CARNET PORTUGAIS
Mon téléphone se prend pour un GPS même sans Wifi, sauf qu’il refuse de s’adapter. Quand nous lui désobéissons à Braga refusant de prendre l’autoroute, il devient muet. La petite ville de Villa Verde est dans une campagne assez peuplée. Puis la route continue vers le nord, franchit un petit col. Dans les hauteurs, elle passe par des forêts d’arbres magnifiques : très hauts eucalyptus, chênes énormes, pins châtaigniers. Ici, les arbres se développent bien. Dommage que le feu ravage de nombreux sommets. Ensuite, la campagne est très verte avec des vues très plaisantes sur les sommets déchiquetés. A Ponte da Barca on remonte le cours de la rivière Lima qui forme de véritables lacs de barrages dans la vallée resserrée.
Nous franchissons la rivière Lima au barrage de Lindoso où il y a une vieille centrale électrique pour arriver à Soajo.

Juste avant le village, un écriteau nous détourne vers le Monastère de S. Bento à Ermelo. La route en corniche passe nettement au dessus du village et du monastère que nous ne découvrons qu’en rebroussant chemin. C’est un beau monastère cistercien en pierre claire – il vient d’être restauré – dans un village de très vieilles maisons accessible uniquement par une rampe « interdite aux tracteurs » équipée d’un escalier en son milieu et de deux rampes pour aider à la remontée. Récemment s’est tenu une fête, des arches en contreplaqué peint portant de petites ampoules électriques enjambent la rampe. En bas, on s’affaire pour ranger les décorations et les supports des cierges. Dans l’église, le Saint se tient sur son brancard avec un bouquet d’œillets rouges.
La date de fondation du monastère est inconnue. La première référence est 1220. On sait qu’au 14ème siècle il fut en crise à cause de la Guerre de Cent ans et de la Peste Noire et qu’il fut concédé à l’église de Britelo. Dès 1441, il fut reconstruit et plus tard il fut décoré par des peintures 17ème siècle et le chœur lambrissé avec des colonnes dorées. Sur un écran informatif, on voit une très belle fresque que j’ai cherchée mais pas trouvée. Les moines cisterciens introduisirent dans la vallée d’Ermelo la culture de l’orange qui a prospéré grâce à un microclimat très doux. Le village est niché dans les orangeraies.

Soajo
Soajo est un village niché dans la montagne qui culmine à 1400m. L’habitat est aussi dispersé avec de nombreux hameaux. Soajo est recommandé par l’appli VisitPortugal mais ce n’est pas du tout un village touristique. C’est un village tout simple avec de vieilles maisons de pierre et de grandes maisons neuves, des routes goudronnées, des ruelles dallées proprement. C’est un village tout simple ; pas riche mais pas miséreux. Deux curiosités : un pilori sur la place de l’église, gros poteau de granite brut portant un visage grossièrement taillé, sculpture minimaliste fort ancienne. L’autre curiosité est une concentration d’espigueiros(greniers à maïs ). Nous en avons vus en Galice. En forme de petites maisons longues perchées sur des pilotis, ils sont en granite avec des fentes verticales pour le séchage ; longs de 3 ou 4m, ils sont juchés sur des poteaux et reposent sur des disques. Ils sont regroupés sur un rocher granitique. En regardant par les portes de bois, on voit les restes du mais de l’an dernier entassé au fond.

Je vais me promener dans les petites rues à la recherche d’un restaurant ou d’un bar. Dans un bar, des ouvriers déjeunent au fond de la salle. La boulangerie fait aussi épicerie de dépannage avec du jambon blanc et du chorizo.
Nous trouvons notre déjeuner sous un saule tortueux, sur une terrasse ne payant pas de mine en contrebas de la route à l’écart du village. Sur une ardoise le menu est annoncé : 5.5€ plat du jour, soupe boissons. Le plat du jour est du lapin avec des pommes de terre. Je commande une demie -dose (comme l’a recommandé la dame de l’avion) trois gros morceaux.
Lindoso

Lindoso, à la frontière espagnole, est un village très pentu construit à flanc de montagne, caché derrière ses tonnelles de vigne. Les Portugais conduisent leurs vignes en hauteur à parfois 3 même 4m sur des piquets de granite ou de ciment ou sur des tiges métalliques, parfois de grands arbres. Les tonnelles vont d’un champ à l’autre, d’une maison à l’autre formant un tunnel au dessus de l’étroite route pavée. Monter à Lindoso en voiture est une hérésie pourtant plusieurs voitures sont garées sur des parkings improbables. Comment font-ils ? Contrairement à Soajo qui s’est adapté à la modernité Lindoso au flanc de la montagne reste plus traditionnel. Les pavés cachent les canalisations d’eau. Quand nous étions venues il y a 16 ans j’avais gardé dans mon souvenir les grosses dalles inégales et le ruisseau qui coulait au milieu de la rue qui ressemblait à celle de Citânia de Briteiros. Peut être ma mémoire avait exagéré ? Le GR rouge et jaune traverse le village. Je me promène tranquillement, dérange deux ou trois chats qui faisaient la sieste au milieu du chemin puis je descends sous les tonnelles ;
Dominique est installée au café sous la vigne et sous les kiwis. Dans la salle, des vieux jouent aux cartes. Le long du mur, une famille est installée. Le gamin a l’air terrible. Trois chiots se roulent par terre.






































