UNE LEÇON D’HISTOIRE

Le Prologue : « Ce que réserve l’avenir, seul les dieux le connaissent. »
Cavafy.
Déjà, merci pour Cavafy!
Le Poète n’est pas cité par hasard. Le premier Paradis Perdu de Maalouf est l’Egypte cosmopolite d’avant Nasser. C’est aussi l’Egypte de Cavafy.
En introduction Amin Maalouf écrit :
« C’est dans l’univers levantin que je suis né? Mais il est tellement oublié de nos jours que la plupart de mes contemporains ne doivent plus savoir à quoi je fais allusion
Il est vrai qu’il n’y a jamais eu de nation portant ce nom. Certains livres parlent du Levant, son histoire reste imprécise, et sa géographie, mouvante – tout juste un archipel de cités marchandes, souvent côtières mais pas toujours, allant d’Alexandrie à Beyrouth, Tripoli, Alep ou Smyrne, et de Bagdad à Mossoul, Constantinople, Salonique, jusqu’à Odessa et Sarajevo »
En plus de l’incendie du Caire il y a le naufrage de ce Levant. Levant évoqué dans d’autres lectures qui me sont proches « Nous autres levantins » de Benny Zieffer ou « Istanbul était un conte » de Mario Levi. Et cette coexistence de peuples, de religions de cultures différentes mais voisines, des empires Ottomans et Austro-Hongrois est depuis longtemps passée de mode!
Vu de Beyrouth, Maalouf nous fait une leçon d’Histoire, aussi passionnante qu’un roman. Une histoire qui n’est pas uniquement levantine, une histoire qui soulève les espoirs de toute une gauche marxiste. Il rappelle qu’avant que l’islamisme politique ne colonise la région (et le monde entier, jusqu’à l’Indonésie) il existait des mouvements laïques, internationalistes, avant les nettoyages ethniques, les minoritaires étaient actifs dans ces mouvements. Pour les qualifier, Maalouf emploie une image qui me plait « pollinisateurs« . Une histoire complexe avec des personnages demi-dieux à deux visages, tels Janus, Nasser et Churchill, par exemple. l’Histoire que raconte cet essai est détaillée et nuancée, jamais manichéiste.
Par étapes, par touches successives, on reverra les dates essentielles 1967, la catastrophe pour les Arabes de la région, puis Septembre Noir, les débuts de la guerre civile au Liban.
1979, l’année du grand retournement
Maalouf est exilé à Paris. Il assiste en tant que journaliste à La Révolution islamique à Téhéran (février 1979). La même année, en mai, Margaret Thatcher met en place une Révolution Conservatrice. Suivie de peu par Ronald Reagan. L’air du temps n’est plus aux espoirs de la Gauche. L’Islam politique ou la Main invisible du marché vont prendre le pas sur le « progressisme de la gauche ».
l’Histoire contemporaine, se déroule avec ce nouvel éclairage, avec la Guerre en Afghanistan(1979), l’élection du Pape polonais, toujours dans la Guerre Froide et l’anticommunisme comme boussole des occidentaux…A la Guerre Froide va succéder l' »affrontement des civilisations« . mais aussi, la montée des nationalismes et des égoïsmes; Égoïsmes nationaux, et égoïsmes individuels justifiés par la » main invisible « .
Il aurait pu peut être en être autrement, à la manière de la générosité de Mandela, les Etats Unis auraient pu négocier avec Khomeiny, tendre la main à Gorbatchev…. on ne va pas refaire l’Histoire.
La dernière partie du livre décrit Un monde en décomposition avec les affirmations identitaires, la recherche d’états homogènes, comme si l’homogéité était une richesse et non pas un facteur de division.Il met aussi en évidence la « dérive orwellienne » où Internet et la puissance de l’informatique a construit un Big Brother dont on s’accommode sans trop protester, sans parler du réchauffement de la planète.
Sommes nous sur le » Titanic qui avance en fanfare à sa perte? »
Je n’ai pas beaucoup de goût pour le catastrophisme, même si je me rends compte de l’urgence, en revanche, j’ai beaucoup aimé la leçon d’Histoire.


LITTÉRATURE LIBANAISE







Lu avec beaucoup d’agacement ce livre réactionnaire, colonialiste, et vraiment passé de mœurs.

1
La première partie « TROIE »raconte Smyrne. Lecture délicieuse. Evocation merveilleuse de la lumière dorée, des senteurs d’abricots et de raisins, de la douceur des baignades de la première enfance. Smyrne-Troie a brûlé lors de la Catastrophe en 1922, Smyrne-Troie-Atlanta d‘Autant en emporte le vent, incendie terrible et spectaculaire que l’enfant n’a pas vécu mais dont le souvenir plane, souvenir homérique, Pergame proche.