CARNET ARMÉNIEN

Au petit déjeuner Hasmik a servi la curieuse verdure du marché « chouchan », des saucisses, de la confiture de figues et des pêches au sirop. Nous évoquons notre retour le 9 mai, ce sera la célébration de la fin de la seconde Guerre Mondiale, il y aura une parade militaire et des feux d’artifice embraseront toute la ville. Au jardin, je découvre les orties qui ne sont pas des mauvaises herbes mais tout à fait comestibles, excellentes pour la santé.
La route du sud est presue une autoroute avec les chaussées séparées. L’Ararat avec ses deux cônes Sis(le petit) et Massis(le grand) est séparé par la plaine de l’Araxe où les vergers alternent avec les champs. Le colza est en fleurs, la vigne verdit. Les cigognes arpentent les endroits humides. La frontière turque est signalée par des miradors et une petite base militaire où flottent les couleurs arméniennes mais aussi le drapeau russe. Artachat : une église moderne dépasse les barres soviétiques. Les zones industrielles sont délabrées. Aujourd’hui, 1er mai, tout est arrêté, on ne peut pas distinguer ce qui fonctionne encore et ce qui est à l’abandon.

Avant d’arriver à Khor Virap, on traverse un village tranquille aux maisons basses carrelées elles aussi de tuf rose. Ce parement est joli et donne l’illusion de maisons de pierre. Khor Virap est perché sur un éperon rocheux dominant la plaine de l’Araxe. Sur une petite colline, une statue de guerrier regarde la frontière turque matérialisée par des barbelés. Juste avant d’arriver, on traverse un cimetière impressionnant. Certaines tombes sont très récentes et le marbrier a gravé les portraits des défunts. L’un d’eux est représenté en pied, fusil mitrailleur à l’épaule. Ce cimetière est assez désagréable à voir parce que chaque concession est entourée d’une barrière métallique souvent rouillée. Pourquoi ces tombes ici ? A cause de la proximité de l’Ararat ? De la frontière ? Ou du monastère ?
J’essaie de cadrer dans mes photos les deux cônes et le monastère . Il semble bien petit à côte de la montagne !
De nombreux panneaux explicatifs multilingues guident le visiteur curieux.
Ce site est occupé de longue date. Dans l’Antiquité la ville d’Artachat fut fondée en 188 au confluent de l’Araxe et de la rivière Mitsamor.
Selon Strabon et Plutarque, Hannibal y passa ses années crépusculaires et fut le conseiller d’Artachès après la bataille de Magnésie quand Antiochos fut battu par les Romain.
Selon Moïse de Khoren une statue d’Apollon fut installée sur le bord de la route à la manière d’Hermès.
Selon Strabon et Tacite, Artachat était bordée e muraille de dix milles. Tigran II(140-55av JC) peupla la ville qui atteignit 150 000habitants et qui était équipée d’un système d’adduction d’eau et de bains publics.
L’histoire se poursuit sur le site :
Au 3ème siècle, les Perses sassanides renversent les Parthes. Tiridate, le roi arménien fut élevé à Rome où il étudia dans une ambiance hostile aux Chrétiens tandis que Grégoire l’Illuminateur à Césarée était élevé dans la religion chrétienne. Tiridate, à la tête d’une légion romaine nommée par Dioclétien (284-305) chassa les Parthes d’Arménie en 287. Sur la route Tiridate rencontra Grégoire et l’invita à sa cour. Il lui ordonna de remettre une couronne à Anahit. Grégoire refusa parce qu’il était chrétien. Tiridate le jeta dans une fosse à l’emplacement de Khor Virap pendant 13 années. Apres le massacre de Hrpsimé et de Gayané le souverain fut atteint d’une maladie dont il faut guéri à sa conversion.

Matenadaran : miniature représentant la conversion de Tiridate figuré avec la tête d’un sanglier.
A la suite cette conversion, Khor Virap est devenu un lieu saint.
Il l’est aussi à cause de la proximité de l’Ararat où Noé échoua après le Déluge. Sur un belvédère face à la montagne un panneau cite la Genèse (8-1-17)
« Dieu se souvint de tous les animaux, de tout le bétail qui se trouvait dans l’Arche…. »
L’église est 17ème siècle. L’église primitive fut détruite par Timur Lang au 14ème. Écroulée par de nombreux séismes, reconstruite en 1939,1949, 1957…Elle fut bâtie sur l’emplacement le Temple Ti-Apollon couvert de marbre, de feuilles de cuivre avec des statues dorées et argentées. C’est une église plutôt simple, très dépouillée (sauf des décorations actuelles kitsch).
Avant de quitter Khor Virap, je grimpe à la petite colline pour faire des photos.

