Lire pour l’Egypte : le Sinaï – Alexandre Dumas

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Petit livre charmant, jolie couverture ornée d’une aquarelle de David Roberts que j’ai glissé dans ma valise. Alexandre Dumas n’a pas visité l’Egypte. Il relate le voyage de Dauzats peintre, qui, en compagnie de deux visiteurs occidentaux, a loué les services de chameliers bédouins pour visiter le monastère Sainte Catherine en 1830.

Ce merveilleux récit  commence au Caire avec le départ burlesque des dromadaires et les mésaventures des cavaliers qui ne savent  les chevaucher (souvenir personnel récent !). Ils arrivent à Suez en suivant les ossements laissés par de malheureux pèlerins à la Mecque qui n’ont pas eu la chance d’arriver. A Suez, le souvenir de Bonaparte est encore très vif. On visite la maison où il a passé la nuit. Une curieuse mésaventure coûte la vie au cheval du Général : la marée rattrape Napoléon qui traversait à pied la Mer Rouge. Moi aussi, j’avais été très surprise que cette mer ait des marées !

Traversée de la vallée de l’Egarement, …lutte contre la soif, le khamsin, les serpents, les hyènes et chacals….Le voyage au XIXème siècle était autrement plus périlleux que notre traversée en autobus ! Véritable livre d’aventure de l’auteur des Mousquetaires !
Mais aussi évocation de Moïse, du Passage de la Mer Rouge, au Tables de la Loi. Curieusement, pas une allusion au Buisson Ardent. La visite du monastère a aussi été bien différente de la nôtre.

Alexandre DUMAS : LE SINAI (coll. Heureux qui comme… Alexandre DumasMAGELLAN&Cie – GEO) 149p.

GEO présente  cde petit livre dans un très joli coffret LE VOYAGE EN EGYPTE  avec ALEXANDRIE de J J Ampère et CLEOPATRE de Théophile Gautier

Lire pour l’Egypte : Un substitut de Campagne en Egypte -Tewfik El Hakim

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Au  retour d’Egypte,  j’en ai savouré la lecture, dans ma tête se déroulait le film de notre voyage en Moyenne Egypte où les paysans vivent encore comme il est raconté ici.

Lecture lente, je goûte l’humour et la tendresse de l’auteur pour ces paysans misérables qui ne comprennent pour la plupart du temps pas ce qu’ils font au tribunal : celui qui a égorgé son mouton comme l’ont fait ses ancêtres avant lui -après tout c’était son animal -ceux qui ont trouvé des nippes dans le canal – ils étaient nus Allah les a habillés.. celui qui « pêchaient » les poules avec un hameçon…La misère est si grande, si grande aussi leur ignorance. Ils ne se rebellent même pas devant la sentence qu’ils prennent comme une calamité naturelle.

Le substitut ne se fait guère d’illusion sur sa fonction : une fois il perd le fil du procès, ou bien il raconte comment deux juges prennent des sanctions différentes seulement parce que l’un d’eux doit prendre son train. La misère ne frappe pas que les paysans. Fonctionnaires de la justice, policiers vivent aussi d’expédients.

La justice comme un théâtre ! Et El Hakim consacre un chapitre à sa rencontre avec un acteur qu’il avait connu autrefois.

Grande humanité dans cet ouvrage. Comme dans tous ceux de la collection Terre Humaine qui m’on laissé des souvenirs inoubliables. Malheureusement celui-ci est épuisé. Comment faire pour persuader l’éditeur de le sortir à nouveau ?

Tewfik EL HAKIM : Un substitut de campagne en Egypte Coll Terre Humaine

Lire pour l’Egypte : La chanson des Gueux, de Naguib Mahfouz (folio)

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La naissance de l’ancêtre glorieux Ashur an- Nagi, à l’orée de la Cité des Morts, sur une rue menant à la Mosquée el Hussein débute la saga des an-Nagi. Ashur, par sa force singulière, sa droiture, l’aide des miséreux, devint chef de clan, de ces chefs qui font la loi sur le quartier.Il disparaît mystérieusement. A Ashur succède Shams Eddine, puis Sulayman, Khidr… Tous les descendants de la famille An Nagi ont donné des chefs de clans. Au fil des générations, ils ont perdu la droiture et le soutien des miséreux. Ils se sont embourgeoisés se sont mariés aux filles des plus grandes familles, pensent plus à s’enrichir qu’à protéger les faibles.

A chaque génération naît un  espoir: un successeur de Shams Eddine ou d’Ashur ? On voit s’élever un homme exceptionnel qui au fil du temps se corrompt, se laisse tenter par l’alcool ou tombe sous l’influence d’une femme de mauvaise vie. Le plus splendide, Galal, croit arriver à l’immortalité en construisant un minaret monstrueux sans mosquée  et meurt fou. Chaque génération voit aussi une disparition, des crimes, des enrichissements et des faillites. Toujours demeure le souvenir d’Ashur et la gloire des An Nagi,  même quand ils sont redescendus au rang des plus miséreux. Dix générations (100 ans dit le 4ème de couverture), beaucoup plus il me semble, se déroulent jusqu’à ce qu’un nouvel Ashur se lève et par sa force extraordinaire reprend le combat des faibles pour la justice. Cette saga se déroule dans un Caire intemporel. Grainetiers, charretiers, patrons de café, usuriers maintiennent leurs boutiques et leurs petits métiers sans aucune évolution technique. Après 10 générations le nouvel Ashur retrouve le mur de la tekkyia, la fontaine, l’abreuvoir…où le premier Ashur a disparu.


Le génie de Mahfouz est de faire vivre le quartier du Caire qu’il connaît si bien, d’inventer des personnages complexes et jamais manichéens, jamais à l’abri de la faiblesse ou de la déconfiture, si humains. Les femmes sont aussi très présentes, tentatrices intrigantes souvent mais aussi courageuses, fortes, mères exemplaires ou indignes, courtisanes qui deviennent des bourgeoises…

Les guides de l’état du monde : Egypte – Histoire -Société-Culture

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L’Egypte sans l’égyptologie !

Les guides touristiques oublient souvent que l’Egypte n’est ni un musée ni un parc aquatique mais un pays  peuplé de 72 millions d’habitants qui ne sont plus tous des paysans vivant comme dans l’Antiquité, mais aussi des hommes d’affaires rêvant de villes nouvelles à l’américaine dans le désert, ou revenant du Golfe ou d’Irak important un islam wahabite rigoriste. Un pays qui a voulu jouer un rôle central dans le monde arabe au temps de Nasser mais qui se trouve dans une position ambiguë vis-à-vis de l’allié américain comme des islamistes.

Analyse récente : de nombreux chiffres datent de 2007 tenant en compte des évènements actuels et des tendances économiques  comme sociales de la fin de l’ère Moubarak. Quand on pense que l’excellent guide Clio expédie Sadate et Moubarak en 5 pages! Sans parler des introductions des divers guides qui détaillent les dynasties de l’Ancien Empire  sans grande considération pour l’Egypte des Egyptiens.

J’ai dévoré ce livre en rentrant d’un voyage que j’avais cru hors circuits touristiques et je suis prête à repartir pour découvrir ces villes du désert insoupçonnées, ce centre commercial pharaonique, les bâtiments administratifs du Midan Tahrih  devant lesquels je suis passée sans un regard à ma première visite.

Etre attentive aux vivants plus qu’aux morts.

Joseph CONFAVREUX – Alexandra ROMANO : Egypte histoire – Société culture Les Guides de l’état du  monde,   La Découverte

Lire pour l’Egypte : Les hommes ivres de Dieu – Jacques Lacarrière


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Lacarrière est un passeur merveilleux. L’été Grec, inoubliable, a été longtemps ma référence en Grèce.

Voici qu’il m’accompagnera dans mon prochain voyage en Egypte.


Si l’Egyptomanie concerne dieux et Pharaons de l’Antiquité, si Bonaparte et ses savants nous ont aussi familiers, Nasser, Sadate, Moubarak et l’Égypte moderne apparait sur nos écrans de Télévision… N’oublions pas les Coptes!


Avant d’être terre d’Islam, l’Égypte fut la terre des premiers chrétiens. Les touristes n’échapperont pas à la Fuite en Égypte! On connaît moins les premiers moines. Le moine – monos: un seul, en grec – fut d’abord un ermite allant au désert. Et le désert, lieu mystique par excellence s’est peuplé de saints pas tout à fait inconus : Saint Antoine et se tentations, la Thébaïde, Saint Paul de Thèbes, ou la conversion de Thaïs….


Lacarrière raconte donc Saint Antoine, saint Pakôme et le terrible Chenouti. Il analyse la fin de l’Empire Romain païen,  la mort du dieu Sérapis, la fondation des monastères-ceux qu’on peut encore visiter au Wadi Natroun- enfin les stylites, les brouteurs, dans les déserts voisins de Syrie.


Loin d’être un livre d’érudit ennuyeux,  il est  d’une lecture facile et particulièrement distrayante.

Tellement riche et variée est l’humanité!

lire pour l’Egypte : Les fainéants dans la vallée fertile – Albert Cossery


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Albert Cossery, écrivain égyptien de langue française, évoque une Égypte rurale, intemporelle, originale, inattendue.
Ses personnages cultivent la paresse comme un art de vivre consommé. Le patriarche, Hafez, ne descend plus de sa chambre, Galal le fils aîné depuis 7 ans ne se réveille que pour manger. Rafik, lui, aurait pu échapper à ce destin. Il a entrepris des études d’ingénieur et a ébauché une romance amoureuse. Le plus jeune, Serag, est blâmé par tous pour ses velléités d’entreprendre un travail.

L’artiste local, peintre raté de monochromes .

Univers original tant on ne s’ennuie pas dans cette maison ensommeillée. Il s’y trame même des intrigues…

Lire pour l’Egypte : Miroirs – Naguib Mahfouz

 

 

Galerie de portraits des compagnons de l’auteur.

Compagnons d’enfance, de tous milieux sociaux, qui ont bien ou mal tourné, mais auxquels la fidélité à toute épreuve a traversé presque tout le siècle.

Compagnons d’études dans une période où la politique était une préoccupation majeure, récit de cette histoire de l’Egypte, des émeutes de 1919 aux années 1970 en passant par la Révolution et la défaite de 1967.

Professeurs et artistes, hésitations entre Occident et Orient.

Collègues de bureau. Les fonctionnaires sont décrits sans complaisance mais avec beaucoup d’indulgence et de tendresse pour les faiblesses humaines…

Peu de femmes dans ce monde essentiellement masculin. Ce qui n’est pas franchement étonnant. Leur destin est toujours difficile.

Les personnages apparaissent, se croisent, se retrouvent, se critiquent parfois… si bien que tout un monde se construit au fur et à mesure de la lecture. Et c’est bien le génie de Mahfouz de faire surgir du livre toute une comédie humaine, toujours si humaine.

Sur les pas d’Alexandre le Grand : d’Alexandrie à Siwa – Légende d’Alexandre : Lacarrière – roman d’Alexandre


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Les biographies d’Alexandre le Grand sont nombreuses.
J’ignorais que les textes antiques avaient traversé les siècles sous le nom du Roman d’Alexandre.
La Légende d’Alexandre est traduite, préfacée  et commentée par Lacarrièrequi a choisi une version médiévale en grec byzantin archaïque, parue à Venise en 1699.

Le Roman d’Alexandre de Pseudo-Callisthène traduit du grec par Aline Tallet-Bonvalot correspond à des textes datant probablement du IIIème siècle après J-C. Il s’agit d’une  recension de plusieurs manuscrits connus sous le nom de manuscrit A.

Ce second ouvrage est foisonnant et hétéroclite avec  des pages de vers (alexandrins?). Des lettres à sa mère Olympias,à Darius, à Aristote côtoient des récits mythologiques. Sa lecture est passionnante. Le fondateur d’Alexandrie est présenté comme héros macédonien et grec, mais aussi comme égyptien. Si le récit prend, comme la version médiévale, des libertés avec la chronologie et la vérité historique, il livre des témoignages précieux  sur la façon de s’habiller, de combattre, sur les lois, les coutumes antiques.
Quoi de plus pittoresque que les interventions divines, les oracles? La prise de Tyr en est l’exemple le plus flagrant. Alexandre a rêvé qu’il écrasait un fromage, songe prémonitoire de sa victoire. A première lecture, je trouve ce détail bien trivial. A la seconde, j’éclate de rire Tyros étant en grec le nom du fromage! Qu’aurait dit Freud?

La Légende d’Alexandre présentée par Lacarrière s’éloigne encore plus de l’Antiquité faisant du héros un conquérant mythique à l’image d’Héraklès. Il a voyagé aussi bien vers l’Occident que vers l’Inde. Alexandre rencontre Diogène mais aussi le prophète Jérémie son arrivée à Jérusalem le met sous la protection du dieu unique Sabaoth, l’éloignant complètement du panthéon grec et de la filiation d’Alexandre avec Ammon. Ses rencontres avec des êtres  extraordinaires,  Centaures, Unijambistes ou Bienheureux, la descente aux Enfers nous conduit dans le merveilleux plutôt que dans l’histoire.

Et si le coeur vous en dit un parcours Alexandre le Grand au Louvre
http://www.louvre.fr/llv/activite/detai … 8673407387

Lire pour l’Egypte : Le Roman de la Momie- Théophile Gautier

 

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Un peu d’exotisme et de rêve avant un voyage en Égypte!

Ce court roman paru en feuilleton en 1856 est d’une fraicheur étonnante.


La découverte du tombeau dans la Vallée des Rois est menée allègrement, on s’y croirait.

La deuxième partie, très différente, présente une succession de tableaux, descriptions précises et colorées. Puis l’histoire s’anime quand la belle Tahoser s’éprend d’un Hébreu et que surgissent Moshé et Aharon! une superproduction!

L’édition de Jean-Michel Gardair est très complète. Sa préface passionnante situe l’oeuvre dans son contexte romantique et dans l’égyptologie (égyptomanie) contemporaine. Une biographie très détaillée de Théophile Gautier met le roman en perspective.

Il n’est pas indifférent que Théophile Gautier s’éprenne de l’Égypte par admiration pour le tableau de Prosper Marilhat

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que la fille de l’auteur apportait à son père des tableaux pour la rédaction du Roman de la Momie. Est ce un hasard si le voyage de Théophile Gautier en Égypte  fut justement pour l’inauguration du Canal de Suez et pour la représentation d’Aïda?

Ces coïncidences me ravissent!

 

Lire pour l’Egypte (Douch) : Les Momies – Un voyage dans l’éternité F Dunand & R Lichtenberg


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Encore un ouvrage de l’excellente collection Découvertes Gallimard!

Les auteurs : Françoise Dunand et Roger Lichtenberg ont étudié les momies de la nécropole de Douch dans l’oasis d’El Kharga pour le compte de lIFAO .
Ils abordent le sujet sous différents angles : la Découverte des Momies par le monde occidental – découverte incluant les écrits d’Hérodote et la curiosité de l’Egyptomanie au 19ème siècle, jusqu’à la Recherche vraiment Scientifique du 20ème siècle avec l’apport des techniques de radiologie.


Le second chapitre traite du savoir-faire de la momification au cours de l’Antiquité égyptienne tandis qu’un troisième, illustré des peintures antiques raconte les rites et les croyances.
Enfin le savant donne des résultats anthropologiques.
Et bien sûr, comme dans tous les volumes de cette collection le propos est illustré magnifiquement d’une iconographie variée et de textes  et documents.

Le sujet est passionnant et ce court livre se lit d’un trait! On  y revient pour goûter encore les illustrations