Parcours immobile – Edmond Amran El Maleh

LIRE POUR LE MAROC

le Mellah d’Essaouira

« Le dernier juif d’Asilah. Plus aucun juif ne mourra dans cette blancheur. Plus aucun ne naîtra dans la gloire de cette lumière. Nahon ! En lui s’est accompli un destin. D’autres peut-être sont morts en cette ville après lui, mais leur mort a été dérobée à cette terre de leur naissance. Enterrés ailleurs pour ne pas dire qu’ils avaient vécu là. »[…]
Une communauté est morte. La communauté juive zaïlachie. »

C’est avec une immense nostalgie que j’ai cherché ce qui reste du Mellah d’Essaouira. 

Le Mellah est vide mais un peu plus loin, dans le cimetière juif derrière Bab Doukkala, Edmond Amran El Maleh repose depuis 2011. J’ai lu Mille ans et un jour en une soirée d’un souffle, une illumination, Mille ans et un jours, compte la Communauté juive marocaine qui s’est évaporée, partie en Israël et en France… et je cherche chaque fois ces absents avec émotion. Parfois, je les trouve dans les endroits les plus improbables comme à Ifrane-Atlas – Sahir où leur présence est attestée depuis plus de 2000 ans, ou pendant la cérémonie du thé près de Tafraout dans la maison berbère où on cite les pratiques de purification juives de la nourriture, restées vivaces chez ces berbères musulmans. 

Portes du Mellah

J’ai cherché d’autres livres d’Edmond Amran El Maleh. le Café Zirek est indisponible. Celui qui l’a dans sa bibliothèque pourrait-il se faire connaître? Mais j’ai trouvé l’édition numérique de Parcours Immobile. 

« Un commencement de roman comme un début de bronchite : naissance d’un jeune homme sage qui rêvait de devenir éleveur de mots. Dévoré par ses mots. Dérives vers de glorieux royaumes. »

Roman ou biographie? Ecriture circulaire – guilgoul – qui met en scène un Juif tantôt Yeshuua, Josua ou Aïssa, natif de Safi comme l’auteur, habitant Essaouira ou Asilah, villes atlantiques, villes blanches. Fils de commerçants juifs, amoureux des mots

« ce cahier c’était un commencement de journal c’était son ranch où il élevait les mots une idée qui lui était peut-être venue de la lecture de Mallarmé, Mallarmé était écrivain mais lui était éleveur : il s’enchantait de ces bêtes superbes qu’il avait nourries choyées soignées des mois des années dans le plus grand secret il pouvait les voir comme un vaste troupeau dont il était le maître »

Enfant rêveur, asthmatique . Josua devient Aïssah, révolutionnaire professionnel,  d’abord en Espagne proche, antifranquiste, dans les années 30, puis communiste, permanent et clandestin quand le Protectorat Français sous la directive d’Auguste Juin prend des mesures violente pour réprimer les velléités d’indépendance des communistes marocains.

« Quand Rachid Houmrani lui avait dit « le parti va demander l’indépendance » Aïssa trouvait là la simple
confirmation de ce qui travaillait l’intérieur du parti comme une fièvre depuis des mois quelque chose comme les douleurs de l’enfantement. »

Et dans son style circulaire, l’auteur joue avec les mots d’ordre du temps stalinien, et fait maintes variations sur « le pain et les roses« 

Soixante-dixième anniversaire du camarade Staline « A ta santé, camarade » Picasso un verre à la main, à
l’ombre de la colombe, célébrait l’événement et les deux bicyclettes d’Aragon aussi dans l’éclat du dialogue des
deux guidons. Soixante-dixième

Clandestinité, mais aussi autocritique, « Le bon Mentor et le petit parti marqué à sa naissance par une mauvaise étoile »

j’ai un peu ramé dans les subtilités du Bureau Politique, mots d’ordres de Paris, oude plus loin…Budapest.. duplicité des messages, c’est loin tout cela. L’histoire m’a un peu échappé.

« Du haut de cette grande terrasse de la villa où se tenait l’Ecole, il regardait la mer avec fascination avec cet
envoûtement qui ne le quittera jamis : Ulysse de Joyce une vie commence s’ouvre sur la mer tout en haut d’une
maison on y accédait par un escalier en bois à ciel ouvert le café est installé sur la terrasse face à la mer des nattes par terre quelques petits tabourets. Il y allait tout gosse avec Hassan qui lui servait de gouvernante en quelque sorte, il y allait peut-être en cachette de ses parents un verre de thé et un peu de poisson frit encore tout chaud il en gardera toujours le goût, le goût aussi de ces silences accordés »

En revanche, l’évocation d’Ulysse, celui de Joyce, bien sûr…les sardines d’Essaouira ou de Safi m’ont enchantée. Poésie de cette vie perdue…

Et toujours la fidélité :

Josua n’avait jamais caché qu’il était juif, à l’intérieur comme à l’extérieur du parti c’était chose connue, il était un juif libre de dire qu’il l’était, de se dire qu’il pouvait ne plus l’être s’il le voulait. Libre parce qu’enfin il avait effacé il s’était affranchi libéré de la honte d’être juif, de la honte et de la peur d’accompagner sa grand-mère dans la rue parce qu’elle avait un foulard « sbinia »

 

Une journée à Essaouira

PLAGES ATLANTIQUES ET ANTI-ATLAS

Petit déjeuner idéal au soleil sur la terrasse : crêpes feuilletées repliées en carré, deux beignets, jus d’orange frais, omelette, salade de fruits, mile et confiture. Tellement abondant qu’il faudra sacrifier les sardines de midi.

Où vont donc ces enfants qui marchent sagement sur la route ?

A la plage où se déroulent des matches de foot sur les terrains dessinés sur le sable mouillé. Ils arborent dossards, chaussettes et chaussures de foot à crampons, pas tous, certains sont pieds nus. Est-ce un tournoi exceptionnel ou l’entrainement hebdomadaire ? Partout, on vient le dimanche à la plage en famille. Avec les touristes, l’été cela fait beaucoup de monde. A la mi-décembre l’affluence reste raisonnable et la plage est immense.

Le dimanche n’est pas le jour idéal pour aller au distributeur de billets. Le premier au logo de la BNP est en panne.  Le second est récalcitrant, son écran tactile peu sensible, finalement apparait le montant du retrait et la commission de la banque. Ma carte sort (soulagement) mais pas les billets ni le reçu. Il faudra surveiller sur l’appli du téléphone si le compte est débité. Comme je n’ai toujours pas d’argent je renouvelle l’opération à la Société Générale : avec succès. Les retraits max sont de 2000 DH (200€) comme il faut presque tout payer en espèces, les retraits seront fréquents.

Le port d’Essaouira est très actif. Le plus renommé du Maroc selon Wikipédia. Le port historique est gardé par un petit fort carré construit sur une belle digue de pierre de taille. Dans la petite rade quelques barques bleues. 50 Dh pour la visite de la Skala du port, un peu cher !

Je passe une petite porte dans le grillage, arrive à la criée puis aux quais où de nombreux bateaux de pêche sont amarrés. Filets et caisses sont entassés. Parmi les poissons je vois des murènes jaune et noires, un petit requin. Un homme fait de petites pyramides avec ses sardines puis disperse du gros sel. Je retourne à la ville par une belle arche de pierre : Bab el Marsa au fronton encadré par deux colonnes.

Médina

Une porte du Mellah

J’avais été lassée par les boutiques pour touristes avec leur marchandises standardisées près de l’entrée de la médina. Je dépasse le Bastion et poursuis vers le nord en direction du Mellah. En chemin, j’achète l’huile d’argan que Guy no. Des plaques commémoratives en hébreu honorent les Juifs importants de la communauté. us a demandée et entre dans la belle boutique de bois de thuya où nous avions acheté un coffret autrefois. Le bois de thuya si finement poli, avec ses nœuds, sa brillance naturelle, me plait énormément. Il règne dans le magasin un parfum spécial qui m’enchante.

Mellah

Portes du Mellah

On reconnait les maisons du Mellah à leurs fenêtres qui donnent sur la rue alors que les maisons musulmanes ont des murs aveugles. Au-dessus d’une très belle porte au linteau sculpté, une étoile de David, en-dessous, des bouteilles vides, grandeur et décadence. Plus loin, la synagogue me confirme que j’ai atteint mon but de promenade. Une dame passe la serpillière, je n’ose pas imprimer de traces sur le carreau humide et n’entre pas. Je le regrette. De l’autre côté de la rue, il ne reste plus qu’une palissade qui cache les ruines des maisons. On y a fait une exposition des photographies anciennes noir et blanc ou sépia, agrandies montrant les habitants autrefois. En face c’est à peine mieux, tout s’écroule sauf un bâtiment rénové qui était l’Ecole Talmudique. Un centre social s’y installe. Dans la cour, le puits a un couvercle avec une étoile de David. L’homme qui me fait visiter me montre les listes des élèves des dernières promotions, la plus récente date de 1963 « partis en Israël » comment-t-il. Derrière Bab Doukala se trouvent les cimetières juifs et chrétiens. L’écrivain Edmond Amran El Maleh dont j’avais beaucoup aimé Mille ans un jour y repose depuis 2011. Il faudrait que je relise ce livre et que je trouve le Café Zirek (indisponible) mais je viens de télécharger Parcours immobile qui commence précisément dans ce cimetière marin. Nostalgie.

Commerce populaire

Retour de Bab Doukala par la grande rue qui coupe en deux la ville close tout d’abord occupée par des commerces destinés aux habitants de la ville : vêtements, droguerie, légumes et fruits frais . Elle traverse le Souk Jedid , marché qui s’organise en deux patios, l’un d’eux avec les poissons et les épices, le second symétrique.

Après le souk, les boutiques pour touristes dominent. J’y vois des tote-bags brodés pour Gaza aux couleurs de la Palestine, logique.

Histoire

Le Centre d’Interprétation du Patrimoine d’Essaouira a ouvert le 11 novembre 2023, il est donc tout neuf et l’accueil y est enthousiaste. Beaucoup d’écrans, aucun objet authentique, de très mignonnes maquettes des bâtiments historiques. Au sol, sur le carrelage, un plan de la ville close pour situer les maquettes. Aux murs une frise chronologique trilingue raconte l’histoire d’Essaouira à partir de la Préhistoire.

  • On a retrouvé des preuves de l’occupation humaine il y a 150.000 ans à la grotte de Bizmaouran.
  • VIIème siècle av. JC ; commerce punique (lampes et épigraphie sémitique), industrie du fer et du cuivre.
  • Ier siècle Juba II (30 av C – 23 après JC°,  roi de Numidie puis de Maurétanie fait du site des Îles Purpuraires le siège du développement d’une industrie des tables monorphes et de la pourpre à partir du Murex qu’on trouve sur ces îles.
  • IIème et IIIème siècle après JC Essaouira est le centre d’un commerce florissant comme Tanger et Volubilis.
  • 1371 -1375 le château de Mogador est documenté sur des cartes pisanes.
  • 1506 Diogo d’Azambuja (navigateur portugais au service du Roi Manuel fortifie Mogador et Safi avant d’arriver au Ghana pour le commerce de l’or. Ce dernier construisit un château sur la Petite Île
  • 1577 Francis Drake eut pour mission de faire de Mogador une colonie britannique
  • 1627 le Sultan Saadien  Abdel Malik envoie 300 captifs pour travailler aux fortifications du Château de Mogador qui devient la casbah Saadienne
  • 1760 le Sultan Sidi Mohamed entreprend la construction d’un port royal – 1765 fondation de la ville
  • 1780 La ville de Mogador – cosmopolite – se trouve sur les itinéraires reliant Gibraltar, Cadix, Marseille et Tombouctou
  • 1807 fondation du Mellah sur ordre du Sultan Moulay Slimane suite à la croissance de la population juive installée dès la création de la ville, grâce à l’intervention du riche anglais Moses Montefiore.
  • 1860 Casbah Jdida
  • 1872 premier vapeur le Souira relie Marseille chargé de sacs d’amandes et d’olives

Après avoir recopié l’histoire d’Essaouira j’ai lu avec attention les écrans. Je n’aime pas beaucoup ces présentations, très séduisantes sur le moment mais éphémères dans ma mémoire, un écran en chassant un autre.

Promenade sur la plage

 

Comme le petit déjeuner était très copieux et qu’un couscous nous attend au dîner, nous avons sauté le déjeuner et je suis repartie, après une courte pause, arpenter le sable de la belle plage. La mer est montée et a effacé les terrains de foot, les enfants sont repartis à la maison. La promenade est très tranquille. Dans l’eau, un père donne un cours de surf à son gamin. Un peu plus loin, une femme en peignoir, attend son mari. De rares piétons marchent. Des chevaux galopent. Ils sont magnifiques. Certains sont libres, d’autres chevauchés par des cavaliers, me font penser à la fantasia de la fresque. Les dromadaires, menés par le chamelier à pied, sont montés par des séniors européens, un peu ridicules, ressemblant aux enfants sur les ânes de La Muette ou du Luxembourg.

Au bout d’une petite heure j’atteins la flèche de sable terminant la baie. Il est temps de retourner à la voiture.

Tamayourt

La Piscine de Tamayourt est toujours aussi accueillante, j’enchaîne les longueurs.

 Coucher du soleil splendide qui irradie derrière le petit arganier.

Le couscous est dressé dans un plat à tagine. La semoule est cachée sous les légumes : choux, carottes, navets, courgettes, courge, pois chiches. Le poulet est recouvert d’une sauce sucrée d’oignons confits et raisins secs. A part, dans des coupelles une dose supplémentaire de sauce, et de la harissa verte au zest de citron. Tout est succulent. Je me sers avec parcimonie de la harissa puis me ressert, surprise par la relative douceur du piment, de la finesse du goût et de la subtilité.

Maryam et son mari Corente nous accompagnent. Conversation sur le thème des gastronomies variées en voyage.

Les Exportés – Sonia Devillers – Flammarion

« Les juifs et le pétrole sont nos meilleurs produits d’exportation », assénait Ceausescu à son cher Pacepa.

Brauner : Débris d’une Construction d’Utilité

Sonia Devillers, journaliste à France-Inter et Arte, raconte l’histoire de sa famille maternelle, juifs roumains « exportés » par le régime de Ceausescu. 

 » L’argent, tout l’argent des familles roumaines qui
voulaient s’enfuir, les douze mille dollars que mes grands-parents mettraient une vie à rembourser, avait servi à acheter des porcs. Des bataillons de porcs, des élevages entiers de porcs. »

« Non content de ramener la valeur de la vie humaine d’un citoyen juif à celles d’animaux d’élevage, le régime avait choisi, entre tous, le porc, l’animal de l’interdit rituel par excellence. Dans la culture populaire, c’est même ce qui caractérisait le juif, désigné comme celui qui ne mange pas de porc. »

Ce troc final, monstrueux, qui a permis aux grands parents de Sonia Devillers de quitter la Roumanie et de s’installer à Paris, est resté caché dans le roman familial et ce n’est qu’après la disparition des témoins oculaires que la journaliste s’est lancée dans l’enquête de l’histoire familiale depuis les années 30 au départ au début des années 60.

L’histoire des Juifs roumains, des persécutions, des pogroms de Bucarest et de Iasi, la déportation en Transnistrie a fait l’objet de plusieurs livres que j’ai lus précédemment : entre autres (je ne peux pas les citer tous)

  • Athénée Palace de Rosie WaldeckJif Silberstein
  • Eugenia de Lionel Duroy
  • Struma 72 de drame pour 769 juifs au large d’Istanbul de Halit Kakinç
  • les voix de Iasi de Jil Silberstein
  • Les Oxenberg & les Bernestein de Catalin  Mihuleac

Les livres d’Apelfeld, de Norman Manea et tant d’autres….et le Journal de Mihail Sebastian … traitent de cette histoire.

Cependant ce trafic ignoble est une nouveauté pour moi. Aussi intéressante la manière dont certains juifs ont feint d’ignorer le problème, même dans les conditions les plus dramatiques, ils ont continué à se figurer que la situation était vivable, à faire de la musique. Avec la fin de la guerre, ils ont imaginé qu’une autre vie était possible, ils ont changé de nom, abandonné Greenberg juif pour Deleanu qui sonnait roumain

Les communistes promettaient une société égalitaire, sans distinction de race, de classe, de religion, sans
discrimination aucune. Des camarades, seulement des camarades et des camarades ensemble. Triomphe du
« genre humain ». Mes grands-parents y crurent de toutes leurs forces. Adhérer au Parti, c’était la chance de se réinventer une histoire. Au point d’aller chercher leur nom dans une fiction.

Au sein du Parti, au début tout leur souriait jusqu’à ce que l’antisémitisme ne réapparaisse. Dénonciations, ou jalousie, ils sont exclus. Pestiférés, il ne reste plus qu’à quitter la Roumanie. Et c’est là que le troc Juif contre devises, ou juif contre bétail ou porc sous l’initiative d’un passeur, basé au Royaume Uni, accessoirement marchand de  bestiaux, de matériel agricole, a permis le transfert…

Récit familial, de lecture agréable, 270 pages.

 

Eleftheria – Murielle Szac

LIRE POUR LA GRECE (CRETE)

les ruelles de la Chanée

Le titre seul m’aurait attirée : Eleftheria, liberté en Grec, qui résonne particulièrement en Crète quand je pense à Kazantzakis, La Liberté ou la mort.

Avec mes écouteurs dans les oreilles, en forêt, j’ai écouté Murielle Szac sur un podcast de Talmudiques dédié à Rosh Hachana. C’est par une  coutume crétoise de Roch Hachana : Tashlikh que s’ouvre le roman, avec les bougies sur de petits radeaux « Armée de lucioles surgie de la mer ». Jolie occasion pour faire la connaissance de Rebecca, de Judith Levi, du rabbin Elias et de la communauté juive de Chania vivant dans l’ancien ghetto vénitien de Evraïki.  Jeunes filles juives, et leurs camarades grecques avides de liberté qui n’acceptent pas la place qui leur est assignée :

« Comment choisir sans entrave sa vie quand tout vous désigne, vous assigne à une place ? Que peut décider de son destin une jeune Crétoise, comme elle, juive et pauvre, alors que les nuages noirs de la guerre se massent au-dessus de sa tête ? La flammèche coule soudain. Rien, pourtant, ne semble troubler la joie, les rires…« 

Le roman débute en  octobre 1940, à la veille du Ochi, le Non opposé à Mussolini par Metaxas qui et aussi le début de l’intervention nazie en Crète et qui se terminera en Mai 1944 par l’anéantissement de la communauté juive crétoise. 

Roman choral rassemble de nombreux personnages, le plus souvent très jeunes : jeunes filles juives, ou pas. Jeunes grecs, marins ou villageois attirés par les filles, certains s’engagent dans la résistance et prennent le maquis, d’autres pas collaborent avec l’occupant nazis. Histoire aussi de Petros, le photographe qui documente les massacres, fait des portraits, le témoin. Luigi, italien, des troupes d’occupation qui ne se soumettent pas aux Allemands éprouve plus de sympathie pour les Crétois. On croise même Patrick Leigh Fermor dans son rôle d’espion britannique (je connaissais ce rôle de mon écrivain-voyageur préféré). 

Et la Liberté? Elefthéria. Bien sûr dans la Résistance contre l’occupant, mais aussi la liberté d’aimer en dehors de sa communauté. La liberté de faire de la musique. De très belles évocations d’un Premier Mai fêté malgré l’occupant nazi dans un village rappelant le poème de Yannis Ritsos.

« Yannis Ritsos. L’enseignant traduisait en italien les poèmes qu’il trouvait et les faisait apprendre par cœur à ses élèves. Un jour de mai tu m’as abandonné… Ce cri de la mère d’un jeune ouvrier tué par la police au cours
d’une manifestation du 1er mai à Thessalonique, ce cri déchirant devenu un poème encore plus déchirant… Un
jour de mai je t’ai perdu… Ce texte, Epitaphios, avait bouleversé le jeune étudiant. Sans toi j’ai perdu le feu et la lumière, j’ai tout perdu… Luigi, est-ce donc si loin de toi ? »

Les histoires s’entremêlent. Grecs et juives vont s’aimer, se séduire, se marier ou se quitter et se retrouver  sur le Tanaïs pour la tragédie finale.

mon Dieu, je vous en conjure, changez les cieux Et alignez toutes les étoiles pour dessiner la forme de la Crète.Aussitôt un autre poursuit : Un printemps sans mois de mai j’aurais pu l’imaginer Mais jamais, au grand jamais,que mes amis trahiraient. Un troisième enchaîne : Il y en a qui sont pris de vertige en haut de la falaise Etd’autres qui, au bord du vide, dansent le pentozali.

Un véritable coup de cœur pour ce roman!

Et encore une fois merci à Claudialucia de m’avoir fait connaître ce livre!

Le Château des Rentiers – Agnès Desarthe

RENTREE LITTERAIRE 2023

Cité sur plusieurs blogs, Keisha, écouté l’auteure à la radio, c’était une occasion de faire connaissance avec Agnès Desarthe dont je n’avais rien lu. 

« Avaient-ils compris que la vieillesse est plus âpre quand elle est solitaire ? Avaient-ils anticipé, avaient-ils prévu qu’il serait beaucoup plus facile de se retrouver pour jouer aux cartes et échanger des recettes de cuisine quand on n’a qu’un couloir à traverser, un ou deux étages à descendre, à monter, grâce aux nombreux ascenseurs ? »

 

Le sujet me plaisait : faire une maison commune pour partager la vieillesse entre amis, une sorte de phalanstère, un béguinage, ou un kibboutz, alternative à la vieillesse solitaire ou pire à l’Éhpad. D’ailleurs, cela existe déjà : les Babayaga de Montreuil ont réalisé cette initiative depuis un moment.

Le contexte me plaisait bien aussi : ces juifs russes avec leur accent yiddish  à la Popeck, je les entends parler, ce sont les parents des copains de l’Hashomer hatzaïr, nostalgie!

A regarder mes grands-parents et leurs amis, on ne craignait pas de devenir vieux. Car vieux ne signifiait pas« bientôt mort ». Vieux signifiait « encore là ».

[…]
Ils avaient survécu. Ils sur-vivaient et conjuguaient ce verbe au pied de la lettre : vivant supérieurement, et
discrètement aussi, à la façon des superhéros, dont les superpouvoirs sont enivrants et doivent demeurer secrets.

De courts chapitres, un roman choral où se mêlent les voix de plusieurs générations, et des souvenirs personnels qu’elle égrène. réflexions sur la vieillesse, mais pas que, sur l’écriture, témoignage impossible ou fiction imagination.

Entreprise sympathique que cette anticipation de la vieillesse, non pas celle des survivants mais des boomers. Sauront-ils aussi bien vieillir ensemble?

« Je me dis que notre génération a vécu dans un confort tel que la vieillesse a cessé d’être un privilège – le privilège de ceux qui s’en sont sortis, qui ont échappé à la mort, dont la santé a permis qu’ils résistent à diverses
épidémies. La vieillesse, pour nous, n’est que déchéance. Notre génération a tout à perdre en vieillissant. J’ai
peur que mon phalanstère ne voie jamais le jour. »

 

Une lecture agréable dont j’attendais sans doute trop pour que ce soit un coup de cœur.

 

 

Joann Sfar – La vie dessinée – Salonique « Jérusalem des Balkans » 1870-1920 au MAHJ

Exposition temporaire jusqu’au 12 mai 2024

Nous connaissons tous Le Chat du Rabbin il est à l’honneur dans l’exposition mais j’ai préféré mettre l’accent sur d’autres aspects de l’œuvre de Yoann Sfar. 

Nous découvrons les années d’apprentissage, au lycée Massena de Nice et rencontrons Romain Gary, Charlie Hebdo, Riad Sattouf,…

Sfar s’est emparé du fantastique avec le petit vampire, le Golem,

Il rend hommage aux peintres juifs : Chagall, Pascin, Soutine et réalise même un film sur Gainsbourg, un album consacré au Klezmer 

Belle flânerie dans l’exposition, beaucoup à regarder à lire.

Et en bonus une très belle exposition Salonique

 

Le Dernier des Justes – André Schwarz-Bart –

HOLOCAUSTE

Chagall – Exode

A la suite de Nous n’avons pas vu passer les jours – de Simone Schwarz-Bart et Yann Plougastel, j’ai voulu retourner  au Dernier des Justes qui a valu à Schwarz-Bart le Prix Goncourt 1959. Lire  après 64 ans et une série de témoignages, essais et romans sur l’Holocauste. 

« Sommes-nous des Justes pour vivre avec le couteau devant les yeux ? Savez-vous quoi, cher monsieur
Grynspan, parlons plutôt de quelque chose de gai : quoi de neuf sur la guerre ? »

Le terme de Juste parmi les nations est usité aujourd’hui

Cette appellation désigne les non-Juifs qui ont risqué leur vie pour soustraire des Juifs aux persécutions des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

pour Schwarz-Bart , »Justes » est employé dans une autre acception : celle de la tradition talmudique des lamed vaf ou les 36 Justes cachés (Tzadikim nitzarim) dont l’existence garantit la survie du monde.

« l’antique tradition juive des Lamedwaf que certains talmudistes font remonter à la source des siècles, aux temps  mystérieux du prophète Isaïe. Des fleuves de sang ont coulé, des colonnes de fumée ont obscurci le ciel ; mais  franchissant tous ces abîmes, la tradition s’est maintenue intacte, jusqu’à nos jours. Selon elle, le monde  reposerait sur trente-six Justes, les Lamed-waf que rien ne distingue des simples mortels ; souvent, ils s’ignorent  eux-mêmes. Mais s’il venait à en manquer un seul, la souffrance des hommes empoisonnerait jusqu’à l’âme des  petits enfants, et l’humanité étoufferait dans un cri. « 

C’est une longue histoire qui commence en Angleterre, dans la ville de York le 11 mars 1185 quand le vieux rabbin Yom Tov Levy poignarda ses coreligionnaires assiégés dans une tour, plutôt que de se rendre. A chaque génération, un descendant de Yom Tov Levy poursuivit cette tradition : Salomon Levy, en 1240 à Troye fut brûlé sur le bûcher, son fils Manassé retourna en Angleterre poignardé… après l’expulsion des Juifs d’Angleterre, la famille Levy gagna le Portugal, puis Toulouse … En Espagne Matatias mourut sur le bûcher. Longue série d’expulsions, persécutions, avec la fin tragique d’un Lamed vav à chaque génération. Histoire des Juifs à travers l’Europe, histoire d’exils, de pogroms…Par la Bohème, la Pologne, la Russie, la dynastie des Levy maintient la tradition.

On les retrouve à Zémyock,  dans le Schtetl, nombreux, respectés

« les juifs de Zémyock s’obstinaient à croire que le temps des hommes s’était arrêté au Sinaï : ils vivaient non sans grâce le temps de Dieu, qui ne s’écoule en aucun sablier »

Vers la fin du XIX siècle, il fut question de Palestine, d’Amérique. L’auteur s’attache à une branche de la famille : Mardochée, le colporteur et sa femme Judith et leurs enfants voient leur univers bouleversé en 1915 quand les Juifs prirent l’uniforme des armées belligérantes

« les Juifs se tuent entre eux! Malédiction! »

Après la guerre, la révolution, l’Ukraine à feu et à sang, les Cosaques déferlent sur Zemiock.

Nouvel exil, Benjamin choisit l’Allemagne et fait venir ses parents Judith et Mardochée à Stillenstadt où naitront ses enfants, et parmi eux, Ernie, le dernier des Justes, qui voit monter l’antisémitisme et le pouvoir hitlérien. Fuite in-extremis en France.

Ernie aurait pu s’en sortir. Engagé dans l’armée française, il débarque en zone libre. Il préfère rejoindre ses parents à Paris, se fait admettre à Drancy pour suivre son amoureuse. Le Dernier des Justes sera gazé dès son arrivée à Auschwitz.

Fin de la légende? Fin d’un monde?

 

 

Nous n’avons pas vu passer les jours – Simone Schwartz-Bart et Yann Plougastel – Grasset

« L’histoire démarre donc de cette façon : Il était une fois une Noire farouche et un petit Juif solitaire, qui vécurent longtemps ensemble, eurent deux garçons et écrivirent une demi-douzaine de romans, sans voir le temps passer… » YANN

C’est l’histoire d’un couple d’écrivains qui ont su conjuguer leurs souvenirs, leurs talents pour bâtir une œuvre singulière. André Schwartz-Bart, survivant de l’Holocauste, résistant tout juste adolescent, lauréat du Prix Goncourt 1959 pour Le Dernier des Justes auteur de La Mulâtresse Solitude.

Simone Schwartz-Bart, Guadeloupéenne, riche de toute la tradition familiale, des contes de sa Grand-Mère, a rencontré l’écrivain toute jeune étudiante, à la veille du Goncourt. C’est une belle histoire d’amour. Histoire d’écriture aussi : elle co-signe Un plat de porc aux bananes vertes avec son mari puis construit une œuvre à part entière avec Pluie et vent sur Télumée Miracle et Ti-Jean L’Horizon que j’ai lu avant de partir pour la Guadeloupe. 

André et Simone Schwartz-Bart fréquentaient de nombreux écrivains, poètes, militants, anciens résistants à Paris que j’ai eu plaisir à retrouver. Ils ont aussi beaucoup voyagé : à Lausanne, Dakar, en Guadeloupe. Chez eux, ils ont ont des tableaux d’origines diverses. Une vie bien remplie!

Ce livre vient de la rencontre de Yann Plougastel avec Simone Schwartz-Bart qui a retrouvé des notes, manuscrits papiers qu’a laissé André après son décès. De belles citations proviennent de ces écrits. Elle dresse un portrait très émouvant de son mari. 

Cependant leur vie ne fut pas toujours facile. De nombreuses déconvenues et scandale ont suivi les publications : dès l’obtention du Goncourt, jalousies d’éditeurs qui voyaient couronner un auteur plus chevronné. Plus tard, il ne fut pas toujours compris :  certains juifs voyaient avec déplaisir un écrivain juif sortir Un plat de porc avec des bananes vertes. Inversement  certains Antillais voulaient attribuer la biographie de l’icone Solitude à Simone plutôt qu’à André. On comprend ces difficultés à la lumière des revendications identitaires actuelles. Serait-ce possible aujourd’hui?

 

« Il ne faut jamais oublier que la douleur juive provient de l’exil et de l’esclavage en Égypte. Nous avions cela en
commun, lui et moi, l’exil et l’esclavage. »

et je me disais : voilà des gens qui me ressemblent, car je viens du pays de la souffrance. Oui, je pense vraiment
que la souffrance est peut-être le secret le mieux gardé des humains, parce que le mieux partagé. « Les peuples
nés de l’esclavage et de l’exil n’oublient pas la souffrance, même quand ils l’oublient. »

Blessé, André a cessé de publier, pas d’écrire, il ne faisait que cela, mais il détruisait ses notes. Simone a diversifié ses activités, organisant une maison d’hôtes dans la maison familiale. 

J’ai beaucoup aimé ce livre que je n’arrivais pas à quitter, admirative pour l’ouverture d’esprit de ces deux écrivains, universalisme de la souffrance, holocauste ou esclavage et colonisation. Mémoire de l’humanité sans exclusive.

Grandeur nature – Erri de Luca

LITTERATURE ITALIENNE

Quand revient le mois de mai, revient le Mois de la littérature italienne/ Il Viaggio initié par Eimelle d’abord, puis administré par Martine, il a changé récemment de nom pour intégrer la cuisine et la culture italienne. J’attends chaque année ce rendez-vous qui est aussi celui de mes auteurs italiens préférés. Chaque année je lis un livre (ou plus) de Camilleri, d‘Erri de Luca, et j’en découvre d’autres sur les conseils des blogueuses.eurs. 

J’ai découvert Erri de Luca avec Montedidio qui m’a incité à partir illico pour Naples, j’ai fait confiance à l’auteur et ai rarement été déçue quoique ses romans napolitains sont mes préférés. Impossible et les textes écrits pendant le confinement Le Samedi de la Terre ont aussi trouvé un écho militant et écologique qui m’ont parlé. Récemment j’ai écouté sa voix dans des podcasts de Radio France : L’Heure Bleue. 

Grandeur nature est un recueil d’une vingtaine de nouvelles et textes courts  souvent autobiographiques, sur le thème du rapport père-fils. Erri de Luca même septuagénaire, se considère toujours un fils puisque qu’il n’a jamais eu d’enfant. 

Chagall – Portrait du Père

Le texte GRANDEUR NATURE s’ouvre sur le portrait du père de Chagall avec l’émancipation du fils qui s’exile, de sa ville et de sa langue, le yiddisch, mais il se mêle au texte biblique du sacrifice d’Abraham et de l’obéissance d’Isaac qui se laisse lier, attacher pour le sacrifice . Obéissance insensée.

N’existe-t-il pas de légitime défense contre son père, n’existe-t-il pas un droit de rébellion ? Est-ce bien moi qui ai écrit cette phrase, démenti de moi-même, des jeunes d’une génération qui s’est insurgée contre les pères ?

Je n’arrive pas à adhérer aux références au textes sacrés et surtout à l’hébreu bibliques. Pourquoi donc traduire lecaved en « donner du poids » et non pas en « honorer »? Quand on félicite quelqu’un « col hacavod » c’est un honneur et  non pas une charge! peut être mon hébreu moderne parasite la lecture religieuse. La recherche du sacré dans les textes m’est totalement étrangère et même m’agace un peu. Ironie de cette référence quand je lis plus avant dans le livre le chapitre sur Mai 68

Un court texte intitulé Note rappelle que Marc Chagall  et Stravinsky étaient détenteurs d’un passeport Nansen 

« Un apatride est quelqu’un qui perd sa nationalité par privation d’État. En Italie, les lois raciales de 1938 la retirèrent aux personnes d’origine juive.
Nansen reçut le prix Nobel de la paix en 1922 pour le passeport qu’il avait voulu et réalisé. »

Utile rappel dans l’Italie de Meloni!

Dans Notion d’Economie, Erri de Luca raconte son enfance, son éducation, les rapports à l’argent que lui ont transmis ses parents. 

le texte suivant raconte les enfants misérables de Naples. Erri de Luca n’est jamais meilleurs que quand il raconte sa ville.

le Tort du Soldat est une histoire plus longue, tirée d’une version théâtrale ancienne. la culpabilité peut-elle se transmettre à travers les générations? La fille doit-elle porter le lourd héritage du père (alors qu’on lui a caché le tort?). Ici aussi, j’ai calé aux références de la kabbale. Décidément je suis anticléricale totale! le nazi se penchant sur la kabbale, très tordu! 

MERCI est une histoire sur la relation mère/fille que j’ai bien aimé.

UNE EXPRESSION ARTISTIQUE  illustré par un pavé lancé : Qui chute Anvidalfarei  

1968 fut l’année académique du pavé extrait de sa base et projeté en l’air.

nous étions nombreux, enfants de l’après-guerre, de l’élan d’un peuple à se reproduire après les décimations. Nous étions aussi la première génération cultivée en masse. Les deux vertus réunies étaient incendiaires.

Continuons le combat ». De là aussi le nom de l’organisation révolutionnaire italienne qui a suivi : Lotta Continua

Expression artistique : il cite les artistes qui ont donné des oeuvres pour la lutte :

Beuys, Boetti, Castellani, Kounellis, Matta, Schifano.

et il termine :

On me demande parfois ce qu’il en a été de ce temps-là, ce qu’il a laissé. Je réponds : le vide, celui du trou des
parasols retirés à la fin de l’été, profond, même beau à voir, avant que le sable le recouvre sans laisser de trace.

Erri de Luca ancien militant soixante-huitard m’intéresse décidément plus que l’exégèste de la Bible. Et Impossible m’a plus accrochée. 

 

Struma 72 jours de drame pour 769 juifs au large d’Istanbul – Halit Kakinç – Turquoise

HOLOCAUSTE

MASSE CRITIQUE de Babélio

Un roman historique ou un « tombeau«  pour les 769 Juifs morts noyés le 24 février 1942 sur le Struma, épave transportant des Juifs roumains fuyant les persécutions en Roumanie qui devait les conduire de Constança en Palestine. Véritable épave flottante, au moteur en panne rafistolé, le Struma  est arrivé à rallier Istanbul où on lui a imposé une quarantaine. La Turquie – en principe neutre – a refusé le débarquement aux passagers sous les injonctions des Britannique, des Allemands et a laissé pourrir la situation pour enfin remorquer le navire en Mer Noire où il a été torpillé par la marine soviétique. 

Roman, parce que l’auteur, Halit Kakinç, journaliste et écrivain, a essayé de faire « revivre » un certain nombre de personnages. Roman historique écrit après de nombreuses recherches , préfacé par Esther Benbassa, historienne et directrice d’études à la Sorbonne, sénatrice EELV. 

Ce livre est de lecture facile et instructive fait revivre ces épisodes tragiques récurrents comme l’odyssée du Saint Louis (1939) qui a quitté Hambourg pour rejoindre La Havane contraint de retourner en Allemagne, celui du Patria coulé à Haïfa en 1940, Exodus (1947), et tant d’autres moins fameux, peut être…

«  Ce roman historique nous rappelle avec pudeur et dignité le sort des réfugiés en 1941. D’autres aujourd’hui, perdent la vie en route, sombrant avec leurs espoirs, sans que beaucoup s’en émeuvent vraiment »

Esther Benbassa

Je remercie les Editions Turquoise de l’envoi de ce joli livre .