CARNET CRETOIS

– « tu n’as pas renoncé à ton Cnossos ? »
(nous avons visité le site autrefois)
Non ! Je tiens ferme à Cnossos, à ses mythes, au labyrinthe et à Evans !
Aujourd’hui, Cnossos est gratuit. Pourquoi ? On l’ignore. Le patron du bar du site ironise :
– « Nous autres, Grecs, sommes trop riches et n’avons pas besoin de votre argent ! »
Des guides hèlent les visiteurs qui ont fait l’économie du ticket d’entrée (6€). Ils proposent une visite guidée à 5€.
Les averses intermittentes interdisent une visite systématique avec nos livres que je n’ose pas exposer aux gouttes.
Je préfère lire les nouveaux panneaux qui détaillent les restaurations récentes. Les archéologues ne peuvent pas protéger le site comme si Evans ne l’avait pas cimenté et bétonné. Les constructions d’Evans font donc partie de Cnossos même si des découvertes postérieures pourraient infirmer les affirmations de l’Anglais.

Nous avions vu les fresques originales au Musée Archéologique d’Héraklion et je n’avais que peu de souvenir des copies ornant le palais. Cette année, le Musée d’Héraklion est fermé. Je redécouvre avec beaucoup de plaisir les tableaux floraux avec les singes bleus, les lys, les griffons …. Deux petites fresques m’ont étonnée : l’une d’elle montre le Palais avec ses couleurs, l’autre trois arbres bleus qui se détachent sur un fond blanc peuplé de toute une foule tandis qu’une grande tache rouge fait une sorte de vague. De dessous de gracieuses danseuses aux toilettes élégantes avec des jupes à volants sont sur un fond bleu. Elles ressemblent à la déesse aux serpents du musée d’Héraklion don je garde un souvenir très vif.

Le taureau, Minotaure (?), est très présent.
Dans le Palais de Minos de Nikos Kazantzaki inclus dans le recueil de l’énorme Omnibus (1150p) » La Crète – Les romans du Labyrinthe » qui pèse lourd dans la valise, je lis la description du Mégaron du roi . Kazantzakis a visité le Cnossos d’Evans!
« Le vieux roi était assis sur son trône. C’était un siège en albâtre ciselé avec art, juste fait pour le corps d’un seul homme. De chaque coté se déployaient d’immenses fresques : au milieu des lys une étrange bête était allongée, une sorte de grand lion dont la crinière était faite e plumes de paon. Il dressait sa queue roulée en volute et tendait vers le trône du roi sa tête pointue. Trois piliers trapus fait en bois de cyprès soutenaient le plafond, rouges avec des chapiteaux noirs »
Dans ce roman je rencontre aussi Thésée et Ariane . Voici la danse d’Ariane peut être inspirée par la petite fresque ci-dessus :
« La danse de l’Homme et du Taureau
Ariane tendit son pied sur les grandes dalles de la cour comme si elle cherchait sur le sol où le poser, comme si, elle tâtait la terre avec précaution pour ne pas tomber. Elle baissait la tette comme le taureau prêt à donner de la corne et par une brusque secousse du corps, elle se mit à danser »
Bien sûr, Icare et Dédale, préparent les ailes qui leur permettront de s’enfuir….
Le rouge et le noir me semblaient les couleurs de Cnossos le bleu éclatant m’étonne.
Mégaron du Roi, Mégaron de la Reine. Je retrouve avec plaisir les Griffons du roi et son trône. Où sont passés les dauphins de la Reine ? Le palais est moins accessible qu’autrefois. Des plaques en plexiglas protègent les murs des intempéries. Je dois me hausser sur la pointe des pieds pour trouver les oursins empilés.

Je déambule dans le Palais, imaginant le labyrinthe, et découvre les magasins et les énormes pithoïs, le théâtre avec ses gradins à angle droit. Il est stupéfiant que le gypse, roche soluble, ait traversé plus de trois millénaires. J’observe les figures de dissolution et recristallisation. Les fouilles récentes sont maintenant protégées par des toitures et la pierre est nue, sans ciment.
sur le culte du taureau d’excellents billets de Claudialucia ICI
Les pins embaument dans l’air vif.
Pour piqueniquer nous trouverons un magnifique pont près d’Agia Irini enjambe un ruisseau : 5 arches de toutes tailles, deux grandes en ogive superposées (aqueduc) trois petites sur le côté. Un chemin passe sous l’une de ces arche dans la verdure ; nous pique-niquons au bord de l’eau sous un platane dont les feuilles sont nouvellement écloses : feuilletés, yaourt grec et miel ; un menu grec !
A l’hôtel, je relis Cnossos, L’Archéologie d’un Rêve d’Alexandre Farnoux dans l’excellente collection DÉCOUVERTES GALLIMARD Le rapprochement entre les figurations des végétaux minoens et ceux de l’Art Nouveau est très intéressant. Évidence d’une coïncidence des goûts.
Je me souviens avoir été gênée par le béton et la foule aussi! J’avais beaucoup plus apprécié la visite du musée d’Héraclion et les sites qui à l’époque n’étaient pas encore exploités! Nous étions seuls!
Il a de l’humour le patron du bar!
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Je me souviens d’un billet sur Voix-Nomades que tu avais publié racontant votre visite à Héraklion. je mettrais volontiers un lien mais est-il encore accessible?
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