CARNET DES CYCLADES

Un peu avant 9h, nous arrêtons un taxi sur Athinas.
Nouveauté : le compteur du taxi imprime un ticket et le taximan rend la monnaie.
Les handicapés peuvent accéder à l’Acropole grâce à un monte-charge le long de la paroi nord. Un cheminement cimenté y conduit et tourne ensuite autour du rocher jusqu’au théâtre de Dionysos. Nous découvrons la source de la Clepsydre qui aurait alimenté la clepsydre située dans la tour des Vents dans l’Agora romaine. On arrive derrière l’ancien temple d’Athéna, Pandroséion, et l’Erechtéion.
Le Pandrosion contenait les lieux sacrés d’Athènes : l’olivier d’Athéna et la source salée jaillie du trident de Poséidon, lieu de la compétition des dieux pour parrainer Athènes. Il fut détruit par les Perses en 480.
L’Erechtéion et ses caryatides me fascine toujours autant. Il fut construit après les guerres du Péloponèse (431-404 av JC) Je ne me lasse pas de photographier les caryatides (ce sont des copies, les originales sont au Musée de l’Acropole) .
Il fait encore frais, la fréquentation est raisonnable. En revanche, plus question de s’asseoir pour se reposer sur un bloc. Des cordes interdisent de s’approcher de tout vestige, elles sont assorties d’avertissements « interdit de toucher le marbre !». Les gardiennes qui font respecter les consignes à coups de sifflet n’ont aucune pitié pour Dominique et sa béquille. Elle finira par trouver un banc à l’ombre derrière le Parthénon.
Un échafaudage occulte le fronton ouest. Je m’intéresse aux restaurations successives du Parthénon : la grue Pothain qui occupait le temple depuis 1985 a été remplacée récemment par une autre plus discrète. Les blocs manquant dans la reconstruction sont remplacés par du marbre blanc qui se patinera peut-être un jour. L’usage dans l’anastylose est qu’on puisse différencier les éléments originaux. Des caissons de plafond attendent d’être remontés. On peut observer les restaurations de l’intérieur entre les colonnes du côté Est bien dégagé.

Deux têtes de cheval sont coincées à chaque extrémité du fronton – je les avais oubliés ! Je me souvenais en revanche des trous rectangulaires où étaient suspendus les boucliers offerts par Alexandre après sa victoire sur le Granikos (334 av JC) en revanche je n’avais pas remarqué les petits trous sur l’architrave regroupés en paquets correspondant aux lettres de bronze de l’inscription de Néron (61 après JC).
Puisque nous sommes arrivées par derrière je descends vers les Propylées pour effectuer le parcours « officiel ». Un couloir pour la montée a été aménagé avec un autre à la descente pour canaliser l’afflux es touristes. Leur procession est impressionnante. Il faut déshabiller les silhouettes colorées de shorts, chapeaux à visière, T-shirts criards et imaginer des draperies antiques, transformer les perches à selfies en torches, rubans ou banderoles. On peut ainsi, avec un certain effort d’imagination, voir les Panathénées où Athéniens et pèlerins allaient rendre leurs dévotions à la Déesse. Les Propylées faisaient partie du programme monumental de construction de Périclès (437-432), interrompu par les guerres du Péloponnèse. Selon Pausanias (au 2ème siècle), une pinacothèque contenait une belle collection de tableaux. En plus de la statue Chryséléphantine d’Athéna Parthenos, attribuée à Phidias il existait une statue géante en bronze également œuvre de Phidias, Athéna Promachos , visible depuis le Cap Sounion.
Sur une aire, maintenant nue, s’élevait le sanctuaire d’Artemis Brauronnia, à droite de la voie processionnelle. Le culte d’Artémis fut établi au 6ème siècle avec Pisistrate.
Une rumeur monte de la ville, me rappelant le 1er mai 2010, 1er mai de colère, de manifestations violentes. Les chants révolutionnaires entraient en compétition avec la Messe diffusée par haut-parleurs de la cathédrale et la musique de Théodorakis des socialistes. Du bastion en haut d’un petit promontoire qui domine la ville, je ne découvre aucun rassemblement. Quand nous descendons, je vais à la recherche d’un taxi. Nous irons volontiers déjeuner au bord de l’agora romaine près de la jolie mosquée et de la Tour des vents sur les belles terrasses des Aérides….Aucun taxi n’est disposé à nous conduire en ville. Le centre d’Athènes est bloqué par les manifestations contre les mesures d’austérité et les réformes du régime des retraites. J’avais remarqué les affiches appelant à la grève aujourd’hui sans entrer dans les détails. Les chauffeurs de taxi profitent de l’aubaine (pas de métro ni d’autobus) saur les bus à impériale colorés des touristes. Ils proposent de nous conduire au Pirée, « good sea-food at Microlimani » ou à Rafina, ou n’importe où à la plage….mais pas à Athènes !
Rue Rovertou Galli, 300m plus bas, nous nous installons sur la minuscule terrasse en angle (3 tables avec un pot de basilic) et une jolie enseigne TO KAFENADAKI pour déjeuner et attendre le retour de la circulation. Délicieux jus d’oranges pressées (4€) une assiette de gyros très bien servie, les fines lamelles de porc sont accompagnées de grosses tomates, de pain pita tzatzíki et oignons crus, parsemées de thym et de fines herbes (8€ quand même !) Rien à voir avec le gyros qu’on mange debout, entortillé dans du papier.
Le Musée de l’Acropole est à 750 m plus bas.