Delta du Danube : qualité des eaux du Delta?

Un mois en Roumanie  chez l’habitant

chaumière du delta du Danube

 

Au dîner, Pétré nous montre sur la carte l’itinéraire de la  promenade  d’aujourd’hui et celui de demain.

Le Danube se partage en trois bras: Crisan est sur celui du milieu, le plus court, le plus profond mais le moins large. Le bras du nord fait la frontière avec l’Ukraine. D’énormes bateaux remontent jusqu’à Tulcea ou même jusqu’à Braila ou Galati. L’un d’eux est immatriculé à la Valette, un autre à Moroni( ?). Je demande à Pétré comment le delta est si préservé alors que le fleuve traverse tant de régions industrielles de Vienne à Budapest en passant par la Serbie. Il me répond que les roselières purifient les eaux et qu’à partir du moment où poussent les châtaignes d’eau et où vivent les écrevisses, l’eau est de bonne qualité.

Delta du Danube et promenade ornithologique en barque

Un mois en Roumanie, autotour en Logan hébergement chez l’habitant

 

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6h heures, le bord du Danube qui roule ses flots énergiquement, une jument donne à téter à son poulain, tous deux les pieds dans l’eau. Un cheval blanc se roule dans le fleuve, se relève et éclabousse le troupeau. Cadeau que cette vision dans le petit matin!


Pétré a installé un drap pour faire un auvent sur la barque. Avec la brise, sur l’eau, il fait une température délicieuse. Nous descendons le Danube jusqu’à un large chenal. Une escadrille de pélicans plane haut dans le ciel. Des hérons traversent le chenal : hérons cendrés et héron pourpres.je fais mal la différence, le pourpre est plus foncé. Pétré traverse le chenal en direction d’un  grand saule : il a repéré la Pyrargue à queue blanche, le plus grand des aigles du Delta. Il s’envole : les plumes blanches de sa queue sont visibels en vol. sur les feuilles des nénuphars blancs et jaunes les hérons crabiers se promènent comme sur un plancher. Ce sont vraiment de petits hérons. Les poules d’eau marchent de feuille en feuille, ainsi que bergeronnettes et sternes qui sont de beaucoup plus petits oiseaux.
Aujourd’hui, c’est le jour des rapaces : un faucon hobereau s’envole à notre passage. Un busard des roseaux plane.


Je remarque les petites bouteilles vertes vernissées – fruits des nénuphars jaunes – et les rosettes formées par les feuilles rondes des châtaignes d’eau, aplaties très joliment en rosace.


Moins d’excitation qu’hier à la découverte des oiseaux, c’est une balade tranquille. Des fleurs rouges dépassent d’un talus :


–    « C’est le jardin d’un pêcheur ! » explique Pétré
Les fleurs sont des zinnias et il y a aussi des courgettes. Un peu plus loin, une barrière enferme des choux. Sur un petit lac tranquille nagent de petits canards à la tête rouge : des fuligules yrocas. Nous rencontrons de très nombreux pêcheurs et beaucoup de bateaux à moteur : c’est le weekend !

Delta du Danube : Létéa

Un mois en Roumanie, autotour en  Logan, hébergement chez l’habitant

 


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Une église blanche? coiffée d’une coupole en aluminium? dépasse d’une prairie où paissent des chevaux. Nous  traversons  à pied le village de Letea, construit sur une ancienne dune. Au lieu d’être bâti en longueur comme Crisan, les fermes sont ordonnées sur des rues se croisent à angle droit. Il y a même un panneau de signalisation « stop » ! Un comble pour un village reliée à Sulina par une seule route et parcourue par quelques tracteurs et des carrioles. Les maisons sont couvertes de chaumes de roseaux le toit ; bien sûr, mais aussi les palissades, les cloisons…les maisons sont construites de bois peint, le bleu domine – proximité de la mer – certaines sont peintes en vert ou en gris. Beaux jardins, corniches ouvragées, palissades tressées. Uniquement des matériaux traditionnels. En dehors des paraboles de télévision, la modernité n’a pas encore de prise.
Pétré entre dans un magasin mixt acheter des cigarettes. On vend absolument de tout : des casseroles aux savates en passant par la lessive, l’épicerie ou les bassines.

Pétré nous entraîne au pas de course à la recherche des guêpiers –  oiseaux très colorés- plus encore que le rollier puisqu’ils ont aussi du jaune et du rouge. Le premier guêpier que j’ai  observé, c’était au Maroc,  à Boulmane Dadès, notre guide, Ali, ne connaissait pas son nom en français,  il avait affirmé que « c’était un oiseau qui aimait les figues« . Ce que j’ignorais c’est que le guêpier niche au sol dans de véritables terriers creusés dans le sable.
Pétré a dressé une belle table, avec la nappe à carreaux rouge. Au menu : silure frit et fines tranches de courgettes en beignet.

Retour tranquille.

Nous quittons le Delta pour Bucarest

Un mois en Roumanie, autotour en Logan, hébergement chez l’habitant

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Dernier coucher de soleil sur le Danube, une barre nuageuse a occulté le spectacle. Vers 4 heures du matin, les éclairs, le tonnerre etune  porte battante nous ont réveillées. Le petit déjeuner que Caroline nous avait promis, sur le bord du fleuve est lui aussi tombé à l’eau.

A 7H40, j’achète le billet.

–    « katamaran », déclare la guichetière
Les quatre jeunes qui étaient à la pension avec nous décident d’attendre le « vapor », nous aussi.


–    « Quand arrivera-t-il ? »
–    « immediat ! » (40 minutes plus tard, dans la réalité. L’immédiateté en Roumanie….)

Nous la tenons, notre croisière sur le Danube!  3heures sur le pont à regarder défiler le Delta, les fesses bien au frais : les belles chaises rembourrées sont gorgées d’eau.  Il pleut. Je sors ma cape de pluie et un pull. Heureusement, les nuages se dispersent, le soleil sèche mon pantalon.  Je continue mes observations ornithologiques à la jumelle : hérons cendrés, aigrettes, sternes…Le vapor s’arrête souvent, occasion de voir les villages du Delta.

13h, quittons Tulcea.

Nous n’avons que 6heures pour rejoindre Bucarest, trouver l’hôtel et rendre la voiture.

Je croyais retrouver la plaine comme entre Buzau et Braila, nous traversons des collines plantées de vignobles.  Le blé a été moissonné à la machine, restent les bottes de pailles rectangulaires, modernes. Des moutons, en grands troupeaux traversent les chaumes. A Curcurova un  fin minaret turc dépasse des maisons,  il y a aussi une église. La route est bordée d’arbres. On peut deviner son tracé au loin parce que la campagne est complètement rase.
Nous retrouvons le Danube à Harsova et passons un pont à péage à Guirgeni. A Slobozia deux itinéraires sont possibles : l’autoroute de Constantza 128km ou la Nationale 130km. Pétré nous a conseillé d’éviter l’autoroute le dimanche après midi (elle vient de la Mer Noire et sera très chargée). La Nationale traverse de nombreux villages. Des marchés aux fruits s’étalent sur presque tout le trajet : amoncellement de pastèques, caisses de pêches ou de prunes. Egalement de petits étals personnels devant le pas de porte : un panier de tomates, quelques œufs, des pots de miel ou de confiture sous un parapluie ou un parasol. Nombreux sont les Bucarestois qui se ravitaillent sur le bord de la route. Plus on s’approche de la capitale, plus les vendeurs sont nombreux. Cela cause même des bouchons.

Bucarest : arrivée et installation

Un mois en Roumanie, autotour en Logan , hébergement chez l’habitant

Nous commettons la grave erreur de ne pas faire le plein de carburant  à l’entrée de la ville. Point de station service dans  Bucarest?. Les chauffeurs de taxi interrogés sont perplexes :
–    « comment vous expliquer ? »
On nous a bien prévenues qu’il faut rendre le réservoir plein !


L’Hôtel est relativement facile à trouver : tout le monde connaît l’Arc de Triomphe marqué sur notre plan. 19h, le loueur est ponctuel. Il reprend la Logan poussiéreuse sans aucun reproche.


Notre hôtel , 3 étoiles ici , en aurait plutôt deux en France:  belle chambre, belle salle de bain, climatisation (qu’on ne met pas), télévision-satellite mais aucune décoration, aucun charme particulier. A la réception, le service est minimum : aucun renseignement touristique à attendre. Il semble que la clientèle ne soit pas composée de touristes (plans de ville ornés de filles nues et adresses ad hoc). En revanche, accès Internet gratuit dans le hall : je consulte mon courrier électronique et lis le Monde.fr
20h, exploration du quartier : impression de descendre de l’avion. Il faudra apprivoiser cette ville si différente de la Roumanie rurale que nous avons appris à connaître. De chaque côté des grandes artères deux murailles de très hauts immeubles très laids, tous pareils, gris sale. A l’arrière les petites rues sont bordées de villas à étage, charmantes. Bizarre hétérogénéité du bâti !

réponse d’un lecteur roumain à propos des villas coquettes

« Qui vit dans les villas coquettes ? Les nouveaux riches et les “cameleons” (ou “rinoceros”) : ceux qui ont reussi de rester à la surface après n’importe quel changement de politique et regime en Roumanie. Les vrais propietaires ont ete chasses, tuees ou arettes au cours du temps, ou tout simplement ils sont morts depuis long temps!

Comment ca? Imaginez vous que pendant la nuit, a 1 ou 2 heures du matin, il y a  quelqun qui battre à votre porte; vous ouvrez la porte et 2 ou 3 hommes en noir entre sans demander permision…c’est la Securitate, en disant: Vous avez 15 minutes pour quitter la maison!Après 15 minutes vous êtes dans la rue avec toute la famille et seulement quelques vêtements et libre d’aller n’importe ou, pour trouver un abri. Peut etre vous croyez que vous pouvez parler ou faire quelque chose? Pas du tout, car parler ou faire quelque chose dans une telle situation signifie de choisir  la mort! Cette courte description ne peut pas decrire exactement la realite ,l’humiliation,  la faim, la peur, le desespoir, la tragedie! « 

 


 

Bucarest : flânerie dans les vieux quartiers

Juillet en Roumanie : Autotour, hébergement chez l’habitant


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L’ abonnement journalier d’autobus coûte 8 LEI, et nous permettra donc de nous déplacer à volonté (à l’exclusion du métro). L’autobus 300 passe à proximité de l’hôtel, son terminus est  la Platza 21 décembre 1989 près de l’Université. Un passant, nous voyant le nez dans le plan,  désigne l’Hôtel Intercontinental. Précision bien utile, le haut building nous servira de repère.

Derrière l’Université, une église à 5 bulbes d’allure un peu russe attire notre attention. C’est l’ »église des étudiants » (traduction personnelle). Elle est en briques, de facture sûrement récente. Ses mosaïques roses s’harmonisent avec les fleurs des albizzias.

Nous flânons dans les rues biscornues du vieux Bucarest encore endormi.
L’église Stavropoleos est minuscule à côté des énormes bâtiments 1900. Son cloître est charmant avec ses arcades polylobées qui semblent vénitiennes. La peinture extérieure verte est ornée de motifs végétaux presque baroques.  Des plantes dégoulinent de bassines, des géraniums en potées sur les vieilles pierres, arbres et arbustes donnent de l’ombre. A peine arrivées, nous entendons la cloche et tout de suite après un concert étonnant. Avec une mailloche, une moniale frappe  sur la simandre des rythmes variés. On croirait presque un percussionniste africain. Je l’enregistre avec l’Olympus. Quand on la réécoutera à l’hôtel on aura peine à croire que c’était bien elle ! Elle annonce ainsi le début des liturgies. Nous restons un bon moment à écouter les chants et à regarder les fresques. Les harmonies de couleur sont très différentes de celles de Bucovine – pas de bleu – des camaïeux de couleurs chaudes, ocre, jaune, marron quelque fois du vert foncé. Bâtie en 1724 – époque Brancoveanu- elle aurait dû nous rappeler le monastère d’Horezou, mais c’était le premier jour du voyage et les détails nous ont échappé.
La délicatesse des décors, la fantaisie, la légèreté, la douceur du matin nous incitent à rester dans le jardin une demi-heure à dessiner. L’entreprise est difficile tant sont compliqués les motifs surchargés de la façade. Je sais que je ne terminerai pas le dessin mais je m’applique pour le plaisir d’observer, d’approfondir l’étude, de relever le défi.

Rapide coup d’œil au Carul cu Bere, restaurant néo-gothique qui ressemble à une brasserie allemande. Le site est « historique » et les hôtesses en costume folklorique, charmantes.
Nous passons sans nous arrêter devant les énormes édifices de la Caisse d’Epargne et du Musée Historique (fermé, aujourd’hui, lundi). Nous cherchons le Palais de Vlad Tepes(Dracula) : la Curtea Veche, bien ruinée dont il ne reste que quelques colonnes et un mur en brique. Entrée payante (4LEI). Pourquoi payer puisqu’on voit tout de la grille ?
L’auberge de Maniuc (ancien caravansérail) a fermé. Une petite vieille rigole « les patrons sont partis ! ».Je ne sais ce qui l’amuse tant, notre désappointement ou la déconfiture des patrons du restaurant.

Toutes les ruelles sont défoncées. Des chemins de planches parcourent la rue Lipscani et Gabroveni. Mélange de splendeur passée et de décadence, de ruelles médiévales et de modernité branchée. Les fauteuils des cafés ne sont pas en paille ou en skai mais en osier tressé très classieux. Dans les boutiques l’éclectisme m’amuse. La même vitrine expose des blouses brodées et un bustier convenant à une « maîtresse » sado-maso. L’échoppe de robinetterie-plomberie voisine avec la galerie d’art. on peut aussi acheter des lampes Tiffany des vases Art Déco. Certains balcons menacent ruine, en dessous, une terrasse de café hors de prix…Un peuplier a planté ses racines sur une corniche, la végétation regagne du terrain.

Traversant le Boulevard del I C Brajanu, nous cherchons à gagner le Quartier Juif en suivant la St. Vinieri. La Grande Synagogue, le Temple Coral est en rénovation. On nous refuse l’entrée malgré mon insistance. L’endroit ne me paraît pourtant pas fermé, un portail de sécurité semble tout à fait fonctionnel. Au musée de la Communauté Juive, la grille est fermée à double tour. Il faut montrer son passeport qui est dûment recopié pour entrer dans cette ancienne synagogue transformée en musée. Accueil plus que méfiant du gardien roumain puis chaleureux des vieilles dames. Images des camps et de la Déportation. Vieilles photos de personnages illustres comme d’anonymes. Témoignage d’une communauté décimée qui survit à peine.

Déjeuner:  feuilletés aux épinards dans les jardins de la Place Unirii sur un banc à l’ombre. 28°C, température idéale. De temps en temps le vent rabat sur nous les gouttelettes d’une fontaine énorme, proportionnée à l’urbanisme environnant.

Bucarest : Palais du Parlement et promenade au Parc

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Je veux voir le Palais du Parlement,  monstruosité de Ceausescu.

 Boulevard Unirii, une avenue Foche négligée

Au bout d’une large perspective, le Palais ne passe pas inaperçu. Il a beau être affreux, il est incontournable (au propre comme au figuré). Le boulevard Unirii qui y conduit est au moins aussi large que l’avenue Foch : deux trottoirs séparés par une platebande arborée de chaque côté de la chaussée. A l’ombre de ces grands arbres, le monument devient invisible. Les immeubles le bordant sont plaqués d’une sorte de comblanchien. Sobres, un peu monotones, ils auraient belle allure si les rez de chaussée étaient occupés comme prévu de magasins de luxe. Banques et ophtalmologistes( ?) se partagent les emplacements. Souvent ils sont vides, parfois même délabrés et taggués. Une avenue Foch bien négligée !!!

Démesure ou abandon,

Comme beaucoup d’endroits à Bucarest, la démesure va avec l’abandon. Les périodes de construction paraissent alterner avec des désastres ou simplement le manque d’entretien? Actuellement, les chantiers pullulent – aux couleurs de l’Union européenne- la crise va-t elle y mettre fin ?

Nous rentrons à pied par le large Bld Bratianu avec l’Intercontinental pour cap. Morne promenade escortée par deux jeunes qui veulent absolument nous vendre un cadre auquel il manque le quatrième côté, avec un portrait de Janis Joplin. Nous prenons enfin l’autobus 300 pour rentrer à l’hôtel.

promenade du soir au parc Herastrau

Le soir, promenade dans le parc Herastrau. Autobus (avec le passe) de l’Arc de Triomphe à la fontaine Morita(1936), un rectangle sculpté au milieu de nulle part. Dommage, la fontaine est plutôt réussie. Retour à pied dans le parc  bien entretenu. Sur un joli lac, on canote, on se promène en « vapor ». Pause-téléphone à proximité d’un monument aux Pères fondateurs de l’Europe : des grosses têtes sculptées : Schumann, Monet, Spaak, Adenauer et d’autres inconnus de moi, font cercle autour du drapeau étoilé. Le sculpteur n’a pas été très inspiré tous ces hommes politiques se ressemblent et semble clonés.

Il est encore tôt et la soirée est douce, je poursuis la promenade le long de la Sos. Kiseleff  bordée de villas magnifiques occupées par des ambassades et gardées par gendarmes et vigiles (ce qui gâte un peu la promenade). J’oblique sur Ion Mincu  pour faire les courses au supermarché Image (très chic, très cher, très moderne avec un look écolo-diététique). Retour par la jolie rue Clucerului bordée de maisons basses d’un étage dans des jardins. Certaines, intéressantes,ont des frises Art nouveau, d’autres sont simplement charmantes dans un fouillis de verdure. Ici aussi, l’entretien fait défaut. Un joli restaurant tombe en ruine, la tête d’un malheureux chat traîne sur le trottoir. Des terrains vagues sont une véritable jungle. Je ne sais pas pourquoi je trouve de la poésie à cette déchéance et l’envahissement progressif de la nature sur les pierres. J’ai été émue pareillement à Palerme dans les Palais éventrés par les bombardements envahis par les herbes folles et à Nha Trang dans les villas de Bao Dai devant la chaise d’arbitre abandonnée sur le court de tennis disparu.

Bucarest :de l’Arc de Triomphe à la place des Victoires

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Nous commençons à nous repérer sur le plan de Bucarest.

L’Arc de Triomphe, la Place des Victoires Kiseleff qui les joint nous sont familiers.
L’orage de dimanche matin a fait baisser la température d’une dizaine de degrés. On nous avait prévenues :
– « vous aurez chaud à Bucarest, c’est une fournaise… »

Samedi dernier encore il faisait 37°. Nous avons de la chance ; la télévision prévoit 30°, température estivale tout à fait supportable si on ne s’expose pas directement au soleil.

Nous choisissons donc le trottoir à l’ombre dans la rue Clucerului entre les belles villas et une haie d’althéas en pleine floraison violette. L’althéa se plait à Bucarest. On en voit partout, en haie fleurie sur les trottoirs, taillé en arbuste d’alignement ou buissonnant dans les jardinets. Les vignes courent sur les façades, ombragent les courettes, forment de véritables tonnelles comme à la campagne. Différence quand même : chaises et bancs sont à l’écart, à l’intérieur et non pas dans la rue comme au village. Les fenêtres souvent arrondies, sont encadrées de frises, de colonnettes, les toits de tuiles, rouges. Qui vit ici ?

Et dans les hauts immeubles du Bld Ion Mihatche ?

Le marché du 1er Mai, est minuscule. Comme en France, fruits et légumes sont plus appétissants, plus variés et moins chers que dans les supermarchés où il n’y a ni tomates ni courgettes.

Le parc Kiseleff estrafraîchissant, planté de très beaux arbres, pelouses tondues, belles allées. Au bout du parc une école est décorée des céramiques Secession hongroise en version sobre.

On arrive au Musée du Paysan Roumain, trop tôt.

J’ai donc le temps de faire le tour de la Place des Victoires, seulement aperçue de l’autobus. C’est une place immense bordée de bâtiments en  béton dans le style du Palais du Parlement ou de la Maison de la Presse Libre.  Esthétique stalinienne – ou mussolinienne – finalement cela se ressemble – démesure, froideur. Tout semble surdimensionné à Bucarest. On a vu grand ! Qui « on » ? Les voies de circulation sont tellement larges que les voitures circulent très vite (limitation à 60km/h peu respectée). Les piétons sont très respectueux des feux, même un  chien errant, très vieux attend pour traverser. Regarde-t-il le petit bonhomme vert ? Non plutôt les humains ! Je commence à comprendre comment une capitale peut être infestée de chiens. C’est qu’il y a beaucoup d’espace lire où ils peuvent évoluer, les parcs mais aussi les friches, les maisons abandonnées.

un lecteur roumain, G.B., a commenté mon observation sur le chien :

« Chiens errants- oui, ils attendent le feu vert pour traverser avec tout le monde qui veut traverser. Bucarest infesté des chiens? Pourquoi? Parce-que des milliers et milliers des maisons ont été détruites par le régime Ceausescu pour construire. Les gens de toutes sorte et conditions ont été forcement logés dans les HLM et c’était interdit de prendre leurs chiens ou leur chats avec eux! Tous ont été forcés d’abandonner leur chiens dans la rue  »

Je regarde les passants qui vont travailler, bien différents des paysans, tous nu-tête sauf un vieux monsieur qui porte un Panama et des ouvriers en casquette de base-ball. Une autre Roumanie urbaine est à découvrir. . Cette dernière journée de visites est consacrée aux paysans : Musée Paysan et Musée du Village ; synthèse et révisions de notre circuit rural !

 

 

Bucarest -Musée du Paysan roumain – Musée de Géologie

Le Musée paysan est différent des musées ethnographiques classiques. On pourrait plutôt le qualifier d’Installation d’Arts [Plastiques. Costumes, travail du bois, poteries… ne sont pas présentés didactiquement. Les explications – si elles sont véritablement nécessaires- existent mais sous forme de cartons plastifiés suspendus discrètement, presque cachés. Aucun écran comme dans les musées du 21ème siècle. Cette célébration du paysan roumain est une œuvre d’art en elle-même.

Au rez de chaussée le fil directeur est « La Croix ». Immédiatement la mécréante remarque les broderies au point de croix. Comme si il s’agissait de broderies ! La Roumanie est profondément religieuse et toute la vie quotidienne  célèbre la croix. Le plasticien a décliné les variations symboliques : une église de bois entière tient dans une salle, un calvaire a été offert par les habitants d’un village….
Le premier étage a pour titre « Le triomphe » – plutôt énigmatique ne aile chante la gloire de la vie quotidienne, de la culture des céréales, du moulin. Une maison toute entière est exposée avec les récoltes stockées au grenier. L’autre partie du Triomphe est le cortège  des habitants des campagnes : Roumains des différentes provinces en costumes mais aussi minorités. Hommes et femmes séparés. Une Gitane, une Lipovène, une Ukrainienne, un Tatar… Je cherche les Juifs sans les trouver. Seule allusion, une menora sur un présentoir. Ici encore les Juifs sont invisibles. Certes, peu d’entre eux étaient paysans. Cet oubli m’irrite. La présentation est accompagnée d’une réflexion sur la muséographie. Comment redonner du sens à un objet séparé de sa fonction, d’un costume sans le corps de celui qui l’a porté ?
Au sous sol une mise en scène « le communisme en Roumanie ». Les murs de la salle sont tapissés des journaux d’époque et peints aux motifs de la faucille et du marteau. Profusion de portraits en pied de Lénine, tableaux de Staline et de Ceausescu.

Il suffit de traverser la Sausea Kiseleff (je viens de comprendre l’abréviation énigmatique sos. Et j’émets l’hypothèse de la chaussée) pour trouver le Musée de Géologie. Antithèse du Musée Paysan. Immeuble pompeux escalier monumental, lustre de cristal, étouffants rideaux de velours cramoisi. Collections riches mais poussiéreuses. Les minéraux sont classés scientifiquement. Toutes les explications  sont données sur des tableaux thématiques très détaillés. On pourrait faire une licence de Géologie rien qu’en étudiant dans ce musée ; mais quel ennui ! Malgré les vitrines fermées, la poussière s’est immiscée et a recouvert les plus beaux échantillons.

Je rentre sous les frondaisons du parc et le long des ambassades ; la température avoisine 30° , j’aime cette douceur.

Bucarest : Musée du village

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Le Musée de Plein Air Muzuel Satului est aussi situé sur Kiseleff de l’autre côté de l’Arc de Triomphe dans le Parc Herastrau.

Une cinquantaine de maisons, pour la plupart en bois, ont été démontées et remontées dans le parc. Certaines sont meublées. Des artisans animent le parc : le potier, le peintre d’icones de bois, la brodeuse. Cette promenade est une parfaite conclusion à notre séjour.

Nous retrouvons une église de bois de Maramures, les maisons de rondins de Bucovine. Nous tombons amoureuses de la Maison Lipovène du Delta, blanche avec ses volets bleu vif relevé de rouge. Les fleurs de topinambour jaune vif contrastent. A la fin du parcours, nous revenons la photographier et la dessiner ; Toutefois le Musée de Sibiu Astra est beaucoup plus réussi. Au lieu de tasser les maisons de styles différents, à Sibiu des prés, des bosquets d’arbres séparent de véritables villages. Cette disposition aérée est beaucoup plus agréable.

 

promenade à Bucarest : La Calea Victorii,

Bucarest dernière promenade : La Calea Victorii,

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Dernière matinée, occasion de faire la promenade n°1 du Guide Evasion : La Calea Victorii, de la Piata Victoria au Cercle Militaire. La description ne m’avait pas séduite de prime abord.

Par cette matinée lumineuse, tôt le matin, je suis ravie de découvrir cette rue de Bucarest.
Chaussée historique construite par Constantin Brancoveanu en 1690 pour relier son palais de Mogosaia, artère mythique sur laquelle ont défilé les troupes victorieuse en 1878 après la guerre russo-turque.

Le début de la promenade aux abords de la Place Victoriei, est assez décevant. Trottoir étroit, voitures lancées à grande vitesse dans cette rue à sens unique, immeubles minables en ciment alternant avec des chantiers.

Le palais Cantacuzène a de l’allure avec sa grande marquise de verre et de fer forgé, ses lions, ses anges. Je m’aventure dans le jardin à la recherche de la maison de George Enescu et me fais chasser par un employé sans aménité :
– « Revenez à 10heures ! »
Le Casino Palace aux néons agressifs est repoussant. L’hôtel 4 étoiles, modernisé aussi.

Je tente une visite clandestine de la Casa Monteoru siège de l’Union des Ecrivains et du Gattopardo Blu – très viscontien – splendeurs palermitaine en Mitteleuropa.

Devant le Musée des Collections d’Art et le Musée National d’Art Roumain, je regrette que mon temps (et les LEI qui restent) soient comptés.

Charmante rotonde de l’Athénée, élégante à côté des massifs palais de la Piata Revolutiei sans parler de plus immodeste Cercle Militaire!

Sur le chemin du retour, je remarque les hôtels de luxe Hilton, Ramada et autres 4étoiles, les boutiques de luxe aux enseignes mondialement connues. Curieux retour des choses : les bâtiments de prestige du boulevard Unirii sont déserts tandis que Gucci est installé dans un immeuble quelconque en ciment !

Je remarque aussi les statues commémorant la Révolution de 1989 sur la Piata Revolutiei.