Tinos : sur la route de Pyrgos

Le vent ne s’est pas calmé. Au contraire, il a apporté des nuages accrochés aux sommets. Il a plu cette nuit. Sur la côte, le soleil brille mais la mer est très agitée, sa surface est rayée de blanc. Les ferries peuvent ils naviguer sur cette mer déchaînée ? Je n’ai jamais vu toutes ces crêtes même en Irlande ou aux Canaries quand notre ferry avait été supprimé.

le marché de Tinos

Un petit marché s’installe sur la place située avant le port des gros bateaux. Il est très coloré avec des guirlandes de tomates séchées, des conserves multicolores d’artichauts, de câpres. Choux, betteraves carottes fraises et tomates sont également produits dans l’île.

La route qui suit la côte sud en passant par Kiona s’élève dans la colline et surplombe la mer. Un troupeau de vaches marche sur la route, le vacher suit en voiture. Plus loin, des chèvres. Ces activités agricoles me réjouissent. Toutes les terrasses à l’abandon me désolent : tout le travail de tant de générations bientôt oublié !
Entre Kiona et Kardiani, quelques maisons mais aussi des chapelles blanches resplendissantes au soleil tranchent sur le bleu profond de la mer.

Géologie

Sur le bord de la route, une curiosité géologique : une grosse boule évidée, l’extérieur gris semble gréseux, l’intérieur vert schisteux avec des microplis serrés, a été évidé. Il semble que la grosse boule ait dévalé la pente. Je remarque d’autres boules de cette sorte vers le sommet. Le métamorphisme a affecté la géologie de l’île et brouille les structures interprétables de prime abord. Affleure le long de la route, une belle roche verte entrelardée de filons blancs – marbre, calcite ou quartz ?

Un peu plus bas, une carrière qui a gardé son nom antique de latomie, exploite du marbre. La région de Pyrgos est celle de l’exploitation et du travail du marbre

Tinos : Xinara et Loutra par les sentiers

De Xinara à Loutra par les sentiers

 

Xinara

Xinara est mieux fléché, surtout sa mairie. Un parking est clairement délimité devant un grand bâtiment peint en jaune d’or. En contrebas, une petite place devant une grande église. De là partent des randonnées pédestres : vers le haut jusqu’aux moulins de Tripotamos le sentier muletier court sur une banquette entre deux murettes ;Le crottin d’âne indique qu’il est encore utilisé. C’est le plus délicieux des sentiers que j’aie emprunté depuis longtemps, fleuri de mauves et de genêts, en balcon dominant un vallon très vert. Deux beaux moulins se dressent sur l’arête. Comme ils tourneraient bien aujourd’hui s’ils avaient encore leurs voiles ! Le sentier qui descend vers la route est le n°3.

Xinara est un village soigné. Petite découverte : les fontaines de marbre sculpté (datant de 1992). Une camionnette remplie de caisses de fraises passe, les fruits embaument. Si els humains sont discrets, les chats le sont moins. Un gros matou noir et blanc m’emboîte le pas. Coin pique-nique idéal : une banquette dominant la vallée, de l’eau à la borne et même des WC. Dès que nous sortons le carton avec els feuilletés au fromage et aux épinards odorants une troupe de chats radine. L’un d’eux a une oreille en chou-fleur sanguinolente, ils sont tous dépenaillés, sales et très insistants. J’ai rarement vu des mendiants aussi désagréables. Ils nous gâchent la gastronomie. On se dépêche d’avaler les feuilletés pourtant excellents et on leur laisse les miettes.

Loutra

Un sentier annonce 25 minutes pour Loutra. Un ruisseau jouxte le sentier envahi de verdure humide. J’avance dans cette jungle avec lenteur et circonspection puisque je ne vois pas où je pose mes sandales, c’est même très imprudent. J’écoute, guettant un sifflement reptilien. Heureusement la journée est fraîche, les serpents doivent se terrer dans leurs trous ! Il faut aussi compter avec les longs rameaux des ronces et les lourdes tiges des fenouils géants, véritables troncs. Ma progression est très lente. Quelqu’un est déjà passé et a écrasé les plantes. Je suis ces pas et trouve une balise rouge et blanche n°2, je suis donc sur le bon chemin et j’aboutis à la route. Là tout se complique ! le sentier descend dans un pré très en pente et glissant. Les traces de pas ont disparu. Je suis complètement perdue. Je ne sais pas que Loutra se trouve à quelques pas derrière la cabane de pierre et les agaves aux hampes desséchées que je viens de dépasser. Je renonce à mon expédition et retourne vers Xinara après avoir envoyé un SMS.

Loutra, comme les autres villages est invisible de la route ; Pourtant le couvent des Ursulines  et le Collège des Jésuite sont des bâtiments imposants. Tout est fermé. A cause de la sieste ?

Tinos :Kardiani et Istierna

tinos-2010-mp-086-copie.1289660149.JPG Tinos : citrons

Kardiani.
Kardiani se détache à mi-pente sous la corniche dominant la mer.
A l’entrée du village,: une source et de beaux platanes.
et, d’emblée, des marches. A l’étage du dessous, la placette de l’église catholique peinte elle aussi de jaune et de bleu. Les merveilleux lustres de cristal lui donnent un air presque baroque quoique l’autel soit bien sobre et la décoration, modeste. Les maisons ont poussé à tous les niveaux si bien qu’il n’existe pas de rue plate. Sans cesse des marches, des voûtes, des ruelles à peine plus larges qu’un couloir. Dans des recoins, on découvre tantôt des bancs, tantôt une remise, ici une fontaine, là sur une marche, on fait sécher des demi-citrons. Plus haut, encore une église, orthodoxe  (fermée).
Au détour d’un escalier, sur une plate-forme, une table ronde et des chaises bleues, le plus mignon et le plus petit des kafénéio. Sa terrasse occupe aussi la plate-forme d’en face avec encore trois tables. On y est bien à l’abri du vent du large !peu de verdure : un bougainvillier fait un arceau pourpre, un petit citronnier dépasse d’un mur. Pas de jardin, seulement des jarres posées sur le dallage ou des pots de géranium.

Nous reprenons la route en direction de Pyrgos. La dame de Vidalis  avait insisté.
–    « n’entrez surtout pas dans Pyrgos, il y a des travaux ! Garez-vous sur le parking ! »

Obéissantes, nous garons la Daewoo sur le premier parking venu, retenons les portières et partons en quête des artisans du marbre et du musée. Le ciel est couvert, il ait très gris. Le village est terne sans les jeux d’ombre et de lumière. Tout est fermé, les kafénéio, l’épicerie, la place… Je remarque les frontons aristocratiques triangulaires au dessus des entrées des maisons avec la plaque gravée au nom des propriétaires. Un peu pompeux ! Nous sommes déçues de ce Pyrgos tout fermé. Sauf que ce n’est pas Pyrgos mais Istierna ! Attentives à la voiture, nous n’avions même pas regardé le nom du village. Pas étonnant que rien ne corresponde avec la description du  guide !

Tinos : plages de Panormos et Rohari

Il est temps d’aller déjeuner et nous avons envie de mer !

Panormos
Tinos : plage de Panormos

Station balnéaire familiale avec des « maisons cycladiques » cubes blancs aux volets bleus. Une seule rangée au dessus des restaurants du port, rien qui ne défigure le site. Sur le quai, les tavernes ont sorti tables et chaises en dépit de la tempête. Dommage que notre pique-nique soit prêt d’avance. Les calamars auraient été les bienvenus.

La baie est fermée par une île qui abrite le port. Les vagues s’y fracassent en une écume qui éclabousse très haut les rochers. L’eau est verte, presque noire, l’île sombre, spectacle plus breton que méditerranéen.

Les collines sont pelées. La végétation s’accroche mal sur le marbre à la surface hachée, fendillée par l’érosion, sorte de lapiaz. Dès que le sous-sol est schisteux on a pu construire des murettes et des terrasses actuellement occupées par le maquis. Ici encore la géologie est bousculée, ici du marbre blanc ou gris, la colline voisine est en schiste.

La plage de Rohari se trouve au bout de la route : un bosquet de tamaris, quelques installations. Nous préférons nous installer sur le port. De l’autre côté du quai une plage de sable et une piste conduit à Agia Thalassa, très jolie plage dans une anse en face de l’île. C’est une promenade très agréable. Des vaches paissent dans le ceux. Je n’ai pas peur des vaches mais elles sont parfois gardées par des chiens, je ne m’approche donc pas.

Ormos Isterion

Ormos Isterion, située sur la côte sud, est plus ensoleillée, eau turquoise, un petit port avec  deux tavernes et quelques maisons. Un grand quai vide, une rampe en ciment bordée de lampadaires rouillés mène à un « hôtel » dont les arbres sortent des fenêtres. Un projet touristique qui a mal tourné. Un peu plus loin, dans une anse, une plage au sable d’une finesse extrême. Pieds nus je la parcours plusieurs fois. Le sable soulevé par le vent cingle mes mollets.

Maroula a apporté un petit plateau avec deux tasses de café grec et deux joli bateaux, la coque est en brioche à l’anis coupée en coins retroussée, la cabine est un biscuit sablé. Quelle jolie attention ! l’été, en Crète et en Grèce les paysans nous offraient des figues et des melons ; je suis désarçonnée par cette gentillesse à laquelle je ne sais comment répondre.

La ville de Chora, port de Tinos, animée le week-end est complètement vide. Pas moyen d’acheter une carte postale !

Tinos : Monastère de Kechrouvounourou

A 8km au dessus de Chora.

Il faut entrer « modestement vêtue ». Nos pantalons sont « modestes », personne ne nous court après avec une jupe. D’ailleurs, personne ne se trouve à l’accueil. Nous nous promenons à notre guise dans le monastère comme dans un village un peu spécial avec des courettes toutes identiques alignées  sur des ruelles passées à la chaux légèrement bleuie. Nous sommes à Tinos, les maisons épousent le relief, des escaliers permettent de passer d’un niveau à un autre avec des passages couverts ; Trois églises sont fermées. Par la porte vitrée je peux apercevoir les grandes icônes dorées de l’iconostase. Je visite également la cellule de Sainte Pélagie (celle qui a vu l’apparition de la Vierge). Plutôt qu’une chambre, il faut imaginer une maisonnette avec plusieurs pièces minuscules et une courette.

Tinos : villages autour de l’Exomvourgo

 

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Steni
Steni,est un village traversé  exceptionnellement par la rue.  Dans les jardins, on cultive des pommes de terre.Les églises posséderaient de belles iconostases, l’une en marbre l’autre avec des icônes remarquables – fermées.

Mirsini

Des maisons blanches sont adossées à la colline suivante,tout près.  Le lavoir est abrité sous des arches romanes aux colonnes de marbre. Un grand pigeonnier en angle est accolé aux maisons. Très propre, bien chaulé, ce n’est pas une vaine décoration. Des colombes blanches s’y pressent étourdies par les bourrasques.
Au dessus de la masse des maisons (encore des escaliers et des ruelles), une grande église blanche avec son mince campanile, par chance, ouverte. C’est une église catholique semblable à celles que nos avons visitées précédemment : plafond bleu, murs et colonnes blanches et jaunes et toujours de merveilleux lustres à pendeloques de cristal.

Où sommes nous donc ? Les villages sont si rapprochés, les routes tortueuses. Après un certain nombre de virages, nous avons perdu le nord. Une vieille dame descend avec ses courses dans un sac en plastique Je bafouille en Grec.
–    « Où voulez-vous donc aller ? »
demande-t-elle dans un français sans accent, sans doute appris à Loutra chez les Ursulines.
–    « Nous voudrions seulement savoir le nom du village ! »
–    « Mirsini ! »
Sur la carte Mirsini paraissait beaucoup plus loin..

Il fait beau sur la côte tandis que les nuages s’accumulent sur les sommets. L’Exomvourgo est encapuchonné.

Côte Est

Nous tournons vers l’est chercher le soleil. Les panneaux indiquent le nom de nombreuses chapelles. La mer est toujours aussi agitée, son  bleu profond est strié de blanc. Près de la plage, le turquoise nous fascine. La route asphaltée se transforme en mince ruban e ciment en pente très raide avec des épingles à cheveux. Il faut faire confiance aux freins de la voiture ! L’intersection avec une piste de terre permet le demi-tour. Je continue à pieds et ramasse de bien jolis cailloux : du micaschiste mordoré mais surtout des cailloux verts foncé presque noirs avec des taches vert plus vif. Olivine, serpentine, chlorite…je convoque tous les minéraux verts qui me viennent à l’esprit.

Quelles sont les roches composant le massif du Prophète Elias ?

J’avais cru que le chicot pointu de l’Exomvourgo que l’on remarque de partout était le sommet de l’île. D’après la carte l’altitude de ce dernier ne dépasse pas 640 m tandis que le Prophète Elias atteint presque 800m et le dépasse donc nettement mais dans une région inhabitée.
A sa base je remarque de gros rochers verts à la pâte lisse. Une piste court à la base de la montagne le long du littoral, la carte mentionne des grottes. Si nous disposions de plus de temps sur l’île il faudrait aller à pied à la chapelle du Prophète échantillonner.

Misi
Retour à Steni (encore!) carrefour de la région.  Misi par signalé par une église monumentale jaune . En dessous de la route le village est caché avec ses ruelles dallées en marbre en pente douce (pour une fois!). Un jeune labrador jaune nous saute dessus, pas agressif, affectueux. J’attrape sa chaîne et l’emmène chez son maître.les orangers sont en fleur. Curieusement les abricots sont déjà gros. De grosses grappes d’acacia sont inodores avec le froid. Le vent a dû emporter leur parfum ailleurs !

Falatados

Falatados est un bourg un peu plus important que les précédents avec plusieurs restaurants , de belles maisons, une mairie et un monument aux morts. L’église est précédée d’un parvis de galets. Le ciel est blanc, les maisons sont blanche, les photos seront blanches ! Je ferais mieux de dessiner les portes, les fontaines et les fleurs. Le vent est froid. J’ai superposé deux pulls et un coupe-vent. Je n’ai aucune envie de m’asseoir sur le marbre glacé.

On contourne encore l’Exomvourgo par le nord on passe devant Volax et son chaos, traverse Skalados sans s’y arrêter. C’est à Skalados que nous devions passer la semaine dernière si le volcan islandais n’avait pas fait éruption. J’aurais bien aimé voir la maison. Nous avons peur de nous imposer.

Tinos: Agapi

Comment ne pas aimer un village qui porte un tel nom ?

Juste avant d’y arriver, une pancarte signale un  moulin à eau. Une dizaine de pigeonniers sont regroupés au sein du vallon verdoyant. Près de la route, les cyprès dont on a coupé les branches basses ont des airs de topiaires.

Le village s’adosse plus haut à la colline. Deux trajets au choix : la route des voitures qui fait un long détour jusqu’à une terrasse carrée au large panorama où je m’installe pour dessiner. La promenade piétonnière coupe droit, franchit le ruisseau arrive à un lavoir sous l’ombre d’un magnifique platane puis une rampe avec des marches entre dans Agapi. Maisons blanches fleuries. Dans des pots les hampes florales d’amaryllis foisonnent. Une ruelle passe dans un souterrain sous l’église. Au hasard je grimpe un escalier et me retrouve au dessus de la coupole bleue. Je redescends trop bas. Il faut viser juste dans ce dédale de ruelles.

Kolimbithra

Déjeuner devant la mer déchaînée au creux d’une baie rectangulaire fermée par une île rappelant étonnamment Panormos. Des surfeurs couchés sur leurs planches affrontent l’écume blanche ; inconscience ? Braver de telles vagues avec un vent force 8 ou même 9 !!

Un petit ruisseau débouche là. Sa vallée minuscule est cultivée à l’abri de hautes rangées de roseaux, pommes de terre et artichauts.

Tinos : plage et cybercafé

Il nous semble qu’il fera meilleur sur la côte sud que nous avons toujours vue sous le soleil. Ag.Ioannis et Agi. Kiriaki sont de belles plages jumelles avec du sable fin. D trouve un banc et une table devant une chapelle. J’arpente pieds nus la limite de la vague qui mouille mes pieds et même mon panta-court relevé aux genoux. Jolie lumière d’après 16h.

A la recherche d’un cybercafé: le Symposion

La soirée commence mal ! Impossible de trouver un cybercafé pour retenir l’hôtel d’Athènes vendredi soir (il n’y aura pas de ferries le 1er mai). Personne pour nous renseigner. Les cafés sont WIFI mais si on n’a pas son propre ordinateur impossible de se connecter. La dame de la location de voiture nous assure que Symposion joue le rôle de cybercafé. Mais où est donc Symposion ! Nous sillonnons la route en voiture et ne le trouvons pas. Forcément, il se trouve  dans la rue piétonnière qui monte à la Panagia . En trois minutes, j’ai réservé deux nuits à l’hôtel Economy grâce au site de Booking.com.

Tinos, nuit de tempête

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   Cette nuit, « Monsieur » et « Madame » ont jacassé avec le vent.

Sur d’énormes jarres ventrues, Aristoteles a posé des pots de fleurs sur lesquels il a peint deux visages. Il a enfilé des gobelets pour faire les bras et les jambes et a fait pousser sur la tête de « Monsieur »des aloès qui font une coiffure en brosse avec les feuilles pointues dressées, tandis que la coiffure de « Madame » consiste en petites rosettes descendant comme des boucles. Avec la tempête, les pots des bras et des jambes tintent.

A l’abri du mur toute une collection de plantes grasses, yuccas, succulentes alternent avec les grosses potées de géraniums roses et blancs. Sur une tonnelle grimpent volubilis et chèvrefeuilles.

Le Musée du marbre de Pyrgos


Un parallélépipède gris très sobre rappelle un hangar industriel sur une plateforme dallée. Une grue de levage soulève éternellement un bloc de marbre blanc.

Plutôt que musée du marbre, c’est le Musée de la Marbrerie.

Musée technologique, moins à la gloire du matériau précieux et noble de l’île qu’à celle des techniques d’extraction, d’équarrissage et de transport. Évidemment toute une partie de l’exposition est consacrée à la sculpture.

le marbre

La définition du « marbre » est celle des marbriers différente de celle des géologues plus restrictive.  Le géologue nomme « marbre » une roche métamorphique calcique ou magnésienne, calcite ou dolomite métamorphisée. Ici, on considère comme du « marbre » n’importe quelle roche qu’on peut polir et travailler comme le marbre – marbre, gneiss ou brèche. Le » marbre vert de Tinos »est du gneiss.

La carte de Tinos et la carte de la Grèce situent les principales carrières avec les variétés et les couleurs. Les échantillons polis de différentes teintes forment une sorte de damier.

A Tinos, on exploite le marbre blanc, le marbre gris, blanc veiné de gris, et le « marbre vert » gneiss à séricite et chlorite. Point de grosses carrières industrielles défigurant l’île. Les exploitations sont de petite taille, familiales pour le marbre blanc ou gris, un peu plus importantes pour le marbre vert du Nord-ouest de l’île.

Représentation d’une carrière :

Une grande photo du front de taille avec les ouvriers au travail couvre tout un mur. Sur une estrade, devant la photo, sont disposés des blocs à diverses étapes de transformation et les outils des carriers, burins, coins métalliques, plaques qui permettent de fendre le bloc, ciseaux crantés… les noms des outils sont en Grec et en Anglais (ce qui ne facilite pas mon compte-rendu). Dans un coin un film montre le travail des carriers, le « fendage », l’équarrissage, le transport. La vidéo est sonore si bien qu’on croit entendre travailler pendant la visite.
Le transport, surtout, est impressionnant ; les carrières sont situées dans des montagnes au relief abrupt. Le poids d’un bloc est considérable. Sur place,  peu d’engins de levage. Tout se fait à la force humaine avec des cordes comme dans l’Antiquité. Le bloc est glissé sur un traineau puis hissé sur un wagonnet sur rail. Une croix, taillée sur place est transportée à dos de mulet. J’avais déjà remarqué dans la campagne un âne portant ubn harnais de cuir dur renforcé avec des anneaux. La mule du film porte le même. Elle est capable de porter une charge de 300kg sur les sentiers de montagne. Un homme la guide, un autre retient avec des cordes le précieux, fragile et dangereux chargement.

Des hommes au travail

La grand force de ce musée est qu’il ne présente pas des techniques abstraite. Il montre des hommes au travail. L’entreprise filmée est celle des Karageorgis. Les ouvriers ont des noms, des visages. On imagine leur caractère, leur personnalité. L’un d’eux a même perdu un bras. Tinos se peuple ainsi d’ouvriers rudes à la tâche, habiles de leurs mains et ingénieux. Je pense à Zorba qui a, lui aussi travaillé dans une mine. Je pense aux affichettes du KKE collées dans la campagne, aux soleils du Pasok (sans aucune preuve, c’est mon imagination). Je pense aussi à Michel ange qui a fait le voyage à Carrare pour choisir lui-même les blocs de marbre qu’il voulait sculpter.

Le bloc qui glisse le long de la montagne est infiniment précieux pas tant de la pureté de son grain que du travail des hommes. La rampe est vertigineuse jusqu’au port où l’attend la grue qui la montera sur un bateau ou la machine à découper les plaques.
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La sculpture      

La sculpture du marbre est aussi l’affaire de Tinos ; Le savoir-faire se transmet de père en fils. L’arbre généalogique de la famille Philippotis montre sept générations de sculpteurs de 1760 à nos jours .Dans mon ignorance, j’imaginais l’artiste improvisant devant son bloc. La réalité est tout autre.

La réalisation de la tête d’Hygéia montre le moulage, la maquette de plâtre et tout le système de guidage avec des compas articulés permettant de reproduire à l’identique la tête antique.
Ici aussi, une vidéo montre le travail du sculpteur qui cisèle une plaque en demi-lune à poser au dessus d’une fenêtre. Le bruit régulier du marteau et du ciseau résonne dans tout le musée pendant la visite.

L’histoire de l’île de Tinos

L’histoire de la marbrerie raconte aussi toute l’histoire de Tinos de l’Antiquité à nos jours. Le marbre de Tinos a été retrouvé à Délos et à Kionia dans le sanctuaire de Poséidon et d’Amphitrite.

L’occupation vénitienne fut marquée par la construction d’églises, de campaniles…

Après le retrait des Vénitiens en 1715, le rattachement à l’empire ottoman fut plutôt bénéfique aux sculpteurs qui virent leur horizon s’élargir et partir travailler au Mont Athos, à Constantinople, dans les Balkans en Russie et à Alexandrie. Dans une vitrine on voit le Brevet roumain de Karageorgis et ses dessins pour une iconostase à Clucs.
On remarque les dessins pour la façade de l’église de Pyrgos. Le dessin joue un rôle majeur dans le travail du sculpteur : projets montrés au client, mais aussi stencils et patrons reportés sur le marbre.
Attention! Le Musée du Marbre de Pyrgos est  fermé le mardi