CARNET BULGARE

Mosquée Djumaya
Le minaret blanc enserré dans une résille de briques roses se voit de loin avec ses neufs dômes de plomb. Construite une première fois sous Murad II en 1435 ? Elle fut reconstruite sous Abdul Hamid en 1784, d’où la décoration baroque. L’imam me montre trois tranches à l’intérieur d’une coupole témoignant des restaurations successives. A l’extérieur, les briques et les pierres dessinent des carrés : un moellon gris est entouré et pris dans le ciment rose, l’effet décoratif est très gai. Une façade de bois ajouré fait une devanture.

La place Djumaya est cernée d’immeubles Art Nouveau oranges, jaunes, avec des stucs blanc fantaisistes qui me font penser à celles de Pecs ou de Budapest. Au centre de la place, des fouilles ont mis à jour le Stade romain, très bien mis en scène : on y descend par des escaliers modernes et on découvre les gradins de marbre aux pieds de lion. Passant sous une arche, je remarque des protubérances : les têtes de lion. Deux asiatiques se déplacent avec un matériel impressionnant. C’est la Télévision Coréenne : ils me filment avec mon cahier et veulent savoir ce que j’écris. Coupée au montage ou célèbre en Corée ?

Sur cette place trois époques se mêlent : l’Antiquité Romaine, la domination ottomane et le début du 20ème siècle.

La Maison de Lamartine est une belle maison bourgeoise crépie de rose avec plusieurs étages en encorbellement. Fermée à la visite, je peux seulement lire la plaque de marbre rappelant le passage de F Mitterrand en 1989. J’ai acheté Le Voyage en Orient (1100p) afin de le lire au retour. Seules quelques pages sont consacrées à son passage à Pilippopoli, comme s’appelait Plovdiv en 1833. Il resta très peu chez M. Mavridès qui l’accueillit avec une grande gentillesse. Lamartine s’étend plus sur l’hospitalité de son hôte que sur les curiosités de la ville. Tombé malade à quelque distance de là, à Yeniköi (Novo Selo) , il compare les paysans bulgares aux montagnards suisses de Lucerne ou de Berne ce qui m’a surprise.

L’Amphithéâtre Romain est adossé aux trois collines qui formaient la ville romaine de Trimontium, qui ont pour nom Taksim Tepé et Dzhamlez Tepé qui sonnent turc à mes oreilles. Les portiques portant des statues sont encore debout sur 3 niveaux (comme les portiques d’Ephèse). Ce théâtre accueillait autrefois les séances du Koinon Therakon (union des cités thraces qui a fonctionné jusqu’au 5ème siècle av.JC). L’amphithéâtre est encore assez bien conservé pour que des spectacles s’y déroulent. Les affiches des Pêcheurs de Perle sont collées dans le voisinage.
Les arbres de Plovdiv

Nous examinons avec plus d’attention ces arbres qui nous avaient intriguées. Les fleurs ressemblent un peu à celle des acacias (en plus petit). Les fruits ressemblent à de petits poivrons quand ils sont frais, légers, vert très pâle, puis ils se dessèchent et deviennent légers et contiennent des graines noires rondes et dures d’un demi-centimètre de diamètre. Fruits et fleurs voyageront jusqu’à Créteil dans le livre d’Alexander Mc Call pris comme herbier et on plantera les graines.
D’un bâtiment moderne universitaire s’échappent des cris et des applaudissements, on imagine un match de basket jusqu’à ce qu’on découvre que des danseurs en costumes prennent le frais à la porte. On nous laisse passer et nous découvrons un spectacle très élaboré de danses folkloriques avec des troupes venant de toute la Bulgarie pour un festival. Un orchestre comprend une cornemuse, une grosse caisse, un flûtiste et des vielles peut-être oud aux allures orientales.

Quand nous arrivons, les danseurs portent de hauts bonnets tubulaires en laine ou en feutre très épais et des jambières de même matière attachées avec des lacets de cuir noir. Ils ponctuent leurs danses par des cris, sautent, tapent du pied. Puis arrivent 13 femmes couronnées de fleurs, aux longs tabliers bariolés, chantant, tournant, jouant les commères. Les chants haut perché est très oriental. On annonce ensuite au micro des danses de Dobruggia : les femmes portent des jupes rouges, des foulards jaunes de larges ceintures et, à la ceinture 4 cuillers en bois. Les garçons ont des blouses brodées, des ceinturons à boucle et leur tête est enveloppée d’un mouchoir blanc (façon pirate). Quand ils entrent en scène nous comprenons l’usage des cuillers : ce sont des percussions, utilisées comme des castagnettes.




