ne voit pas sa photo. Ce soir sur la chaîne 24, toute une émission sera consacré aux efforts diplomatiques pour tenter de sauver le processus d’Annapolis. Initiative de Carter pour discuter avec le Hamas, démarche franco-égyptienne pour obtenir une trêve à Gaza…

D’El Minia au Fayoum par la Western Desert Road

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Anouar, « Good Bolis » est notre accompagnateur. En fait, il rentre chez lui à Samalut. Il nous invite à rencontrer sa femme et  ses deux enfants. Nous déclinons à regrets, l’invitation qui ne rentre pas dans notre emploi du temps. Les buffles passent dans le matin, les ânes…on ne se lasse pas du spectacle. Pas de touktouk aujourd’hui à Samalut. Nous les avons ratés !

Western Desert Road est une route à chaussées séparées terriblement monotone. . J’essaie de faire la conversation à Nabil  qui s’endort au volant.
Diversion, le téléphone sonne.

–    «  c’est la sécurité. Notre escorte nous attendra dès qu’on arrivera dans le Fayoum »
J’avais cru que Nabil était surveillé par son patron quand je l’entendais faire le point sur l’itinéraire les jours précédents. Ce n’était pas son patron mais la police qui appelait ; curieux ! en  France c’est interdit de téléphoner au volant !
J’essaie de maintenir mon esprit en éveil et corrige mes observations. Les arbres plantés ne sont pas des tamaris mais des casuarinas. Je découvre d’autres récoltes : les pommes de terre en sacs. Des camions transportent des betteraves à une énorme sucrerie. Je suis surprise ; je pensais que la canne à sucre suffisait.
Notre escorte est un pick-up avec 5 policiers. Nous apprécions leur présence, ils réveillent Nabil, conduisent vite, et dégagent la route dans de petites localités encombrées que nous traversons. Ces petites villes sont très misérables, pas de voirie, tout le monde est dans la rue. Des femmes vendent des légumes dans la rue. Les maisons n’ont pas d’allure : sur un  rez de chaussée relativement construit on a mis n’importe quoi, un étage maçonné, un deuxième étage à moitié fait, une cahute de branchages, du foin, une parabole de télévision, un débarras….Les villes du sud marocain paraissent bien plus riches ; Notre arrivée précédée des flics ne passe pas inaperçue. Tout le monde nous salue gentiment, jeunes et vieux.

Fayoum : Deir el Malak

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Couvent deir el malak

 

Couvent Deir El Malak

Entrée monumentale: deux tours de ciment surmontées d’un grand portique jaune tout neuf. Le couvent est très étendu. Les cellules ressemblent à des pavillons de banlieue. Une autre église gigantesque est en construction. Pas très pittoresque ! En revanche, nous sommes très bien accueillis par un  moine qui nous fait entrer dans la pièce où se trouve les fons baptismaux : on voit une grande cuve remplie d’eau. Les coptes baptisent par immersion. Dans cette pièce tranquille, il peut nous énumérer tous les anges et archanges. Ici, c’est Michel qui est vénéré. Le moine est vêtu d’une soutane noire très légère qui ressemble à de la soie. Il est barbu mais barbe et chevelure sont retenus dans un  capuchon brodé au point de croix. Nabil, toujours démonstratif lui embrasse la manche. Il nous mène dans une église très ancienne datant du IVème siècle. Comme c’est la Semaine Sainte, l’église est cernée d’un grand bandeau de tissu noir. Des portraits du Christ gris sur fond noir sont aussi suspendus pour compléter l’impression de deuil. De nombreux fidèles écoutent les prêtres qui officient derrière l’iconostase. Très aimablement ils se lèvent pour nous permettre d’admirer les fresques du IX ème siècle. Dans le narthex les fresques sont encore plus belles. Dans l’église l’assistance se lève, chante, Nabil se mêle à eux. J’aimerais bien les écouter plus longtemps. Mais il n’y a que des hommes c’est gênant. Nous passons à la boutique du monastère qui est une véritable épicerie. J’achète deux bouteilles d’eau, Nabil des olives, du fromage dans de grosses boites métalliques magnifiques.

Une femme nous demande si elle peut faire de l’autostop avec son fils. Ce n’est pas une passagère très polie ni très agréable. Son passage fait du désordre dans la voiture et nous perdrons à cette occasion Gallimard et la belle carte de l’IGN.

La caravane traverse le Fayoum. Certains endroit sont boisés : immenses manguiers ; orangers. Je ne cherche plus à faire des photos. J’aimerais bien prendre les pigeonniers mais je les rate, les confondant avec les minarets.

L’Auberge du Fayoum, un palace historique

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sur la cheminée, le portrait de Churchill
Au dessus de la cheminée : le portrait de Churchill

 L’Auberge du Fayoum est un palace 5 étoiles.Son entrée est impressionnante : marbres polis partout, glaces dorées, éclairages, lobby gigantesque.Digne d’un château. D’ailleurs, c’en est, un puisque c’est un relais de chasse construit par le roi Farouk. Il a aussi servi  de résidence à Churchill qui y rencontré le roi Ibn Séoud. Dans un vaste salon avec une cheminée monumentale les photos encadrées de ces deux personnages historiques racontent cet épisode. Le Guide du Routard prétend que l’entretien n’est pas à la hauteur des 5 étoiles. Depuis le passage du Routard, l’hôtel a été repris par une chaîne scandinave Helnan et le palace a retrouvé son lustre. Service impeccable, tout brille. Nous n’avons jamais résidé dans un tel luxe. Nous avons une après midi devant nous pour goûter la vie de château.
Je passe l’après midi à nager dans une merveilleuse piscine turquoise aux contours arrondis et compliqués et à la mosaïque sophistiquée. Pendant un bon quart d’heure 6 personnes s’affairent pour déplier des parasols, bouger les tables, mettre des chaises…4 ou 5 personnages en galabieh blanche keffieh rouge retenue par des cordelettes (des émirs ?) prennent place, on leur apporte un thé qu’ils avalent en vitesse. On consacrera autant d’effort à débarrasser après leur passage.

La surface du lac est lisse comme un miroir, un pêcheur passe.Nous ne pouvons pas sortir du périmètre de l’hôtel d’ailleurs nous n’y pensons même pas. Plus dans un village l a grande roue d’une fête foraine dépasse. Pour nous, le Fayoum ce sera un 5étoiles.
Le dîner est à la hauteur du reste. Avec la « demi-pension »  on aurait pu commander n’importe quoi dans la carte. Je me contenterai d’un bar entier grillé absolument délicieux farci d’herbes et d’ail de salades et de pâtisseries orientales minuscules mais très variées et succulentes.

les canards du Fayoum

EGYPTE 2008

contrairement aux oies de Meidoum, les canards du Fayoum sont bien  vivants

fayoum : marché

 

C’est le marché au village le plus proche de l’Auberge du Fayoum.

Nous sommes ravies, Nabil beaucoup moins. Le microbus est coincé au milieu de pick-up, touktouks charrettes, brouettes….Nous pouvons faire toutes les photos que nous voulons. Des villageois arrivent à pied un ou deux canards sous le bras.

canard du Fayoum

Le canard est une spécialité du Fayoum. Ce n’est pas une légende. Toutes sortes de canards sont à vendre, des blancs, des noirs et blancs, des canetons, des œufs. Des femmes sont assises à côté de leurs paniers d’œufs. Des hommes brandissent des volailles vivantes. Tout le monde a l’air content d’être pris en photo. Nabil, en revanche, nous interdit de baisser les vitres « pour éviter les problèmes »