De Paros à Santorin sur le Blue Star Delos

CYCLADES

A bord du blue Star Delos, escale à Naxos
A bord du blue Star Delos, escale à Naxos

Dernier petit déjeuner sur le balcon. Le soleil est de retour. Dernier petit tour en voiture aux plages voisines de Parasporos et d’Aghia Erini que nous n’atteignons pas parce la piste a été détrempée par la pluie d’hier.

10h, nous rendons la voiture à l’Agence Cyclades qui propose de garder nos valises dans leur bureau. Nous nous promenons sur les quais. Je monte revoir Saint Constantin. Dernière photos à l’Ekatondapilon, mais ce n’est pas le moment, on célèbre des liturgies pour le vendredi saint. Je film pour enregistrer les chants.

Le Delos, frère jumeau du ferry Paros avec lequel nous sommes venues, arrive à 11h25. Il est plus confortable que le Paros avec ses escaliers roulants. Nous devons garder les valises avec nous (comme cela nous n’irons pas à la cale à l’arrivée). Nous nous installons sur le pont arrière mobilisant 3 chaises comme les Grecs.

Le spectacle est somptueux. Le Delos navigue très près des côtes de Paros. Nous reconnaissons la chapelle vue hier soir,  les sentiers de nos promenades, le phare, …A peine avons-nous quitté Naoussa que les côtes de Naxos se rapprochent. La ville de Naxos est très belle, surmontée du château des Ducs de Naxos – une pensée pour Joseph Nassi le narrateur de la Señora de Catherine Clément . Sur un îlot rattaché à la terre se dresse un portique de colonnes antiques, d’un sanctuaire. De l’autre côté, une plage interminable…La prochaine île que je visiterai sera Naxos ! Naxos est une grande île avec de hautes montagnes. Tandis que le Delos longe Naxos on découvre encore d’autres îles. Il faut être grec et habitué des Cyclades pour les reconnaître. Mais les Grecs ne s’intéressent pas au paysage. Ils travaillent avec l’ordinateur, jouent aux cartes, dorment ou mangent.

Escale à Ios – tout petit port. Sur un piton trois églises s’étagent en escalier. Un petit ponton, quelques restaurants. L’arrêt est court. Peu de passagers descendent. Une dizaine de touristes-sac à dos montent à bord. Va et vient de cartons, sacs postaux et paquets divers. Ios est rocailleuse, les falaises montrent leur schistosité. La végétation semble clairsemée sur des terrasses anciennes.

entrée dans la Caldeira
entrée dans la Caldeira

La mer Egée est bleu très foncé hérissée de crêtes d’écume blanche. On sent le vent, je ferme mon K-way jusqu’en haut. Le Delos est un tellement gros bateau que, la mer serait d’huile, nous ne ferions pas la différence – tout au moins c’est ce que je pense tant que nous restons sur le pont arrière ! Pour voir arriver Santorin, je traverse les beaux salons à l’avant. La vitre est toute salie par les embruns ; un paquet d’eau la frappe violemment. Le salon est au 6ème niveau mais les vagues sont assez hautes pour l’atteindre. Les passagers assis ne semblent pas incommodés mais j’ai du mal à rester debout tant le bateau bouge. Le volcan se profile devant nous ! On voit d’abord la forme caractéristique des sommets volcaniques qui apparaissent comme couverts de neige. Illusion vite dissipée le rebord de la falaise est tapissé de maisons blanches.

Dans la caldeira
Dans la caldeira

Depuis longtemps, j’attends ce moment. En 2011, un volcan islandais nous avait fait renoncer à Santorin. Venir l’été n’est pas envisageable. Attente. Ile très(trop) désirés. J’ai peur d’être déçue. L’entrée dans le cratère est magique. Les cendres, les coulées de couleurs, textures, très différentes s’empilent. Certains niveaux très reconnaissables servent de repères puis sont décalés par des failles. Orange, noir, violet, rouge, gris foncé ou clair, cendres presque blanches. Toute une symphonie de couleurs. De l’autre bord on peut voir un petit volcan récent avec ses laves très sombres, le petit cône, le cratère, les champs de lave noire qu’on dirait labourée. J’ai tant filmé que la batterie de l’Olympus est épuisée juste quand on se rapproche des villages aux terrasses blanches et aux coupoles bleues.

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Puisque nous avons gardé les valises nous laissons descendre les passagers pressés. La foule est compacte, les voitures pare-chocs contre pare-chocs. Un camion a raté sa manœuvre, il est tombé dans la mer. Le propriétaire de Mary’s-room-on-the-beach nous explique où on pourra faire els courses. Les petits magasins sont fermés aujourd’hui Vendredi Saint mais Carrefour est ouvert. Demain samedi tout sera opérationnel en revanche Dimanche de pâques et lundi tout risque d’être fermé. Il fait un détour sur la plage de sable noir de Perivolos pour nous montrer les restaurants.

L’appartement est situé au rez-de-chaussée d’un immeuble d’un étage et 4 studios par étage. Volets bleu marine, tour des fenêtres jaune, une terrasse sur le devant avec des bancs chaulés blancs, une terrasse à l’arrière avec une table bleue et un sèche-linge. Le studio est très spacieux, un grand lit double, un petit d’une personne, un canapé. Un bar sépare le coin cuisine. C’est simple trois murs blancs et un orange, lits et mobilier de bois clair. Des tables de chevet, une coiffeuse. La petite télévision est accrochée en hauteur (pas de sortie vidéo, les chaines sont assez brouillées, on capte mieux Chypre que la Grèce)Deux plaques électriques, une casserole, une très petite poêle (demain on en aura une grande). Basique mais tout ce qu’il faut.

 La déception, c’est la vue. La mer est cachée par un mur de parpaing, une rangée de tamaris et des constructions disgracieuses. Après avoir passé une semaine sur le balcon de Stratos nous avions l’habitude de guetter les bateaux et le coucher du soleil.

Le loueur de voiture nous apporte une Chevrolet matiz verte 20€ la journée, l’agence est à côté en cas de problème. Nous faisons nos courses sur la route d’Emporio : essence, distributeur de monnaie, Carrefour.

Paros :circuit autour de l’île par le sud-est

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lupin au dessus de Lefkes
lupin au dessus de Lefkes

 

Ciel très gris au réveil, pluie au petit déjeuner et cela ne s’est pas arrangé.

Nous avons mis trop de carburant dans la voiture (10€ par jour auraient suffi d’après le loueur). Notre objectif de la journée est donc les plages du sud est de l’île ainsi que les révisions dans les endroits que nous avons aimé Lefkes et Alyki.

Trois églises

Trois églises à l'entrée de Parikia
Trois églises paléochrétiennes à l’entrée de Parikia

A la sortie de Parikia en direction de Naoussa. Ces trois églises paléochrétiennes furent construites au 4ème siècle en remploi de matériaux antiques : belles colonnes de marbre fin, dalles de marbre. Vues de la route de dessus on voit bien les trois églises de petite taille.

Lefkes

Les environs de Lefkes
Les environs de Lefkes

A l’entrée, les oliviers sont très vieux, leur troncs noueux sont presque monstrueux par rapport à leur ramure. Technique pour faciliter la cueillette ou influence du vent ? Ici, les oliviers, jeunes comme vieux sont taillés très bas (contrairement à Corfou où ils deviennent des arbres immenses). Je compte les moulins : 5 alignés sur un épaulement et 3 sur le versant d’en face. Malheureusement on les laisse en ruine. Comme il pleut, nous renonçons à la promenade prévue dans le village. Sous le soleil, avant-hier, il était gai, propret nous resterons sur cette impression. Une route s’élève dans la montagne en direction de Ag. Yoannou et Aspro Chorio. Sur les bords de cette route fleurissent de très beaux lupins bleus. Les terrasses dans les hauteurs sont bien cultivées. Dans les prairies il y a des vaches mais c’est surtout la vigne qui domine. Les ceps sont très bas et plantés écartés les uns des autres, taillés très courts eux aussi. Quand on s’élève vers les sommets les rochers sont présents (granité) et le maquis est très ras, surtout de la sauge et des coussins épineux. Le panorama est fantastique sur la côte découpée, les collines pointues : nous reconnaissons celle qui domine Marpissa où nous avons pique-niqué. Les nuages occupent les sommets (730m) inutile de monter plus haut !

Musée des sculptures de Marpissa

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Nikos Perantinos

Nous l’avions cherché en vain à notre premier passage. Il faut dépasser les moulins puis entrer dans la ville ancienne. Le musée se trouve dans une très belle maison classique peinte en jaune.

Nikos Perantinos (1910-1991) est un sculpteur reconnu à son époque internationalement. En 1941, il devient le sculpteur officiel du Musée Archéologique d’Athènes. Des photos racontent comment il a reconstitué une sculpture antique d’un cheval et d’un petit eros cavalier à partir de fragments bien lacunaires. Les sculptures présentées ici sont surtout des portraits, têtes et bustes ainsi que des figures féminines en pied. Dans une petite salle on passe entre deux rangées de bustes d’hommes en nœud papillon  ou costume cravate- sûrement des personnages grecs éminents – ce qui n’est pas passionnant pour qui n’a jamais entendu parler d’eux ! Plus intéressants : Maria Callas et une médaille à son effigie, d’Alexandre le Grand dans le plus beau marbre. Quelques bronzes représentant des femmes sont beaux mais trop classiques à mon goût. Cette athlète tirant à l’arc, est-elle une amazone ?

Maria Callas
Maria Callas

Le Guide de Paros signale une randonnée le long de la côte de Piso Livadi à Drios. La marchande de graines, essences de plantes et autres produits bio m’explique : il faut prendre la plage, au bout le chemin entre deux murettes conduit à la plage suivante (Pounda), chercher le sentier et passer toute une série de plages de sable séparées par des rochers. Malheureusement la pluie s’intensifie et le vent se lève compromettant mes velléités de marcher.

Golden Beach

Golden Beach
Golden Beach

Je remonte donc en voiture jusqu’à la belle plage Chrissy Akti (Golden beach). Le sable est vraiment doré même sous le ciel gris. La pluie a faibli, avec mon K-Way, marchant à bon pas l’aller-retour fait déjà une belle promenade. Avec du soleil nous aurions profité des lits de plage bleus sous les parasols de paille.

Drios

le port de Drios
le port de Drios

Retour à la route principale, détour par le petit port de Drios  désert sous la pluie battante. Nous pique-niquons dans la voiture devant deux bateaux de pêche qui tanguent et se balancent. Nous nous réjouissions à l’avance de déjeuner à la taverne sur le port d’Alyki, nous avions déjà choisi la table et le menu ! Sur la carte figure un site archéologique avec cette mention « parts of ancien ship-makers » aucune trace du site à Boutari

Après Drios les constructions « cycladiques » se font plus rares. La campagne est encore très agreste. Les champs de céréales ont été moissonnés : en avril ! Les bottes de paille sont bien là et les champs non moissonnés portent des épis. Qu’a-t-on récolté : le grain ou la paille ? Cette précocité m’étonne.

Cap Pyrgos

La route secondaire est fléchée Pyrgaki . Sur le cap se dresse une jolie chapelle à deux pignons relevés de bleu et un demi-cylindre bleu. Un peu plus loin, le sentier continue sur la falaise jusqu’à la pointe. La couleur des rochers est étonnante : certains sont verts, d’autres rouge vif, au sol on marche sur du marbre. La géologie de cette île est vraiment complexe. J’ai toujours eu du mal avec le métamorphisme. A l’abri du petit cap se trouve un port de pêche où se balancent une bonne douzaine de bateaux.

Glifa

Après Aspro Chorio, village encore bien rural et traditionnel, pas encore touché par la folie des promoteurs une flèche indique une plage. La petite route traverse les champs puis un village qui a l’air de se consacrer à l’élevage des volailles. Partout sont perchés de magnifiques coqs et poules, les tourterelles flirtent avec les pigeons vulgaires, des canards et d’autres volatiles se promènent. Les chiens de chasse attachés sont perchés sur des bidons, sans doute craignent ils la boue par ce jour pluvieux.

la plage de Glyfa
la plage de Glyfa

Sur le bord de la plage de Glyfa on a planté deux rangées de tamaris, une plus ancienne aux épais troncs noircis, une plus récente de très jolis arbres fins et aérés par une taille soignée. A travers leur fin feuillage la mer argentée fait un beau tableau.

Après Glyfa, l’accès à la côte est plus difficile. La pluie ne nous a pas empêchées de faire le circuit prévu. Nous nous arrêtons donc à Alyki pour le café sur la taverne du port. La dame nous reconnait et nous accueille chaleureusement. Pour lui faire plaisir je commande un kadaïfi, un peu trop copieux, j’ai du mal à en venir à bout.   Heureusement sa terrasse est abritée sous du plastique transparent. La pluie tombe sans discontinuer.

Le musée Skorpios est fermé. Dommage, nous aimons bien les maquettes !

Les collines du côté Nord ouest de la baie de Parikia

Tous les soirs, du balcon, nous regardons arriver les bateaux et tomber le soir sur les collines d’e face. Nous profitons de cette dernière soirée pour aller les voir de plus près. A la sortie de Parikia, la plage est bordée d’hôtels qui semblent moins pimpants, plus modestes (et plus à notre goût). On imagine une clientèle familiale allant à la plage en saison. La route s’élève ensuite en décrivant des festons vers les résidences plus huppées des collines – maisons mi-pierre /mi-ciment cachées par des jardins soignés – et les petites plages de Martselo et de Krios. A la pointe, vers la mer se tient une chapelle aux murs de pierre et à la coupole bleue, enclose d’un mur blanc faisant une vaste enceinte. La chapelle est ouverte fleurant bon la cire et l‘encens.

Temple d'Apollon
Temple d’Apollon

Temple d’Apollon

A l’arrière du cap fermant la baie de Parikia, le long de la côte en direction Nord Est, vers Kalami et plus loin Kolymbithrès, se dresse une chaine de collines sauvages, rocailleuses sur lesquelles on a installé des éoliennes. C’est à son extrémité sud ouest qu’est perché le sanctuaire d’Apollon Délien dont j’ai vu les vestiges au Musée Archéologique de Parikia. La route – cimentée parce qu’il y a des constructions neuves – grimpe une pente très raide puis se transforme en piste juste sous le site. Il faut alors grimper à pied un sentier bien marqué mais très pentu. Le sanctuaire est sur l’acropole surtout qu’on y vénère Apollon, dieu du soleil. Le site est plutôt ruiné et vide. On le devine plus qu’on ne le voit. Le panorama est à couper le souffle : on voit Parikia, Naoussa et les îles environnantes. Je suis très contente d’y être montée même si je ne reconnais pas grand-chose. Il suffit de mobiliser mon imagination.

A Parikia j’achète les billets du ferry de demain.

Paros : Parikia – musées et sites

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clocheton d'Ekatondapialani
clocheton d’Ekatondapialani

 

Ekatontapyliani et musée byzantin

On entre dans l’enclos de la basilique par un portail dans un mur blanc surmonté de clochetons de marbre ajouré. La cour ressemble à un cloitre. L’église de pierre à la coupole couverte de tuile de très grande dimension a de larges ouvertures. L’édifice actuel remonte au 6ème siècle mais son histoire est encore plus ancienne. On raconte qu’Hélène en route vers les Lieux Saints fut contrainte à une escale à Paros à cause d’une tempête et fit vœu d’y construire une magnifique église. Une autre légende raconte que l’architecte avait été apprenti du maître d’œuvre de Sainte Sophie. Le nom Ekatondapyliani  veut dire 100 portes, elle en aurait 99, la 100ème serait ouverte  à la « libération » de Constantinople.

la nef décorée pour Pâques
la nef décorée pour Pâques

Les dimensions de l’église sont saisissantes. La nef et la coupole sont très haute. On a utilisé, non pas le marbre blanc comme on aurait pu s’y attendre mais 3 ou 4 sortes de pierres colorées donnant un effet très agréable. L’iconostase est en marbre blanc très ouvragé, une véritable dentelle portant deux grands icônes revêtues d’argent curieusement entourées de petites icônes de bois. Des têtes accompagnent l’icône de la Vierge dans des sortes de nuages. L’église est décorée pour Pâques avec de grands nœuds violets, des bouquets de fleurs blanches. Ces décors masquent les icônes qu’il faut chercher. Celles qui représentent les évangélistes autour de la chaire sont très délicates. Soutenant la coupole on devine des fresques derrière l’iconostase. Un moyen de les découvrir et d’avoir un beau point de vue sur l’église est de monter à l’étage sur la galerie par un escalier extérieur. De là on voit les fresques et les icônes cachées dans le chœur. Sur le côté, la chapelle Saint Nicolas, de dimensions réduites est plus sobre mais elle s’orne de très belles coloones et de chapiteaux antiques. Selon le guide de Paros, chapiteaux, pilastres et cimaises proviendraient du Tempsle de Démeter qui se trouvait dans le port de Parikia.

j'aimerais bien connaître le nom de cette fleur au coeu noir
j’aimerais bien connaître le nom de cette fleur au coeu noir

Comme toujours pendant la semaine Sainte, des femmes sont occupées à faire des bouquets pour les célébrations ; Aujourd’hui elles utilisent des fleurs blanches au cœur noir Mavromates.

Le Musée Byzantin

dans le cloître le Musée Byzantin
dans le cloître le Musée Byzantin

Le musée byzantin expose de nombreuses icônes du 16ème et 17ème siècle (jusqu’au 19ème) posées sur des supports très simples rouge ou noir ;  cette présentation très sobre met en valeur les couleurs. Nombreux Saint Georges terrassant le dragon. Mes préférées sont 17ème : une Nativité de la Vierge : dans un coin en bas à droite deux servantes versent de l’eau. Celle qui est assise et voilée e rouge et tient une belle aiguière au bec contourné ressemblant à une tête d’oiseau. L’autre jeune fille est debout : elle verse de l’eau dans une vasque, le mouvement de l’eau est remarquable, la surface de l’eau n’est pas lisse et plane comme elle le devrait amis ressemble à un écheveau de laine ou à des bandes de guimauve.

A côté, de la même époque, dans  une Présentation de la Vierge au Temple,  j’ai remarqué une procession de femmes brunes aux cheveux découverts portant des flambeaux.

Ces détails me touchent plus que les figures saintes stéréotypées.

Musée Archéologique

Gorgone
Gorgone

A deux pas de l’église, en haut de la rue, dans une vaste cour où sont entreposés des sarcophages et stèles, le Musée Archéologique présente ses collections provenant de l’île de Paros,  dans trois salles vieillottes.

Certains objets sont fort anciens, préhistoriques. La colonie mycénienne de Koukounaries dont nous avons cherché le site sans le trouver, date 12ème 13ème av. JC. Lames d’obsidienne, céramiques, agrafes. Les objets préhistoriques m’ennuient un peu. Il faut une mise en scène spectaculaire pour les faire parler et ici, la muséographie est noyée sous la poussière. Les pièces présentées, les explications peuvent convenir à des archéologues, mais le touriste s’ennuie. Qui sont cette Artémis et  cet Apollon déliens, viennent-ils de Paros ou de Délos ? Ces minuscules   objets égyptiens ont sûrement quelque chose à raconter, mais quoi ? Qaund sont-ils arrivés sur Paros ? comment ?

Les salles suivantes présentent des marbres, la moindre des choses à Paros ! Les statues sont très abimées et grossières comme ces bustes de Kouros . la Gorgone 6ème siècle, est spectaculaire : elle dans sa main droite tient la tête d’un serpent qui s’enroule autour de sa taille. Gorgone était fille de Phorkys et de Kéto (il faudrait que je cherche la légende !).

J’aurais aimé en savoir plus sur l’Archilocheion et sur ce poète Archiloque.

La stèle des tables de Paros est un monument historique : document de premier plan dit le panneau mais très mal expliqué. Les grands sarcophages familiaux auraient aussi mérité une meilleure présentation.

Nous déjeunons de belles petites sardines très fraîches achetées chez le poissonnier d’épinards frais (Vidalis) les plus tendres et les plus jeunes que j’aie jamais mangés.

Sous un franc soleil, nous retournons au Parc environnemental au nord de Kolymbithrès pour faire le circuit n°3 autour du cap qui fait face à Naoussa. Le sentier démarre dans un affleurement de granite entrelardé de schistes (ou le contraire) toutes les variantes entre schiste et granite s’entremêlent, filons recoupant l’encaissant, œil de quartz dans le granite…au bout du cap, on trouve le marbre, la végétation change : coussins épineux, buissons de sarriette. De petites plages sont encadrées par des rochers plats. Un panneau signale l’emplacement des batteries russes de 1770à 1774. C’est la première fois que je rencontre des témoignages de ces guerres russes. La promenade est moins longue que prévu : 20 minutes pour arriver au cap, 30 pour le tour, et 20mn retour ;

J’ai vu sur une carte postale les rochers de Kolymbithres qui m’a bien plu. Des parasols bleus présents sur la photo signalent l’endroit précis. Les rochers bizarres sont bine là, seulement le photographe devait être dans l’eau. En cette saison je rentre jusqu’au genou, pas plus !

16h, un peu tôt pour rentrer. Nous décidons d’explorer l’autre pointe nord e l’île après Naoussa. Sur la carte figurent deux plages Santa Maria et Alyki ainsi qu’une grande zone sans route et probablement sauvage. On dépasse l’usine électrique avec sa grosse cheminée pour trouver une jolie plage de sable que nous dédaignons à cause de la proximité de l’usine. Très vite  nous atteignons l’autre côté du cap, des quads pétaradent et font des figures sur la plage. Suivant les indications « Santa Maria » nous nous retrouvons dans des lotissements cachant la mer. Le cap s’est urbanisé depuis l’impression de la carte ; des routes et pistes ont été tracées dans le maquis des lentisques pistachiers. Le seul accès à la mer est l’entrée d’un beau restaurant. Ouvert ? Ou fermé ? Après plusieurs tentatives nous renonçons, retrouvons la plage des quads, entrons dans un complexe de bungalow pas trop laids mais c’est privé, pour nous arrêter finalement à la première plage proche de l’usine que nous avions méprisée. Deux petites filles font des ricochets. Après deux allers-retours les pieds dans l’eau, nous décidons que notre balcon sea-view est bien plus agréable ! par mégarde, à Naoussanous prenons la route du Sud et rentrons à Parikia par Kostos et le centre de l’île encore agricole avec ses vignes, ses champs de blé et ses montagnes qui nous enchantent ; le littorral est à la limite de la saturation en matière de constructions touristiques !

Sites archéologiques mineurs

Il reste des sites archéologiques à Parikia à visiter : les 3 églises à l’entrée de la ville, des villas hellénistiques, un atelier de poterie et un de sculpture hellénistique sans oublier un « open-air sanctuary » assez énigmatique.

Les mosaïques sont décevantes : rectangle carrelé de blanc, un peu comme dans une salle de bain contemporaine, un autre rectangle entouré de vagues avec un losange noir au milieu.

L’atelier de poterie se trouve dans les fondations d’une maison d’habitation mais bien visible de la rue. On devine les installations, il reste d’énormes cuves, on signale les étuves.

L’atelier de sculpture est difficile à interpréter pour un non-spécialiste. On voit els carrés et les tranchées des archéologues ainsi que les repères qu’ils ont placés. C’est un peu frustrant de penser que le marbre qui y a été sculpté ait laissé si peu de témoignages visibles sur place.

Paros : Lefkes, Prodromos, Marpissa et les carrières antiques de Marathi

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Lefkès
Lefkès

Temps radieux.

Lefkes, village de montagne au centre de la ville mérite bien son nom..  Village tout blanc adossé à la montagne en amphithéâtre, dominé par l’imposante église Aghia Triada (19ème)aux clochers en dentelle de marbre. Trois moulins montent la garde à l’entrée de Lefkes. Les voitures sont sagement retenues dans de grands parkings sous les pins et le village est interdit à la circulation. Le village est très pittoresque  partout des maisons blanches et des escaliers.  Un kafénéion jaune et bleu tranche.

un kafénéion coloré dans le village blanc
un kafénéion coloré dans le village blanc

Le sentier byzantin (monopati visandini) est facile à trouver, très bien tracé mais pas toujours dallé de marbre. Ces dalles ne ressemblent pas aux allées modernes plutôt à celles des via romaines. Combien d’ânes, de mulets ont-ils passés sur le petit pont byzantin. Le chemin embaume la sauge et les fleurs sauvages.

le sentier byzantin
le sentier byzantin

Le centre de l’île de Paros, plus préservé des constructions touristiques est encore agricole. Avant d’arriver à Lefkes, nous avons vu de beaux oliviers très vieux. La colline que je traverse à pied est le domaine des pistachiers lentisques  des cistes et de la myrte. C’est toujours avec une grande tristesse que je contemple les terrasses abandonnées. Pendant des siècles, des millénaires, les hommes on rendu la terre cultivable pour le blé, l’olivier et la vigne, ces cultures primordiales qui donnent le pain et l’huile pour se nourrir et s’éclairer. Le spectacle est splendide, les collines pointues, les baies échancrées, partout la mer et les îles. La route court sur le versant d’en face et fait une grande boucle. Le sentier grimpe raide pour franchir un petit col.

Prodromos

pour entrer dans le bourg ancien passer sous l'arche!
pour entrer dans le bourg ancien passer sous l’arche!

Le petit village de Prodromos est lui aussi précédé par deux moulins. Des maisons modernes cachent le centre traditionnel auquel on accède par une arche accolée à une église blanche aux chevets cylindriques qui dépassent sur la place. Le village est bien tranquille,  nous ne rencontrons pas de touristes seulement des dames qui font leurs courses, des enfants en vacances désœuvrés.

les ruelles et les arches de Prodromos
les ruelles et les arches de Prodromos

Nous prenons place sur une petite table ronde devant un kafénéion, à l’intérieur deux hommes jouent au tavli , les pions claquent dans les boites en bois, deux vieux messieurs s’arrêtent à notre table pour nous saluer, puis le pope s’assied à la table des joueurs…Je dessine les chaises , a table, un vieux vélo. Dessiner au café est un de mes plus grands plaisirs en Grèce. J’en oublie même de boire mon café frappé. Pendant que je suis affairée j’écoute les conversations.

bougainvillée et son ombre
bougainvillée et son ombre

Les rues de Prodromos sont prétexte à photographie : plantes grasses sur une fenêtre, une branche de bougainvillées qui se détache sur le mur blanc d’une chapelle, les clochetons ouvragés de marbre. On prendrait tout !

Prodromos clocheton
Prodromos clocheton

Marpissa

Marpisssa et Prodromos se touchent. Le guide vert nous a appâtées promettant de belles fresques du 18ème siècle ddans une église, un petit musée…Nous ne trouvons pas le Musée de la Sculpture, l’église est fermée et nous aboutissons à l’arrière du village en suivant les flèches marron Ag. Antonios.  Trois moulins se touchent presque. L’un d’eux a gardé sa toiture mais pas ses ailes, les deux autres montrent leur mécanisme et engrenages de bois.

avoine et moulin
avoine et moulin

L’église est perchée au sommet de la colline pointue. La route parvient à mi-hauteur à un calvaire. Les trois grosses croix se voient de loin. Ensuite la piste est étroite mais très carrossable. Une famille marche à notre rencontre. L’église est fermée, nous ne verrons pas les fresques mais on peut monter en voiture jusqu’au monastère. Il ne faut pas avoir le vertige et pousser le moteur pour escalader la pente. Presque en haut, sur une plateforme, nous sommes récompensées : la vue est magnifique. A nos pieds, l’Egée turquoise, la côte découpée, des plages de sable, les îles dans le lointain. Autour de nous des sauges de Jérusalem jaunes, des bouquets d’anthémis jaune d’or, des mauves et des liserons roses, des sauges violines pâles.

Piquenique panoramique au dessus de Marpissa
Piquenique panoramique au dessus de Marpissa

A côté des croix du calvaire je découvre à la descente le sentier aménagé avec des marches pour monter au monastère et regrette la promenade à pied.

Les carrières de marbre antiques

les latomies antiques de Marathi
les latomies antiques de Marathi

Les latomies archaïques se trouvent à Marathi . Dans les environs des carrières modernes sont encore employées, l’une d’elles par les Ciments Lafarge.

Une allée monumentale pavée de rectangles blancs brillant ne conduit nulle part. Une maisonnette très décorée avec des courges peintes et d’autres fantaisies, ne ressemble pas à un guichet de site. Partout des bâtiments en pierre en ruine ressemblent à des usines désaffectées depuis bien longtemps, des tours à section carrées rappellent des cheminées. Pas de panneaux touristiques ; nous errons au hasard quand un groupe de touristes sortis d’un car arrive par l’allée. Ils parlent français, je demande la permission de me joindre à eux. Leur guide contourne un grillage rouillé portant une interdiction ambigüe. On entre à ses risques et périls. Elle annonce qu’elle n’emmènera que ceux qui se sentent physiquement capables et qui ne porteront pas plainte en cas d’accident. Je passe à l’avant du groupe des intrépides et nous nous engageons dans le couloir qui pénètre dans la montagne de marbre. L’entrée est très large consolidée par de la maçonnerie moderne. J’ai du mal à imaginer les esclaves des Grecs anciens remontant les blocs destinés à l’Hermès de Praxitèle ou à la Venus de Milo. Je n’ai pas vu le bas-relief des Nymphes. Peut être la maçonnerie date-t-elle de l’extraction du marbre du tombeau de Napoléon ? Le livre de Paros nous apprend qu’au 19ème siècle une « petite Europe industrielle » s’était établie sur place avec ses ingénieurs britanniques, autrichiens ou allemands. Le mathématicien Krispis battait même monnaie pour payer ses ouvriers. Tous ces bâtiments en ruines sont sans doute les restes de la « petite Europe ».

marbre de Paros
marbre de Paros

Par cette belle journée nous retournons à la plage près de chez nous. Les employés de la taverne ne servent pas encore de consommations (sauf de l’eau gratuite) mais nous laissent utiliser les lits de plage.

Magnifique coucher de soleil vu du balcon.

Paros : circuit sur la côte SE et l’intérieur de l’île

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Baie de Parikia vue de la montagne. Sauge de Jérusalem au 1er plan
Baie de Parikia vue de la montagne. Sauge de Jérusalem au 1er plan

La météo est orthodoxe !

Le ciel est encore bien gris ce matin. Vers 9h, le plafond nuageux se déchire timidement. Je demande les prévisions à Stratos. Il me répond avec un long dicton grec. Les nuages, pendant la Semaine Sainte rappellent les souffrances du Christ. Samedi, pour Pâques il fera beau (prévisions de la télévision). Ce n’est pas très encourageant pour nous qui restons à Paros jusqu’auVendredi Saint !

Monastère de Christou Dassous

Monastère Christou Dassous
Monastère Christou Dassous

A la sortie de Parikia nous grimpons au Monastère de Christou Dassous. Une énorme église blanche avec deux hautes tours et une grande coupole se dresse derrière une vaste esplanade. Peu enthousiasmées par ce sanctuaire, nous nous intéressons à la flore : plantes bizarres, orchidées bleu-mauves très discrètes et curieuses pontes d’animaux sur les graminées.

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Le monastère est ouvert, calme, blanc, fleuri. Personne ne fait attention à nous. Nous pouvons flâner dans les courettes et les escaliers. Une femme en civil nous aborde, quémande des cigarettes. Pas de chance avec nous qui ne fumons pas. Une autre, pantalon et Nikes sous sa robe de nonne, sans voile est affligée d’une maladie de peau. En haut se trouve l’église – fermée – et le cimetière des moniales. Point de vue magnifique sur l’île voisine d’Antiparos dont les sommets ont couverts de forêts verdoyantes. On distingue les cultures. La petite ville est toute blanche. Un petit bac fait la navette. Le portique soutenant les cloches et les cyprès servent de cadre au croquis. J’aime dessiner dans la paix du monastère.

Antiparos vue du monastère
Antiparos vue du monastère

Derrière un col, nous descendons sur la Vallée des Papillons, vallon planté d’arbres fruitiers et arrosé d’une source où des milliers de papillons viennent se reproduire à la belle saison. En avril  il n’y a pas de papillons comme c’était prévisible mais l’endroit privé est enclos par un grillage, le portail cadenassé.

Une orchidée mais quelle espèce?
Une orchidée mais quelle espèce?

Nous reprenons la route de l’aéroport – vraiment petit –  pas un avion.

Nous cherchons une plage à Pounda où part le bac pour Antiparos. La route serpente dans une campagne très construite de très grande maisons de vacances blanches « cycladiques » à l’architecture un peu baroque, hautes cheminées, arcades, séparation entre les balcons en ciment ondulé. Les architectes ont de l’imagination ! Ces maisons blanches sont mises en valeur par une végétation standardisée de bougainvillées rose fuchsia et de succulentes jaunes couvrant tout le terrain, thuyas et cyprès. Les rares maisons habitées ont de beaux potagers. Les serres sont celles des jardineries. Beaucoup de vignes sont abandonnées. Les champs d’avoine et de blé sont rares, les olivaies,  avec de petits arbres bien taillés sur de petites surfaces. Paros devient- elle essentiellement balnéaire ?

Nous laissons la voiture à l’embarcadère. Un chemin le long de la mer conduit au Paros Kite Surf entouré par de belles villas, un restaurant, un centre équestre. La plage de sable fin est merveilleuse. L’eau est presque tiède. Un timide soleil apparaît. Enfin la plage !

Alyki

Filets à Alyki
Filets à Alyki

Déçues par Naoussa, nous sommes séduites par Alyki. A l’entrée du village, nous pique-niquons devant un mini-port : dans un bassin peu profond sont amarrés 5 ou 6 barques à rames colorées, une tour miniature garde le petit havre caché de la route par une rangée de tamaris. Salade de pommes de terre, thon et poulpe. La plage de sable fin est ombragée de tamaris, à l’arrière il y a des tavernes pour une ombre plus fraîche. De nombreux bateaux de pêche sont amarrés au milieu du port, les petites barques permettent d’y accéder. Les quais  et les pontons de pierre sont colonisés par les tavernes, tables bleu opaline, chaises grises.

Taverne d'Alyki
Taverne d’Alyki

Le restaurant à l’enseigne d’une sirène est très beau avec ses maquettes de bateaux, ses enseignes peintes, le patron barbu et ventripotent en tablier fait très bien dans le décor avec ses deux tables rondes sur une estrade. Il nous envoie en face sur le ponton chez le concurrent. Le garçon accourt, une nappe en papier à la main. Il est déçu, nous ne commandons qu’un café et un verre de vin blanc. Le vin blanc vient du restaurant à la sirène et le café d’à côté. Hors saison, on s’arrange entre voisins !

L’examen du menu  nous fait bien envie. Hier nous avons mangé des gyros aujourd’hui nous avons le pique-nique et voilà que nous découvrons un restaurant à notre goût pratiquant des prix raisonnables.

Alyki: nous nous promettons de revenir déjeuner ici!
Alyki: nous nous promettons de revenir déjeuner ici!

De l’autre côté d’Alyki, une plage de galets et bordée de tamaris jusqu’à une grande taverne très vaste et très chic. Les galets ne sont pas ronds et roulés mais plutôt irréguliers et anguleux, souvent en marbre parfois en schiste. Le marbre est souvent veiné de gris ou blanc pur. Il y a aussi de gros blocs, je rêve de sculpture. Quel plaisir pour l’artiste de travailler avec un tel matériau !

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La promenade est malaisée. Après 25 minutes j’arrive à une pointe. Pour le retour j’emprunte un sentier dans les buissons plus doux pour les pieds.

Un peu plus loin à Fagaras, les jolies plages se voient de la route mais elles sont difficilement accessibles. Jamais une flèche « paralia » ! Les pistes sablonneuses y conduisent-elles ou vers une maison ?

De retour à Parikia, courses chez Vidalis en front de mer. Entre Vidalis et la Poste il y  un cimetière antique partiellement inondé/ Deux ou trois sarcophages au décor sculptés se voient derrière le grillage.

Nous dépassons l’Asklipion et les appartements Stratos et descendons une route bien pentue vers la plage Delfini où deux tavernes préparent la saison. Un promontoire s’avance dans la baie. De petits voiliers se succèdent en régate. Peut être les jeunes « Amis de la mer de Thessalonique »  qui logent chez Stratos ?

Kolymbithrès Naoussa

CYCLADES

Naoussa sous les nuages
Naoussa sous les nuages

 

Réveil sous un beau soleil malgré les prévisions météos pessimistes d’Internet et de la télévision. La surface de la mer est un miroir opalin et les côtes se détachent très nettement.  Le dimanche, à 8h30, le pain n’est pas encore sorti du four. Au petit supermarché, près de la caisse, je trouve  de curieux sachets colorés d’une marque mystérieuse Anatoli au design moderne. Je déchiffre avec peine l’inscription : c’est du colorant alimentaire pour les œufs de Pâques !7

9h, les nuages s’amoncèlent le petit « temple de l’Asklépion »est tout triste.

10h Le loueur de voiture nous conduit à l’hôtel une petite Hyundai, couleur sable doré.

Direction Naoussa.

Nous découvrons la petite baie de Kolymbithrès à l’eau bleu pâle, peu profonde, bordée de plages. La colline qui lui fait face a une allure étrange. Les rochers semblent labourés de sillons en diagonale. Plis ou diaclases ? C’est un chaos granitique, haché donc de diaclases. Les blocs sont curieusement évidés en cavités rondes.

affleurement de granite haché de diaclases au dessus de Kolymbithrès
affleurement de granite haché de diaclases au dessus de Kolymbithrès

Nous suivons les flèches marron indiquant le  site mycénien de Koukounaries, introuvable. Toujours à sa recherche nous gravissons de mauvaises pistes. Pour alléger la Hyundai, je grimpe à pied. Sur le versant d’en face, les chèvres sautent de bloc en bloc. Dans le creux le troupeau de moutons nous a repéré et nous appelle avec des bêlements déchirants alertant les chiens. Je remonte d’urgence en voiture. Trois ânes montent la garde. Hangars et bergeries de tôle s’entassent en contrebas de la route. Dès que le terrain est plat on a cultivé du blé ou de l’avoine. Je continue à pied la piste jusqu’à un grillage et découvre un cercle de pierres : tholos mycénienne ou enclos des bergers pour parquer les bêtes ? Un homme travaille à son jardin avec une houe. Il m’appelle et me fait signe de rentrer dans son terrain : « Beautiful view, many islands, Delos, Mykonos, Tinos ! » Je crois reconnaitre les maisons blanches de Mykonos et au loin celle en longueur doit être Tinos. Et de se féliciter de l’hospitalité et de la gentillesse grecque,  philoxenia !  Aurait-on vu en France des gens invitant les passants à contempler la vue de leur jardin ?

immortelles
immortelles

Sous les nuages menaçants, Paros, avec ses murettes de pierre sèche et ses moutons, a un air irlandais ou écossais. Nous n’avions pas imaginé que les journées radieuses auraient pu avoir une fin.

Naoussa est précédée par de nombreux resorts , lotissements de luxe, maisons cycladiques autour d’une piscine abritée par un vrai-faux-vieux mur, de bon goût mais désert hors saison. Les Québécois nous avaient prévenues : « les Grecs sont en train de peinturer ! ».

Naoussa, tavernes sur le port
Naoussa, tavernes sur le port

Aujourd’hui, dimanche, les restaurants sur le port ont sorti les tables et les menus. Il fait bien froid pour déjeuner dehors d’autant plus que dans les restaurants ce n’est pas donné. Sous un soleil radieux, on s’autoriserait une folie, un poisson grillé. Mais dans ce froid…Tout le monde a dû raisonner ainsi : les terrasses sont désertes. Le port a une vague ressemblance avec Mykonos, la voisine, très chic, très cher…

Naoussa sous les nuages (bis)
Naoussa sous les nuages (bis)

L’intérieur du village est plus vivant. Les palmes des Rameaux forment des arcs de triomphe. Les enfants des écoles vendent des cierges décorés pour Pâques et des gâteaux sur un stand qui barre la rue principale piétonnière (les voitures sont au parking à l’extérieur de la ville). Nous trouvons un petit restaurant fast-food Pita Frank qui sert souvlakis et gyros sur une pita dans du papier. Nous y retrouvons des familles françaises avec le Guide du Routard. Un verre de vin, une petite bouteille d’au, 1 gyros et 2 souvlakis pour 6.5€. Déjeuner économique. A 18h on sentira la faim.

promenade au Phare
promenade au Phare

Malgré les nuages nous faisons la Balade au Phare balisée par le Parc Environnemental sur le cap vers  Kolymbithrès, juste après le petit chantier naval. Les sentiers sont très bien balisés. Une carte permet de planifier les promenades et des variantes relient les trois circuits principaux :

N°1,  45mn pour le Phare

N°2, un peu plus courte

N°3 tour du cap 50mn

Je choisis le sentier n°1 qui court en balcon au dessus de l’eau dans un tapis d’immortelles mauves, de très petites fleurs roses très découpées, d’oxalis jaunes, de composées ressemblant au pissenlit mais roses, et d’iris nains bleu que j’affectionne. La colline est recouverte  de  coussins épineux secs en été mais vert en avril. De place en place les cistes sont en fleur et le serpolet fait des boules roses .

Feuilletage et trous-trous
Feuilletage et trous-trous

les rochers sont feuilletés, micaschistes et gneiss avec de gros yeux de quartz, des cristaux bien visibles à proximité de l’affleurement granitique de Kolymbithrès. Cela ne m’étonne pas. Le marbre est aussi une roche métamorphique.  Tout en marchant j’élabore un cours sur le métamorphisme avec mes souvenirs lointains. Les micaschistes aussi sont évidés en grandes cavités arrondies ou en petit trous. La surface de la roche ressemble parfois à une passoire ou à un mille-feuilles criblé de trous. Le phare se voit de loin. Le sentier serpente. Les points de vue sont nombreux, vers le large, vers Naoussa, sur des criques à l’eau turquoise. Au bout du cap je retrouve les îles. Cette randonnée de 1h30 est très facile et très agréable.

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Parikia : promenade dans la vieille ville

CYCLADES

Sur le port de Parikia un moulin nous attend
Sur le port de Parikia un moulin nous attend

 

Il fait frais en avril dans les Cyclades. A 5h du matin je suis raide de froid et sors de l’armoire une magnifique couverture bleu marine et bleu clair figurant un tigre ressemblant à celles que nous avons vues à Naousa (Macédoine) l’été dernier.

8h, réveil : le soleil perce par les fentes des persiennes. Il fait un temps superbe.

9h, petit déjeuner sur la terrasse du restaurant de Stratos : fromage jaune en tranche, jambon carré, jus d’orange et yaourt grec. Simple et consistant. Parfait !

Stratos, l’hôtelier, nous descend au port dans son minibus en compagnie de Québecois. Il nous montre la Cathédrale et le Musée. Le Blue Star Paros est à quai et embarque pour Naxos. L’Office de tourisme est fermé le week end.

Saint Constantin
Saint Constantin et l’assise du temple archaïque

A l’arrière du port, une place moderne est bordée de banques, de là nous découvrons les ruelles de la Vieille Ville. Dans une rue commerçante, une cordonnerie propose des chaussures artisanales 35€ qui me font bien envie ainsi que nombreuses sandales à lanières qui sont un supplice pour celles qui marchent longtemps. Les galeries d’art sont fermées, c’est trop tôt dans la saison. Une église attire notre attention, toute blanche fondue dans la masse des maisons blanches : Panaghia Semptemvriani, une des plus anciennes de Parikia .

le kastro : les Vénitiens n'ont pas hésité à tronçonner les colonnes
le kastro : les Vénitiens n’ont pas hésité à tronçonner les colonnes

Une curieuse ruine est construite de blocs de marbres hétéroclites et même de curieux tronçons de colonnes. Derrière une placette, dominant la mer, la coupole d’une église plus imposante dépasse les toits des maisons. Son pignon est décoré d’une croix de faïence d’Iznik. Son portail est encadré de fins bas reliefs. Une galerie est composée de fines arcades. Je suis séduite et dessine l’église et la placette où un très vieux bougainvillier est enfermé dans une grosse jarre à côtes badigeonnée de blanc. Dans la rue située à l’arrière, une dame nous renseigne en Français : c’est Aghios Constantinos, fermée ouverte seulement pour la fête du saint le 21mai.

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Elle est ravie de nous faire découvrir les richesses archéologiques de son quartier : le mur de pierres sèches disjointes est l’assise du Temple archaïque d’Athéna. On a regroupé derrière un grillage les anciennes pierres du temple pour empêcher les riverains de s’en servir pour la maçonnerie de leur maison. Les Vénitiens n’ont pas eu ces scrupules : le mur hétéroclite est la ruine du Kastro vénitien bâti en 1260 par le Duc de Naxos avec les matériaux antiques de Paros. Un écriteau nous apprend qu’il avait la forme d’une ellipse avec une tour rectangulaire. Au sommet une tholos du 5ème siècle. Tout le long de la rue, le soubassement des maisons actuelles est formé d’énormes blocs de marbre fin, poli ayant gardé leurs frises et leur décor. Les fûts de colonnes tronçonnées forment des roues étrangement empilées.

Kastro et maisons actuelles reposent sur les ruines antiques
Kastro et maisons actuelles reposent sur les ruines antiques

Au fil des ruelles tortueuses, les églises sont nombreuses. La porte de l’une d’elle (1150) est encadrée de fines rosaces. Une bougainvillée pourpre se détache sur le mur blanc. L’église Taxiarchon est en pleine effervescence. Popes et dames d’un certain âge la briquent et la décorent pour le Dimanche des Rameaux, demain. Le programme de la Semaine Sainte (la Grande Semaine, disent les Grecs) esrt punaisé sur la porte. Les cierges sont ornés de graminées tressées (nous avons vu un décor analogue dans le Vieux Caire Copte). Des feuilles de palmiers sont stockées dans le Presbytère.

La rue Gravaris est bordée de nombreuses boutiques de mode et de bijoux. Elle conduit à une curieuse placette où une merveilleuse fontaine de marbre sculptée portant la date de 1711 se trouve à l’avant d’une église à coupole bleue. Sur une chaise du kafenéion,  un borsalino négligemment posé, composera une photo parfaite.

Placette: fontaine et borsalino
Placette: fontaine et borsalino

Se perdant dans les ruelles  tranquilles,  une autre placette ombragée a, elle aussi, sa fontaine  de 1711. Au milieu de la rue, sur une estrade, en haut de plusieurs marches, un café ravissant a installé sa terrasse. Nous y prendrions volontiers le premier apéritif des vacances (ouzo et café frappé) mais l’établissement s’intitule « crêperie » et on nous tend le menu du Breakfast (à midi).

Bougainvillée et chapiteau
Bougainvillée et chapiteau

Au hasard de cette promenade sans but ni boussole (nous avons bien une carte mais les noms de rue n’y figurent pas, seules les boutiques) nous aboutissons à la grande basilique où Stratos nous a déposées ce matin. Non loin, sur une grande place, la Librairie Internationale vend des cartes postales, des cartes et guides et même des romans en grec, anglais et français.

13h, apéro ou déjeuner ?

Ce sera déjeuner Chez Zorba qui sert gyros et souvlakis. 4 souvlakis, une assiette de tsatsiki, du pain un verre de vin blanc et une petite bouteille d’eau 13€. Nous cherchons un supermarché avant que tout ne ferme (et peut être jusqu’à lundi). Nous remontons à pied le trajet du minibus et arrivons au « périphérique » . Miracle. Stratos nous klaxonne et s’arrête. En route pour le port pour l’arrivée du ferry. Stratos nous emmène au grand supermarché Vidalis du front de mer en face du port de pêche. Nous voici parées pour au moins trois jours.

Asklepion au coucher du soleil
Asklepion au coucher du soleil

Je savoure mon premier café grec avec le plaisir des goûts retrouvés. Sur la colline en face d l’hôtel se trouve un petit édicule avec un fronton triangulaire classique. Dominique l’appelle le « temple » alors que je lui trouve plutôt les dimensions d’un cabanon dans les vignes. Renseignement pris auprès de Stratos : c’est vraiment l’emplacement de l’Asklepion mais le site est fermé au public. A l’aplomb de notre balcon se trouve la plus charmante des chapelles blanche et bleue au dessus de l’eau turquoise. Pour y descendre c’est un peu compliqué. Des murs barrent le chemin. La troisième tentative est la bonne. Le bord du littoral est fleuri de grosses succulentes roses ou jaunes (Mesembryanthemum edule ouCarpobrotus edulis ) qu’on appelle également des griffes de sorcières selon mes recherches sur Internet cette plante exotique originaire d’Afrique du sud serait invasive et une peste en milieu méditerranéen. Elle est très décorative. Il y a également des agaves des immortelles violettes et blanches, de petites fleurs mauves. Un sentier longe la côte devant  de belles maisons qui ont chacune un accès à la mer. On rêverait de baignades….

la baie de Parikia en dessous de Stratos.Au premier plan griffes de sorcière
la baie de Parikia en dessous de Stratos.Au premier plan griffes de sorcière

Sur notre balcon je pourrais dessiner mais le temps manque. A 19h j’ai rendez vous avec un blogueur avec qui je corresponds depuis de nombreuses années ; la blogosphère devient de moins en moins virtuelle !

Parikia agave et ilets
Parikia agave et ilets

A 18h30 j’emprunte les raccourcis pour descendre en ville. Je quitte dès que je peux  la route qui passe devant l’hôtel (route de l’aéroport) très passante. J’aboutis à une sorte de canal cimenté à sec en ce moment – peut être se remplit-il quand il y a des orages. De nombreux restaurants sont installés sur la corniche, certains chics, d’autres moins certains livrent à domicile à scooter gyros et souvlakis. Ce soir les terrasses sont vides. Une énorme église est illuminée. Les palmes des Rameaux dessinent une arche triomphale à l’entrée. Deux femmes s’affairent devant un monceau de branches d’olivier( ?) en tas à l’intérieur j’entends les chants des liturgies sans m’attarder puisque je chronomètre le parcours de l’hôtel jusqu’au port (15mn) .

La soirée se termine fraichement ; dès que le soleil se couche je me rappelle que l’on est en avril. Mon châle n’est pas suffisant et je prends congé de mes nouveaux amis parce que je suis congelée.

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Dîner sur le balcon de beefsteak surgelé (par paquet de 10, c’est très économique et cela  nous assure de la viande chaque jour) avec une salade grecque. Les reflets dans l’eau du port offrent un beau spectacle.

De Créteil à Paros en passant par le Pirée: avion, bus, bateau

CYCLADES

Arrivée au Pirée
Arrivée au Pirée

 

Taxi : Créteil 5h – Roissy CDG 5h20 (66€)

Enregistrement

Mauvaise surprise à la dépose-bagage, la valise enregistrée sur Internet ne s’est pas débitée sur ma carte bleue: il en coûte 30€ à la place de 15€ pour une seule valise. Air France s’est mis au diapason des compagnies Low Cost « pour le prix de votre billet » a soupiré le monsieur du guichet. Il propose qu’on ouvre la valise et qu’on rajoute du poids. Moralité : si on paie un bagage en soute, autant qu’il soit bien lourd ! Ce qui ne ferait pas du tout notre affaire  à Athènes où nous devons prendre l’autobus, ni dans le ferry.

En vol

Par le hublot, la visibilité est mauvaise, le paysage embrumé. Je lis le Monde . Les Alpes italiennes sont encore bien enneigées. Je reconnais le delta du Pô avant que les nuages ne cachent l’Adriatique. Dommage! les îles croates et la côte des Pouilles sont un spectacle dont je ne me lasse pas. Enfin la Grèce! l’Isthme de Corinthe, l’avion longe la côte Attique pour atterrir en douceur sous une belle journée. 15°, vent léger.

Le Pirée

Quincaillerie grecque
Quincaillerie grecque

A l’aéroport, j’achète le billet du ferry Blue Star Paros pour 1€ de plus qu’au port mais ce sera bien utile de le montrer au conducteur de l’autobus au Pirée. Le bus 96X est direct, il passe des zones commerciales, longe la grande carrière de Koropi puis la côte vers Glyfada. On voit les installations des jeux Olympiques de 2004,  des immeubles cossus dont les balcons débordent de verdure, des marinas avant d’arriver au Pirée qui beaucoup moins chic avec de vieux immeubles gris de ciment au crépis lépreux. L’avenue qui borde le port est très animée . Au bas des immeubles, agences de voyages,  boutiques et des restaurants(fast-food grec, Everest, Gyros, et sandwiches variés). A l’arrière, les petites rues m’amusent avec les magasins vieillots, les inévitables chaises en plastique blanc, les devantures des boutiques de marine, bouées et balises, manomètres et les cuivres et les quincailleries à l’ancienne avec la ferblanterie, les burettes à huiles, les entonnoirs, les bidons en métal brillant. Dans dix jours ce sera Pâques. A Athènes, la rue Athinas regorgeait de barbecues et rôtissoires pour l’agneau pascal à la broche. Pas trace ici, peut être est-ce trop tôt. Ou est-ce l’effet de la Crise ?

Pour les Cyclades, embarquement porte E7. Un bureau de Blue Star Ferries se trouve dans un container peint en jaune et bleu, mais la salle d’attente est vide, cadenassée. Dans un coin, une petite cantine a installé des tables sous des parasols rouges Coca-Cola juste en face du débarcadère. J’achète un  feuilleté aux épinards chez Everest. C’est toujours ce que je choisis à l’arrivée en Grèce.

Blue Star Paros, notre navire
Blue Star Paros, notre navire

Quand je rentre de ma promenade, le Blue Star Paros est à quai, vraiment très imposant. Les marins nous délestent de nos valises. Nous nous installons sur le pont supérieur l’arrière. Rapidement le froid nous chasse derrière le bar.

17h30 – le Paros quitte le Pirée en lâchant un gros nuage de fumée noire. Le ciel est couvert. La mer grise. Dès la sortie du port des crêtes blanches hérissent la surface de l’eau. Ce ferry est énorme. L’eau brisée par le passage de son étrave est bien plus abondante que les vagues.

Le Blue Star quitte le Pirée
Le Blue Star quitte le Pirée

Difficile de se repérer dans le Golfe Saronique. En face d’Eleusis de nombreux pétroliers attendent. Quelques voiliers croisent. Le spectacle est merveilleux l’été. Le vent est très frais, rapidement nous sommes congelées et nous prenons place dans des sièges-avion (on apprendra le lendemain qu’il aurait fallu payer un supplément à la Réception). Nous somnolons éveillées de temps en temps par des annonces au micro. Le restaurant Goody’s sert des hamburgers très corrects pour moins de 3€ et des salades pour le double.

Le bateau a pris du retard et n’arrive qu’à 10h à Parikia. Impatientes nous piétinons dans la cale étouffante avec nos valises dès 9h30 quand la musique de la  « chicorée Leroux » se fait entendre accompagnant la descente du hayon avant même d’arriver à quai.

L’hôtelier brandit une pancarte Stratos. Nous le suivons jusqu’à un vieux minibus. Conversation en Grec. Je n’ai pas tout oublié !

La chambre est très simple, presque monacale mais les serviettes sont présentées avec un pliage « papillon » le lit est pris dans un cadre de ciment bleu. Une plaque de marbre fait office de coiffeuse sous un miroir encadré de blanc. Le mur en face est bleu. Rideaux blancs, persiennes bleues. Seul le couvre-lit mauve jure un peu. Le balcon donne sur la mer toute proche. Une petite chapelle est construite sur une avancée dans l’eau. De l’autre côté de la baie des maisons sont dispersées dans la colline. Au loin, une île, laquelle ?

Théra Zeruya Shalev

LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE

En partance pour Santorin, j’imaginais que l’héroïne, archéologue faisant des recherches sur l’éruption du volcan aurait peut être des choses à me raconter. Très peu!l La plupart des allusions antiques à la civilisation minoenne disparue dans la catastrophe viennent de Knossos en Crète. L’hypothèse de ses conséquences en Égypte sur les Plaies d’Égypte et l’Exode ne sont  ni neuves ni documentées par des données archéologiques.
L’éruption cataclysmique, c’est la séparation du couple formé par Ella et Amnon. Séparation envisagée sereinement par Ella qui voit une ouverture dans sa vie une liberté nouvelle, mais qui tourne mal.
Avec la précision de l’archéologue, ou de l’entomologiste, l’auteure décortique les sentiments, les réactions, les tactiques, de la femme désemparée, du mari abandonné, des parents très critiques du divorce et même de ses amies,et bien sur,  de Gili, son fils de six ans. Ella s’enfonce dans la dépression.
Puis, tombe amoureuse d’un père de deux enfants. Une famille recomposée emménage dans un nouvel appartement. Nouvelles difficultés, réaction des parents, des enfants…
C’est une lecture assez pénible.
Tout ce processus est très bien analysé, on suit pas à pas Ella et ses  proches.
Peu de distance vis à vis de la famille qui est l’institution centrale. Peu de critique envers « l’instinct maternel ». Ella est une mère modèle. Les pères sont aussi très dévoués à leur progéniture. L’école cimente ces  « familles ».
Société bien conservatrice!

 

lecture pour la Grèce: L’Invention de la Vénus de Milo Takis Théodoropoulos

Lire pour voyager/Voyager pour lire

 

lecture jubilatoire!

Le récit de l‘Invention de la Vénus de Milo est écrit sur un ton  d’ironie légère qui prête à sourire à presque toutes les pages.   L’usage d’incises, anodines mais opportunes, allège le roman historique. 1820, la veille des guerres d’indépendances grecques, en filigrane les rivalités franco-britanniques, les allégeances bonapartistes (ou napoléoniens) ou  à  loluis XVIII…

Des personnages variés défilent, l’Inventeur, le paysan Yorgos Kendrôtas et son apprenti qui trouva la statue sous un tas de pierre dans son champ, mais aussi le Consul de France Louis Brest et son épouse dépérissant d’ennui sur la petite île de Milos, l’enseigne Vautier dont Catherine s’amourache. Dumont d’Urville, l’explorateur est campé avec vivacité ainsi que le comte de  Marcellus en poste à l’ambassade de Constantinople. Sophocléous, médecin poète et surtout révolutionnaire grec, personnage burlesque, voue un culte presque payen à la statue de marbre tandis que le pope y voit une idole diabolique qu’il faut éloigner. Les dignitaires de l’île ne semblent pas saisir l’importance de la statue antique, juste une source de piastres difficilement quantifiables. Intervient aussi un moine entouré d’armatoles albanais enturbannés trafiquant les icones anciennes et les antiquités pour un prince ottoman Nikolaki Morusi d’origine grecque, collectionneur et drogman de la sublime Porte. Ne pas oublier l’agha de Milos entouré de ses chats….

L’auteur glisse dans ses propos d’instructives remarques concernant l’histoire de l’art, les icones du mont Athos, le poète Cavafy, le statut de l’oeuvre d’art, et sa reconnaissance dans les grands musées….

Une lecture délicieuse!