Delta du Danube : promenade en barque

un mois en Roumanie chez l’habitant

 

delta du danube : pélicans

 

 

Tout d’abord nous remontons le Danube (le bras médian qui va à Salina, celui qui est le plus court). Après le débarcadère du ferry, nous passons à la « station service : une péniche qui vend également des bouteilles de gaz. Un curieux monument  commémore la visite du roi Charles 1er, bizarrement l’inscription est en français. Nous dépassons les bateaux-hôtels tirés par un remorqueur. Notre barque remorque un canoë que nous abandonnons à l’entrée d’un canal plus calme.
Pétré engage notre  barque dans un étroit canal entre des saules géants. Souvenir de mangrove en voyant les troncs des arbres au beau milieu de l’eau, mais la différence est qu’il n’y a pas d’enchevêtrement impénétrables comme dans la lagune derrière Helvetia. La végétation est variée : des élodées, des nénuphars mais aussi des sagittaires aux pointes acérées comme des flèches de silex préhistoriques , des châtaignes d’eau aux feuilles arrondies en touffes portant des fruits avec des pointes bizarres, des fleurs roses sur les bords et des fleurs composées formant une boule rappelant l’inflorescence de l’ail en plus clairsemé.
Les premiers oiseaux à se présenter à notre observation sont les corneilles. Suit un beau rollier bleu, plus exotique. Un martin pêcheur passe d’un coup d’ailes métalliques. Dans le chenal étroit nous dérangeons les hérons crabiers et les bihoreaux. Les hérons cendrés plus grands, sont moins nombreux mais plus élégants que les petits plus trapus. Les aigrettes blanches montent la garde.
Pétré manie la barque avec dextérité. Quand il coupe le moteur et laisse l’embarcation se laisser doucement porter par son élan il faut être attentif car il a repéré (ou il sait d’expérience) que des oiseaux sont visibles. Cormorans, perchés, grèbes furtifs.

 

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Delta du Danube : en barque avec Pétré, oiseaux

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Nous arrivons sur vaste étendue ouverte couverte de nymphéas blancs. A la jumelle, je découvre que les taches blanches sont autant de petits hérons ou d’aigrettes. Les mouettes rieuses sont perchées. Les sternes en vol imitent les hirondelles. Elles vont trop vite pour être photographiées. Sur le bord, un ibis noir avec son bec recourbé, la pointe vers le bas et son  plumage aux reflets verts. Nous avons vu pour la première fois des ibis noirs au Maroc, au sud d’Agadir. A Assouan, en Egypte, le felouquier  appelait ibis n’importe quel échassier, aigrette, ou héron. J’ai envie de voir un oiseau inconnu : je brûle d’apercevoir les pélicans. Justement à l’extrémité du grand lac aux nénuphars, nous découvrons notre premier pélican nageant tranquillement un peu comme les cygnes du Lac de Créteil. Il est bien reconnaissable avec son bec jaune à la célèbre poche. Un, puis trois, puis cinq qui prennent leur envol à notre approche. Ils écartent lentement les ailes et s’envolent lourdement. J’en conclue un peu trop hâtivement qu’ils sont de mauvais voiliers. Erreur ! Un peu plus loin, nous assistons à un véritable ballet aérien, magnifique chorégraphie élaborée dessinant un V à la manière des grues ou des oies, se relayant sans cesse.
Pétré nous montre les limicoles isolés : chevalier combattant, vanneau huppé, pluvier.

Delta du danube : piquenique et invertébrés

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limnée et sangsue
limnée et sangsue

Pétré arrête la barque sur la terre ferme. Il dresse une vraie table pour le pique-nique avec une nappe, de jolies assiettes et des quarts métalliques.

L’eau grouille de sangsues quand nous débarquons, j’en compte huit. Évidemment quand je veux les filmer il n’y en a plus. Je les « appelle » en remuant l’eau avec un bâton. Je finis par en attraper une qui s’agrippe au bout de bois avec sa ventouse. Sur le bois de la barque elle se raccourcit, s’arque et fait l’arpenteuse. Dans l’eau, elle s’allonge, s’aplatit, ondule. A défaut de filmer la sangsue, je photographie la limnée qui glisse sous la surface de l’eau – tout juste comme dans le manuel de SVT de 5ème – Je cherche le pneumostome. La limnée est moins démonstrative que celle du livre ! J’avise aussi une planorbe et une nèpe.
Au retour, sur un chenal bien dégagé aux berges de sable blanc deux cigognes sont là  suivie de toute une troupe d’ibis.

Delta du Danube : qualité des eaux du Delta?

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chaumière du delta du Danube

 

Au dîner, Pétré nous montre sur la carte l’itinéraire de la  promenade  d’aujourd’hui et celui de demain.

Le Danube se partage en trois bras: Crisan est sur celui du milieu, le plus court, le plus profond mais le moins large. Le bras du nord fait la frontière avec l’Ukraine. D’énormes bateaux remontent jusqu’à Tulcea ou même jusqu’à Braila ou Galati. L’un d’eux est immatriculé à la Valette, un autre à Moroni( ?). Je demande à Pétré comment le delta est si préservé alors que le fleuve traverse tant de régions industrielles de Vienne à Budapest en passant par la Serbie. Il me répond que les roselières purifient les eaux et qu’à partir du moment où poussent les châtaignes d’eau et où vivent les écrevisses, l’eau est de bonne qualité.

Delta du Danube et promenade ornithologique en barque

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6h heures, le bord du Danube qui roule ses flots énergiquement, une jument donne à téter à son poulain, tous deux les pieds dans l’eau. Un cheval blanc se roule dans le fleuve, se relève et éclabousse le troupeau. Cadeau que cette vision dans le petit matin!


Pétré a installé un drap pour faire un auvent sur la barque. Avec la brise, sur l’eau, il fait une température délicieuse. Nous descendons le Danube jusqu’à un large chenal. Une escadrille de pélicans plane haut dans le ciel. Des hérons traversent le chenal : hérons cendrés et héron pourpres.je fais mal la différence, le pourpre est plus foncé. Pétré traverse le chenal en direction d’un  grand saule : il a repéré la Pyrargue à queue blanche, le plus grand des aigles du Delta. Il s’envole : les plumes blanches de sa queue sont visibels en vol. sur les feuilles des nénuphars blancs et jaunes les hérons crabiers se promènent comme sur un plancher. Ce sont vraiment de petits hérons. Les poules d’eau marchent de feuille en feuille, ainsi que bergeronnettes et sternes qui sont de beaucoup plus petits oiseaux.
Aujourd’hui, c’est le jour des rapaces : un faucon hobereau s’envole à notre passage. Un busard des roseaux plane.


Je remarque les petites bouteilles vertes vernissées – fruits des nénuphars jaunes – et les rosettes formées par les feuilles rondes des châtaignes d’eau, aplaties très joliment en rosace.


Moins d’excitation qu’hier à la découverte des oiseaux, c’est une balade tranquille. Des fleurs rouges dépassent d’un talus :


–    « C’est le jardin d’un pêcheur ! » explique Pétré
Les fleurs sont des zinnias et il y a aussi des courgettes. Un peu plus loin, une barrière enferme des choux. Sur un petit lac tranquille nagent de petits canards à la tête rouge : des fuligules yrocas. Nous rencontrons de très nombreux pêcheurs et beaucoup de bateaux à moteur : c’est le weekend !

Delta du Danube : Létéa

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Une église blanche? coiffée d’une coupole en aluminium? dépasse d’une prairie où paissent des chevaux. Nous  traversons  à pied le village de Letea, construit sur une ancienne dune. Au lieu d’être bâti en longueur comme Crisan, les fermes sont ordonnées sur des rues se croisent à angle droit. Il y a même un panneau de signalisation « stop » ! Un comble pour un village reliée à Sulina par une seule route et parcourue par quelques tracteurs et des carrioles. Les maisons sont couvertes de chaumes de roseaux le toit ; bien sûr, mais aussi les palissades, les cloisons…les maisons sont construites de bois peint, le bleu domine – proximité de la mer – certaines sont peintes en vert ou en gris. Beaux jardins, corniches ouvragées, palissades tressées. Uniquement des matériaux traditionnels. En dehors des paraboles de télévision, la modernité n’a pas encore de prise.
Pétré entre dans un magasin mixt acheter des cigarettes. On vend absolument de tout : des casseroles aux savates en passant par la lessive, l’épicerie ou les bassines.

Pétré nous entraîne au pas de course à la recherche des guêpiers –  oiseaux très colorés- plus encore que le rollier puisqu’ils ont aussi du jaune et du rouge. Le premier guêpier que j’ai  observé, c’était au Maroc,  à Boulmane Dadès, notre guide, Ali, ne connaissait pas son nom en français,  il avait affirmé que « c’était un oiseau qui aimait les figues« . Ce que j’ignorais c’est que le guêpier niche au sol dans de véritables terriers creusés dans le sable.
Pétré a dressé une belle table, avec la nappe à carreaux rouge. Au menu : silure frit et fines tranches de courgettes en beignet.

Retour tranquille.

Nous quittons le Delta pour Bucarest

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Dernier coucher de soleil sur le Danube, une barre nuageuse a occulté le spectacle. Vers 4 heures du matin, les éclairs, le tonnerre etune  porte battante nous ont réveillées. Le petit déjeuner que Caroline nous avait promis, sur le bord du fleuve est lui aussi tombé à l’eau.

A 7H40, j’achète le billet.

–    « katamaran », déclare la guichetière
Les quatre jeunes qui étaient à la pension avec nous décident d’attendre le « vapor », nous aussi.


–    « Quand arrivera-t-il ? »
–    « immediat ! » (40 minutes plus tard, dans la réalité. L’immédiateté en Roumanie….)

Nous la tenons, notre croisière sur le Danube!  3heures sur le pont à regarder défiler le Delta, les fesses bien au frais : les belles chaises rembourrées sont gorgées d’eau.  Il pleut. Je sors ma cape de pluie et un pull. Heureusement, les nuages se dispersent, le soleil sèche mon pantalon.  Je continue mes observations ornithologiques à la jumelle : hérons cendrés, aigrettes, sternes…Le vapor s’arrête souvent, occasion de voir les villages du Delta.

13h, quittons Tulcea.

Nous n’avons que 6heures pour rejoindre Bucarest, trouver l’hôtel et rendre la voiture.

Je croyais retrouver la plaine comme entre Buzau et Braila, nous traversons des collines plantées de vignobles.  Le blé a été moissonné à la machine, restent les bottes de pailles rectangulaires, modernes. Des moutons, en grands troupeaux traversent les chaumes. A Curcurova un  fin minaret turc dépasse des maisons,  il y a aussi une église. La route est bordée d’arbres. On peut deviner son tracé au loin parce que la campagne est complètement rase.
Nous retrouvons le Danube à Harsova et passons un pont à péage à Guirgeni. A Slobozia deux itinéraires sont possibles : l’autoroute de Constantza 128km ou la Nationale 130km. Pétré nous a conseillé d’éviter l’autoroute le dimanche après midi (elle vient de la Mer Noire et sera très chargée). La Nationale traverse de nombreux villages. Des marchés aux fruits s’étalent sur presque tout le trajet : amoncellement de pastèques, caisses de pêches ou de prunes. Egalement de petits étals personnels devant le pas de porte : un panier de tomates, quelques œufs, des pots de miel ou de confiture sous un parapluie ou un parasol. Nombreux sont les Bucarestois qui se ravitaillent sur le bord de la route. Plus on s’approche de la capitale, plus les vendeurs sont nombreux. Cela cause même des bouchons.

Bucarest : arrivée et installation

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Nous commettons la grave erreur de ne pas faire le plein de carburant  à l’entrée de la ville. Point de station service dans  Bucarest?. Les chauffeurs de taxi interrogés sont perplexes :
–    « comment vous expliquer ? »
On nous a bien prévenues qu’il faut rendre le réservoir plein !


L’Hôtel est relativement facile à trouver : tout le monde connaît l’Arc de Triomphe marqué sur notre plan. 19h, le loueur est ponctuel. Il reprend la Logan poussiéreuse sans aucun reproche.


Notre hôtel , 3 étoiles ici , en aurait plutôt deux en France:  belle chambre, belle salle de bain, climatisation (qu’on ne met pas), télévision-satellite mais aucune décoration, aucun charme particulier. A la réception, le service est minimum : aucun renseignement touristique à attendre. Il semble que la clientèle ne soit pas composée de touristes (plans de ville ornés de filles nues et adresses ad hoc). En revanche, accès Internet gratuit dans le hall : je consulte mon courrier électronique et lis le Monde.fr
20h, exploration du quartier : impression de descendre de l’avion. Il faudra apprivoiser cette ville si différente de la Roumanie rurale que nous avons appris à connaître. De chaque côté des grandes artères deux murailles de très hauts immeubles très laids, tous pareils, gris sale. A l’arrière les petites rues sont bordées de villas à étage, charmantes. Bizarre hétérogénéité du bâti !

réponse d’un lecteur roumain à propos des villas coquettes

« Qui vit dans les villas coquettes ? Les nouveaux riches et les “cameleons” (ou “rinoceros”) : ceux qui ont reussi de rester à la surface après n’importe quel changement de politique et regime en Roumanie. Les vrais propietaires ont ete chasses, tuees ou arettes au cours du temps, ou tout simplement ils sont morts depuis long temps!

Comment ca? Imaginez vous que pendant la nuit, a 1 ou 2 heures du matin, il y a  quelqun qui battre à votre porte; vous ouvrez la porte et 2 ou 3 hommes en noir entre sans demander permision…c’est la Securitate, en disant: Vous avez 15 minutes pour quitter la maison!Après 15 minutes vous êtes dans la rue avec toute la famille et seulement quelques vêtements et libre d’aller n’importe ou, pour trouver un abri. Peut etre vous croyez que vous pouvez parler ou faire quelque chose? Pas du tout, car parler ou faire quelque chose dans une telle situation signifie de choisir  la mort! Cette courte description ne peut pas decrire exactement la realite ,l’humiliation,  la faim, la peur, le desespoir, la tragedie! « 

 


 

Bucarest : flânerie dans les vieux quartiers

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L’ abonnement journalier d’autobus coûte 8 LEI, et nous permettra donc de nous déplacer à volonté (à l’exclusion du métro). L’autobus 300 passe à proximité de l’hôtel, son terminus est  la Platza 21 décembre 1989 près de l’Université. Un passant, nous voyant le nez dans le plan,  désigne l’Hôtel Intercontinental. Précision bien utile, le haut building nous servira de repère.

Derrière l’Université, une église à 5 bulbes d’allure un peu russe attire notre attention. C’est l’ »église des étudiants » (traduction personnelle). Elle est en briques, de facture sûrement récente. Ses mosaïques roses s’harmonisent avec les fleurs des albizzias.

Nous flânons dans les rues biscornues du vieux Bucarest encore endormi.
L’église Stavropoleos est minuscule à côté des énormes bâtiments 1900. Son cloître est charmant avec ses arcades polylobées qui semblent vénitiennes. La peinture extérieure verte est ornée de motifs végétaux presque baroques.  Des plantes dégoulinent de bassines, des géraniums en potées sur les vieilles pierres, arbres et arbustes donnent de l’ombre. A peine arrivées, nous entendons la cloche et tout de suite après un concert étonnant. Avec une mailloche, une moniale frappe  sur la simandre des rythmes variés. On croirait presque un percussionniste africain. Je l’enregistre avec l’Olympus. Quand on la réécoutera à l’hôtel on aura peine à croire que c’était bien elle ! Elle annonce ainsi le début des liturgies. Nous restons un bon moment à écouter les chants et à regarder les fresques. Les harmonies de couleur sont très différentes de celles de Bucovine – pas de bleu – des camaïeux de couleurs chaudes, ocre, jaune, marron quelque fois du vert foncé. Bâtie en 1724 – époque Brancoveanu- elle aurait dû nous rappeler le monastère d’Horezou, mais c’était le premier jour du voyage et les détails nous ont échappé.
La délicatesse des décors, la fantaisie, la légèreté, la douceur du matin nous incitent à rester dans le jardin une demi-heure à dessiner. L’entreprise est difficile tant sont compliqués les motifs surchargés de la façade. Je sais que je ne terminerai pas le dessin mais je m’applique pour le plaisir d’observer, d’approfondir l’étude, de relever le défi.

Rapide coup d’œil au Carul cu Bere, restaurant néo-gothique qui ressemble à une brasserie allemande. Le site est « historique » et les hôtesses en costume folklorique, charmantes.
Nous passons sans nous arrêter devant les énormes édifices de la Caisse d’Epargne et du Musée Historique (fermé, aujourd’hui, lundi). Nous cherchons le Palais de Vlad Tepes(Dracula) : la Curtea Veche, bien ruinée dont il ne reste que quelques colonnes et un mur en brique. Entrée payante (4LEI). Pourquoi payer puisqu’on voit tout de la grille ?
L’auberge de Maniuc (ancien caravansérail) a fermé. Une petite vieille rigole « les patrons sont partis ! ».Je ne sais ce qui l’amuse tant, notre désappointement ou la déconfiture des patrons du restaurant.

Toutes les ruelles sont défoncées. Des chemins de planches parcourent la rue Lipscani et Gabroveni. Mélange de splendeur passée et de décadence, de ruelles médiévales et de modernité branchée. Les fauteuils des cafés ne sont pas en paille ou en skai mais en osier tressé très classieux. Dans les boutiques l’éclectisme m’amuse. La même vitrine expose des blouses brodées et un bustier convenant à une « maîtresse » sado-maso. L’échoppe de robinetterie-plomberie voisine avec la galerie d’art. on peut aussi acheter des lampes Tiffany des vases Art Déco. Certains balcons menacent ruine, en dessous, une terrasse de café hors de prix…Un peuplier a planté ses racines sur une corniche, la végétation regagne du terrain.

Traversant le Boulevard del I C Brajanu, nous cherchons à gagner le Quartier Juif en suivant la St. Vinieri. La Grande Synagogue, le Temple Coral est en rénovation. On nous refuse l’entrée malgré mon insistance. L’endroit ne me paraît pourtant pas fermé, un portail de sécurité semble tout à fait fonctionnel. Au musée de la Communauté Juive, la grille est fermée à double tour. Il faut montrer son passeport qui est dûment recopié pour entrer dans cette ancienne synagogue transformée en musée. Accueil plus que méfiant du gardien roumain puis chaleureux des vieilles dames. Images des camps et de la Déportation. Vieilles photos de personnages illustres comme d’anonymes. Témoignage d’une communauté décimée qui survit à peine.

Déjeuner:  feuilletés aux épinards dans les jardins de la Place Unirii sur un banc à l’ombre. 28°C, température idéale. De temps en temps le vent rabat sur nous les gouttelettes d’une fontaine énorme, proportionnée à l’urbanisme environnant.

Bucarest : Palais du Parlement et promenade au Parc

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Je veux voir le Palais du Parlement,  monstruosité de Ceausescu.

 Boulevard Unirii, une avenue Foche négligée

Au bout d’une large perspective, le Palais ne passe pas inaperçu. Il a beau être affreux, il est incontournable (au propre comme au figuré). Le boulevard Unirii qui y conduit est au moins aussi large que l’avenue Foch : deux trottoirs séparés par une platebande arborée de chaque côté de la chaussée. A l’ombre de ces grands arbres, le monument devient invisible. Les immeubles le bordant sont plaqués d’une sorte de comblanchien. Sobres, un peu monotones, ils auraient belle allure si les rez de chaussée étaient occupés comme prévu de magasins de luxe. Banques et ophtalmologistes( ?) se partagent les emplacements. Souvent ils sont vides, parfois même délabrés et taggués. Une avenue Foch bien négligée !!!

Démesure ou abandon,

Comme beaucoup d’endroits à Bucarest, la démesure va avec l’abandon. Les périodes de construction paraissent alterner avec des désastres ou simplement le manque d’entretien? Actuellement, les chantiers pullulent – aux couleurs de l’Union européenne- la crise va-t elle y mettre fin ?

Nous rentrons à pied par le large Bld Bratianu avec l’Intercontinental pour cap. Morne promenade escortée par deux jeunes qui veulent absolument nous vendre un cadre auquel il manque le quatrième côté, avec un portrait de Janis Joplin. Nous prenons enfin l’autobus 300 pour rentrer à l’hôtel.

promenade du soir au parc Herastrau

Le soir, promenade dans le parc Herastrau. Autobus (avec le passe) de l’Arc de Triomphe à la fontaine Morita(1936), un rectangle sculpté au milieu de nulle part. Dommage, la fontaine est plutôt réussie. Retour à pied dans le parc  bien entretenu. Sur un joli lac, on canote, on se promène en « vapor ». Pause-téléphone à proximité d’un monument aux Pères fondateurs de l’Europe : des grosses têtes sculptées : Schumann, Monet, Spaak, Adenauer et d’autres inconnus de moi, font cercle autour du drapeau étoilé. Le sculpteur n’a pas été très inspiré tous ces hommes politiques se ressemblent et semble clonés.

Il est encore tôt et la soirée est douce, je poursuis la promenade le long de la Sos. Kiseleff  bordée de villas magnifiques occupées par des ambassades et gardées par gendarmes et vigiles (ce qui gâte un peu la promenade). J’oblique sur Ion Mincu  pour faire les courses au supermarché Image (très chic, très cher, très moderne avec un look écolo-diététique). Retour par la jolie rue Clucerului bordée de maisons basses d’un étage dans des jardins. Certaines, intéressantes,ont des frises Art nouveau, d’autres sont simplement charmantes dans un fouillis de verdure. Ici aussi, l’entretien fait défaut. Un joli restaurant tombe en ruine, la tête d’un malheureux chat traîne sur le trottoir. Des terrains vagues sont une véritable jungle. Je ne sais pas pourquoi je trouve de la poésie à cette déchéance et l’envahissement progressif de la nature sur les pierres. J’ai été émue pareillement à Palerme dans les Palais éventrés par les bombardements envahis par les herbes folles et à Nha Trang dans les villas de Bao Dai devant la chaise d’arbitre abandonnée sur le court de tennis disparu.