Perperikon

CARNET BULGARE

Montée au temple de Dyonisos marche creusées

A Asenograd, la route longe la plaine Thrace sur la gauche et les collines du piémont des Rhodopes à droite. On cultive des cornichons sur des fils tendus entre des poteaux. On les vend dans des sacs sur le bord de la route. A l’entrée de Topolovo, une mosquée. Arpès Novakovo, la route fait des lacets serrés dans la montagne. C’est bien difficile d’interpréter la géologie de la voiture : granite, granite pourri. De petits champs  de tabac sont enclavés dans la forêt. A Kommuniga, plus de forêt, toujours du tabac, un peu de maïs. Les prairies sont cuites par le soleil, couleur paille. De nombreuses carrioles sont tirées par des ânes.

Perperikon

Quittant la route principale pour aller à Perperikon, nous traversons des villages qui ont tous leur mosquée accompagné d’un fin minaret de fer blanc. Les dames portent sarouel et fichu à la turque, pas un foulard agressif. D’ailleurs avec le soleil de juillet, personne n’irait nu tête. Certains hommes ont fait un pliage de journal comme chapeau.  Les séchoirs à tabac sont rudimentaires : arceaux de bois protégés par un film plastique.  Dans le blé moissonné paissent des troupeaux. Un berger mène ses dindons. Des ânes sont attachés au pré. On en voit un qui rentre seul sur la route. On voit aussi un nid de cigognes. A Gorna Krepost, les inscriptions sur la fontaine sont en turc.

Le site de Perperikon est bien indiqué ; Le grand parking est payant (1leva). Dans une rangée de guérite, on vend de tout, des plans, des cartes postales, des souvenirs. Les premiers sont bien utiles. Le site n’est pas aménagé avec des panneaux explicatifs. Un gardien assis sur une toile prélève le péage (1leva/pensionnaire)

le temple de Dionysos et les cuves du vin pour le culte

Le sentier s’engage dans les buissons et les petits chênes. Sentier blanc, dans les roches blanches friables portant de curieuses taches bleues-vert (oxyde de cuivre ?), puis la pente devient très raide. On parcourt une allée antique creusée dans la roche, on en devine encore les marches taillée pour monter au temple. Un mur de gros blocs entoure le palais-sanctuaire. J’ai beaucoup de mal à distinguer ce qui est fait de la main de l’homme et les roches encaissantes. Je suis un groupe de Bulgares conduit par un guide. Evidemment, je ne comprends rien aux explications mais il me signale qu’il y a quelque chose à regarder. A moi d’interpréter ! Sans repères connus, je rêve à Alexandre le Grand qui est venu au temple de Dionysos consulter l’oracle qui lui prédit des conquêtes mais aussi une mort jeune. Ce n’est pas ma première rencontre avec Alexandre. A Siwa, un autre oracle lui avait promis la conquête de l’Egypte.

Dionysos eut un prédécesseur thrace : Zagreus dont le culte impliquait des mystères orphiques, ds sacrifices sanglants, des rites du vin et du feu. En 2000, l’archéologue bulgare Nikolai Ovtcharov d’après des descriptions d’Hérodote et de Suétone et d’autres sources antiques, émit l’hypothèse que le temple de Dionysos perdu serait à Perperikon. Les jarres contenant le vin de dionysos sont encore en place mi-enterrées, protégées par un petit auvent moderne. Je découvre les bac rectangulaires destinées à recueillir le vin, la citerne à eau au sommet mais je ne trouve ni trône ni le chemin  de l’Acropole. Au sommet de la colline, les archéologues sont sur place avec des dizaines de terrassiers, un cheval, des bûcherons. C’est l’heure de la pause ; Les femmes sont assises entre elles ; L’une porte le même foulard en étamine blanche bordé de perle que celui que j’ai acheté à Beysehir(Turquie) . Les archéologues ont aménagé une cantine avec des tables, des bands et des hamacs. Les bûcherons se tiennent à part et parlent turc entre eux. Il semble que les femmes soient cahrgée du terrassement tandis que les hommes abattent le petit bois de chêne. Je trouve la « sortie », un sentier très pentu qui serpente à couvert des arbres.

Un autre site touristique est signalé : Moniak (une forteresse), nous suivons la flèche, traversons est un village très tranquille et là, nous perdons la piste. Au compteur de la voiture nous avons parcouru 3 km sur une piste coincée entre la voie ferrée et la montagne qui est un joli volcan où sont empilées les coulées basaltiques avec leurs prismes caractéristiques. Quand la piste devient vraiment impraticable, on renonce. On a raté la forteresse mais on a vu un joli

Les tombeaux des Thraces autour de Kazanlak

CARNET BULGARE

Tombeaux Thraces

le roi thrace Seuthès

Juste avant d’arriver à Kazanlak un panneau signale les Tombeaux Thraces. La route arrive à Shipka, nous n’avons pas vu le moindre tumulus. Comment pourrions-nous demander aux passants ? Les tombes se trouvent sur la route de Shipka à Kazanlak, bien visibles et Trace se dit « Trakisti » . Tumulus Golyama Kosmataka : le tumulus le plus imposant, celui de Seuthès III fouillé en 2004 précisément celui du documentaire passé sur Arte fin avril

Je recopie les documents présentés en anglais et les résume ici :

Au 4ème siècle Av JC, ce tertre sacré était utilisé par les prêtres comme temple pour y cél-brer des Mystères Orphiques. Au 3ème siècle, il devint le tombeau de Seuthès.

Un couloir conduit à une pièce circulaire à coupole évoquant une tholos mycénienne, puis au fond à une salle rectangulaire contenant le lit funéraire et une table de sacrifice. Une porte de marbre à deux battants porte le médaillon d’Hélios et la tête de la Gorgone Méduse. A l’inhumation de Seuthès, on sacrifia un cheval. Dans la tombe on retrouva des amphores de Thasos, le casque et les jambières décorés avec le médaillon de Pallas Athénée et une couronne de feuille de chêne en or. La tombe était recouverte d’un tissu de fils d’or.

Après l’inhumation on brûla la charpente du couloir qui fut comblé.

Les gardiens de la Tombe sont très aimables et ravis de répondre ne anglais à mes questions. Ils me recommandent de visiter le tumulus voisin.

tumulus thrace

Tombeau thrace Ostrucha

Ce tumulus est moins haut que le précédent et très différent ; Daté du 4ème siècle, il comportait six chambres dont une seule contenait le sarcophage et les cinq autres probablement des offrandes ont été vandalisées par des pilleurs au temps des premiers chrétiens. Quatre pièces de monnaies à l’effigie de Constantin témoignent de leur passage. Un jeune homme ouvre la tombe (ventilée avec l’air conditionné). Il me fait allonger sur le lit funéraire (protégé par des caillebotis) pour que je puisse admirer le plafond à caissons autrefois recouvert d’or. Dans chacune des cases (6 par côté) étaient peintes des fresques colorées. Une seule est encore bien conservée : le portrait d’une jeune fille. Au centre – comme les plafonds bulgares actuels – se trouve un carré avec le soleil Hélios au milieu et autour des triangles – symboles astronomiques ? Le lit funéraire avait des pattes de lion. Le sarcophage énorme était un monolithe de granite provenant des montagnes de l’autre côté de la vallée à une vingtaine de km. Ici aussi avait été sacrifié un cheval. Après avoir complimenté le guide pour son bon Anglais, il me recommande de filer au musée de Kazanlak voir les objets originaux exposés. Les autres tombeaux sont fermés, faute de gardien.

Kazanlak

l'Or des Thraces

Avant de visiter le Musée Iskra nous déjeunons à la terrasse d’une pizzeria dans la rue piétonnière du centre de Kazanlak. Il n’y a que l’embarras du choix entre les cafés chics, une baraque à hot-dog ou de petits restaurants. Pour 10 levas on aura une salade grecque, bien servie mais pas assaisonnée, deux « boulettes » de porc aplaties genre steak haché, un verre de vin.

Le Musée est double : une Galerie de tableaux mal éclairés qui n’a rien d’engageant et que nous négligeons, et le Musée Historique. Nous traversons rapidement le secteur de la Préhistoire pour arriver dans les deux salles des Thraces.

Dans la première, une maquette et des panneaux présentent Seuthopolis, la cité de Seuthés, engloutie dans un lac des environs, qu’il est question d’ouvrir à la visite après l’avoir entourée d’une enceinte circulaire qui la protégerait de l’eau. On y accéderait en bateau. Cette île creuse ronde m’apparait assez bizarre. Elle a un goût de Disneyland ou de science fiction. Je préfère étudier le panneau où on a reproduit une ville grecque avec ses rues à angle droit, son agora…dans la boucle d’un fleuve.

Seuthès (330-302 ou 287 ?) a résisté à Lysimachos après la mort d’Alexandre. Il faudrait que je me documente sur les Thraces, leurs rapports avec la Macédoine d’Alexandre, et avec les Daces roumains. Une inscription en grec sur une stèle de Seuthopolis est évocatrice : il y est question d’une Bérénice et Epimenes qui servaient Spartakos au sanctuaire des dieux samothrakiens.

l'or des Thraces : masque funéraire

Dans la salle suivante on trouve l’Or des Thraces, masque funéraire impressionnant provenant du tumulus de Svetitsa (5ème siècle av JC) et des bijoux d’une extrême finesse. Les objets originaux de la tombe de Seuthès sont conservés ici, dans la tombe je n’avais vu que des copies.

Les salles romaines et byzantines retiennent moins notre attention. A l’étage on a reconstitué l’atelier d’un luthier de Kazanlak, réuni dans une vitrine des flacons pour contenir l’eau de rose, dans une autre des broderies et des souvenirs guerriers dans une troisième…

Nous allions remonter en voiture quand la dame du Musée accourt vers nous (en pleine canicule) pour nous dire d’aller visiter le tumulus de Kazanlak à cinq minutes d’ici. On en profite pour faire un petit tour en ville : petit marché assez misérable, un minaret en brique rouge dépassant d’une belle mosquée de bois. Les HLM de béton sont très dégradés, il y a partout des tags avec des croix gammées pas sympathiques du tout.

Le Tumulus de Kazanlak est situé dans un jardin public. Il est perché sur une colline. On ne visite pas l’original mais la copie. Le couloir et la chambre funéraire sont recouverts de magnifiques fresques avec des chevaux des chars biges et quadriges. La femme du roi défunt apporte le repas funéraire. J’entre en même temps qu’un groupe de Français et un groupe bulgare attend. Je n’ai donc pas le loisir de dessiner ou de prendre des notes, juste un coup d’œil.

Sofia : Musée national Historique

CARNET BULGARE

le magnifique plafond sculpté du hall

Le Musée National Historique est très très bien situé et très très bien présenté. J’ai découvert plus tard que ce bâtiment prestigieux avait été construit pour un autre usage, comme résidence du chef de l’Etat du temps du communisme. C’est un bâtiment moderne de béton très plat dans un écrin de verdure, mis en valeur par  pelouses bordées de stèles antiques provenant des tombes de la nécropole de Serdica découvertes en 2007, datant de l’Empereur Constantin (307-337).

La visite est mise en scène avec pompe /  2 groupes de trois Romains, en toge, nous accueillent en haut de l’escalier d’honneur. Les salles sont articulées par ordre chronologique autour d’une vaste entrée ronde au plafond de bois sculpté.

Nous parcourons rapidement celle de la  Préhistoire jusqu’à l’âge de bronze. Thraces et Romains se partagent la seconde salle. Contrairement au Musée Archéologique, ici cartes photos et panneaux accompagnent les objets. Collections thrace de tétra- drachmes d’argent, de casques et armures, armes de bronze et même de cotte de maille confirmant l’impression que les Thraces étaient des forgerons et orfèvres hors pairs ! Des citations de Thucydide et d’Hérodote commentent les campagnes Thrace. Au centre de la pièce, le trésor du roi Kotis (383-359 av. JC) se compose de pièces d’argenterie magnifiques surtout les rhytons d’or et d’argent d’une grande finesse. Une statuette métallique est tout à fait étonnante, très orientalisante avec des motifs animaliers d’influence perse ou syrienne.

Dans la 3ème salle, on voit arriver les Bulgares par vagues vers 630 avec leurs Khans : fac-similé d’un parchemin qui raconte les campagnes de Siméon (914), la prise d’Edirne, des copies des fresques de la Boyana que nous venons de visiter présentent les souverains.

 

Dans une dernière salle sont exposés des objets de l’époque de la domination ottomane : Corans et livres de prière, armes et céramiques d’Iznik aux tulipes et aux œillets bleus ou rouges. J’ai flashé sur une magnifique porte marquetée du 19ème siècle.

L’histoire récente, les révolutions, guerres sont au 2ème étage avec de nombreuses vitrines présentant des uniformes ; armes, imprimés moins intéressants pour qui ne lit pas le Bulgare. Une dernière exposition est consacrée aux costumes et décors du cinéma bulgare.

Ce musée est riche mais surtout le bâtiment est magnifique avec ses plafonds de bois sculptés merveilleux.