Chios : plage d’Elinda

 

 

 

la côte sauvage à l’ouest

Nous poursuivons à l’ouest à la recherche d’une plage. Le versant ouest est couvert d’une magnifique forêt de pins qui font ressortir le bleu de l’eau.   Il est resté sauvage, très peu construit en dehors des villages perchés sur les hauteurs. La côte est très découpée avec des criques minuscules et des caps portant des tours de guet (supposition personnelle). Tours rondes réparties régulièrement sur les caps qui racontent des histoires de pirates.

plage d’Elinda

Chios elinda

Nous trouvons facilement la plage d’Elinda au bout d’une piste faiblement pentue (cela change de Samos !).C’est une très belle plage de galets bordée de tamaris. Une tente vide, un parasol dont les propriétaires sont à l’eau. La plage est à nous seules ! Arrive un couple grec. C’est tout. Les tamaris sont suffisants pour abriter la voiture et il reste encore de la place pour s’installer. L’idéal !

L’eau est claire et fraîche. Une frange verte borde la plage, très fine puis l’au est bleu profond. La différence de couleur traduit une différence de profondeur. Tant qu’elle est verte, on voit bien les galets clairs et le fond où les poissons picorent. Quelques mètres plus loin la pente passe presque à la verticale. Je nage dans le bleu et je ne vois plus rien, que du bleu. Cela donnerait presque le vertige, ce talus abrupt, le fond invisible…De plus, l’eau est beaucoup plus froide. La fraîcheur de la Mer Egée est vraiment surprenante (on ne peu quand même pas apporter un thermomètre en vacances). Je sui saisie par la froid et décide donc de nager près du bord parallèlement à la plage, je longe toute la plage. Quand l’eau est moins profonde elle  est plus chaude et plus peuplée. J’ai le plaisir de voir une néréis ramper de toutes ses pattes ( ?).

Lithi : tavernes

Nous avons bien prévu un pique-nique mais nous avons oublié la boisson. Au port de Lithi, il y a une plage de sable fin avec des parasols et de nombreuses tavernes. Deux cars ont déversé leur cargaison de touristes devant la plus grande taverne. Je commande des calamars à emporter.

Un calamar de collection

Le calmar est une merveille. Il a été frit entier avec tous ses tentacules. La pâte à frire est si légère qu’on ne la voit pas. Le mollusque est rose violacé. On l’immortalise en photo.

Les guêpes

Dès qu’on ouvre la boîte les guêpes arrivent en masse. Déjà à Samos Nous avions remarqué des bouteilles accrochées aux arbres sans comprendre. J’avais pensé à des traitements chimiques. Hier à Olimpi, nous avions élucidé le mystère : les bouteilles renversées sont des pièges. A Elinda, chaque tamaris possède son piège étiqueté par les autorités. Il existe donc un programme d’élimination des guêpes par piégeage. J’aimerais bien en savoir  plus sur cette opération. L’île ne peut pas se permettre une lutte chimique : le miel est une des spécialité, les insecticides destinés aux guêpes nuiraient aux abeilles. Que dire aussi de la récolte du mastic ? De plus, les agriculteurs souffrant de la concurrence pour les agrumes et les olives se sont tournés avers l’agriculture biologique. Ce piégeage est il efficace ? Les habitants d’Olimpi étaient très couvent munis d’une tapette.

Chios picnic calamar

Une nuée d’hyménoptères nous assaille. Nous fuyons au bord de l’eau. Peut être à la manière des moustiques fuiront elles le soleil et la brise marine ? Que non ! Il ne reste plus qu’à nous replier dans la voiture. Elles nous y poursuivent. Et je sui même  piquée au coude. Epilogue raté d’un pique-nique de rêve !

La baignade est tout à fait idéale. Nageant dans le bleu foncé je pénètre dans un banc de petits poissons : je nage dans le générique de Thalassa.

Retour

Nous rentrons par Sidirunda et Katavasi faisant ainsi une grosse boucle : suivons la côte Ouest dans les pins d’abord puis traversons un massif montagneux caillouteux et aride. La silhouette de gros blocs se détache sur le ciel. C’est presque un désert, un causse qui serait accidenté. Nous attendons une trouée pour apercevoir le bleu de la mer. Pendant une trentaine de kilomètres nous ne voyons pas un village. Des troupeaux de chèvres trouvent une maigre subsistance. Pas une maison ! Quelques cabanons de tôle pour les animaux. Brusquement, au tournant, à la sortie du col : la ville de Chios et son port, la mer, la Turquie. Nous redescendons dans la plaine.

Chios : mastic

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1395, Nicola de Martoni  fait état de la récolte du mastic.
Cette ressource assura à Chios des privilèges du temps des Turcs.

Nous avons décidé d’aller voir de plus près la culture des arbres à mastic. Le plus étrange est que le pistachier lentisque est un arbuste très commun à tout le pourtour méditerranéen. Je l’ai rencontré – et en abondance – en Israël où son nom Elat mastic rappelle les propriétés de sa sève. Mastic veut dire chewing gum en hébreu. Ce n’est qu’aujourd’hui que je fais le rapprochement. A l’autre bout de la Méditerranée, au Maroc,je l’ai retrouvé dans un petit arboretum où j’ai appris son nom scientifique.  Depuis, je l‘ai observé à maintes reprises.

Chios mastic 2

Notre propriétaire nous a raconté que le mastic ne se récolte que dans 24 villages. Il pousse partout à Chios mais sa résine ne cristallise pas en dehors de la région du mastic. Nous repérons les arbustes à la tache blanche de chaux à leur pied. Les premiers se rencontrent tout près de Thimiana mélangés à des oliviers et à des figuiers. Ils sont très vieux, noueux. Leurs troncs sont épais, contournés ; leur feuillage dépasse souvent sur la route. Ma première hypothèse est que ces arbres vénérables étaient sauvages et non plantés par l’homme qui se contenterait de les tailler et de nettoyer à leur pied. D’autres cultures coexistent avec le mastic, l’olivier mais aussi d’autres fruitiers et de très beaux jardins irrigués où poussent courgettes, haricots protégés par un voile ainsi que d’autres légumes.

Je descends de voiture pour prendre des photos les buissons et découvre les perles de mastic qui brillent et l’écorce luisante des coulées de résine. Le propriétaire disait que l’arbre pleurait

Chios mastic résine

 

Petits villages de la côte sud est

Nous descendons vers le sud empruntant des routes qui vont vers la mer et découvrons de petits ports tranquilles et des plages de galets avec des tamaris. Seule installation : une cabine pour se changer. Dans les ports sont amarrés quelques bateaux de plaisance.

Cette côte est plus construite que la côte ouest. De nombreux studios et appartements sont proposés à la location. Les constructions neuves s’intègrent bien aux villages et il n’y a rien d’artificiel comme à Samos ou pire à Rhodes. Nous passons à Kataraktis puis à Voukaria et  remontons sur la colline pour Gridia.

A l’extrême sud de l’île, la culture du mastic est prédominante. Les  arbustes sont bien rangés régulièrement sur des terrasses très propres et bien ordonnées. Mon hypothèse d’un arbre sauvage ne tient pas la route ! Certains arbustes sont très jeunes. Pas une mauvaise herbe dans la plantation. Les plants sont très bien entretenus et taillés.
Le paysage est magnifique, la route, tranquille.

Chios: vers le sud Emporios et Mavravolia


Emporios et Mavravolia

Chios Mavravolia

  Emporios est un petit port avec trois tavernes, un petit supermarché quelques villas et hôtels, minuscule station balnéaire malgré l’afflux de touristes qui viennent voir la plage de galets noirs de Mavravolia très réputée.

Un petit volcan éteint domine la plage de Mavravolia. Les prismes de basalte se débitent en arêtes nettes. Les couleurs du volcan, noir, violets, rougeâtre, orangé tranchent avec le bleu foncé de la mer. Les galets sur la plage ne sont pas aussi noirs qu’on veut bien le dire. Sous une faible tranche d’eau transparente ils sont vraiment noirs.

La première plage est bordée de tamaris sous lesquels on a construit des bancs de pierre. Les Grecs ont apporté des parasols, chaises longues et matelas gonflables, tout l’attirail des familles en vacances.
Il faut poursuivre un chemin dallé pour parvenir à la seconde plage, plus grande, sauvage, située sous le volcan. C’est vraiment un endroit magnifique. Je nage le long de la plage la tête hors de l’eau pour regarder le volcan.

On ne peut pas rester longtemps sans ombre. La baignade terminée, il faut prendre garde aux coups de soleil. Je m’enroule dans la jupe aux éléphants de Thaïlande et je déploie le drapeau grec (notre serviette) sur mes épaules pour dessiner. L’absence d’ombre explique la faible fréquentation de la plage. En réalité elle est beaucoup visitée mais le turnover est rapide. On ne peut pas rester plus d’une heure. Les visiteurs se succèdent sans se gêner.

Vroulida, pointe sud

D’Emporios, aucune indication pour Vroulida. Nous nous égarons et nous retrouvons à l’entrée de Pirgi. La signalisation routière grecque est trompeuse. Parfois le panneau est planté après l’intersection, parfois bien avant – c’est selon -. Le plus souvent il n’est lisible que vu d’un côté, tant pis pour ceux qui prétendraient venir d’ailleurs que de la route principale. Nos cartes sont toutes fausses. Pourquoi ? Certaines routes ne figurent pas tandis que de mauvaises pistes sont en rouge. Rajoutons à cela les sens interdits dans les villages, les ruelles étroites, les zones piétonnières. On roule parfois entre les tables d’un café. On se perd régulièrement. Les dix kilomètres d’Emporios à Pirgi et de Pirgi à Emporios ne sont que le hors d’œuvre de ce qui va être servi ensuite.

Venant de Pirgi, il y a une flèche :Vroulida n’est pas indiqué. En revanche, une tour l’est. C’est une belle tour carrée beaucoup plus grande que les moulins et les tours rondes qui surveillent la mer. Qui l’a édifiée ? Les Francs, les Génois ou les Turcs ?

Ici aussi, mastic et un peu de blé moissonné. Il reste les bottes de paille. Après les dernières maisons la piste est très en pente mais cimentée arrive jusqu’au bord de la falaise. On descend 51 marches pour arriver à la plus ravissante des criques, enserrée par des rochers blancs éblouissants. Pas de galets mais du sable très clair .J’ai oublié mon masque dans la voiture. Aucune importance : l’eau est si transparente que je vois le fond.

Galère pour rentrer

Nous cherchons une plage pour pique-niquer, celle de Komi nous déçoit : trop de monde. Nous essayons de suivre une route côtière existant sur la carte mais pas en réalité, nous arrivons à Armolia en plein milieu des terres Le plus sage aurait été de prendre la route principale et de rentrer à la maison. C’est ce que nous ferons bien plus tard après avoir tourné dans tous les villages. Une vraie galère à faire oublier les merveilles du matin.

Chios : après midi tranquille à Thimiana

 

Chios Kampos coin de rue

 

Après une bonne sieste, chacune vaque à ses occupations. L’une va chez le coiffeur (studio de luxe 15€). Tandis que l’autre se promène dans le Kampos.

Derrière les hauts murs de grès beige à violacé passant par le rose de la pierre de Thimiana, des  orangeraies. Dommage que la période de floraison soit passée depuis longtemps, la fleur d’oranger m’enivre; C’est à Pâques que nous aurions dû venir !

Chios Kampos entrée monumentale

 

les maisons de maître sont bien cachées à l’abri de leurs murs et des portails fermés. On peut espérer en trouver un entrouvert. C’est compter  sans les chiens de garde. Seules se livrent au regard les monumentales entrées : arche cintrées souvent soulignée par l’alternance d’une pierre rose et d’une beige, soit deux pilastres surmontées d’une vasque tenant une belle grille. Aussi la variante du fronton classique triangulaire, avec plaque en marbre blanc et armoiries. A défaut des palais je prends en photo les porches. Ces palais sont souvent ruinés, parfois seul un pan de mur subsiste. Ceux qui ont belle allure sont bien cachés derrière une végétation luxuriante de palmiers, yuccas, cyprès mais aussi grenadiers, bougainvillées ou bignonias qui dépassent. Je cherche les vestiges des pergolas, des bassins et des roues à eau. Le plus souvent il ne reste que les piliers des pergolas, quelquefois des éviers en marbre ou de belles plaques sculptées.

Chios Kampos 1

la superficie du Kampos est immense. Je ne peux explorer que nos environs immédiats.

Chios : les plages au nord est de l’île

26 km seulement entre Chios et Kardamyla.
Kardamyla et Marmaro sont des localités prisées par les riches armateurs grecs qui y ont construit des villas.

Vrontado

Chios Daskalapetra Rocher d’Homère

 

A la sortie de Chios nous passons devant des plages de galets le long de la route et arrivons à la petite station de Vrontado où se trouve Daskalopetra : la Pierre du Maître, le Rocher d’Homère. Selon la tradition, le poète déclamait ses œuvres à ses disciples. Sous le rocher on trouve les restes (des blocs) d’un sanctuaire dédié à Cybèle. Quelles cérémonies ? Quel temple ? Quelle époque ?
Croiser les ombres d’Homère comme de Pythagore n’est pas fait pour me déplaire.

La route vers le nord

Chios cimetière à bateau

La route suit la côte est :: la roche est nue, il n’y pousse que des boules basses d’épineux tout secs par cette saison, coussins gris, roux ou jaunis. Par contraste, la mer est d’un bleu intense, lisse comme un miroir. Pas une ride ne trouble la surface. Les côtes turques sont particulièrement nettes. Le rivage est creusé de criques et d’avancées. On ne sait plus bien où est la côte où est la Turquie, les îles ?  Idée absurde : cela me rappelle Skye en Ecosse. Dans une échancrure on découvre un cimetière de bateaux qui rouillent dans ce paysage magnifique. Etrangement ils contribuent au charme tranquille de l’endroit, les épaves ne déparent pas. Plus loin, des installations flottante d’aquaculture. Qu’élève-t-on ?

Agios Yannis Tholos

Chios Route du Nord

Au détour d’un cap, une route conduit à Ag Yannis Tholos : une chapelle minuscule occupant un îlet relié par un pont de ciment au rivage. De chaque côté : une échelle. Et voici la première baignade de la journée. Descendre du ponton directement dans la mer est plus agréable que de marcher sur des galets. L’eau est très calme, très transparente. Je nage avec facilité jusqu’à une petite plage et reviens sans problème. De petites bulles marquent mon sillage. C’est une sensation très différente de nager dans cette eau protégée par les terres comme dans l’isthme de Corinthe ou dans le golfe de Volos. La mer Egée est plus froide, plus agitée.

Langada

Nous faisons halte sur le quai du petit port de Langada. Les bateaux rouges partent pour les îles Inousses chargeant du matériel et des soldats. Les maisons sont soignées mais les tavernes encore désertes. A l’approche des villages, on a planté de beaux pins et des cyprès pour leur aire un écrin de verdure.

Entre Langada et Kardamyla la route quitte la mer et grimpe dans la montagne déserte. Il doit y avoir des ruisseaux en hiver : de temps en temps on voit des buissons de lauriers roses bien fleuris.

Kardamyla

Kardamyla n’est pas vraiment une ville ou un village c’est plutôt une addition  de villas et la circulation est malaisée. Nous nous attendions à une sorte de Côte d’Azur avec les belles villas des armateurs. C’est beaucoup plus modeste. Nous traversons Marmaro (le port) derrière le pick-up du poissonnier et celui du marchand de fruits. Les marchands ambulants sont très nombreux dans les îles. Curieusement, celui que nous rencontrons le plus souvent est le loueur de chaises.

Nagos

Nous poursuivons jusqu’à Nagos. Encore une baignade sur une plage déserte. L’eau est lisse comme celle d’un lac, moins froide que les autres jours. A Nagos, il y a une source. Dans le creux du ravin où le ruisseau coule, de magnifiques platanes. Cela change de l’aridité des montagnes.

Chios : Procession d’Aghia Paraskevi

 

La dame de l’Office de tourisme nous a recommandé  le vendredi soir, une fête villageoise au nord de l’hôpital de Chios. Après la messe, il y aura une procession puis des chants et des danses.

L’église – neuve – se trouve sur le bord de la mer. C’est une paroisse des descendants des  réfugiés de l’Asie Mineure et la fête est une commémoration de la »Catastrophe « : la guerre entre la Turquie et la Grèce en 1922 qui a eu pour conséquence l’exil de toutes les communautés grecques d’Asie Mineure. Chios – toute proche – leur a donné refuge . Au cours de la Procession les icônes venues de la rive asiatiquesont promenées dans les rues.

 

Quand nous arrivons à 19h, l’église est pavoisée ainsi que toutes les rues avoisinantes avec des guirlandes  et des petits drapeaux jaunes de l’Eglise Orthodoxe, bleus et blancs, les couleurs grecques.  Les rues qui conduisent à l’église sont jonchées de branches de myrte. Un détachement de l’armée attend. Une fanfare se rassemble. Les popes arrivent uns par uns portant chacun une mallette (attaché case ?).

Tous les arrivants font la queue devant l’entrée de l’Eglise,  pour prendre leur sachet contenant une  tranche de pain brioché et une sucrerie, loukoum ou fruit confit et les cierges . L’enclos autour de l’église est plein de chaises et de bancs. Nombreux sont ceux qui assisteront à la messe en plein air. Il est prévu de se restaurer: sur des tréteaux, des verres.

Les marchands forains sont installés autour de la place : pommes d’amour, barbes à papa mais aussi jouets pour les enfants : tables à repasser et poussettes roses pour les filles, mitraillettes et pistolets en plastique pour les garçons. Les garçons ont tous leur arme factice – les filles ont été moins gâtées. Une seule joue avec les meubles de poupées. Sans doute la fille de la vendeuse. Il y a même un marchand de fromage frais, venu probablement de la montagne.

Une majorité de femmes âgées forme l’assistance. Des plus jeunes sont aussi présentes, certaines portent des vêtements à la mode boudinant laissant voir bourrelets et tatouages. Beaucoup de petites filles endimanchées. Les petits garçons arborent des tenues plus modernes. Les seuls hommes présents – la soixantaine passée, fument sans arrêt, assis à l’écart.

Les cloches sonnent avec insistance. Tout le monde se fige et se signe à plusieurs reprises. C’est un peu gênant de se trouver là. Nous adoptons une position de retrait et nous asseyons dans la rue sur le banc de l’abribus. Les liturgies sont interminables. Le grec moderne utilise le vocable de liturgie aussi bien pour la messe que pour la vidange à la station-service. Les usages prosaïques des mots de la langue savante en français m’amusent toujours beaucoup.

Puisque nous sommes venues, nous allons attendre la procession qui se prépare pendant l’office. Les soldats, debout au garde-à-vous. La fanfare est prête. Des adolescents en costume folklorique font leur apparition. Les garçons en gilet de velours sarouel, bas noirs et ceinture large en tissus. Ils sont coiffés d’un bonnet rouge à gland, sorte de fez mou. Les filles en longues jupes et corsages blancs. On noue sur leur tête des fichus rouges exactement de la même manière que le voile des femmes turques, les cheveux cachés, le cou et le front pris dans le tissu.  Si on montrait cela aux adolescentes de chez nous qui prennent le voile pour une manifestation identitaire, peut être déchanteraient elles ? Rien d’islamique dans ce fichu des grecques orthodoxe pourtant la même coiffure !

Enfin, la procession s’ébranle. Les enfants en costume brandissent une sorte de calicot sérigraphié avec la figure d’un homme en costume noir : un politicien d’alors? Qui est-ce donc ? Après les enfants, viennent les popes portant une icône couverte d’argent. L’icône la plus importante, fleurie de lys est confiée aux militaires. Derrière eux défile la Croix Rouge. A leur suite toute la communauté présente dans l’église et à ses abords  suit et on promène les icônes dans tout le quartier.

A 20h30 nous rentrons, impression mitigée. Nous n’avons pas eu la patience d’attendre les chants et les danses.

Chios : musées de la ville de Chios et baignade à Kardamyla

fontaine ottomane

Le samedi est le jour des révisions, et visites que nous avions négligées dans la ville de Chios.

Marché

Les guides avaient vanté le marché pittoresque.  Ce qui nous avait étonnées. Depuis que nous sommes dans les îles nous n’avons jamais vu de marché. Des supermarchés, des épiceries, des commerces ambulants… jamais de marché. Nous nous faisons une fête  de cette visite à l’avance. Derrière le minaret d’une mosquée introuvable et inaccessible, transformée en musée byzantin malheureusement en restauration, se trouve un quartier piétonnier de rues étroites bordées de petits restaurants, de boutiques variées, poissonniers, bouchers, mais surtout de téléphones… une sorte de bazar oriental très vivant mais pas un marché.

Musée byzantin

Le musée byzantin est installé au Kastro : dans le Palataki : la maison des Giustiani, famille génoise qui a règné sur l’île pendant des générations. Ce palais du 14ème siècle est vraiment de taille réduite: une pièce à chaque étage et une loggia. Au premier étage des fresques des prophètes provenant d’une église. A l’étage des petits objets. Les fresques sont remarquables mais sorties de leur contexte.

Musée archéologique

Le musée archéologique de Chios nous réserve une belle surprise.

C’est un établissement tout neuf, très bien agencé sur trois niveaux présentant des objets provenant de Chios et de Psara.

On commence par les poteries d’époque mycénienne trouvées à Emporios, un  peu frustes et peu décorées mais avec des formes originales. Vers le 11ème siècle viennent aussi des vases décorés avec des scènes de chasse et des animaux spécialement réussis. Les korês sont bien abîmées.

Une collection de têtes en marbre blanc retient notre attention : ce sont des Romains. Les portraits se veulent ressemblants ce qui les rend différents les uns des autres. Dans les vitrines nous voyons des figurines en terracotta. Les tanagras sont toujours intéressants, plus vivants moins solennels que les marbres. De nombreuses stèles racontent l’histoire de Chios. Il faut être grec ou épigraphiste pour comprendre les textes gravés. Au premier étage divers objets. Au deuxième ; le contenu de tombes fouillées à Psara avec divers ustensiles et de beaux colliers.
Ce musée est récent, très bien présenté avec de nombreuses explications et les photos des objets tels qu’ils ont été trouvés lors des fouilles. Cette plongée dans l’Antiquité me plait. Les sites ne sont pas ouverts à la visite mais ils sont riches et variés.

Baignade

A midi, fin du programme culturel. Les longues plages de galets bordant la route vers le nord n’ont pas le charme des petites criques. Hier, vendredi, elles étaient tranquilles, aujourd’hui elles sont bondées (à la grecque, rien à voir avec la France) – Quand il y a plus de 5 familles installées, on dit qu’il  y a foule ! – En tout cas, elles ont perdu leur attrait.

A l’entrée de Marmaro: une plage de galets, un banc de pierre sous un tamaris. Il y a bien, un peu plus loin un bar et quelques parasols mais nous sommes très tranquilles. Sur le fond, des posidonies, très peu de poissons mais des sacs de plastique. Non loin de là, les villas de Kardamyla et une marina où mouille un magnifique 2 mâts. Les sacs viennent-ils des maisons ou des plaisanciers ?
Nous pique-niquons des feuilletés achetés à Chios.
Bonne pioche ! Orange crédite mon compte de 60€ après avoir vidé mon forfait par un envoi radoteur du même SMS des centaines de fois à Maman.  Geste commercial apprécié !

Ferry de Chios à Lesvos : Samothraki

 

Le Samothraki est un grand bateau bleu moins élégant que le Ierapetra. Il a deux niveaux de cales à voitures et le pont supérieur est au 8ème niveau. Les ponts ne sont pas aménagés pour un séjour prolongé- le plus haut est équipé de rangées de sièges en plastique mais n’a pas d’auvent,sur celui du dessous les chaises sont fixées le dos au paysage, au niveau des canots de sauvetage il y a de l’ombre mais pas de siège. En revanche les salons sont vastes et luxueux. Fauteuils beiges en cuir ou simili cuir, canapés profonds, tables avec des chaises de bistro ou fauteuils d’avion. Nous préférerions rester à l’extérieur mais il faut choisir : assis au soleil ou debout à l’ombre.

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Nous regardons Chios s’éloigner : le Rocher d’Homère. Le monastère sur le rocher est plus beau vu du large. La petite église Ag Yannis Tholos parait encore plus minuscule sur son îlet. Jolies vues de Langada. Nous sommes proches d’Imousses. Une grande Croix est plantée en son sommet.

Le Samothraki s’éloigne en pleine mer. La mer s’agite un peu. Le vent souffle davantage. Au bar : tyropita et croque-monsieur. Nos téléphones mobiles bipent : un opérateur turc nous souhaite la bienvenue.

Sieste.

Lorsque nous nous réveillons les côtes turques sont toujours présentes. Une île immense se rapproche : Lesvos, nous la longeons pendant une heure et demie. L’arrivée sur Mytilène nous surprend. La ville est beaucoup plus étendue que Vathy ou Chios. On distingue des immeubles. Même à Rhodes les maisons et hôtels dépassaient rarement deux étages. Le port est en retrait. Nous avions l’habitude d’accoster au milieu des terrasses de café. Ici, parkings, hangars et camions.

Lesvos : de Mytilène à Skala Eresou, volcanisme

Lorsque nous nous réveillons les côtes turques sont toujours présentes. Une île immense se rapproche : Lesvos, nous la longeons pendant une heure et demie. L’arrivée sur Mytilène nous surprend. La ville est beaucoup plus étendue que Vathy ou Chios. On distingue des immeubles. Même à Rhodes les maisons et hôtels dépassaient rarement deux étages. Le port est en retrait. Nous avions l’habitude d’accoster au milieu des terrasses de café. Ici, parkings, hangars et camions.

De Mytilène, nous ne verrons presque rien : une forteresse imposante au sommet de la colline, des murailles ruinées que la route franchit, un hammam avec ses coupoles percées.

Nous traversons les faubourgs, longeons la mer et obliquons dans les montagnes. La route est beaucoup plus large que dans les autres îles. Les distances plus grandes aussi. Nous franchissons un premier massif boisé pour découvrir le Golfe de Kalloni bordé de marais salants.

Après Kalloni nous quittons la grande route pour nous élever dans la montagne : changement de décor. Les pins sont remplacés par des chênes. De hauts fenouils roussis bordent la route. On voit des genêts, des peupliers et des platanes dans les creux. Les sommets sont  couverts d’une végétation rare et jonchés de grosses bombes volcaniques rondes. Sur le bord de la route, des panneaux explicatifs.

Après le col, nous nous arrêtons au dessus du village de Skatohori : maisons de pierre volcaniques cubiques coiffées d’un toit à quatre pentes. Pas de fantaisie ni balcons, ni encorbellement. L’église est toute simple sans coupole ni dôme. Le désordre des toits, les maisons sont entassées, blotties les unes contre les autres dans cet endroit désolé. Au détour d’un lacet, on devine la mer brillante et bleu pâle sous le soleil déclinant ; Nous frôlons un autre village de montagne : Andisa et traversons toujours une contrée marquée par le volcanisme avec des chicots gris qui dépassent (sans doute des dykes)

Lesvos arrivée à Skala Eresou


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Nous arrivons à Skala Eresou, un peu ahuries dans une ambiance de vacances-au-bord-de-mer. Une foule inhabituelle en tenue légère déambule dans les rues.

Des chambres à louer, il n’y a que cela à Skala Eresou ! Front de mer : des terrasses de restaurants, dans la rue parallèle: magasins de souvenirs et d’articles de plage.

« Sappho Estate » et « Sapphotravel ».  La femme chargée de notre dossier me tend la facture : 660€, c’est trop! beaucoup trop! Le prix de la voiture figure sur la facture on ne va pas la payer deux fois!


On recalcule 45€x8 = 360€ pour la chambre, elle demande 2% de commission pour la CB, j’accepte, pressée de me débarrasser des formalités.
Si j’attendais des conseils, des prospectus j’en suis pour mes frais.


Comme par enchantement, une dame en robe de plage bleu marine surgit : c’est Maria. Comment a-t-elle été prévenue de notre arrivée ? Son anglais est très réduit, mon grec aussi, mais nous bavardons en cours de route. Nous arrivons dans sa cours dallée, deux parasols, des tables rondes. A l’arrière, un bâtiment moderne ceinturé d’un long balcon et couvert d’un toit en terrasse.

Les deux lits jumeaux occupent toute la place. Il y a deux tables de nuit mais une seule lampe de chevet, une coiffeuse, un frigo tout neuf et une petite armoire. Derrière une porte coulissante, une minuscule salle d’eau. Pas de déco, peinture crème, rideau crème. Sur le balcon une table ronde et deux chaises plastiques. Privilège : une corde à linge et des pinces.

J’essaie de cacher notre désappointement.  J’avise le prix affiché : 35€. Sapphotravel encaisse 10€ chaque jour ! C’est exagéré ! (nous ne savions pas que SaphoTravel taxait aussi Maria de 5€) Si au moins le logement avait été économique nous aurions peut être sacrifié de bonne grâce charme et pittoresque. Mais nous payons plus qu’à Samos et à Chios pour beaucoup moins bien ! Encore une fois contre mauvaise fortune, bon cœur ! C’est dans l’adversité qu’il faut faire preuve d’intelligence. L’abondance tolère la négligence et la bêtise. Pas l’exiguïté ! Donc, je déballe, j’organise ; Ne sortir des valises que le strict nécessaire, ranger provisions et couverts dans la coiffeuse, se débarrasser du sac à dos trop encombrant dans le coffre de la voiture.


A 20h 30 tout est rangé, je file chez l’épicier. Peu de choix, prix « touristes ». J’avais pris l’habitude des sacs en plastique généreusement distribués, pas ici. L’épicier est il écolo ou radin ? Deuxième descente pour un plat chaud. Au coin de la rue je trouve gyropita et souvlakis à emporter. Pratique et bon. Je prospecterai un autre jour les tavernes.

Première soirée sur le balcon. Moroses. Impression de s’être fait arnaquer par Sapphotravel.