l’Expérience de la Nature – les Arts à Prague à la cour de Rodolphe II au Louvre

Exposition temporaire jusqu’au 30 juin 2025

Arcimboldo : Portrait de Rodolphe II en Vertumne

Rodolphe II (1552 -1612) fils de Maximilien II, fut Roi de Hongrie, roi de Bohème et Empereur du Saint Empire Romain Germanique en 1576, le « plus grand mécène du monde » 

Hoffman : Lièvre entouré de plantes (1585) d’après Dürer

1ère partie de l’exposition « Décrire le monde » présente une collection d’aquarelles et dessins ainsi que des livres savants

Hoefnagel : Scarabée éléphant

Ces planches sont de toute beauté et sont digne d’une encyclopédie naturaliste. Le chardonneret s’inspirant aussi de Dürer, taille réelle aquarellé vaut le déplacement.  Il y a aussi le livre savant Gemmarium et Lapidarium

Compendium astronomique

 

En face, c’est la mesure de la Terre et de l’Univers qui réunit les astronomes aussi fameux que Tycho Brahe qui tente de concilier l’héliocentrisme de Copernic avec les théories de l’Eglise, et Johannes Kepler qui met en évidence le mouvement elliptique des planètes.  on peut voir les calculs de ces savants sur de gros livres. Mais surtout les instruments : sextants, compas, sphères armillaires… décorent les rayons, le compendium réunit en une boîte plusieurs instruments de mesure. 

Une salle est appelée Allégorie à l’époque on pensait que la Nature s’exprimait par un langage secret et par la Magie Naturelle qui s’intéressait à l’optique au magnétisme et à l’alchimie.

Castrucci : (1615)Château aux environs de Prague

Trois tableautins en pierres dures décrivent les environs de Prague.

On assiste au Renouveau du Paysage

Deux paysagiste Pieter Stevens et Roelandt Savery s’inscrivent dans la tradition flamande de Breughel faisant attention au moindre détail. Ils dessinent et gravent des paysages forestiers . Dans al scène avec trois chasseurs, ces derniers sont minuscules, il faut les chercher comme les bucherons dans un autre tableau

Pieter Stevens Paysage avec bucherons

Rodolphe II collectionnait aussi les très belles coupes de jaspe, de cristal de roche, d’ambre ou de corne de rhinocéros. Il tournait aussi ces coupes lui-même en corne.

 

 

 

 

Balade hivernale au Lac de Créteil

TOURISTE DANS MA VILLE

Grèbes et roseaux

Chaque année, fin janvier, le Collectif du Lac de Créteil organise une promenade autour du Lac de Créteil toujours très instructive grâce aux nombreux intervenants dans des domaines très variés et parfois très pointus. Nous avions rencontré des spécialistes des araignées, des lichens, un garde-pêche, un responsable des parcs et jardins….Cette année, un responsable de l’assainissement, une dame spécialisée dans les cyanobactéries, une jeune responsable de l’étiquetage des arbres et de leur cartographie en vue de leur recensement et de leur suivi…

Deux excellentes nouvelles pour commencer : le Projet de vague de surf est tombé à l’eau. Le Lac de Créteil et ses environs immédiats sont classés en ZNIEFF 1 (zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique). Le Lac de Créteil va donc être surveillé, protégé pour la biodiversité et notre plus grand plaisir. 

Dans les contraintes de la ZNIEFF, l’aménagement devra favoriser la plantation de végétaux endémiques de préférence à des variétés horticoles peut être plus jolies à l’œil mais moins adaptées aux insectes et oiseaux : la trompe des papillons ne peut pas atteindre le nectar dans le cas de fleurs à pétales doubles, plus colorées et esthétiques. Un spécialiste des insectes nous fait un court exposé sur la taille de la langue des bourdons correspondant à une fleur donnée. Il conviendra aussi d’adapter le calendrier des tailles et des élagages au calendrier de nidification des oiseaux. On a évoqué le rôle des ronces, végétal peu aimé des jardiniers mais idéal pour abriter la faune et pour fournir des mures …

Gallinule

Autre végétal dont le rôle est capital : les roseaux. La roselière est un milieu très riche en biodiversité : oiseaux Bruants des roseaux (je n’en ai pas vu cette fois-ci)mais aussi Gallinules (petites poules d’eau) qui les hantent, sans parler des Cygnes qui trouvent abri pour leur nid et matériau de construction. Un Grèbe huppé passe et repasse et se laisse photographier. Les poissons du lac peuvent y trouver abri et s’y reproduire. 

Un autre avantage des roselières est la protection des berges, même là où des quais ont été construit. En l’absence de roseaux la berge se creuse dangereusement et on constate des trous inquiétants au bord du quai, entourés de  barrières et de rubalise pour éviter que les joggers et les étourdis ne tombent dans ces pièges.

Un autre sujet : la qualité de l’eau . 

Un  responsable de l’Assainissement explique qu’une partie des eaux pluviales, en cas de gros orages, est susceptible de se déverser dans le lac par le déversoir. Il convient donc d’être vigilant pour les pollutions (mégots de cigarette et autres) . Le sel de déneigement est aussi un problème. En projet, un nouveau système de filtrage et de phytoremédiation est à l’étude, quoique la filtration par les plantes qui oxygènent également l’eau nécessite une très grande surface.

Les insectes benthiques sont des témoins de la qualité de l’eau. Justement un des invités du Collectif du Lac, est justement présent avec son épuisette, son troubleau et un bac. Michel est un des spécialistes des éphémères dont les larves sont exigeantes en oxygène. Autre larve présente : les larves de chironomes (vers de vase). elles sont moins exigeantes, creusant des galeries elles font des courants d’eau qui renouvellent l’oxygène dissous au fond du lac. 

Les cyanobactéries ont été observées en période de chaleur et de sécheresse ces dernières années. On repère  les blooms (proliférations massives)  de  la coloration verte des eaux du lac. Très toxiques, elles entrainent l’interdiction des activités nautiques. Il convient de tenir les chiens en laisse et de ne pas les laisser s’approcher de l’eau. 

Dernière observation : les panneaux interdisant le nourrissage des animaux surtout avec du pain. D’expérience, je sais qu’il est très difficile d’intervenir. les gens pensent bien faire et ne comprennent pas qu’on viennent leur faire la leçon. Le pain pourrit dans l’eau et favorise les contaminations bactériennes. Il est aussi très mauvais pour les canards qui s’en gavent et ne se nourrissent plus des aliments qui leur conviennent.

A côté des interventions prévues, la promenade nous réserve des surprise comme ces nids faits de baguettes plastiques portant des piques anti-pigeon. Le premier nous a interpelé ; nous avons vite incriminé les humains assez pervers pour installer des dispositifs anti-oiseaux dans les branches. Nous sommes bien malveillants! Un nid de pie, perché très haut inaccessible aux humains comporte ces plastiques piquants : les pies ont volé les baguettes portant les piques et ont apprécié ce matériau de construction original.

Le repas de la perruche

Autre surprise : une perruche nous a offert le spectacle de son repas. S’agrippant d’une patte à son perchoir, elle utilise ses griffes pour tenir un gros fruit et donne de gros coups de bec. En ombres chinoises, on aurait cru un écureuil tenant une noix dans ses mains.

 

 

les jardins suspendus du Havre

NORMANDIE IMPRESSIONNISTE 2024

Jardins suspendus du havre Serre des bégonias

Jardins suspendus

Dans les hauteurs du Havre, 17 hectares dans les vestiges du Fort militaire de Sainte Adresse bâti au XIXème siècle désaffecté en 1979.

La  Roseraie est proche de l’entrée nord. J’accède par un escalier et un tunnel au Jardin des Robinsons. Ces jardins du Havre sont connectés à l’activité portuaire, à l’exploration du monde, à l’importation des plantes du monde entier. Dans ce Jardin des Robinsons, de curieuses huttes sont tressées avec les tiges des saules vivants selon la technique du plessis.

jardins suspendus : jardin des robinsons

Un plan est fourni pour ceux qui souhaitent une visite exhaustive : suivant les flèches on découvre les jardins d’Amérique, d’Asie ou d’Australie. Sous la pluie battante, je préfère ne pas tremper mon plan et me laisse porter par le hasard.

Près de l’entrée sud je découvre un Labyrinthe qui occupe une terrasse.

jardins suspendus entrée sud

Le centre du fort est occupé par un « Tapis vert » encadré par des carrés odorants où l’on cultive des plantes aromatiques. Sous une température plus chaude ils sentent sûrement plus. Même sous la pluie fraîche ils embaument.
Les Serres ferment pour la pause méridienne. Il nous faut revenir un peu plus tard.

Le havre jardins supendus

En attendant leur ouverture, nous descendons au Port que nous parcourons en voiture, nous le plus près possible des bassins et des portiques immenses. Un grillage enferme de très longs tubes effilés. Il faudra un bon moment avant que je n’identifie les éléments d’éoliennes offshore de l’usine Siemens Gamesa. J’ai été très surprise de lire que ces éoliennes n’étaient pas en métal mais en balsa et résine. Nous sommes impressionnées par les dimensions.

éoliennes

Retour dans les Serres

Je suis restée deux bonnes heures pour profiter d’une promenade abritée de la pluie dans les 10 serres abritant les collections végétales. Chaque serre est dédiée à un botaniste.

Serre Poivre :  les plantes utiles qui ont toutes voyagé : le cotonnier (Gossypium) a été rapporté par Alexandre le Grand. Le piment (pili-pili),introduit à Séville par Christophe Colomb. Le sucre fut extrait dès le VIème siècle Av.J.C. en Chine,  la Canne à sucre arriva en Martinique apportée par les Juifs chassés du Brésil en 1654

Les premiers grains de café arrivèrent au havre en 1728 en provenance des Antilles. Les plantes étaient apportées dans des caisse de Ward, l’une d’elles est présentée ici.

La serre Adanson(1727-1808) abrite des plantes de sous-bois tropical. Souvenir de lecture la Porte du Voyage sans Retour de David Diop a pour héros le botaniste qui vint herboriser au Sénégal(1748-1754)

Serres des jardins suspendus épiphytes

La serre dédiée à Bonpland (1773-1858) contient des broméliacées et des orchidées, plantes épiphytes. Souvenir de lecture encore, Bonpland s’est lié d’amitié avec Humboldt et l’a accompagné en Amérique Centrale. Leur voyage est relaté dans le livre d’Andrea Wulf  L’Invention de la Nature

La serre Plumier (1646-1704) présente toutes les variétés possibles de bégonias. Plumier part à la découverte de l’Amérique avec Michel Bégon (1638-1710)

La serre suivante est attribuée à Lamarck(1744-1829) et à Armand David (1826-1900) avec des plantes sans fleurs : fougères et mousses, les premières dans l’Evolution.

Henri Cayeux (1869-1963) directeur des jardins de la ville du Havre est honoré par la flore des zones humides, avec de beaux nymphéas dans des bassins peuplés de charmants poissons minuscules. .

Il y a également une serre Tournefort(1656-1708) pour les plantes tropicales.

Non seulement la balade dans les serres est charmante mais c’est une leçon d’histoire de la botanique très instructive. Je suis tout à fait preneuse !

plante carnivore

Des serres, on arrive dans les Carrés d’essais  de plantes fleuries très colorées. Mon temps est compté je suis déjà restée très longtemps.

 

 

Sur la route du Midi : la nationale 7 – étape à Orgon : Urgonia

CARNET PROVENCAL

Orgon – village et château

La Nationale 7

Pourquoi prendre l’autoroute sous la pluie et le vent et ne pas utiliser la Nationale 7 gratuite et regarder le paysage ? C’est raté à la sortie d’Orange, le GPS nous dirige vers l’autoroute et on s’engage dans une file de Télépéage qui ne délivre pas de tickets. Petite angoisse : allons-nous payer comme si on venait de Lyon, quel est le tarif de « ticket perdu » ? Sortie à Courthézon, 4 km plus loin. Impossible de sortir, on presse sur le bouton rouge. La dame est compréhensive « 40 centimes pour Orange, vous pouvez mettre ce que vous voulez la machine rend la monnaie ». Fin de l’aventure !

La Nationale7 n’est pas touristique. Garages et entrepôts alternent avec des vergers en tenue hivernale dont les filets roulés ont une allure de gros serpents. Dans les villages, contrairement aux aires d’autoroutes, il n’y a pas de ravitaillement. Les commerçants ferment à l’heure de midi. Nous avons laissé filer Courthézon à l’écart de la route. Nous tentons notre chance à Bedarrides nous tournons autour d’un collège et dans des quartiers pavillonnaires. Raté pour le pique-nique.

Sorgues est plus animée.  C’est une jolie ville où on se serait arrêté volontiers. Sur les bords de la rivière je devine une boucherie.

La route s’approche d’Avignon. Traversée de zones commerciales infinies. Nous ne retrouvons la Nationale7 qu’après le Parc des Expositions, affublée d’une étrange appellation DN7n . Elle saute la Durance puis la quitte, beaucoup plus tranquille bordée de magnifiques platanes traversant des vergers. La route des vacances ! même le ciel s’éclaircit.

Orgon nous tente pour la pause de midi avec ses maisons provençales, sa jolie église, son château en ruine. A l’entrée du village le rond-point porte une réplique de rudiste (fossile en forme de cône tordu). Cela fait tilt. Bien sûr, Orgon a donné son nom a un faciès bien connu des géologues : l’Urgonien, barre calcaire qui marque le paysage. Des souvenirs remontent. La géologie est célébrée dans les ronds-points ! Un musée au nom d’Urgonia n’ouvrira qu’à 14h. Une petite route monte à la chapelle N.D. de Beauregard dépassant les cimetières puis un bois de pins. Elle grimpe très raide bordée des rochers ruiniformes des Alpilles. A la fin de la route le « sentier de pierre » passe sous un porche pour arriver à une table d’orientation. Le calcaire mouillé par la pluie est très glissant, je ne porte pas les bonnes chaussures, je renonce. Pique-nique panoramique sur le parvis de la chapelle qui mérite son nom de Beauregard face à la Durance qui s’étale dans la plaine et se ramifie en différents bras.

la durance vue de la Chapelle de Beauregard Orgon

Je descends à pied jusqu’au village (1.7 km) pour profiter du paysage. Des petites fleurs bleues (Globularia Alyssum ou globulaire buissonnante) forment de jolies taches bleues. Dans un crEux, un petit lac aux eaux vertes.

 

Le Musée Urgonia

Ammonite – Barrémien – Muséee Urgonia

Entrée gratuite.

Trois sections : Géologie consacrée à l’Urgonien et aux fossiles crétacés de la région, Ornithologie  avec des espèces menacées, Archéologie.

L’Urgonien est daté 39 Millions d’années à la base du Crétacé. L’étage Urgonien, défini par Alcide d’Orbigny en 1850 est représenté par deux faciès : le Barrémien à ammonites (région de Barrêmes et l’Urgonien à rudistes. On abandonnera l’Urgonien en tant qu’étage on lui substituera le Barrémien. L’Urgonien sera défini comme faciès calcaire de type plate-forme de type marin subtropical de faible profondeur.

Les rudistes sont présentés en position de vie semi-enfouis sur le fond marin d’environ 10 m de profondeur. Ils n’ont pas construit de récifs comme les coraux visibles dans les vitrines du musée. On peut aussi découvrir des œufs de dinosaures (Aix-en-Provence).

Le calcaire crayeux urgonien est exploité dans la carrière OMYA.   C’est un calcaire très blanc qui a diverses utilisation : lait en poudre ( !!!!) chewing-gum, médicament, dentifrice dans les peintures, papiers et crépis.

Salle ornithologique :

De nombreux panneaux et photos présentent des espèces menacées : l’Aigle de Bonelli, le vautour percnoptère (1 seul couple subsiste dans les Alpilles, le Circaète Jean Leblanc, le Grand duc, l’Outarde canepetière et le Rollier d’Europe.

Salle archéologique :

Divers objets sont présentés :

Poteries gauloises

Maquette d’un dolmen du Mas des Gavots à Orgon (IIIème millénaire av. J.C.) qui était une tombe collective.

Stèle anthropomorphique.

Je me suis attardée un bon moment, retrouvant des souvenirs anciens d’un stage de la fac à Barrêmes. Les  propriétaires du gîte nous attendent vers 16 h à Marseille. Nous serons en retard et faisons confiance au GPS pour arriver au plus vite. Evidemment par l’autoroute que nous trouvons à Salon-de-Provence. Il fait soleil au- dessus de l’ Etang de Berre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Humus – Gaspard Koenig – les éditions de l’Observatoire

RENTREE LITTERAIRE 2023


Glyphosate, ils ont prolongé l’autorisation européenne de 10 ans contre l’avis des scientifiques sur la foi d’études biaisées et de lobbyistes. Je suis verte de colère!

Raison de plus pour lire Humus! Dix ans de plus pour empoisonner les vers de terre, les sols et les riverains.

en classe!

Je l’avais repéré depuis un moment, les vers. J’en ai élevé dans ma classe dans une ferme à lombrics pédagogique . Enlever les caches noirs chaque matin pour observer les galeries était un moment fort du début de mes cours. Au programme des 6èmes, même les 3èmes me le demandaient. Les vers mélangeaient les différents horizons, terre brune, marne claire sable jaune ou rose en un délicieux gâteau marbré.

J’attendais donc la lecture de ce roman avec impatience, recommandée par nombreuses blogueuses Eimelle, Keisha, Claudialucia, Kathel et j’en oublie.

Deux étudiants sur les bancs d’un amphi de AgroParisTech à Saclay, ont une épiphanie : ils consacreront leur vie aux vers de terre, les réparateurs des sols, les digesteurs du trop-plein de déchets, les sauveteurs de la planète. C’est aussi le début d’une amitié profonde qui va unir deux garçons très différents. Arthur est issu de la bourgeoisie, scolarisé dans les meilleurs lycées parisiens, cultivé capable de citer les philosophes antiques et les bons auteurs. Kevin, venu du Limousin, de parents simples travailleurs agricoles, venu par la voie technique, titulaire d’un DUT mais excellent élément, admis à l’Agro parmi les rares élus d’un filière Pro.

Deux destins se croisent et s’éloignent : Arthur le bobo va tenter un retour à la terre en compagnie d’Anne, diplômée de Sciences Po qui se rêve écrivaine. Fidèle aux lombrics, anéciques et épigés il a le projet de réensemencer des champs stérilisés par l’agriculture conventionnelle et chimique. Justement, son grand-père avait une ferme en Normandie dont il a cédé les terres à un voisin Jobard (quel nom!).

Kevin a choisi pour les vers une autre voie : le lombricomposteur. Tout d’abord il met au point un lombricomposteur d’appartement qu’il cherche à produire et à vendre lui-même. Méprisé par les banques, il ne trouve pas la somme (assez modique) qui lui permettrait de lancer son affaire. Trop simple, pas assez innovant, il faudrait ajouter des capteurs, une appli, le transformer en smart-composteur pour être plus sexy. La rencontre avec Philippine dans une soirée mondaine va lancer le compostage à grande échelle. Il ne s’agit plus de composteur domestique mais de lignes de production pour les déchets industriels, l’Oréal est partie prenante, puis un gourou californien. La petite entreprise devient une licorne. Adulé par les médias, coqueluche des salons parisiens, Kevin, le garçon de la campagne, beau comme un dieu, fréquente cuisiniers étoilés, ministres et même Thomas Pesquet. Bulle capitaliste qu’un scandale fera crever.

L’histoire est moins glorieuse pour l’ensemenceur de vers en Normandie. Les bestioles, pourtant amoureusement chéries refusent de coopérer. Arthur survit grâce à son potager et à un mode de vie plus que sobre. Une chicane du voisin Jobard, la désertion d’Anne, le poussent à un sentiment d’échec qui le conduit à accepter les propositions d’un mouvement éco-terroriste : Extinction-Révolution. Monsieur Darmanin doit être comblé : il exise des éco-terroristes qui veulent faire tout péter. Bien plus fort qu’un petit pipe-line dans le désert d‘Andreas Malm!

J’ai déjà assez spoilé! J’arrête, à vous de lire.

Un roman agréable à lire , tout à fait en prise avec l’actualité, aussi bien les bulles financières des licornes de l’économie 2.0, les préoccupations écologiques brûlantes avec l’invasion des déchets, la dégradation des sols, le greenwashing. Tout autant de problèmes que le roman soulève! Sans parler de la tentation de violence pour ceux qui trouvent la transition écologique inopérante.

Cependant j’ai été déçue par l’analyse des personnages très stéréotypés correspondant exactement à l’idée qu’on peut se faire du bobo-paysan ou de l’arriviste. Pire encore leurs compagnes manipulatrices exploitant les réseaux d’une très haute bourgeoisie très friquées. A peine ébauchées, quelles vilaines filles! Gaspard Koenig se complait dans les réceptions mondaines, se met en scène lui-même, se moque de Pesquet. Trop facile! On sourit au début puis on se lasse de cette complaisance.

Crozon et la Maison des Minéraux

CROZON

Marché de Crozon

Crozon est une petite cité  où nous faisons nos courses.

Leclerc est assez éloigné en périphérie, pour les produits de base.  Le centre-ville est tout à fait suffisant pour la semaine : marché et Carrefour-contact ainsi que des commerces traditionnels.

Le marché se tient sur la Place de l’église. C’est un marché des producteurs : trois étals de légumes avec des bottes de carottes, radis, oignons soigneusement disposés. Un poissonnier bien sûr, un fromager propose des fromages de chèvres de toutes sortes. Pains variés. Miel. Un camion-charcuterie. Une roulotte-crêperie. Sans oublier les fraises de Plougastel : un régal pour les yeux et le nez ! le parfum des fraises se répand sur toute la place et me fait oublier les déconvenues récentes en supermarché garriguettes chères et décevantes. Le panier de 250 g est à 3€ presque la moitié des prix franciliens et moins cher que les fraises « bio » espagnoles de Carrefour de l’autre côté de la place 3.99€

Une belle librairie, des banques, une boutique de téléphonie et accessoires. Crozon est commerçante et vivante.

Quand j’entre dans l’église, trois femmes sont affairées avec des chiffons et balais. Bonne odeur d’encaustique. Il y a de quoi cirer : buffet d’orgue tout en bois, bancs…Un autel porte le retable en bois peint des dix-mille martyrs du mont Ararat.

La Maison des Minéraux

Septaria en lumière fluorescente

La Maison des Minéraux se trouve à Saint Hernot sur la route du Cap de la Chèvre. Elle occupe l’ancienne école primaire. L’accueil est très cordial.

La première salle offre une expérience inédite : le bac à sable. Du sable très fin est livré aux visiteurs qui peuvent jouer à modifier le relief, construire des collines ou les araser. Des capteurs de la topographie sont reliés à un logiciel qui fait apparaître les courbes de niveau et les couleurs sur le sable comme sur une carte traditionnelle.

La seconde présente la Géologie de Crozon. Une carte géologique de grande taille permet de saisir la diversité et les accidents géologiques de la presqu’île. L’essentiel des roche est sédimentaire avec un peu de volcanisme ancien, pillow-lavas de volcanisme marin, grès et schistes sont très anciens. Les phyllades de Douarnenez (alternance de grès et de schistes) sont du Briovérien (+ de 600 Millions d’années). Les roches les plus récentes sont du Permien (sauf les alluvions et sables Quaternaires).

spongiaire

Des reconstitutions paléontologiques des fonds marins anciens sont basées sur des fossiles spectaculaires ; je n’ai jamais vu de si belles accumulations de brachyopode et de graptolites ; jolis trilobites. Surprenant : un nodule de 70 cm de diamètre environ avec un cœur de pyrite : des couches régulières ont été accumulées en périphérie ; le résultat est une boule aplatie avec des cercles concentriques. On présente aussi des ripplemarks et des traces de vers.

Collection minéralogique dans la salle suivante. Dans les vitrines on découvre des minéraux provenant de toute la Bretagne : Grenats de l’île de Groix inclus dans une gangue de schistes verts. Amphiboles et staurotides. J’ai surtout été impressionnée par les Roches de Coray : staurotides présentant des macles en croix de Malte ou de Saint André qui ont été source de légendes.

Une belle exposition-photos : Pierres, Feuilles et oiseaux. J’ai surtout aimé les photos géologiques.

roches éclaireées en lumière fluorescente

Enfin, j’arrive dans une salle très sombre. Dans des vitrines de beaux cristaux. Aux murs des pierres grisâtres. Je commence à m’extasier devant les plus beaux spécimens. Mon préféré une septaria (nodule de dessication) très décoratif. La salle s’éteint pour être illuminée en lumière fluorescente : sur le mur les cailloux gris prennent des teintes surprenantes, on croirait un vitrail. Les septarias changent de couleur. Très spectaculaire.

La visite se poursuit en extérieur avec le Jardin Insoli(h)e qui met en scène de très gros échantillons. Un livre est fourni à l’accueil ; le jeu consiste à identifier les différentes installations. Facile pour le Granite rose que je connais bien de Perros Guirec, ou pour la rivière de schiste. Plus difficile pour les amphibolites.

Jean Painlevé – Les pieds dans l’eau – Jeu de Paume des Tuileries

Exposition temporaire jusqu’au 18.09.2022

Une exposition fascinante dans le bestiaire fantastique du littoral, filmé sous l’eau avec cet équipement baroque ou au laboratoire en microphotographie.

puce

J’ai perdu la conscience du temps qui passe en regardant les films de Painlevé : La Pieuvre, Les Daphnies, Le Vampire, L’Oursin, Crevettes…filmés de loin, de près, de très très près, grossis 150.000 fois. Et j’ai découvert des animaux dont je n’avais jamais entendu parler : Aceras, (mollusque)Hyas et Sténorinques(crustacés), j’ai vu se déployer des Spirographes.

Certains films datent de 1929, d’autres sont beaucoup plus récents comme la Transition de phase des cristaux liquides, en couleur, presque de l’art abstrait (d’ailleurs pourquoi ai-je écrit presque)?

Des tirages Noir&Blanc d’une grande beauté, non dépourvus d’humour comme ces pinces de crustacés qui évoquent un profil (il y en a une autre où la pince de homard ressemble à De Gaulle).

J’ai pensé au temps jadis où la sortie du projecteur Super8 en classe déclenchait l’enthousiasme des élèves pas encore saturés d’Instagram et de documentaires animaliers pompeux. Loin des opéras filmés qui hantent les programmes télévision. Du cinéma slow, sobre, mais tellement bien filmé, du soin, de l’humour, de la précision, de l’observation, de la science quoi!

Acera dansant ou Femme à la fraise Renaissance

 

Lac de Créteil : inventaire de la biodiversité avec i-Naturalist

TOURISTE DANS MA VILLE

Lac de Créteil, au fond l’Hôtel de Ville, premier plan iris des marais

Le Collectif du « Lac de Créteil » a donné un Rendez-Vous iNaturalist  le samedi 9 avril  pour participer au dénombrement des espèces animales et végétales autour de nous. 

INaturalist est un application sur smartphone qui se présente comme

« un projet de science citoyenne et un réseau social en ligne de citoyens scientifiques et de biologistes construit sur le concept de cartographie et de partage de la biodiversité à travers le monde »

Après avoir téléchargé sur nos smartphones l’application, une douzaine de volontaires se sont rencontrés au Novotel pour photographier les bestioles et les fleurettes que nous allons rencontrer. 

La héron derrière les roseaux

Avantage ornithologistes et photographes (ce sont les mêmes) équipés d’appareils photos et téléobjectifs pour des photos professionnelles des hérons, grèbes, mésanges et autres oiseaux du lac. Avec mon petit android, je ne joue pas dans la même cour! Je me suis donc spécialisée dans la détermination des fleurettes avec l’aide de PlantNet que je maîtrise mieux.

Cette année, les jardiniers ont retardé les tontes de printemps ce qui nous vaut une belle floraison de pâquerettes (ils ont quand même ratiboisé les orchidées). Ras du sol, il suffit de se baisser pour herboriser des petites fleurs que personne ne remarque

Bleues les Véroniques et les Lierres terrestres (Glechoma hederacea), roses le petit Erodium musqué  plantes modestes qu’on piétine sans même les remarquer. Ne pas confondre l’Erodium musqué avec le Géranium mou (en haut à droite

rose!

 

Des fleurs décoratives (et horticoles ont été semées par le vent ou les oiseaux) :Monnaie du Pape (à gauche) et ancolies (à droite).Dans la série des fleurs jaunes, nous avons négligé les Boutons d’Or (Renoncule) si commune que personne ne s’est donné la peine d’identifier, en revanche tout ce qui ressemble n’est pas Pissenlit ! 

fleurs jaunes

Il faut plutôt regarder les feuilles pour déterminer la Crépide dorée (Crépis aurea) haute sur sa tige glabre – (en haut à gauche)

Le Laiteron maraîcher (Sonchus oleraceus) (en haut à droite)

Celui qui est en bas est aussi un Laiteron maraîcher ou rude? Et bien sûr vous avez reconnu l‘Iris des marais . 

Une fois ces végétaux déterminés avec l’aide du téléphone, géolocalisés, ils vont se retrouver dans la base de donnée d’iNaturalist qui va peut être confirmer, ou infirmer les déterminations. Je peux continuer tout le week en ce petit jeu puisque d’autres volontaires le feront jusqu’à lundi!

Je suis très fière de ma tipule sorte de cousin

Tipule

Les oiseaux nous ont procuré bien des joies : les Hérons sont les stars des photographes. les Grèbes sont très photogéniques mais plus difficile à photographier : un couvait mais au beau milieu des roseaux, un autre avait pêché une écrevisse et a mis un temps fou à le manger, l’écrevisse a des pinces et une carapace dure.

l’éducation collective des Bernaches est un spectacle plaisant

Un drame a failli se dérouler sous nos yeux, tandis qu’on visualisait les photos sur les ordinateurs près de la piscine du Novotel, un petit lapin a déboulé et s’est caché sous les jardinières en bois, poursuivi par deux corneilles menaçantes. Les corneilles se sont perchées pour surveiller leur proie. Elle auront attendu que nous quittions les lieux et que le lapineau se lasse sous son bac à fleurs…..

Au temps des faluns – Musée des Beaux Arts d’Angers

PALEONTOLOGIE

Exposition temporaire jusqu’au 20-02-2022

« Les faluns sont caractéristiques et identitaires de l’Anjou. Le terme « falun » désigne une roche sédimentaire constituée de restes d’animaux qui s’est formée il y a 15 millions d’années. « 

Paléogéographie : Miocène

L’Anjou, il y a 15 Millions d’années était un gigantesque golfe carrefour biologique , lieu d’accueil et passage des migrations des animaux de l’ère Tertiaire.

Le climat était comparable à celui du Sénégal actuel. les faluns étaient des couches sableuses, sables marins ou fluviatiles contenant des fossiles marins et terrestres. Au temps des faluns, la formation des Alpes a entrainé  des basculements, l’ élévation du niveau des mers, résultat de la  dilatation de l’océan avec la hausse des températures, ces facteurs ont causé des transgressions marines avec dépôt de sédiments sableux. Des orages et des crues ont apporté des alluvions et des galets. Ces différentes strates superposées forment une collection de fossiles que l’exposition présente sous deux parties : le Monde marin et le Monde terrestre

Le Monde marin 

Le monde marin au Miocène

 

Deux catégories d’êtres vivants : les invertébrés, mollusques, bryozoaires, échinodermes, arthropodes, et les vertébrés : raies requins, baleines et siréniens. les fossiles sont très bien présentés.

Fossiles encroûtés de bryozoaires

Raies et requins sont impressionnants, on retrouve de nombreuses dents de requins de tailles diverses dans les faluns : les requins en  possèdent plusieurs rangées et en perdent des milliers au cours de leur existence.

les plus grandes sont de l’ordre du décimètre

 Les baleines étaient dérivent du Basilosaurus (-40 Ma), après le miocène un refroidissement des eaux a fait baisser la diversité et les migrations ont favorisé le gigantisme. 

Le Monde Terrestre

L’ère tertiaire voit le développement des mammifères, dans la première partie du Miocène une foret subtropicale couvrait l’Anjou avec des fougères et des conifères. les fossiles sont également remarquables : os et dents. On y voit des animaux disparus comme ces Gomphotères qui ressemblent à des éléphants, des ancêtres des rhinocéros et des chevaux.

gomphothère

une bien jolie exposition qu’on pourrait compléter par une visite à Doué.