Monte Sant Angelo

CARNET DES POUILLES

Saint Michel, l'Ange

L’histoire de l’Ange

L’Ange,  Saint Michel,   est apparu trois fois au cours de l’époque byzantine.

Au cours des guerres entre Byzance et les Lombards,  à l’évêque de Siponto, apparenté au Basileus de Byzance, il a promis de l’aider à la quatrième heure au cours de la bataille contre les Lombards. A l’heure dite,la terre trembla.

Une autre apparition concerna un taureau qui aimait paître seul. Son maître ne le retrouvant plus, organisa une battue à sa recherche, avec ses gens et ses serfs. Ayant trouvé l’animal, le maître, irrité, lui décocha une flèche. Celle-ci fut déviée par la main de l’Ange et retournée contre le méchant homme.

Toute la petite ville est donc vouée à l’Ange qui veille sur de nombreuses portes, au dessus des églises et des belles demeures. Monte Sant Angelo est un lieu de pèlerinage très fréquenté depuis l’époque byzantine ainsi qu’une étape sur la route des Croisades.

Une église « française »

A l’entrée de l’église San Michele, un homme nous aborde en Anglais puis en Allemand, il nous regarde mieux « Vous êtes italiennes ? »- coup d’œil à notre Guide Bleu – « françaises ». Il a habité à Paris. Il est ravi de nous expliquer en français que c’est une église angevine, donc française, avec ses arcs gothiques. La pierre très blanche est sculptée de bas reliefs très fins.

Crypte

Ce n’est pas une église, seulement une façade d’église : on descend 86 marches pour arriver à la crypte, dans la grotte où se déroule la messe. Nous essayons discrètement d’observer les portes de bronze faites à Constantinople en 1076 et la statue de l’Ange de Sanseverino toute dorée.

Un couloir nous conduit à une deuxième grotte. Sur les murs, des panneaux racontent l’histoire de MonteSantAngelo ainsi que la vie de Jean Paul II.

Nous remontons à la lumière pour photographier le beau campanile octogonal rappelant le château de Castel del Monte de Frédéric II . Justement, ce matin, j’ai lu le texte sur Castel del Monte dans le Voyage en Italie de D Fernandez.

La ville blanche

Nous nous promenons au hasard dans le village, ne manquant pas de visiter San Pietro et Santa Maria Maggiore, deux églises romanes tout à fait originales avec une décoration extérieure en losange et des fresques « de facture » byzantines.

La ville est toute blanche, tout en escaliers aussi ! Des enfants jouent au ballon sur une placette. Les escaliers ont l’avantage d’interdire la ville aux voitures garantissant le calme. Certains quartiers comportent de beaux palais du 17ème et du 18è.D’autres sont construits de plusieurs rangées de maisons identiques et mitoyennes coiffées de toits à double pente couverts de tuiles romaines.

Château

chateau normand - souabe - angevin

Nous terminons la visite par celle du château normand souabe angevin Le grand Frédéric II y installa ses quatre épouses. Manfred, Constance et Violante, ses enfants y naquirent ? C’est de Manfred que Manfredonia tire son nom. Le château devint une prison où furent enfermées Filippa d’Antioche et ses enfants puis Giovanna d’Anjou. Sous la domination aragonaise le château prit l’aspect qu’il a encore maintenant. De 1552 à 1802 il appartint aux Grimaldi. Toute cette série de personnage m’enchante. J’aimerais en apprendre plus surtout sur Frédéric II dont j’ai croisé les pas en Sicile et rencontré fortuitement en lisant Baudolino d’U. Eco, il y a quelques années, il faudrait le relire.

Le château a encore une très belle tour ronde aux murs très épais, un chemin de ronde et les murs d’un donjon rectangulaire. Le noyau le plus antique, la Tour des Géants pentagonale est moins reconnaissable  .La feuille commentant la visite en français parle de domination durazzese – qui sont ils ? Düres, en Albanie est juste en face mais rien de sérieux n’étaye cette hypothèse.

les Daunes

Dans une belle salle décorée d’oriflammes on a installé des vitrines contenant des témoignages archéologiques des premiers habitants du Gargano : les Daunes : poteries, outils et lances de bronze. Ces trouvailles ne sont pas spectaculaires à l’exception d’un très joli cheval en terracotta. Les Daunes élevaient des chevaux. Ici intervient un personnage homérique : Diomède qui est associé, je ne sais comment, aux chevaux. je devrais relire l’Iliade et l’Odyssée. Comme Ulysse, à son retour de Troie, échoue dans la région et mourut aux îles Tremiti où ses compagnons furent transformés en oiseaux ressemblant aux cormorans : les oiseau de Diomède.

De l’Ange Michel aux oiseaux de Diomède, mythe et histoire s’entrelacent et ce village blanc perché sur son arête est baigné de poésie

Castel del Monte – hymne au chiffre 8

CARNET DES POUILLES

castel del Monte

Nous sortons de l’autoroute à Andria pour aller voir le Castel del Monte – château mythique raconté par Fernandez dans son Voyage en Italie.

Perché sur une colline dominant la plaine côtière, il se voit de loin.Inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO , une gestion intelligente a éloigné les parkings de deux kilomètres. On y accède par une navette.

Mais il a l’air tout neuf, peut être un peu trop restauré. Conçu sans fortifications, jamais habité, c’est une construction énigmatique, un hymne au chiffre 8 : huit tours octogonales, sur une cour octogonale, huit pièces …Le portail et l’entourage des fenêtres sont sculptés dans une brèche rouge qui tranche sur la pierre calcaire blonde. A l’intérieur on a utilisé du marbre gris très fin pour les chapiteaux aux motifs végétaux. Aux arcs gothiques, on croit deviner une courbure en fer à cheval mauresque. Il faut imaginer les mosaïques et les décors en stucs arabes comme à Palerme.

Ce château « inutile » ne se visite pas comme n’importe quel château fort, il se rêve : rêve de Moyen Age baigné d’Orient de Palerme, de Jérusalem. Raffinement d’un souverain lettré. Dans les belles salles vides, une exposition de photos et des panneau racontant la vie de Frédéric II, l’enfant de Palerme, réussissant très jeune à se faire élire Empereur du saint Empire Romain Germanique, puis sa rivalité avec la Papauté son  excommunication par  Grégoire IX ainsi que ses femmes : Constance qui a régné à Palerme, deux autres dont Isabelle sont enterrées tout près à Andria. J’imagine les chevauchées entre la Souabe et la Sicile, la caravane traversant les Pouilles.

La suite du voyage, entre midi et deux, se fait sous la grosse chaleur : le pays est écrasé de soleil. Les oliviers s’en sortent bien, leur feuillage est juste un peu plus gris. Nous photographions des constructions rondes en pierre sèche, déjà des trulli ? Nous contournons Bari par des zones industrielles et des grandes surfaces, puis prenons l’autoroute Bari/Tarente, 80km, le plus vite possible, avec l’envie d’arriver.