Athènes, relève de la garde, Musée cycladique, Plaka

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion


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Autour de Syntagma

Quel musée visiter ? C’est notre dernier jour à Athènes et j’hésite entre le Musée National, le Bénakis ou celui des Arts Cycladiques. J’hésite. Lundi, le Musée byzantin est fermé, le Musée National n’ouvre qu’à 10H30… . Nous partons  en direction de Syntagma par les petites rues et allons voir les evzones qui montent la garde devant le Parlement. C’est ma quatrième visite à Athènes et je n’ai pas encore vu la relève de la garde. Les Evzones sont en tenue d’hiver avec d’épais bas de coton blanc. On admire la démonstration : flexion-extension du pied et saut du pompon.

jardin

En juillet, il m’avait paru poussiéreux et négligé, au printemps il est exubérant, vert de mauvaises herbes et embaume la fleur d’oranger.de Syntagma et je file au Musée Cycladique qui s’est agrandi dans une annexe installée dans un magnifique hôtel particulier avec jardin d’hiver, lustre de cristal, lourdes tentures et mobilier imitant l’antique. Une exposition temporaire présentant un site crétois est installée à l’étage. Par un tunnel, on accède à l’ancien musée qui s’ouvre sur une petite rue perpendiculaire à Vassilis Sophia dans un immeuble moderne très sobre, contenant les collections permanentes. L’étage des idoles cycladiques me ravit toujours autant. J’avais attendu ce rendez-vous et je savoure les retrouvailles. Elles sont aussi belles, délicates, épurées que dans mes souvenirs, aussi bien les petites en forme de violon, fines, presque translucides que les plus grandes avec leurs coudes repliés, les avant-bras sur le ventre, le triangle du sexe stylisé, les seins à peine ébauchés. J’avais oublié le personnage assis avec sa coupe, plus élaboré mais toujours aussi sobre. Je remarque aussi un plat translucide, décoré d’oiseaux stylisés. A un autre étage, je découvre avec surprise les Papades : poupées d’argile rouges aplaties avec de larges robes comme celles des popes, d’où leur nom. Figures féminines toutefois avec des seins et des coiffures compliquées. Je retrouve aussi des Tanagras. Le Louvre en avait fait une magnifique exposition l’an passé. Décidément, cette année, mes visites aux musées seront spécialisées dans les figures féminines : corés de l’Acropole, idoles des Cyclades,  Papades et tanagras ! Au 3ème étage, une exposition temporaire d’objets provenant de Chypre, à nouveau de petites idoles féminines cruciformes en pierre polie bleu turquoise. Encore des personnages orientalisants de terre cuite.

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Le charme des tanagras

J’aborde enfin l’exposition crétoise, distraitement. Difficile de me concentrer encore sur une nouvelle civilisation ! En général, j’ai tendance à tout mélanger : la Crète, les Iles, Chypre…Ce sont des civilisations complètement distinctes aussi bien dans le temps que dans l’espace. La visite de ce matin me fait prendre conscience de toutes les différences et de la richesse de la Méditerranée orientale.

La place de Syntagma est très agréable, encadrée par deux fontaines, l’eau s’écoule sur des murs de marbre. Les grands hôtels bordent la place, le Parlement ferme  le rectangle. C’est une Athènes chic où nous ne nous étions pas encore attardées.

Aérides

 

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Nous n’avions pas encore visité l’Agora romaine (Pourquoi ne l’appelle-t-on pas le Forum ?) ni vu de près la Tour des Vents qui est l’un des monuments les plus originaux d’Athènes : tour octogonale coiffée d’une girouette, ornée d’un cadran solaire, et équipée autrefois d’une clepsydre pour les jours nuageux. C’était une horloge officielle, la météo romaine. Sur chacune de ses huit faces, une figure ailée personnifie un vent flottant à l’horizontale, jambes écartées, ailes déployées : borée, le vent du nord, souffle dans une conque ; Kaikias vide son bouclier plein de grêlons ; Notos, le vent du sud, amène la pluie dans une urne ; Lips, vent marin, tient l’aplustre,  outil de navigation ; Zéphyros, vent d’ouest, annonce le printemps en déversant des fleurs. Cette tour des Vents termine la rue Eolou. Elle a donné son nom au quartier des Aérides entre Monastéraki et Plaka.

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Zephyros

 

 


A côté de la tour, un bâtiment carré, les latrines romaines. L’agora romaine, dallée par Hadrien, était précédée d’un portique monumental d’un côté et de propylées ornés de jolies colonnes de marbre gris veiné de blanc reposant sur des supports de marbre beige. On devine bien le péristyle abritant bureaux et magasins. Malheureusement le reste de l’Agora avec la Bibliothèque d’Hadrien est fermé le lundi. Je dessine avec beaucoup de plaisir les colonnes des propylées et la tour des Vents. Nous retournons au café sur le bord du forum, nous installant sur une autre table pour que je dessine vue.

Plaka

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Le marchand d’éponges

Avant de quitter Athènes, je veux acheter une éponge. La rue Adrianou (Hadrien) est bordée de nombreuses boutiques. Plus on s’éloigne de Monastéraki, plus les boutiques deviennent chic. Les fast food laissent la place aux tavernes qui ont envahi la rue. Les maisons sont très jolies, cossues, décorées parfois de motifs Art Déco. Nous découvrons en contrebas le curieux monument de la lanterne de Diogène. Au bout de la rue se profile l’Arc de Triomphe d’Hadrien et les colonnes de l’Olympéion que nous n’avons jamais visité – ce sera pour une prochaine fois – nous retournons en flânant dans les rues charmantes de Plaka que nous ne connaissons pas.

Dîner en ville

Nous sommes invitées par les propriétaires de la maison du Pélion. Après des échanges de courriels, cette invitation paraît très sympathique. Métro pour parcourir toute la ligne bleue qui va en direction de l’aéroport. Le métro, mis en service pour les Jeux olympiques, est luxueux marbres et granites polis, escaliers roulants et ascenseurs de verre. Signalisation lumineuse et sonore. De plus, il est très rapide. En un quart d’heure, partie de Monastéraki j’arrive à la sortie d’Athènes sous le périphérique.


Sakis m’attend dans une grosse jeep noire. Il est brun, bouclé, bronzé, mince plutôt petit, juvénile. Ni lui, ni sa femme, Olga ne paraissent leur âge (45 ans) seule leur fille aînée – 15 ans – permet de le deviner. Tout de suite, il se présente : ancien pilote, il travaille dans les radars. Il compte prendre sa retraite l’année prochaine pour se consacrer au tourisme.
Il aide son père qui a construit les Studios Panorama au Pélion. C’est lui qui a conçu le site Internet. Je suis leur première cliente en ligne. C’est ce qui me vaut l’invitation. Ils sont curieux de savoir ce que j’ai pensé de leur site, comment j’ai trouvé leur adresse.


Olga, rousse, toute bouclée a préparé une jolie table avec un plateau de fromages décoré avec des olives, une salade finement hachée en lanières, parfumée à l’aneth sur un plat rectangulaire. Elle apporte ensuite des spaghettis aux crevettes roses et a farci des calamars. C’est la Semaine sainte : ils mangent maigre. Le repas est délicieux, la conversation agréable. Les deux gamines sont bien élevées. La plus grande veut enseigner le grec ancien et l’histoire antique, elle est très posée et sérieuse, la cadette a l’air espiègle. Je rentre vers 11H ravie de ma soirée, emportant la recette des calamars : mélange de fêta et de poivron à chair très fine vert pâle (je croyais que c’étaient des poireaux) elle les a grillés sous le grill du four dix minutes sur chaque face, pratiquement sans graisse.

D’Athènes à Delphes en passant par Osios Loukas

Pâques aux Météores et une semaine au Pélion

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La bergère et son ouvrage


Pour quitter Athènes suivre la route de Lamia, puis le périphérique et l’autoroute. Sur l’autoroute, le paysage est peu intéressant, encombré de toute l’architecture internationale hideuse : centres commerciaux, fast food…Nous traversons sans nous en rendre compte la plaine de Marathon. Nous quittons l’autoroute à Thèbes (Thiva en grec). En dépit de son glorieux passé, de Thèbes nous ne verrons que des zones industrielles sans intérêt. Seul rappel de l’Antiquité, les nombreux marbriers qui bordent la route. Nous passons à Tanagra, pas de potier ni de céramique !

Nous quittons la route principale après un arrêt dans le supermarché Galaksias,  et essayons de rejoindre Osios Loukas par un itinéraire touristique bordé de vert sur la carte Michelin. La route doit traverser la montagne. Sur la carte offerte par l’Office de Tourisme, cette route est représentée par un double trait blanc (figuré de piste). Sakis hier soir m’avait vivement déconseillé de l’emprunter. D’après lui nous devrions trouver une piste pour 4×4. Dominique se lance hardiment à l’aventure. Il faut suivre les panneaux écrits uniquement en caractères grecs (ce n’est pas difficile,  je me suis entraînée pour lire rapidement. Or les noms grecs se déclinent et se trouvent le plus souvent au génitif (mais pas toujours). Nous avons l’agréable surprise de rouler sur une route bien asphaltée, même très large. Toutefois, le fléchage est très déficient. Nous nous arrêtons souvent pour demander notre chemin dans les villages (en Grec on me répond en Grec également). Quand mon interlocuteur est avisé, il joint le geste à la parole. Sinon, il me déverse un discours abondant et incompréhensible. L’essentiel est de garder la bonne direction. On s’arrêtera après et on redemandera.

La route traverse une région très montagneuse. En quittant la côte nous trouvons les nuages et même la pluie. Des forêts d’épicéas et des endroits très verts nous surprennent, le maquis d’épineux et de lentisques pistachiers est plus conforme à mon idée de la Grèce. En cette saison, la campagne est très fleurie : lilas bien fournis, arbres de Judée mais aussi petites fleurs des champs et de petits iris sauvages bleus, mes préférés.

Les villages sont très tranquilles, j’ai du mal à trouver quelqu’un dehors dans la rue. Les grosses maisons en ciment crépi de blanc, couvertes de toits de tuile sont blotties au flanc des collines. Les jardins violets de lilas. La montagne recouverte d’un maquis de pistachiers.
Un berger et une bergère dans un antique pick-up rouge au pas poussent devant la voiture un  troupeau de chèvres.

Le Mont Parnasse enneigé

Au loin, les sommets sont enneigés, le Parnasse à l’ouest dépasse les premières crêtes. De l’autre coté du Golfe de Corinthe, une barre blanche apparaît de temps en temps, je ne parviens pas à déterminer à quel massif elle appartient. Le paysage est grandiose, entre neiges et mer d’huile. Allons nous trouver le monastère d’Osios Loukas que nous cherchons ? Il n’est indiqué nulle part. Pourtant les paysans n’ont pas l’air étonné lorsque nous demandons notre chemin. Sur notre carte l’emplacement n’apparaît pas.
Et si nous faisions tout ce chemin pour rien ? Et si ce n’était pas le bon monastère ? Et s’il était fermé ?

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Osios Loukas katolikon

Au loin, planté au flanc de la colline, rouge brique avec une coupole et un campanile, ramassé sur lui-même, inaccessible, nous devinons un monastère. Je commence à avoir de sérieux doutes. Nous nous consolons en nous disant que la route est si belle qu’elle mérite à elle seule le détour.

Osios Loukas


De gros cars sont alignés sur le parking, pas de doute, nous sommes bien arrivées à Osios Loukas . Nous pique-niquons rapidement, assises sur une murette, sous l’œil intéressé de trois chats efflanqués et d’une chienne allaitante aux mamelles pendantes, et celui, réprobateur, d’un homme – un moine ? – qui pousse sa brouette. Nous mangeons du saucisson alors que les Grecs font carême.

Le monastère est énorme. L’église byzantine est contemporaine de celle de Daphni. Très haute, sa coupole est soutenue par des trompes portant huit petites coupoles. La plupart des coupoles sont revêtues intérieurement de mosaïques dorées qui brillent. Sols et murs sont parés d’une marqueterie de marbres multicolores. Gallimard, sur une double page, nous avait éblouies de toutes ces couleurs. Malheureusement, le sol est protégé par un épais tapis de jute.

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Osios Loukas détail

En matière d’églises byzantines, nous ne sommes plus naïves comme la première fois lorsque nous avons découvert Daphni, puis Mistra. Entre-temps, nous sommes passées à Istanbul en Cappadoce, Chypre et en Sicile où les églises de Palerme, bien que catholiques, leur sont apparentées. Nous reconnaissons donc facilement les scènes de l’Histoire Sainte, les portraits de Constantin et d’Hélène debout, de part et d’autre de la croix dans le narthex. Quel luxe fabuleux de marbres, de mosaïques, de dentelles de pierre dans un endroit aussi isolé dans la montagne !

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Osios Loukas, intérieur

e jeu des lumières par les petites ouvertures rondes découpées en feston donne un très bon éclairage aux fresques et aux mosaïques. Pas besoin de lampes ou d’électricité. Je me réfrène pour photographier, nous avons acheté une plaquette illustrée. L’église est pleine de recoins, partout, de détails étonnants. Un musée est installé dans le vaste réfectoire. Un bel arbre est planté dans la cour, des salles ont été restaurées. Plus loin, le monastère est encore habité dans de petites maisons basses, entourées de jardins. Pendant que nous visitions le ciel s’est dégagé, les nuages ont disparu, il fait un temps magnifique.

une bergère

Il reste une quarantaine de kilomètres pour rejoindre Delphi. Nous franchissons un petit col. Une bergère, habillée de noir, garde ses chèvres. Elle tricote au crochet debout plantée dans un pré d’herbes hautes parsemé de fleurs : beau sujet de photographie. Dominique demande la permission. Elle est ravie. J’essaie d’échanger quelques phrases en Grec. Sans doute s’ennuie- t-elle toute la journée, en compagnie des bêtes.  Sur la route, un deuxième renard écrasé. Comment se fait-il ?
Alors que nous avons trouvé le monastère isolé sans nous perdre, voilà que nous avons raté la grande route qui va à Delphes Nous nous retrouvons à la mer, dans la direction opposée. Nous avion pris en autostop deux vieux  qui attendaient sur le bord de la route. Alors que je lui dis que nous allons à Delphes, le monsieur proteste. Si nous nous étions mieux compris, nous aurions pu faire le détour pour les dépanner et ils nous auraient mis dans la bonne direction. Au lieu de cela, nous voilà perdues dans un cul de sac sur le bord du golfe de Corinthe !

Soirée à Delphes

Arrivée à Delphes vers 17H. Le temps de nous installer à l’hôtel, il est trop tard pour visiter les sites. Nous nous contentons d’une promenade à pied jusqu’à la billetterie puis nous traînons dans le village. Je dépose deux pellicules chez le photographe, une heure plus tard, elles sont prêtes.
Nous nous installons pour un café frappé et un  ouzo sur une belle terrasse à contempler le plus beau paysage du monde : le véritable fleuve d’oliviers qui tapisse le fond de la vallée s’étale jusqu’au Golfe de Corinthe. L’eau du Golfe est lisse et brillante d’un bleu opalin si particulier. Mer et collines s’entrelacent intimement. La terre avance en doigts, les îles en petits caps. Au loin dans le Péloponnèse, une grande chaîne barre l’horizon de ses crêtes enneigées.

Tinos, Rafina, Athènes

En ferry, la croisière

Penelope A de la compagnie Agoudimos est un magnifique bateau blanc qui s’était annoncé au port  par un coup de trompe.  Il arrive en compagnie du Seajet II que nous avons pris samedi pour arriver à Tinos et pour aller à Mykonos. Le catamaran double le navire, plus rapide mais tout petit.

Au niveau 5, le pont est occupé par un bar, il est à moitié couvert et meublé de tables et de chaises de café. Au niveau 6, le pont découvert est occupé par des rangées de bancs blancs.

Au départ de Tinos, le vent et les embruns nous repoussent à l’intérieur à côté du bar qui  sent la peinture fraîche et la fumée de cigarettes.

Tinos défile pendant une bonne heure,j’essaye de me remémorer le nom des villages et des plages:le site de Kionia,  Kardiani, Ormos Istiernia. Plus à l’ouest l’île devient  déserte, plus de terrasses, des pentes abruptes. Il me semble bien reconnaître la carrière de Vathy présentée au Musée de Pyrgos, son rail très en pente, l’usine de découpe et le port.

Le bateau navigue très près de la côte, haute falaise qui nous protège du vent du nord. L’eau est complètement lisse. Il fait une température très agréable.

Nous la tenons notre croisière ! Soleil et spectacle !

Surmontant le gneiss vert entrelardé de lits blancs plissés et replissés, se trouve maintenant une épaisse couche foncée, noire pâteuse sur laquelle rien ne pousse, sauf une chapelle blanche. A la suite de Tinos, une île portant un phare. Nous longeons les côtes d’Andros avec des falaises en continuité avec celles de Tinos. Le relief s’adoucit ensuite, la végétation s’installe. Nous faisons une escale et de nombreuses voitures entrent dans la cave de Penelope. Quand on se retrouve ne pleine mer la surface de l’au est à nouveau agitée. Le bateau tangue un peu, mais rien de bien désagréable. Penelope est vraiment un navire stable. Nous croisons de nombreux navires de commerce.

De Rafina à Athènes par le bus orange d’Atiki

 Raffina,  les cars oranges d’Attiki vont à Athènes (2.20€). Nous courrons pour arriver juste au moment où le chauffeur ferme la soute. Nos bagages installés,nous montons dans le car  complet. Il faudra faire le voyage debout.
Dans les banlieues, des grandes surfaces, Carrefour, Leroy Merlin…  des concessionnaires automobiles. La traversée d’Athènes est interminable. Nous dirigeons-nous vers Omonia ? Je ne reconnais rien. La grand avenue Alexandras  aboutit bien au-delà du Musée. Avec les valises le trajet parait interminable.

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Nous reconnaissons de loin la terrasse de l’Hôtel Economy de l’autre côté de la grande place  de l’Hôtel de Ville.Nous déposons les valises dans la chambre et montons sur la terrasse au coucher du soleil. L’Acropole s’illumine: orgie de photos et de films.
Quand on se préoccupe du dîner, c’est la catastrophe : le porte-monnaie a disparu. On l’a vu la dernière fois dans l’autobus. A-t-il glissé ? Est-il tombé ? Nous l’a-t-on fauché ? On défait frénétiquement sacs et valises.
Il faut faire opposition pour la Carte Bleue. Le centre d’appel est efficace, en trois minutes, la carte est bloquée. Sans le code, elle ne sert à rien dans les distributeurs automatiques, En Grèce les commerçants ne l’accepte que très rarement, prétendant que leur appareil est en panne. Reste Internet !

Athènes, 1ermai 2010 de colère

 

La grève des ferries nous a volé un jour à Tinos. Qu’allons nous donc faire à Athènes puisque tout sera fermé ?

On traîne, grasse matinée obligée. Je consulte mon courrier électronique. Notre entrain touristique est très modéré. Le réceptionniste de l’hôtel nous conseille de prendre le tram n°5 à Syntagma pour aller à la mer. La mer ? Nous en venons !

Par Athinas aux boutiques fermées et Monasteraki nous montons vers l’Acropole. Les kiosques et les bureaux de change sont ouverts ainsi que les restaurants autour de Monasteraki. L’€uro s’échange à 1.31$ . La crise économique grecque l’a fait dégringoler. Toute la semaine la télévision grecque a délivré des cours d’économie (on n’a rien compris). Aujourd’hui, 1er mai est le jour de protestation des travailleurs. Deux rassemblements sont signalés par des affiches : celui du KKE et celui des anarchistes à 11 heures. L’un au Musée(l’ancien) l’autre à Syntagma.
A défaut de tourisme, irons-nous voir les Grecs manifester ?

Autour des Aérides, les murs des belles maisons ont été tagués. Curieuses épidémies de graffitis ! En 1999, elles étaient maculées d’inscriptions. En 2005, après les jeux Olympiques, tout avait été nettoyé. Maintenant c’est pire que tout. Peut-être les récentes manifestations y sont pour quelque chose ?

Faute de site archéologique, nous divaguons dans Anafiotika. dont j’ai toujours apprécié le calme des ruelles, les jardins fleuris, le parfum des orangers. Revenant des Cyclades,  le quartier parait moins exotique ! Ce qui ne retire rien à son charme.

Athènes murmure, Athènes bruisse de rumeurs diverses. En stéréo. A gauche, les liturgiesdiffusées par une église proche. A droite et en face, les sonos des meetings du 1er Mai. 11heures, la sono s’amplifie, du coup le pope augmente le volume ! D’un cortège parviennent des slogans, d’un meeting, de la musique. Pas d’Internationale plutôt Theodorakis ou de la musique traditionnelle. C’est le 1er mai le plus « révolutionnaire » que j’ai connu. Depuis notre arrivée en Grèce (et sans doute bien avant) il se prépare. Athènes devrait être une ville morte. Les Athéniens, ulcérés par les mesures d’austérité qu’on leur inflige protestent. La police est équipée. Je suis partagée entre le désir de m’approcher des manifestants pour sentir l’évènement et la crainte que cela ne dégénère. La prudence nous conseille de rester au loin.

Courageuse mais pas téméraire, je me contenterai du son. J’aimerais bien capter cette ambiance sonore d’autant plus que maintenant se surajoutent les cloches et le bourdonnement de l’hélicoptère qui survole la ville. Faire une carte postale sonore. Nous n’avons pas le matériel. on fait des vidéos avec les appareils photos.

Athènes sans l’Acropole ni musées

 

Assise sur un parapet, je dessine le panorama : les montagnes bleutées, les collines, la mosaïque des immeubles, des terrasses et les coupoles. Je dessine la cathédrale,  affreuse, et oublie la mignonne petite église byzantine avec ses coupoles de tuiles qui se superposent.

La petite église Metamorfis (Transfiguration) se trouve à la croisée de Theorias et de Klepsydra, entre la mesure du temps et les théories. Cette coïncidence m’enchante. Peut-être n’a-t-elle pas le même sens en Grec ? Les Théories n’étaient-elles pas plutôt les cortèges des processions aboutissant aux Propylées, fermées pour cause de grève et autres processions?

En face de l’entrée du site archéologique se trouve un gros rocher poli sur lequel habituellement les touristes affalés comme des phoques contemplent le coucher du soleil ou prennent des photos du Parthénon. Les marches polies (et très glissantes) ont été récemment doublées  par un escalier métallique. Ce rocher que je méprisais n’est autre que l’Aréopage – première cours de justice- où Saint Paul a prêché aux Athéniens. Éclipsé par l’Acropole, je ne lui avais prêté aucune attention lors de mes précédentes visites.
Faute de Parthénon, un conférencier germanophone improvise, il raconte la construction de l’Athènes du 19ème siècle par les architectes allemands, et  la construction des bâtiments néoclassiques.

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Peut être les théâtres d’Herode Atticus et de Dyonisos sont-ils visibles ?  Je longe les grilles, la promenade ombragée sous les pins me conduit à une grande avenue dallée et piétonnière bordée de beaux hôtels particuliers et d’immeubles luxueux avec marbres et statues jusqu’au nouveau musée de l’Acropole que je ne connaissais pas.

Athènes, 1ermai 2010 sans métro ni musées

Athènes : café frappé en terrasse

 

Gyros(1.8€)à Monastéraki que je mange debout devant le forum romain fermé.

J’avais rêvé d’un café frappé sur la terrasse des Aérides devant la Tour des vents. Nous y aurions passé des heures à écrire ou à dessiner comme la dernière fois. Malheureusement à 13h40 l’heure de l’apéro est passée, on sert le  repas de midi, on ne peut pas mobiliser une belle table à l’ombre et on nous en propose une du côté de la rue en plein soleil.
Faute d’Aérides, on s’installe devant la     Petite Métropole sur une terrasse désertée. Les touristes ont été chassés par une fanfare très bruyante (trompette, tambour…) de musiciens gitans qui interprètent des standards  internationaux, pasodoble, Hinehmatov,…Tout autour de l’église sont posés des tas de sacs « Vuitton » ou « Lonchamp » qui semblent abandonnés. D’un coup une dizaine de Sénégalais surgissent, font un baluchon dans un drap et emportent la marchandise. Immédiatement arrivent les policiers sur leurs motos. Les sacs ont disparu. Les vendeurs reviennent dans la minute qui suit. Nous interrogeons deux d’entre eux ravis de parler français :
–    « vous êtes Sénégalais ? On vous voit partout dans le monde ! Vous êtes de bons commerçants »
–    «  on  n’a pas en d’éducation, on n’a pas d’autre métier. On vend des sacs. C’est mieux que de la drogue ! »
Moins pernicieux, mais interdit quand même !
–    « que risquez-vous ?
–    « on nous confisque la marchandise, on nous garde quelques jours et on nous relâche.. »
Le garçon fait irruption, et regarde d’un très mauvais œil ces clients d’un nouveau style.

Eolou  ressemblait autrefois à un bazar levantin, pendillocheries et cotonnades bon marché à mi-chemin entre Tati et le souk du Caire, peut être plus proche du bazar d’Istanbul. Maintenant les enseignes internationales se sont installées, H&M, C&A, et autres marques qu’on trouve dans n’importe quelle capitale européenne. Athènes a tourné le dos au Levant. Qu’en est-il de l’Europe ? Une Europe qui n’avait pas prévu une faillite d’un état-membre. La belle idée européenne prend l’eau, Europe économique du Libre-échange et non pas de la solidarité. L’économie actuelle devient complètement incompréhensible. Qui a fait gonfler les bulles financières ? Sur quelle prospérité était assise la Grèce ? Les prix ont considérablement augmenté depuis le passage à l’€uro, ferries, restaurants, nourriture ou carburants. Est-ce la faute des Jeux Olympiques ? Des spéculateurs ? Où est la richesse de la Grèce ?

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Athènes- farniente sur la terrasse

 

La terrasse de l’Hôtel Economy est à nous !
Vue sur le Parthénon, l’Acropole et le Lycabette, jardin suspendu de yuccas, orangers, petites tables de bar à l’ombre d’un store me permettent d’écrire tranquillement pendant les heures chaudes. Distraction originale : on tourne un film porno toutes fenêtres ouvertes dans l’immeuble d’en face, le quartier n’est pas très bien famé !

la terrasse de l’hôtel Economy

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A 18h,j’ai découvert ce matin un parcours piétonnier autour de l’Agora et de l’Acropole, partant  de Monastéraki jusqu’au nouveau Musée, le long du métro, par Apostolou Pavlou entre l’Agora et la colline de la Pnyx. D’un côté, je découvre les mosaïques romaines, de l’autre la grotte. Une troupe de nymphes, de sylphides et de satyres le corps peint en vert, maquillés et couronnés de lierre et portant des colliers de fleur occupe la chaussée au grand bonheur des touristes mais aussi des Athéniens qui se promènent en famille. Plus près de Monastéraki les touristes sont très nombreux, plus loin les Grecs sont en majorité. Sur des tables on vend des bijoux de pacotille. Les Sénégalais doivent compter avec la concurrence des Pakistanais.
La rue Thrassilou Stratos remonte le long de l’Acropole. A la base du rocher j’oblique sur Plaka pour retrouver restaurants et boutiques de luxe. Eolou, dans l’ombre est désert. Je note avec amusement le nom des rues à proximité du marché : Euripide, Sophocle, Lycurgue…Sophocle est la plus mal fréquentée (hôtels borgnes et vidéos porno) Ce genre de détails m’amuse, comme le jeu qui consiste à plaquer un mot français (généralement de la langue savante) sur un mot grec usuel métaphore pour camion, ou liturgie dans une station service. Diaphane est la marque de ma bouteille d’eau minérale (ouf !)
Nous assistons encore au spectacle du coucher de soleil en deux actes, le spectacle coloré naturel puis l’illumination lente des monuments de la ville.

Pour dîner souvlakis (1.5€ la brochette) achetés ou coin d’Athinas et de la place de l’Agora (marché actuel)

Dimanche 2 mai – retour
La grève est terminée. Le métro direct vers l’aéroport fonctionne : un métro toutes les 30 minutes. Nous prenons celui de 8h33, 10€ pour 2 personnes ou 6€ pour une seule.45 minutes et nous sommes dans le hall des départs. Le retour sera moins mouvementé que le départ.