Juillet en Roumanie : Autotour, hébergement chez l’habitant

L’ abonnement journalier d’autobus coûte 8 LEI, et nous permettra donc de nous déplacer à volonté (à l’exclusion du métro). L’autobus 300 passe à proximité de l’hôtel, son terminus est la Platza 21 décembre 1989 près de l’Université. Un passant, nous voyant le nez dans le plan, désigne l’Hôtel Intercontinental. Précision bien utile, le haut building nous servira de repère.
Derrière l’Université, une église à 5 bulbes d’allure un peu russe attire notre attention. C’est l’ »église des étudiants » (traduction personnelle). Elle est en briques, de facture sûrement récente. Ses mosaïques roses s’harmonisent avec les fleurs des albizzias.
Nous flânons dans les rues biscornues du vieux Bucarest encore endormi.
L’église Stavropoleos est minuscule à côté des énormes bâtiments 1900. Son cloître est charmant avec ses arcades polylobées qui semblent vénitiennes. La peinture extérieure verte est ornée de motifs végétaux presque baroques. Des plantes dégoulinent de bassines, des géraniums en potées sur les vieilles pierres, arbres et arbustes donnent de l’ombre. A peine arrivées, nous entendons la cloche et tout de suite après un concert étonnant. Avec une mailloche, une moniale frappe sur la simandre des rythmes variés. On croirait presque un percussionniste africain. Je l’enregistre avec l’Olympus. Quand on la réécoutera à l’hôtel on aura peine à croire que c’était bien elle ! Elle annonce ainsi le début des liturgies. Nous restons un bon moment à écouter les chants et à regarder les fresques. Les harmonies de couleur sont très différentes de celles de Bucovine – pas de bleu – des camaïeux de couleurs chaudes, ocre, jaune, marron quelque fois du vert foncé. Bâtie en 1724 – époque Brancoveanu- elle aurait dû nous rappeler le monastère d’Horezou, mais c’était le premier jour du voyage et les détails nous ont échappé.
La délicatesse des décors, la fantaisie, la légèreté, la douceur du matin nous incitent à rester dans le jardin une demi-heure à dessiner. L’entreprise est difficile tant sont compliqués les motifs surchargés de la façade. Je sais que je ne terminerai pas le dessin mais je m’applique pour le plaisir d’observer, d’approfondir l’étude, de relever le défi.
Rapide coup d’œil au Carul cu Bere, restaurant néo-gothique qui ressemble à une brasserie allemande. Le site est « historique » et les hôtesses en costume folklorique, charmantes.
Nous passons sans nous arrêter devant les énormes édifices de la Caisse d’Epargne et du Musée Historique (fermé, aujourd’hui, lundi). Nous cherchons le Palais de Vlad Tepes(Dracula) : la Curtea Veche, bien ruinée dont il ne reste que quelques colonnes et un mur en brique. Entrée payante (4LEI). Pourquoi payer puisqu’on voit tout de la grille ?
L’auberge de Maniuc (ancien caravansérail) a fermé. Une petite vieille rigole « les patrons sont partis ! ».Je ne sais ce qui l’amuse tant, notre désappointement ou la déconfiture des patrons du restaurant.
Toutes les ruelles sont défoncées. Des chemins de planches parcourent la rue Lipscani et Gabroveni. Mélange de splendeur passée et de décadence, de ruelles médiévales et de modernité branchée. Les fauteuils des cafés ne sont pas en paille ou en skai mais en osier tressé très classieux. Dans les boutiques l’éclectisme m’amuse. La même vitrine expose des blouses brodées et un bustier convenant à une « maîtresse » sado-maso. L’échoppe de robinetterie-plomberie voisine avec la galerie d’art. on peut aussi acheter des lampes Tiffany des vases Art Déco. Certains balcons menacent ruine, en dessous, une terrasse de café hors de prix…Un peuplier a planté ses racines sur une corniche, la végétation regagne du terrain.
Traversant le Boulevard del I C Brajanu, nous cherchons à gagner le Quartier Juif en suivant la St. Vinieri. La Grande Synagogue, le Temple Coral est en rénovation. On nous refuse l’entrée malgré mon insistance. L’endroit ne me paraît pourtant pas fermé, un portail de sécurité semble tout à fait fonctionnel. Au musée de la Communauté Juive, la grille est fermée à double tour. Il faut montrer son passeport qui est dûment recopié pour entrer dans cette ancienne synagogue transformée en musée. Accueil plus que méfiant du gardien roumain puis chaleureux des vieilles dames. Images des camps et de la Déportation. Vieilles photos de personnages illustres comme d’anonymes. Témoignage d’une communauté décimée qui survit à peine.
Déjeuner: feuilletés aux épinards dans les jardins de la Place Unirii sur un banc à l’ombre. 28°C, température idéale. De temps en temps le vent rabat sur nous les gouttelettes d’une fontaine énorme, proportionnée à l’urbanisme environnant.