Pointe à Pitre : Memorial ACTe

GUADELOUPE

Le Mémorial ACTe peut se visiter comme un musée retraçant l’Histoire de l’esclavage, l’Histoire de la Guadeloupe en particulier, de Sumer à l’Abolition. Il peut aussi se visiter comme un pèlerinage. Ou même comme un Musée d’Art Moderne.

Habillé d’une résille métallique, admirablement situé sur le bord de l’eau, un peu à l’écart de la ville sur le site de l’ancienne Usine Darboussier, la plus grande sucrerie de l’île.

Il faut abandonner les sacs dans les casiers, appareils photos, caméras et smartphone interdits. L’hôtesse équipe le visiteur d’un casque-audioguide compris dans le prix d’entrée (7€/solo – 10€ pour deux)

LA CONQUÊTE

On découvre la petite Vierge noire de Guadalupe qui a donné son nom à l’Île à la suite d’un vœux de Christophe Colomb.

Quatre personnages – quatre destins – accueillent le visiteur Juan Garrido, le conquistador noir, Francis le Wolof, esclave allié aux Amérindiens pour lutter contre les Espagnols, Louis le Marron qui a vécu avec les Amérindiens Caraïbes, Jean Le Portugais. Ces personnages surgissent d’écrans, ils interpellent le visiteur en racontant leur histoire.

La salle suivante montre la diversité des populations précolombiennes, l’occupation progressive des Antilles. D’abord, la conquête espagnole qui commence à Hispaniola (Haïti), Porto Rico et Cuba. Anglais et Français arrivèrent plus tard et conclurent d’abord des alliances avec les Indiens Caraïbes. Le Traité de Basse Terre (1660) concède la Dominique et Saint Vincent à ces derniers ?

Dans les vitrines sont exposées armures et arbalètes.

Une autre vitrine « Taïno et Kalinago » présente les trésors des Amérindiens, pectoral en or, objets usuels et objet des chamans.

Au mur, des œuvres contemporaines posent la question : « Le noir est-il une couleur ? » . L’œuvre La voleuse d’enfant de Thierry Alet est une sorte de mosaïque avec un code couleur sur fond noir. Les œuvres contemporaines dispersées à travers les collections historiques m’intéressent quoique cette installation ne m’a pas parlé.

Pirates et Forbans raconte une autre histoire avec une projection d’une bataille navale sur un mur. La tradition de la piraterie aux Antilles s’est poursuivie jusqu’au XIXème siècle.

VERS L’ESCLAVAGE

Je reconnais le téléfilm La Controverse de Valladolid de JC Carrière, dont je garde un souvenir très vif 30 ans après l’avoir vu. Une spirale des temps de l’esclavage commence dès le IV ème millénaire à Sumer, en passant par les Hittites, Egyptiens, la Grèce, Rome jusqu’aux temps modernes de la Traite Atlantique où 12 à 13 millions de Noir ont été victimes de la traite en trois siècles. Cette énumération est ponctuée de quelques trêves abolitionnistes comme en 539 av JC la proclamation de Cyrus ou l’affranchissement par Louis le Hutin.

l’arbre de l’oubli – Pascale marthine Tayou

L’arbre de l’Oubli : installation de Pascale Marthine Tayou , me ramène à Ouidah (Bénin) . Malgré l’interdiction de prendre de photos je sors mon téléphone de sa cachette et découvre que je ne suis pas seule à le photographier.

PASSAGE DU MILIEU

Un couloir noir, éclairé de rouge va faire imaginer au visiteur l’horreur de laTraversée.

En sortant du Sas, on arrive dans une salle dédiée au CODE NOIR dont une page est projetée au mur. L’œuvre de Pélagie Gbaguidi montre le Code Noir comme une blessure physique. Tandis que la tapisserie d’Abdoulaye Konaté : l’Homme biométrique montre des hommes couchés de toutes couleurs. Les œuvres contemporaines sont plus présentes et apportent une charge émotionnelle croissante : ces entraves aux pieds, ces anneaux sont-ils réels ou figurés ? Insensiblement je zappe les informations chiffrées, les cartes pour être emportées par ces créations contemporaines qui font partie intégrante du parcours dans le musée.

kara Walker : the Palmetto Libretto

LA SOCIETE D’HABITATION montre les conditions de vie des esclaves et celles des maîtres ? Après un tableau d’époque montrant la baignade des belles dames, on voit la case des esclaves en branchages. Le polyptique de Kara Walker : The Palmetto Libretto est d’une grande violence. Une projection raconte la Journée d’un esclave.

DE LA CONTESTATION A LA REVOLTE

Est illustrée par Two feathers de Frohawks

L’histoire des idées n’est pas oubliée Au XVIIIème siècle, Les idées des Lumières mais aussi l’apogée de la déportation des Africains et le maximum de l’esclavagisme la contestation de l’esclavagisme se fait parmi les Encyclopédistes comme dans la Franc Maçonnerie, Une salle est dédiée à la Franc Maçonnerie qui a joué un rôle important malgré la division au sein des loges entre conservateurs esclavagistes et abolitionnistes. De même l’acceptation des gens de couleur au sein des loges ne s’est faite que progressivement et tardivement.

En face, Santeria du cubain Santiago Rodriguez OlaZabal ainsi que la présentation des tambours voisines rappelle les origines africaines et le vaudou et nous mène logiquement au Carnaval avec ses costumes colorés variés parfois effrayants.

carnaval

En face, la salle consacrée à l’Eglise et l’Esclavage est plus ambiguë surtout dans l’intention de « l’évangélisation des sauvages » prétexte à la Colonisation. La profonde religiosité des descendants des esclaves ne m’a pas paru suffisamment expliquée.

LE TEMPS DE L’ABOLITION

J’aurais dû passer moins de temps dans les premières salles pour avoir encore la disponibilité de prendre des notes. Cette période est très riche et passionnante. Je n’ai noté que le nom des œuvres contemporaines.

Le parcours chronologique reprend avec la célébration de Toussaint Louverture :

Toussaint Louverture de Mario Benjamin (Haïti) est violent, impressionnant comme la composition de Shuck One qui rappelle la Bataille de Guadeloupe en mai 1802 lors du rétablissement de l’esclavage.

La fin du parcours célèbre Thomas Clarkson et Victor Schoelcher

On passe à l’histoire post-esclavagiste avec une représentation de l’Usine Darboussier, la plus grande sucrerie de l’île, puis distillerie où on a installé le Mémorial, l’arrivée d’une main d’œuvre importée….

Puis l’évolution de l’image des noirs de l’abolition à nos jours

J’aurais pu, si j’en avais eu encore l’énergie et la concentration, entendre les voix et lire Aimé Césaire, Senghor, ou Miriam Makéba. La citation de Wolé Soyinka sur la Tigritude répond au concept de négritude développé par Césaire et Senghor.

Une visite n’est pas suffisante pour épuiser les richesses du MACTe/Il faudrait revenir.

J’ai préféré passer plus de temps à regarder l’exposition de Ronald Cyrille AkaB ;Bird artiste invité 2022 -2023 au MACTe. B.Bird est le pseudonyme de l’artiste né en 1984 à Saint Domingue, il est arrivé en Guadeloupe . Il a étudié et il vit en Martinique. J’ai beaucoup aimé les collages roue/blanc/noir évoquant l’esclavage : hommes découpés, corps étirés, torturés. D’autres œuvres sont très différentes touffues, très colorées rappelant la nature exotique, les couleurs caribéennes avec des jaunes acides bleus turquoise. Images violentes, homme-coq, hommes-chiens avec des dents très visibles. Images violentes.

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les Chutes de Carbet et retour le long de la Côte Est de Basse Terre

GUADELOUPE

Première et deuxième chutes de Carbet

Prenant sa source à la Soufrière, la rivière du Grand Carbet (13 km) fait trois impressionnantes chutes : occasion de trois belles randonnées en forêt. La première chute (115 m) est une randonnée difficile de 4 heures ; elle fermée en ce moment. La 2ème chute a son parcours aménagé avec des dalles et des marches, nous demandons au GPS de nous conduire à son départ.

Allée Dumanoir

Route par  N1, bien passante, sans intérêt puisqu’elle évite les villages. Après avoir contourné Capesterre-Belle Eau,  Madame GPS nous oriente sur une route fléchée 3ème chute de Carbet. Nous désobéissons, tournons autour du rondpoint et nous trouvons l’Allée Dumanoir plantée de 400 Palmiers Royaux au XIXème siècle par Pinel Dumanoir. Certains arbres abattus par des cyclones ont été remplacés. Ils forment donc une allée imposante parallèle à la route. Le GPS s’entête à nous diriger sur la D3 qui file droit vers la Soufrière  à travers une campagne de bananeraies. Le temps est si clair aujourd’hui qu’on voit le sommet et les fumerolles blanches qui s’échappent en panache. Nous traversons des villages aux noms amusants de Cacoville, Cacador et Marquisat et arrivons à un parking.

3ème chute de Carbet

La Soufrière fume, avec le beau temps on voit les fumerolles blanches

De là, part un bon chemin empierré de pierres irrégulières sur lequel on se tord les pieds. On entre dans une belle forêt  plantée d’arbres d’une hauteur impressionnante dont les futs sont entourés de Siguines (Philodendron giganteum) ou d’Oreilles d’éléphants (Alocasia macrorhizos). Le sentier (ici on l’appelle trace) monte régulièrement. Bien aménagé, avec des marches et des planches recouvertes de grillage antidérapant. Le ravinement a parfois tellement creusé le chemin que des tronçons du chemin de planches forment de véritables tables perchées en hauteur. Les racines retiennent l’argile. Il est souvent plus facile de marcher sur les racines que sur le tracé prévu. Je marche seule, heureuse de m’appuyer sur le bâton de marche que Mireille m’a prêté. En montée, le bâton est d’une aide considérable pour me hisser sur ces marches hautes. Joyeuse, je grimpe vite et sans efforts. En descente, je retrouve le sentiment de confiance et de sécurité. Malheureusement la balade se termine en queue de poisson : une petite passerelle domine la rivière mais les arbres cachent la cascade de la 3ème chute. Une jeune femme a escaladé la barrière interdisant de continuer. Il faut descendre 5 ou 6 mètres à la verticale sans le filin ou la corde promis par Visorando. Et remonter !

la cascade est cachée par les lianes

Au retour, les randonneurs sont nettement plus nombreux, tous très cordiaux. Je suis ravie d’avoir retrouvé la joie de randonnée avec le bâton de Mireille et décide de continuer la promenade par celle des 2èmes chutes de Carbet.

Pour trouver le départ, il faut dépasser Capesterre-Belle Eau vers le sud et prendre la Route de l’Habituée en face de Saint Sauveur. Nombreux restaurants confirment la destination touristique de cette petite route étroite qui grimpe en montagnes russes à l’assaut de la Soufrière. La conduite est une aventure haletante pour la conductrice qui n’a aucune visibilité sur ce qui va se passer en haut de la bosse : un véhicule en fac ? un tournant ? une descente raide ? des trous ? Lianes et fougères arborescentes géantes, oreilles d’éléphant composent un paysage tropical luxuriant. J’ai adoré ce trajet. Dominique, au volant, moins.

A l’arrivée, péage : 5€. « pour le parking, les toilettes » justifient les deux rangers un peu embarrassées devant des touristes qui ne sont pas habitués à payer pour randonner dans le Parc National.

Une belle allée dallée (accessible PMR) permet de découvrir le panorama et les deux chutes : la 1ère haute de 115 m la seconde 110 m. Ces deux chutes sont visibles de la mer et ce sont elles qui ont incité Christophe Colom à accoster en Guadeloupe en 1493 pour faire des réserves d’eau douce.

2ème chute : la vasque est inaccessible. Dommage

La promenade sur un cheminement en dur- marches de pierre et planches – est donc très facile. Comme à la 3ème cascade, un ponton surplombe la rivière dont l’accès est interdit. Pas de douche ou de baignade rafraîchissante pour cause de cyclone Maria. On se bouscule pour les selfies. Pendant que je marchais Dominique a eu la visite de deux oiseaux qui se sont perchés sur le rétroviseur : un oiseau noir à gorge rouge et un gros bec, et un gris de la taille d’un merle avec un long bec.

J’ai acheté le pique-nique à emporter dans un petit restaurant pittoresque, peint en jaune, deux tables installées dur la galerie, musique tropicale à fond,. Derrière l’hygiaphone la cuisinière prend ma commande. « wings avec des bananes pesées », les bananes pesées sont la spécialité de la maison, et wings avec du riz pour Dominique. Je suis curieuse de ces bananes pesées, je m’en repentirai, elles sont desséchées, dures,  farineuses et insipides. En revanche, le riz est excellent, parfumé ; il contient des haricots au goût de noix de cajou et des oignons et des poivrons piquants. Je croyais arriver dans un fast-food, pas du tout fast, la cuisinière prend son temps. Les gens du village passent et achètent des cigarettes à l’unité. Etrangement dans cette gargote sur la liste des prix il y a du champagne à 50€ la bouteille.

la vue sur les îles des Saintes

Il faut maintenant trouver un endroit pour pique-niquer. Nous nous serions bien arrêtés sur le petit port de Bananier mais impossible de couper la file sur la N 1 avant Trois-Rivières . Nous déjeunons sur le parking Duquerry près du Parc archéologique des Roches Gravées. Après notre festin j’emprunte le sentier qui mène aux roches Gravées. Le sentier est bien pentu et rocailleux. Je passe au-dessus d’une jolie petite plage et arrive à la Rivière de la Coulisse qu’il faut passer à gué en sautant de rocher en rocher ronds et lisses. De peur de tomber à l’eau (ou pire le smartphone) je renonce. « Il fallait mettre le téléphone dans le sac et ne pas avoir peur d’entrer dans l’eau » a commenté Mireille. C’est vrai, il fait si bon qu’une baignade n’aurait rien de terrible. C’est d’autant plus dommage que les pétroglyphes étaient juste après le passage de la Coulisse. Je n’aurai donc pas vu ni le cacique ni la femme. Je remonte un peu dépitée.

La rivière de la coulisse que je n’ai pas osé traverser

Etape suivante : le temple hindou de Changy est du mauvais côté de la route. Peint en blanc et jaune et orné des divinités polychromes de Maliemin, de Sarasvati et Kanadevi. L’enclos est fermé, inutile de traverser la route, il se voit mieux de loin. Ce temple me rappelle les « Zindiens » de mes lectures de Schwartz Bart et de Maryse Condé. Un peu plus loin un « Zindien » tient un étal de fruits et légumes. Dans un panier, je place une mangue, des citrons verts, un avocat et des bananes-dessert (à ne pas confondre avec les bananes-légumes à cuire. Le pendeur pèse les citrons « pour le Ti-punch ! »

Temple hindou de Changy

Nous cherchons à nous rapprocher du rivage par les chemins et les petites routes qui passent entre les habitations colorées mais parfois misérables.

La Plage du Roseau est bien aménagée : parking, pelouses, douches) les sargasses ont été débarrassées. On peut nager dans des sortes de bassins rectangulaires délimités par une jetée et du côté de la mer par des rochers (barrière de corail ?) où se brisent les vagues. Sur un arbre mort sont posés des pélicans. Les gens du coin viennent se rafraîchir. Ils bavardent dans l’eau, un chapeau de paille sur la tête ou se reposant sur une frite. Deux dames ont leur masque bleu qui trempe dans l’eau. Quel usage un masque dans l’eau ? Un grigri anti covid ? Je ne peux pas vraiment nager, l’eau n’est pas assez profonde et le sol rocailleux. Quel bonheur de se tremper pour se rafraîchir !

Christophe Colomb aborda en novembre 1493 lors de son second voyage pour se ravitailler en eau. Son buste surmonte une haute colonne. Nous ne nous sommes pas attardées parce qu’il y avait une intervention policière (drogue ? querelle après boire ?).

Au lieu-dit Christophe, la petite route qui va à Goyave en suivant la côte nous mène à Sainte Claire, jolie plage ombragée qui aurait été merveilleuse sans la puanteur des sargasses pourrissantes.

 

 

 

A la plage! Gosier et Petit Havre

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la plage et l’Îlet Gosier

« Pour se baigner, il faut aller à Gosier » a déclaré Richard, notre hôte et cuisinier.

22 km entre le Gite Bellevue, Petit Bourg et la plage Datcha à Gosier. Un peu plus d’une demi-heure en contournant Pointe-à-Pitre par les N 1 et N 4 , voie rapides à voies. Embouteillages permanents vers Jarry et les zones portuaires. Embouteillages du matin de ceux qui vont travailler. De Pointe à Pitre, nous ne voyons que les faubourgs, centres commerciaux, immeubles peu avenants, entrepôts, laideur habituelle des périphéries de toutes les métropoles, uniformisations Foir’fouilles ou Darty, tous ces showrooms sont-ils indispensables ?

Devant la plage, un petit parking . Les places à l’ombres sont convoitées. On finit par discuter et trouver.

Les sargasses sont arrivées ici ; ce matin, elles ne sont pas gênantes. Fraîches, elles forment une bordure entre le sable blanc et l’eau turquoise, liseré orange d’une laisse de mer bien naturelle. J’évite les gros paquets en nageant. Une dame debout au milieu d’une accumulation, discute avec une copine. Elle les manipule, ne les ramasse pas, joue avec une poignée qu’elle jette de côté.

Le sable est très blanc, l’eau, limpide, d’un turquoise opalin. Plus loin, plus profonde elle est bleu marine. Des voiliers se balancent, au mouillage. L’un d’eux fera voile pendant la matinée. Le plus proche a une belle coque jaune. Je nage parallèlement au rivage sur toute la longueur de la plage de la digue où attendent les passagers pour l’îlet Gosier, jusqu’à une petite pointe rocheuse où la côte devient plus escarpée.

En nageant, je vois l’Îlet Gosier : ses palmiers et son petit  phare blanc et rouge, sa belle plage de sable . Un goût d’île déserte à quelques brasses de la côte. Peu de nageurs. Certains baigneurs ont apporté des frites en mousse pour flotter. Un groupe de femmes plutôt âgées, dynamiques font du longe-côte en avançant énergiquement. Je les retrouve à ma traversée suivante : disposées en cercle pour de l’aquagym. L’animatrice, cheveux gris et accent créole dirige son groupe avec autorité : « on se tourne vers Basse Terre, on se tourne vers l’îlet ». Au bout d’une heure, je vais voir Dominique qui a trouvé une nouvelle place à l’ombre. Et je retourne à l’eau qui est un peu plus agitée. De nouvelles sargasses sont arrivées mais la baignade reste toujours très plaisante.

Autour du parking, plusieurs possibilités de restauration. La plus simple est une crêperie aux sièges et tables multicolores, un bar propose des sandwiches et des salades, il y a aussi une pizzeria. Nous choisissons le Restaurant Panoramique qui a une belle terrasse au-dessus de la plage. Formule à 22€ (entrée + plat ou plat+dessert). En entrées, accras et crudités, chou, chou-rouge et carottes râpées. Les brochettes de crevettes sont présentées suspendues à une potence métallique. Dans l’assiette du riz jaune (curcuma ?) et des petits tas de légumes délicieux et parfumés.

La route de Gosier à Sainte Anne est encore bien congestionnée. Nous nous arrêtons avant Sainte Anne au Petit Havre qui est la plus jolie plage qu’on puisse imaginer. La route qui y conduit serpente entre les jardins des résidences cossues et les villas. Le parking est à l’écart, il est très petit, un jeune homme très aimable trouve une place pour Dominique quand il voit le macaron « handicapé ».

La plage se trouve derrière des arbres variés qui forment un petit bois. La plage est parfaite : du sable fin, un bassin turquoise où se concentrent les baigneurs. Autour, un vert émeraude signale les posidonies et les algues sur des rochers qui affleurent. Plus loin la frange blanche d’écume des vagues qui se brisent sur la barrière de corail. Vu de la mer, l’anse est encadrée par les raisiniers-bord-de-mer et quelques cocotiers. Aucun édifice disgracieux, aucun parasol de couleur criarde. Un rêve de plage !

 

 

la route de la Traversée – notre gite à Petit Bourg

GUADELOUPE 

Dans la forêt tropicale

Le parc zoologique des Mamelles est à l’ouest de la Route de la Traversée du massif de Basse Terre occupé par le Parc National de Guadeloupe. Visiter un zoo alors que tant de randonnées sont balisées parait un peu aberrant mais les guides (Vert et Evasion) le recommande chaudement. 16.90€, durée de la visite 1h30. On remet avec le ticket un plan inutile puisque la visite est fléchée et qu’il est impossible de prendre le circuit à l’envers. Des panneaux commentent les espèces végétales et animales. Le parc zoologique est installé dans une forêt de très grands arbres souvent colonisés par des lianes, bromélias et orchidées. La strate la plus basse est fleurie d’Alpinias rouges et roses, héliconias et autres fleurs tropicales. La promenade se déroule dans un parc fleuri magnifique.

Racoon

Les animaux sont enfermés dans de vastes enclos où ils peuvent se cacher. C’est amusant de les chercher. Les racoons (ratons laveurs) sont très actifs, certains sont au bord de l’eau et semblent laver quelque chose. La mangouste est beaucoup plus discrète, elle se cache dans les buissons. Il me faut un certain temps pour repérer l’iguane sur sa branche et les tortues se fondent dans le paysage.

Dans l’insectarium on voit de phasmes et des blattes. Dans le vivarium, deux boas, un python ry d’autres iguanes et un gentil anoli. Tout est très bien expliqué.

Le zoo se veut un conservatoire de la biodiversité. Une vidéo explique qu’il contribue à la reproduction d’espèces menacées qu’on relâche dans la nature dès que c’est possible  – histoire de persuader les visiteurs que leur visite participe de la préservation de la biodiversité.

On pénètre dans le domaine des lémuriens par un sas (entrer à la lumière verte, bien refermer la porte, rideau de chaînes métalliques, nouvelle porte) Il convient de faire bien attention à ses affaires et d’éviter d’exciter les animaux qui peuvent mordre. Certains visiteurs, même adultes n’en mènent pas large.

passerelles dans la canopée

Un parcours aérien dans la canopée sur des passerelles de bois et de ferraille suspendues très longue. Interdit de courir. Seulement deux personnes en même temps. Après avoir parcouru 14 passerelles j’ai hâte de me retrouver sur la terre ferme.
La fin de la visite est celle d’un zoo classique : ocelots, jaguar, les félins ont un magnifique pelage mais c’est triste de les voir enfermés. De même pour les aras que nous avons vus en liberté au Costa Rica.

Au Col des Mamelles des sentiers montent à la Mamelle Pigeon et à la Mamelle du Bourg (2h AR chacun).

Akomat

La Maison de la Forêt est fermée. Plusieurs promenades sont balisées des plus faciles (20 minutes) pour les familles aux plus difficiles. Je choisis celle du Bras de David (50 minutes) et passe une belle heure dans une jungle impressionnante. Même noté facile, la trace monte entre racines et boue glissante. Cette fois-ci encore je regrette mon bâton surtout quand je rejoins quatre sympathiques retraités deux bâtons chacun. Sur le sentier d’Interprétation, les arbres sont identifiés. Enfin un Akomat qui est bien un fromager et un arbre Bois-côtelette ((Citharexylum spinosum) .

Déjeuner sur le bord d’une route adjacente qui mène au Parking Corossol (tables de pique-nique sous des carbets)

cascade de l’écrevisse

Il y a beaucoup de monde à la Cascade de l’Ecrevisse qui se trouve à deux pas de la route (allée dallée accessible PMR). De l’autre côté de la route, une belle aire de pique-nique bondée. Avec la grève (réforme des retraites) beaucoup d’écoles sont fermées et on et venu en famille comme un dimanche supplémentaire. On peut aussi nager dans la Rivière Corossol derrière un barrage qui fait un petit bassin.

Encore une quinzaine de kilomètres jusqu’à Petit Bourg. Sortant de la luxuriante forêt, nous trouvons la Canne dans la plaine. Petit Bourg s’annonce avec de grandes routes, un lycée énorme et coloré, des constructions anarchiques. Ce n’est pas la campagne comme à Pointe Noire. La pression de la ville proche se fait sentir. Il est encore trop tôt pour s’installer au gîte. Nous allons à la plage la plus proche à Viard. Elle est envahie par les sargasses. Une odeur déplaisante se dégage. Personne sous les cocotiers. Dans les rares voiture il semble que se déroulent des activités louches. Les abords sont souillés, cela ressemble à une décharge sauvage. J’appelle les propriétaires du gîte pour avancer le check-in.

Notre bungalow est le premier à côté du portail. Comme promis au téléphone, il n’y a pas une seule marche et à peine deux mètres sur une allée cimentée. Dominique n’aura aucun problème d’accès. Mais nous ne jouissons d’aucune vue qui est masquée par les autres bungalows. Une grande pièce avec un coin salon et un grand lit. Une décoration très jolie bleu-marron avec quelques touches de jaune. Un ventilo à grandes pales au plafond (j’adore). La terrasse est fermée par des stores en cannisse, il y a une grande table et un coin cuisine. Comme je regrette le Bakoua et les colibris de Baille-Argent !

De retour du SuperU (cher et décevant) Mireille, notre hôtesse me montre la terrasse commune et le jacuzzi (en panne). Elle a organisé un joli espace fleuri avec une vue dégagée sur la mer et sur la Soufrière avec des chaises longues, un canapé destiné à tous les locataires. Une agréable brise souffle et je me promets d’y revenir souvent.

le soir tombe sur la Soufrière vue de Petit Bourg

Un apéro (punch, planteur et jus exotiques) réunit la famille de nos hôtes, un couple canadien et leurs trois enfants qui reviennent de la Soufrière, un couple français. C’est une belle initiative pour faire connaissance.

Richard cuisine des spécialités locales : nous commandons des ouassous cuisinés dans une sauce délicieuse accompagnés de petites boules de pâte de manioc.

Baignade à Petite Anse – Habitation Vanibel : café, bananes, vanille.

GUADELOUPE

le soir tombe sur la marina de Baille-Argent

Pour visiter la plantation de café Vanibel, la réservation est obligatoire par téléphone. La matinée est dédiée à la baignade. Courses en traversant Pointe Noire où je photographie les vieilles maisons de bois colorées avec les balcons.

maison de bois de pointe Noire

Nous sommes revenues à Petite Anse (entre Bouillante et Vieux-Habitants). Nous garons la KIA sous les raisiniers bord de mer (Coccoloba uvifera) qui procurent une ombre agréable. Ils sont assez solides pour qu’on y suspende des hamacs. Les sargasses sont de retour elles ne me font plus peur. J’ai nagé une bonne heure en évitant les gros paquets pour ne pas en être enguirlandée. J’aime bien retourner plusieurs fois sur la même plage, j’y prends mes marques et me sens en sécurité pour nager plus loin.

Plage de Petite Anse

Dominique que je croyais bien installée sous les raisiniers a du subir les ébats d’un jeune couple dans leur hamac suspendu juste en face du capot de la voiture sans aucune discrétion. Au bout de la plage, il y a un restaurant sur le sable : carte alléchante de poissons, dorades, poissons-lions.. Je commande des ouassous à la sauce coco accompagnés d’un gratin de patate douce, plat très réputé de la cuisine guadeloupéenne. L’attente est interminable. Nous nous sommes installées à 12h15, toujours pas servies à 13 h alors que la visite à Vanibel est réservée pour 14h30. Enfin la serveuse apporte les ouassous (écrevisses Macrobranchium caranus) roses sans sauce. Où est passée la sauce-coco ? le gratin de patates est servi dans une barquette en aluminium dans le style cantine plutôt que restaurant les brochettes de poulet de Dominique sont insipides et mal cuites. Expérience gastronomique très médiocre pour un prix-restaurant

Comme nous sommes pressées nous nous en remettons au guidage par GPS par de petites routes bien pentues au flanc de la montagne jusqu’à l’Habitation Vanibel.

le moulin de Vanibel

Nous sommes une vingtaine de touristes guidés par Joel qui présente l’exploitation familiale achetée en 1974. 28 ha dont 15 ha de café, diversifiée avec de la vanille des bananes et du cacao.

Le café pousse sous couvert végétal associé à du Pois-doux (Inga laurina de la famille des mimosacées, fabacées)Le Pois doux apporte un ombrage au caféier qui craint le soleil, il apporte un paillage au sol et comme légumineuse, de l’azote comme engrais. L’Habitation Vanibel se trouve à 400 m d’altitude et nécessite ce couvert tandis que plus haut au Brésil à 1300 m il n’en a pas besoin. Les caféiers qui sont autour de nous sont âgés de 27 ans. Ils peuvent vivre jusqu’à 70-80 ans mais seront moins productifs. Il faut attendre 5 ans pour que avoir des cerises. A Vanibel, 800g/pied. Le café de Vanibel et étêté ce qui le pousse à se ramifier et surtout facilite la récolte faite à la main. Les cueilleurs ne prennent que les fruits murs et repassent 4 à 5 fois pour une qualité optimale. Sur ce sol volcanique le pH est 4.5. L’acidité confère une meilleure qualité.

En Guadeloupe, les caféiers ont été remplacés par des bananiers, de culture plus facile et plus rentable. Autrefois le café de Guadeloupe était exporté, maintenant il ne suffit pas à la consommation intérieure (300t consommées, 15 à 20 produites) . Cette production « confidentielle » doit viser la qualité supérieure pour être rentable. On n’utilise aucun traitement chimique pour lutter contre les deux maladies du café : la rouille et les cochenilles. La fertilisation du sol vient du guano. Toutefois la production n’est pas certifiée bio à cause des herbicides.

José nous entraine un peu plus haut, au moulin, pour nous expliquer les étapes de la bonification du café.

Les cerises rouges sont « décerisées » : on enlève la pulpe.

Les graines vont fermenter pendant 24/48 h .

Il faudra alors les laver et les faire sécher sur de longs plateaux qui glissent sur des rails. Pour éviter les moisissures, on doit remuer doucement les graines et les mettre à couvert quand il pleut.

Pour enlever l’enveloppe : la parche, le moulin actionne des pilons qui pileront alternativement. Les engrenages bien visibles sont très beaux.

Le vannage ou séparation de la parche et des grains est effectuée dans une grosse machine Tarrare (elle est fabriquée à Tarrare près de Lyon).

Il reste une dernière transformation : la torréfaction qui s’effectue près du lieu de consommation. Le café est expédié vert. Curieusement, il gonfle lorsqu’il est chauffé (réaction de Maillard). Il est donc plus avantageux de le transporter vert avec un faible volume. Surtout, l’arôme du café grillé se conserve beaucoup moins que le café vert.

Les grandes compagnies (l’Or, Grand-mère, Nescafé…) procèdent à des assemblages de cafés de différentes provenances pour garantir au consommateur un goût homogène.

« Quel est le meilleur café ? « demande Joël. Réponse d’une fayote « le vôtre » ; selon notre guide, les goûts varient selon les régions/ les mélanges ne seront aps les mêmes pour les Américains qui le boivent allongé ou les Italiens, serré, ou les gens du Nord qui ajoutent de la chicorée.

Suivent, des explications économiques sur le prix du café coté en Bourse. Le café de Guadeloupe ne pèse rien à côté des productions brésiliennes ou d’Amérique Centrale. La cueillette à la main représente l’essentiel des coûts. Avec le salaire d’un cueilleur Guadeloupéen on pourrait rémunérer 25 Guatémaltèques.  Au Brésil la cueillette est mécanique. Vanibel doit viser la qualité pour bénéficier d’un « effet de niche ». Ils commercialisent deux sachets : l’un en toile de jute qui ne contient que leur café, l’autre en emballage habituel destiné aux cafés et aux supermarchés ne contient que 20% de café de Guadeloupe. Au supermarché le « fait en Guadeloupe » signifie parfois « torréfié » en Guadeloupe. Ceci explique pourquoi le café est invisible dans le paysage. L’exploitation touristique, elle, est bien visible.

La banane a chassé les plantations de café. Le groupe s’immobilise devant des bananiers. La  banane pousse et se récolte toute l’année. Elle est productive au bout de 4 mois, le café 5 ans. Les cyclones Irma et Maria en 2017 ont détruit 100% des bananeraies et pourtant l’année suivante la récolte était normale. Notre guide nous montre la grosse cloche violette qui contient les fleurs : certaines sont femelles ; d’autres hermaphrodites, d’autres mâles. Les première en haut de l’inflorescence ne seront pas pollinisées et avorteront. Les dernières (en bas) sont supprimées une fois le régime de fruits formé pour que les autres grossissent. Joël détache une fleur en forme de mini-banane (ovaire allongé), stigmate formant une étoile, étamines en périphérie. Quand le régime grossit on coupe la « fleur » qui reste et on emballe le tout dans un sac de plastique bleu qui le protège de la rouille, des taches et des chocs pendant le transport. La couleur bleue filtre les UV ;

Il existe de nombreuses variétés de bananes : plantain qu’on cuit, les petites, les meilleures ne supportent pas le transport par bateau, le transport par avion les rendraient inabordables. On exporte la variété Cavendish. Le prix des bananes antillaises n’est pas compétitif. Les subventions permettent aux agriculteurs de survivre : le kg se vend 10 centimes + 45 centimes de subventions. Mais le transport par containers est presque « gratuit » : la Guadeloupe importe presque tout de Métropole, sans les bananes, le retour se ferait à vide. On les remplit donc de bananes.

La vanille :

Fleur de vanille

La vanille est une orchidée, liane qui s’enroule autour d’un arbre. La vanille est pollinisée à la main. Le seul pollinisateur est l’abeille Mélipone est mexicaine et son acclimatation a échoué en dehors du Mexique. La pollinisation manuelle est très exigeante : la fleur s’épanouit à 3 heures du matin, à 10 heures, elle est déjà fanée. Il faut se lever tôt et agir vite, choisir els fleur à privilégier. L’inflorescence en contient parfois une vingtaine. Si on pollinisait tout, les gousses seraient trop petites. La gousse sera aussi délicate à cueillir et plus tard à conserver ; ce qui explique son prix. La vraie vanille est un luxe. L’industrie alimentaire utilise exclusivement des arômes chimiques. Si certaines glaces ont de petits points noir, ce ne sont pas les graines(poudre fine parfumée) mais souvent la gousse qui a été « recyclée » grattée une fois que la poudre des graines a été récoltée. Joël nous conseille de conserver les gousses au congélateur. Si la gousse est conservée à température ambiante, des cristaux blancs peuvent se développer. Ce n’est pas de la moisissure, au contraire c’est de la « vanille givrée » le « top » de la vanille, la plus parfumée. Comme le café, la vanille requiert de la patience. Elle ne donne qu’au boit de 4 ans, il faut lui fournir 50% de soleil, et 50% d’ombre. Comme engrais on épand le compost de la parche de café.

Dernier arrêt devant le cacaoyer : les belles cabosses rouges sont facilement observables. Le cacao serait une culture d’avenir. La demande s’est envolée depuis que la Chine s’est mise à en consommer. Elle exerce une grosse pression sur les producteurs africains.

La visite se termine par une dégustation de café : léger et parfumé qu’il est inutile (à mon goût) de sucrer ?

Les roches gravées de Plessis

Ce sont des pétroglyphes amérindiens dans la rivière Plessis. Malheureusement, la descente est longue (le chemin est bon avec des marches) Il faut compter 20 minutes pour descendre, 20 minutes pour les trouver  et au moins autant pour remonter. J’abandonne à mi-chemin.

 

la Soufrière, Matouba

GUADELOUPE

La Soufrière avant que le nuage ne la cache

Il a plu la nuit dernière, le bruit sur les tôles m’a réveillée. Pourtant ce matin le sol est à peine humide. Peut-être n’est-ce pas la météo idéale pour aller voir la Soufrière ?

Avec la carte Michelin j’avais repéré un itinéraire évitant les grandes routes, tout au moins une partie de la RN2 près de Basse-Terre et la RN3 vers Saint Claude. Une petite route D30, longeant l’aérodrome de Baillif , bordée du vert des itinéraires touristiques, conduit à Matouba, et de là à Saint Claude. Etrange, le GPS ne trouve pas la D30. Nous montons cette route Saint Louis tortillant dans les bananeraies. Sérénité et calme, nous sommes seules sur la route. Arrêt devant l’Habitation Bouvier – propriété privée et chien de garde- je devine des bâtiments agricoles, une étrange grande roue et une bizarre tour dépassant des toits. Le chien me dissuade d’approcher. Alors que je me congratule d’avoir choisi un circuit aussi agréable, un panneau nous apprend que la chaussée est submersible. Pas de problème, pensions nous, les trois gouttes tombées cette nuit n’ont pas fait déborder les rivières. Brusquement la route s’interrompt, trois gros rochers interdisent le passage. A Rivière Matouba a emporté toute la chaussée. Il ne reste plus qu’à faire demi-tour et emprunter els grandes routes. Nous prenons en autostop un homme qui marchait le long de la route. Il nous parle des dégâts du cyclone Fiona (septembre 2022) qui n’ont pas encore été tous réparés. Nous le questionnons au sujet de la culture des bananes.

la rivière Matouba a emporté la route

A l’église de Saint Claude c’est la Messe. L’église est ouverte, l’assistance chante. Je n’ose pas entrer.

A Matouba, nous trouvons facilement la stèle de Louis Delgrès : son buste et sa proclamation. Il n’y a rien de plus à voir. L’habitation où il s’était retranché avec ses partisans n’est pas visible. J’ai lu cet épisode de l’Histoire dans La Mulâtresse Solitude de Schwartz-Bart. De là la promenade Le Saut d’Eauqiu de Matouba est fléchée, recommandée dans nos guides, notée facile, aller/retour en moins d’une heure. Le panneau du Parc indique 45 minutes. La Mairie de Saint Claude a posé un grand panneau « Promenade Interdite » Je m’engage quand même, le sentier est bien tracé dans les bananiers puis arrive en corniche au-dessus de la rivière. Le chemin est fort glissant, par endroit boueux. S’il est interdit, il doit bien y avoir une raison ? Je regrette amèrement mon bâton de marche qui me permettrait de m’assurer. Je me raccroche aux branches mais me salis de boue. Si près du but, je renonce. Au retour, je croise 4 promeneurs. Un Guadeloupéen s’esclaffe « cela fait 5 ans que c’est interdit ! ». Je regrette de ne pas avoir vu la cascade et surtout de ne pas avoir mis le bâton télescopique dans la valise. Ma confiance dans les recommandations de promenade du guide Vert et d’Evasion est sérieusement entamée.

 

Nous avons confondu les « Bains chauds » de Matouba et les « Bains jaunes » de Saint Claude . Nous arrivons à Papaye au Point de Vue. Superbe. Le propriétaire du gîte « Les Pimentiers de Papaye » situé là nous commente le panorama à 360°. Derrière nous, la Soufrière, vers le sud entre deux sommets Les Saintes, Terre-de-Haut et Terre-de-Bas. Du côté de Basse-Terre, les champs de canne de la distillerie Bologne.

La route qui monte à la Soufrière traverse une forêt touffue avec les troncs des grands arbres formant de hautes colonnes autour desquelles s’enroulent les lianes tandis que des fougères arborescentes tentent de s’élever pour capter un peu de lumière ; Sol volcanique, humidité presque permanente, conditions idéales pour les végétaux. Lees voitures sont garées des centaines de mètres le long de la route en bas du parking près des Bains Jaunes où nous avons la chance de trouver une place. Marie-Jo, la propriétaire m’a affolée en parlant d’une randonné de 6 heures à faire obligatoirement avec un guide. J’ai renoncé à faire l’ascension. Sur place, on dit que c’est plutôt 1h30 (x2 pour l’aller/retour). Evidemment je regrette.

Le pas du roi

Je me contente du chemin facile pavé le Pas du Roi jusqu’à La Savane aux Mulets (ancien parking situé à 1142 m)  construit par l’armée coloniale e, 1887, très facile à suivre avec des marches taillées dans la roche assez hautes avec mes petites jambes pour me faire encore regretter mon bâton. Il y a beaucoup de monde. Encore une fois, j’admire les fougères géantes. Les mousses sont abondantes ainsi que les petits lycopodes qui furent au Carbonifère des arbres de 30 mètres de hauteur.

la Soufrière

A la sortie de la forêt on se trouve à la base du dôme dans une végétation arbustive de buissons d’espèces inconnues de moi. Malgré la couverture nuageuse j’ai l’impression d’arriver dans la lumière. La couleur jaune domine après le vert foncé. Quand j’arrive au sentier qui monte il est déjà 14h et les randonneurs redescendent ; je ne résiste pas à la tentation de grimper encore un peu. Plus de marche, un sentier rocailleux et abrupt. Le bâton de marche est vraiment indispensable ! je croise avec envie ceux qui s’aident de deux bâtons. On perçoit même loin du sommet l’odeur sulfureuse des fumerolles, discrète mais bien présente. Les flancs irréguliers du volcan présentent des fissures verticales. Ces grandes plaques jaunes sont-elles du soufre ? pas du tout ce sont des mousses très épaisses jaunes. Pas de coulées. Il faudrait monter encore beaucoup plus pour se trouver dans un univers minéral.

Le nuage descend rapidement, pour ne pas être prise par le brouillard il faut rentrer rapidement. Je suis toute transpirante quand je reviens à la voiture. Les bains jaunes sont pris d’assaut par les randonneurs qui s’y délassent. Certains font la planche, d’autres laissent pendre leurs pieds dans l’eau, assis sur le rebord de pierre. Je suis un peu déçue de voir que l’eau n’est pas jaune du tout. La pierre est noirâtre, l’eau transparente.

J’ai hâte de me baigner dans la mer. Nous retournons à la Petite Anse près de Marigot. Aujourd’hui dimanche, le parking à l’ombre est bondé. Dominique doit choisir entre ombre sans la vue ou vue sur mer au soleil. Pas une vague, l’eau est limpide. Je nage tranquillement d’un bout à l’autre de la baie.

Nous voulons voir les Bains Chauds Thomas à l’entrée de Bouillante. Le petit bassin en bord du rivage alimenté par une source chaude est construit en roches volcanique de la taille d’un gros jacuzzi. Il est occupé par une dizaine de personnes tandis qu’une bonne douzaine attend son tour patiemment. Je n’ai pas trop envie de poireauter encore moins de subir les bavardages et les plaisanterie des baigneurs inconnus qui mijotent dans l’eau chaude. J’avais pourtant bien aimé l’expérience au Costa Rica.

De retour à Créteil j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt le podcast des Nuits de France Culture Polémique autour du volcan de la Soufrière à la Guadeloupe en 1976 CLIC 

20 jours en Aout 1976 racontés par les témoins, journalistes, Préfet, Maires ou simples habitants. Plaisir de réécouter la voix inimitable d’Haroun Tazieff et ses explications très claires.

Basse-Terre, déjeuner à Rocroy – Habitation Côte-sous-le-vent

GUADELOUPE

Basse -Terre Hôtel de Ville

7h30, sur la RN2 vers le sud en passant par Pointe Noire, Malendure, Bouillante, Vieux-Habitants sous la lumière du matin  avec moins de circulation que d’habitude. Une heure plus tard nous arrivons à Basse-Terre. L’entrée de la ville est affreuse avec ses panneaux publicitaires, ses zones commerciales et artisanales. La route longe le port. Très rapidement nous sommes au marché. Suivant les conseils et les plans de nos guides Dominique gare la voiture rue Baudot à quelques pas de la Maison du Patrimoine( fermée aujourd’hui samedi) installée dans une belle demeure coloniale avec des balcons de ferronnerie.

Un passage étroit mais éclairé de beaux lampadaires me conduit à l’Hôtel de Ville tout blanc, je suis le cours Nolivos, très commerçant puis la Rue de la République très animée. De la musique sort des boutiques, les gens s’interpellent. Dans la rue , les commerces de textiles sont tenus par des Libanais, j’entends parler arabe. Cette ambiance tropicale et bruyante me rappelle San José au Costa Rica. Un pont enjambe la Rivière aux Herbes et j’arrive au marché très animé le samedi. Trois SDF sont allongés sur le trottoir, une marchande qui comptait y installer son étal les houspille en Créole ; comme les cris n’ont pas l’effet escompté, elle revient avec une bouteille d’eau et les asperge violemment pour les faire déguerpir.

marché de Basse-Terre

Sous la halle du marché de nombreux commerces sont destinés aux touristes : robes, nappes, sacs de toutes sortes en madras, chapeau de paille, bouteilles de rhum ou de punch, épices diverses. Je me laisserais facilement tenter par une robe en madras orange, jaune et blanche. De retour à Créteil, elle risque de dormir dans l’armoire en compagnie des tenues africaines ou des djelabas. Une marchande m’interpelle en me proposant des gousses de vanille. Cette tentation est de l’ordre du raisonnable comme les bâtons de chocolat ou la cannelle. Stoïquement je résiste et me contente de photographier les fruits et légumes. Les poissons se vendent de l’autre côté de la route bien passante.

Passage des marches

En sortant du marché je remarque le Passage des marches décoré par un mosaïste. Basse Terre est peinte de nombreuses fresques Street Art : certaines vantent le magasin sur lesquelles elles sont peintes, de nombreuse ont pour thème l’esclavage, même le mur de la prison est tagué !

J’arrive rapidement aux bâtiments officiels, Palais de Justice, Conseil départemental, bâtiments administratifs imposants. Imposante aussi la Cathédrale en lave avec sa façade classique. A l’intéreiur, atmosphère de recueillement. Comme les bénitiers sont à sec depuis le Covid les gens se signent ostensiblement. La mécréante que je suis entre discrètement pour observer l’autel de pierre claire et la coûte de bois.

Pour arriver au Fort Delgrès il aurait suffi de longer la mer en retournant au marché mais le GPS a préféré nous faire un tour des quartiers hauts par le chemin de Circonvallation et le Jardin botanique pour redescendre tout droit. Au fort, une heureuse surprise attend : une déambulation artistique autour de sculptures d’Hervé Guibert « en Rezistans ». Inspiré par les évènements de mai 1802, le plasticien a façonné de curieux animaux de ferraille et de pierre, une libellule, un papillon-en ondulant. une grande araignée de ferraille est destinée à trôner sur un rond-point, elle a été réalisée avec les enfants d’une école qui ont décoré des noix de coco, les oeufs de l’araignée.

Basse-Terre fort Delgrès

Cette animation est joyeuse. Une clarinette participe à la déambulation. Les participants sont munis de parapluies pour se protéger du soleil. Moi pas, je rejoins l’ombre des grands murs du fort. Bastions, canons et architecture défensive n’ont jamais été mes sujets de prédilection, mais l’herbe est bien verte pas tondue, elle oscille gracieusement au vent.

monument à Delgrès Roger Arekian

La Poudrière a été conçue très solidement pour résister aux incendies. Elle a servi e 1976 lors de l’éruption de la Soufrière : les géophysiciens y ont installé leurs instruments de mesure pensant qu’ils y seraient à l’abri. Sur le Bastion du Galion, le plus haut, une table d’orientation permet d’identifier les principaux sommets, mornes et pics. La Soufrière malheureusement est cachée dans le nuage. La visite s’achève dans le labyrinthe d’énormes pierres disposées en spirale autour de la tête de Louis Delgrès œuvre de Roger Arekian.

Restaurant La Baie à Rocroy

Nous sommes arrivées vers 11h30 à la Plage de Rocroy. J’ai le temps de me baigner avant le déjeuner. Installées à la même table nous commandons les mêmes plats que jeudi. J’aime bien « prendre mes marques ». Quand nous évoquerons les vacances en Guadeloupe ce sera « notre » restaurant. La baignade qui suivra sera encore plus délicieuse. Boustrophédon, cette expression me revient quand je sillonne la baie en faisant des allers et retours .

L’Habitation Côte-sous-le-vent

A un kilomètre au sud de Pointe noire, L’Habitation-Côte-sous-le-Vent est à l’ombre de très grands arbres.

Plusieurs axes de visite : un musée du bois, un arboretum et un musée-pirate.

Musée du bois :  l’atelier de l’ébéniste avec ses outils rangés , les  productions :  objets de bois, jouets toupies, patinettes, camions de bois, des instruments de musique : Gwoka (tambour traditionnel guadeloupéen). Des échantillons de bois et leur usage en menuiserie  Amandier (Terminalia cattappa), Mahoganny, Courbaril, Bois-rouge carapate (Amanoa caribaea). Le thème du bois m’intéresse beaucoup :

 

Enfin je vois les arbres de mes lectures, en échantillon et dans l’arboretum. J’aimerais voir le Courbaril et l’Akomat. L’Akomat est le fromager ou le kapokier avec ses énormes racines Il accueille le visiteur de l’arboretum avec les légendes qui lui sont attachées : soukougnans, volants et autres esprits mauvais qui changent de forme sur ses branches basses. Découvert à Cuba après une lecture de Zoé Valdès qui l’appelait la Ceiba, arbre magique.  D’autres arbres aux noms familiers renvoient à des espèces très exotiques : Raisiniers bord de mer( Coccoloba uvifera), Poirier-pays (Tabebuia) aux fleurs à corolles roses, Châtaigniers qui sont les arbres à pain

Thème inattendu : la flibuste avec les pirates noirs :25 à 30% des flibustiers étaient noirs et aucune distinction raciale n’existait là. Il semblerait que le pont des navires pirates était le premier lieu de pouvoir des noirs au sein du monde blanc du XVIIIème siècle. Des femmes se sont aussi distinguées : Anne Bonny et Mary Read, encore Zoé Valdès Louves de Mer a raconté leurs exploits.

Une maison créole est soigneusement meublée. Est-elle authentique ? J’en doute un peu. J’ai préféré les modestes reconstitutions de L’Ecomusée Créolart à Sainte Rose.

 

 

Autour de Sainte Rose : bains de Sofaia, Ecomusée, le petit port dans la mangrove, plage des Amandiers

GUADELOUPE

Ecomusée Créolart Sainte Rose : Alpinias rouges et roses

Le matin sur la terrasse

Chaque matin, les poules nous réveillent bien avant le lever du jour (6h15). Je profite de la délicieuse fraîcheur du matin sur la terrasse pour observer le colibri qui va de fleur en fleur, si rapide, sur la verveine blanche. Jai parois la visite d’un petit oiseau noir à gorge rouge, il me semble le sporophile curio , rouge-gorge ; il n’est vraiment pas craintif ; très curieux il s’approche de moi. Un autre oiseau jaune et gris va de branche en branche, probablement un sucrier à ventre jaune. J’ai vraiment plaisir à rédiger mes carnets.

6h45, Dominique me rejoint avec les oranges du petit déjeuner. Petites, vertes, dures, elles ne valent rien. Elles proviennent d’Amérique latine.

Bains de Sofaia

« Bains Sofaia « douche sulfureuse

8heures, nous faisons route vers Sainte Rose. La route des Bains de Sofaia (D19) grimpe sec vers la montagne. . En 6 km, près de 300m de dénivelée.   Je suis surprise par les nombreuses maisons dans leurs beaux jardins s’étageant sur la colline. A la fin de la route un vaste parking autour d’une pelouse. An bas les « bains de Sofaias » plutôt la douche d’eau thermale : l’eau sulfureuse goutte de nombreux trous d’une double rampe dans un espace creux, carré, carrelé.

Départ des randonnées : Le saut des trois Cornes est noté facile, 3.2 km, 1h20. Aller ou aller /retour ? J’essaie de me connecter sur Visorando sans succès. Trois femmes de mon âge me découragent, selon elles, la cascade serait à 1h30 et autant pour revenir. Je m’engage sur la trace de Baille-Argent, large piste et décide de marcher 30 minutes et de revenir par le même chemin. Au bout de 20 minutes je retrouve le sentier des 3 cornes et regrette bien de ne pas l’avoir fait.

Ecomusée Créolart

La descente de la D19 est beaucoup plus spectaculaire que la montée avec une vue fantastique sur la mer et sur la mangrove. Une fois encore se confirme l’idée qu’un merveilleux paysage entrevu de voiture peut donner des photos médiocres. Il suffit de descendre du véhicule pour ne plus rien retrouver de l’émerveillement ; de remarquer l’alignement des poteaux téléphoniques et toutes sortes de murs et clôtures disgracieux. Notre cerveau les élimine tandis que l’appareil photo enregistre tout.

l’Ecomusée

Ecomusée : case créole

Caché derrière un grand mur, l’Ecomusée ne paie pas de mine, il n’a même pas de parking. .Il faut sonner à la porte et attendre qu’une dame vienne ouvrir. Entrée 10€. La dame offre un délicieux cacao sucré mais sans lait.

La visite est libre à travers le jardin de plantes médicinales, de nombreux panneaux guident le visiteur.

Je découvre que les bégonias blancs peuvent être consommés en salade, avec modération cependant, ils sont riches en acide oxalique. La jolie fleur jaune d’Estragon du Mexique (Tagetes lucida) de la famille des œillets d’Inde peuvent servir de condiment dans les papillotes des dorades ou pour parfumer la marinade.

Plantes-condiments et surtout plantes-médicaments : nommés Efferalgan et Doliprane  (Plectranthus grandis et Plectranthus neochibus)

Poivre noir, Calbassier pour les calebasses, Aristoloche pour chasser les mauvais esprits….

Il y aurait beaucoup à apprendre en ce qui concerne la médecine traditionnelle.

Le long d’un mur perpendiculaire on a installé de mignonne vitrines représentant les communes de Guadeloupe. Chaque vitrine est une petite installation évoquant le bourg. Pour Vieux-Habitants, des photos de l’église la plus ancienne de l’Île, avec des petits sacs de café, Pointe Noire est représenté en tableau de sable, Deshaies raconte la tragédie du crash du Boeing 707 en 1962, Sainte Rose une charrette …C’est joli, touchant. J’apprendds l’histoire de chacune de ces communes.

 

La suite est historique : découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et en face des documents d’époque accusateurs comme ces étranges Conseils d’un colon à es successeurs, signé Yvon Bourges 1958

Après l’Histoire, la vie quotidienne : fabrication du bâton-cacao, de kassav , de bâton de cannelle, selon les procédés traditionnels. Une case créole est meublée, une autre raconte les Zindiens (1852-1885) et l’arrivée des Syro-Libanais dès 1870 illustrée par une boutique de tissus.

Une visite ne suffirait pas pour épuiser les richesses de ce petit musée qui contraste avec le Jardin Botanique de Deshaie touristique plein de QR-codes branchés. Petit musée plutôt désuet mais riche en documents, siège d’animations pédagogiques. Le restaurant tout simple me rappelle certains restaurants du Togo ou du Bénin avec leurs lourds meubles de bois sans aucun décor futile. Le côté vieillot est sympathique. Il fait plutôt appel à la curiosité et à la réflexion qu’à l’esbrouffe.

en bordure de la mangrove

En bordure de la mangrove

Nous allons à la limite de la mangrove à la Pointe Granger au bout d’une route qui aboutit à un petit port. Quand nous arrivons, l’endroit est désert. Arriveront plus tard des pêcheurs et un véliplanchiste. Quelques bâtiments sont en piteux état. Des bateaux à moteur au port, un ponton de bois. Des îlots verts barrent l’horizon. La mer est lisse comme un lac. L’eau transparente. Je me renseigne auprès du véliplanchiste : peut-on se baigner ? Il semble que oui et que l’eau est propre. Baignade idéale, je fais des traversées comme à la piscine.

Pendant notre pique-nique des voitures sont arrivées, des gens du coin se rafraîchissent dans l’eau, bavardent assis, flottant avec une frite en mousse sous les aisselles. Un homme gonfle une voile de Kite. Il nage poussant son équipement jusqu’à la risée pour aller chercher le vent. Je vais explorer la mangrove protection du littoral mais hostile à la présence humaine, infranchissable.

Plage des Amandiers

La plage des Amandiers

Sur le chemin du retour nous nous arrêtons à la Plage des Amandiers à 4 km à l’ouest de Sainte Rose. Parking ombragé surplombant une magnifique plage de sable battue par l’océan. A l’extrémité une pointe porte une croix blanche ; je retrouve le sentier du littoral bien balisé et le parcours vers Sainte Rose. Je découvre un polissoir préhistorique amérindien. Les amandiers (Terminalia Catappa) n’ont rien à voir avec les amandiers méditerranéens. Ce sont de grands arbres avec de grandes feuilles coriaces qui ont des fruits en forme d’amandes mais très grosses. Belle promenade sous les amandiers et retour pieds nus dans l’eau mais la vague est puissante.

Nous rentrons tôt pour profite du beau jardin et nous endormons tôt après cette journée bien remplie pour être réveillées à 23h30 par la musique, les tambours des voisins. C’est vendredi soir, ils se réunissent jusqu’à tard dans la nuit.

 

 

Ti-Jean l’Horizon – Simone Schwartz-Bart

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Simone Schwartz-Bart m’a enchantée avec Pluie et vent sur Télumée Miracle, je lui ai fait confiance pour m’accompagner en voyage à la Guadeloupe avec Ti-Jean l’Horizon qui a été mon livre de chevet pendant les 3 semaines des vacances. Très occupée par les visites, je lis peu en voyage et j’ai été heureuse de le retrouver et de suivre cette histoire un peu compliquée qui commence sur Basse Terre dans un village perdu Fond-Zombi à la limite de la forêt avec ses cascades, ses bassins d’eau claire, ses précipices

« Le village proprement dit n’était qu’une simple enfilade de cahutes, le long d’une route poudreuse qui finissait là, au pied des solitudes du volcan. Ainsi rangées à la queue leu leu, elles faisaient penser aux wagons d’un petit train qui s’élancerait dans la montagne. Mais ce train-là n’allait nulle part, il s’était arrêté depuis toujours, à moitié enfoui sous la verdure : n’était jamais parti. »

Pendant mes randonnées j’ai pu imaginer mettre mes pas dans ceux du héros

« Le sentier se perdit subitement dans une haie touffue qui s’élevait à trois mètres du sol, aloès, cadasses et autres plantes épineuses, ainsi que des lianes rampantes qui envoyaient des rejets, des bouquets d’orchidées, roses, mauves ou tachetées de sang. C’était au pied d’une rampe étroite bordée de précipices, tout en haut de laquelle se dressait la masse imposante du plateau. On aurait dit un donjon, une citadelle entourée de vide, qui donnait l’impression de monter une garde sévère sur la vallée. Et Ti Jean eut beau sonder la haie, nulle part il ne vit la moindre ouverture ou trace de passage de l’homme : si l’endroit était encore habité, estima-t-il, ce ne pouvait être que par des fantômes en apparition… »

j’ai pu imaginer ce plateau où se sont réfugiés, il y a bien longtemps les esclaves marrons, et ceux qui avaient gardé en souvenir ou par magie le contact avec leurs ancêtres africains.

Célébration de la nature, de l’eau qui cascade, du volcan. Ce récit a éveillé mon imagination, réalité ou magie, j’ai presque accepté l’idée de la transformation en corbeau et les pratiques de sorcellerie.

L’idée de la vache monstrueuse qui avale le soleil et répand les ténèbres sur la Guadeloupe, du temps qui s’inverse quand

« la lune était désormais l’astre du jour »

avec toutes les conséquences sociales, distributions de nourriture, changement des prêches du curé, mais aussi mainmise des propriétaires blancs sur les cases des pauvres gens de Fond-Zombi qu’on enferme derrière des clôtures de l’Habitation .

« l’abomination était en train de renaître, ils en reniflaient la vilaine odeur dans l’air […]quelle abomination? ah, l’esclavage… »

Dystopie.

Mais le retour de Ti Jean « au pays de ses ancêtres par le gouffre ouvert dans les entrailles de la bête » change la donne. Il a quitté la Guadeloupe pour faire surface en Afrique, au Niger, peut-être. Ce voyage souterrain sous l’Atlantique est suggéré dans d’autres légendes : après leur mort les esclaves rejoindraient leur pays… Délocalisation dans l’espace mais aussi dans le temps. Si certains artefacts comme les camions suggéraient que Ti Jean, en Guadeloupe vivait au XXème siècle, il surgit dans une Afrique primitive, d’avant la colonisation, dans les guerres tribales. 

Les livres suivants se déroulent au Royaume des Morts , Ti Jean est un étrange fantôme, errant dans l’éternité. Le temps est alors bizarrement aboli. Son errance est une Odyssée, il cherche à faire le chemin inverse : retrouver la Guadeloupe qui est son Ithaque. 

Plus aucun réalisme.

Je me pose toutes sortes de questions : retrouvera-t-il Egée, son amour de jeunesse? Le soleil sera-t-il revenu pendant son absence sur Fond-Zombi? Malgré le manque total de cohérence je poursuis ma lecture dans le mythe avec intérêt et plaisir.

bien, reprit Ananzé avec une pointe de raillerie… c’est quand j’ai commencé à mourir et à renaître, et mourir
encore et renaître. La première fois, c’était à l’habitation Bellefeuille où ils m’avaient pendu haut et court, tel un congre salé. Ils m’ont laissé trois jours sur la corde et je ne bougeais pas. Je savais bien que j’étais mort et pourtant, j’entendais leurs paroles, je sentais la brise sur mon corps. Quand ils m’ont jeté dans le trou, j’ai creusé la terre au-dessus de moi et je suis sorti, j’ai été vers une autre plantation. Je ne croyais pas à ce qui m’était arrivé, c’était pour moi comme dans un rêve. Et même après la deuxième, la troisième fois, je n’y croyais pas tout à fait et il me semblait que j’avais perdu la tête. Mais un jour, je présente mon corps à l’habitation Sans-fâché et les gens de se sauver à ma vue, criant qu’ils m’avaient déjà pendu, oui, haut et court, pas plus tard que l’année précédente : alors j’ai compris que je n’avais pas perdu la tête, mais étais victime d’un enchantement… qui dure encore, en ce moment où je vous parle, acheva-t-il en un sourire ambigu, incertain.

 

 

 

le Musée du café de Vieux-Habitants, soirée aux Manguiers

GUADELOUPE

machine pour décortiquer

J’avais imaginé que nous visiterions le Domaine de Vanibel (café, vanille cacao). La visite est guidée et il faut s’inscrire par téléphone à l’avance.  Trop tard ! c’est complet.

A l’entrée de Vieux-Habitants, le Musée du Café  est installé dans l’usine de bonification du café Chaulet (depuis 1860). De premier abord, c’est tout neuf, il manque un peu le charme de la patine. Beaucoup plus tard j’apprendrai que le cyclone Fiona a fait de gros dégâts et qu’on a û reconstruire. Ce n’est pas vraiment un musée mais une entreprise où l’on peut sentir la torréfaction et entendre les grains aspirés dans des tuyaux. On ne voit pas grand-chose à part des sacs de jute dans l’entrepôt contigu. La visite commence avec la dégustation d’un délicieux café puis on visite seul en lisant des panneaux très détaillés.

Les opérations de bonification du café (Chaulet  est bonifieur)et les machines sont présentées, maintenant toutes sont électriques mais au début un moulin avec une roue à aube actionnait les anciennes machines.

Le café est cueilli de septembre à décembre  sous forme de cerises (drupes rouges) la première opération sera donc le décerisage pour débarrasser de la pulpe qui fermente rapidement, puis décorticage, lavage et séchage des graines, en fin  la torréfaction.

 

Un panneau raconte l’histoire de l’arrivée du café aux Antilles : Gabriel Mathieu de Clieu apporta les  deux premiers pieds d’Arabica provenant de Versailles dans une serre portable à bord du Dromadaire. Le bateau encalminé doit se débarrasser de ses réserves d’eau. Il faut partager l’eau restante entre les hommes et les caféiers. Lorsque les alizés reviennent un seul plant a survécu. La plan miraculé est replanté dans le domaine du Chevalier de Clieu. Il obtient une récolte miraculeuse au bout de 18 mois qu’il partage avec les maisons religieuses et certains habitants de la région. L’apogée de la fièvre caféière en 1777.

La plantation de café a subi les aléas des tempêtes : en 1928 un cyclone ravage la Côte-sous-le-vent et la culture bananière remplace celle du café. En 1992 l’exportation du  café de Guadeloupe est quasi-nulle mais Chaulet tient à maintenir la qualité.

Après les achats de fruits exotiques à Malendure , nous rentrons vers 17h heureuses de profiter d’une bonne heure de soleil dans notre beau jardin.

Aux Manguiers Otantik : de notre terrasse le Bakoua

Après dîner, Marie-Jo nous raconte l’histoire des Manguiers Otantik, propriété familiale octroyée à l’arrière-grand-père, ancien combattant de la Grande Guerre. Peu à peu la famille a défriché, embelli, construit les cases pour les visiteurs, familles et amis. Nous ne sommes pas dans un « village de vacances » de promoteur et notre hôtesse tient à maintenir une ambiance familiale. Elle nous parle des poules « sauvages » qu’il ne faut pas nourrir et qui assurent la propreté du terrain picorant les insectes et myriapodes désagréables comme les ravets (cafards), scolopendres et scorpions. Elle conte aussi l’adoption de ses chats, le premier, mal sevré, trop petit a été élevé par un autre chaton à peine plus âgé. Les deux complices sont joueurs et affectueux, ils s’amusent à effrayer les poules. La chienne Zelda est tranquille mais elle a un regard suppliant quand nous mangeons. Je la questionne au sujet de l’arbre fascinant avec sa « chevelure » bicolore ses nombreuses branches et ses racines aériennes comme celles des palétuviers qu’on compare parfois à des échasses. C’est un Bakoua, Pandanus sanderi. Ses racines souterraines s’étendraient très loin et maintiendrait le sol en cas de cyclone et de catastrophe. En Martinique, on confectionne avec ses fibres le chapeau traditionnel qui s’appelle aussi bakoua. Notre hôtesse nous montre aussi les crotons qui bordent les allées et la verveine blanche appréciée des colibris, les héliconias en buisson. Cette conversation en fin de soirée est très précieuse. Les échanges avec les habitants locaux sont essentiels au voyage.