CARNET BULGARE

La descente en lacets s’effectue très rapidement dans la vallée les blés sont dorés et prêts à être moissonnés. La route de Sofia à 3 voies enjambe des défilés et des canyons profonds aux environs du col de Klisoura. Encore 16km sur bonne route, on arrive à Koprivishtitsa (1060m).
Koprivishtitsa est un très joli village coloré au bord d’un ruisseau Topolka. De belles maisons carrées sont assises sur un rez de chaussée de pierre, l’étage dépasse peint de couleurs vives, rose vif, jaune d’or, bleu vif, pastel, vert tendre…les ruelles pavées de grosses pierres irrégulières tortillent au flanc des pentes si bien qu’il est difficile de s’y retrouver.

L’Hôtel ASTRA est caché derrière un mur de pierre et un haut portail de bois foncé sous un large auvent de tuiles. Son jardin est très fleuri : les œillets d’Inde plantés serré font une bordure orange, les phlox le long du mur, les hortensias blancs, une rangée de géraniums rouges dans des ports s’alignent le long du bâtiment principal peint en vermillon. Notre chambre est à ‘étage. Comme à Glojéné, elle occupe un coin avec deux orientations. Les murs sont bleus avec des moulures en trompe-l’œil. Plafond et mobilier sont en pin clair verni. Il semble que les Bulgares accordent un soin particulier aux plafonds lambrissés. Deux lits jumeaux, une télévision, une salle d’eau bien agencée, nous serons très bien d’autant plus que des tables et des parasols permettent de passer la soirée au jardin.
15h30, nous nous dépêchons de chercher l’Office de Tourisme pour acheter les billets des maisons-musée. Lundi et Mardi sont jours de fermeture. Nous pourrons visiter 3 maisons aujourd’hui (fermées le mardi) et 3 demain (fermées lundi). Quand nous demandons où est l’Office de Tourisme, tout se complique. Personne n’a entendu parler d’une telle institution. D’ailleurs, personne ne parle autre chose que le Bulgare. A l’épicerie, la dame est très gentille : elle téléphone de son mobile à la réception de l’hôtel voisin pour trouver un interprète. La conversation tourne court puisque nous somme clientes d’un autre hôtel. On tourne en voiture dans le village sans trouver le i figurant sur les plans et les guides.
La maison- musée, Maison Lyutov, est ouverte. On nous remet le billet cumulatif valable dans les autres maisons (5 levas).

La maison Lyutov a été construite en 1854 par un marchand très riche qui commerçait jusqu’à Alexandrie ou Le Caire. Dans l’entrée, une frise où bouquets de fleurs alternent avec des médaillons figurant les villes d’Alexandrie, Le Caire, Constantinople et Venise. Le plafond ovale lambrissé est remarquable. Salles s’ouvrent sur cette entrée : la salle de réception des hommes (salamlik)est très orientale . Une banquette basse recouverte de couvertures rouges court sur trois côtés, le quatrième est occupé par une cheminée au manteau bombée à la turque. Au sol, une table basse, ou plutôt un plateau rond de bois est entouré de coussins. Dans le salon d’été où un mannequin féminin indique qu’il était ouvert aux femmes, on retrouve la banquette rouge mais aussi des chaises cannées et une table à l’européenne. En face le living-room est aussi bordé de banquettes. C’est là que toute la famille dort par terre. A côté, la cuisine se faisait dans une cheminée turque, les marmites suspendues sur l’âtre. Un vaisselier est garni de plats métalliques. Dans la cuisine aussi on trouve une table basse et une banquette. Au rez de chaussée il y a une exposition de très beau tapis de feutre, un métier à tisser et des kilims ainsi que des ouvrages de dames : dentelles broderies et chaussettes en jaccard. Des soieries sont désignées selon leur origine orientale.
Le luxe de cette maison démontre la richesse des marchands qui s‘était encore accrue pendant la guerre de Crimée.

La Maison de Giorgi Bentovski se trouve dans un autre quartier et c’est toute une promenade que de la rejoindre dans les rues pavées. Bentovski est né en 1843 à Koprivishtitsa. Il s’appelait Gavril Hlutev . Il apprit tout d’abord le métier de tailleur et fit ensuite le commerce de textile en Asie Mineure puis s’établit en 1875 à Bucarest où il rencontra des révolutionnaires. En 1876 il faut l’organisateur de la rébellion on le représente en cavalier. Le rez de chaussée de la maison seul, est meublé. A l’étage se trouvent les souvenirs révolutionnaires. Une pièce basse aux banquettes bases rouge occupe deux côtés, le 3ème est l’emplacement du poêle, le 4ème celui d’un placard de bois. Ici aussi le plafond est lambrissé avec soin. Au sol, sur des kilims colorés on a posé un épais tapis de feutre aux motifs géométriques.
La 3ème maison ouverte le lundi est celle de Lyuben Karavelov né en 1834 à Koprivishtitsa qu’il quitte en 1857 pour étudier à Moscou où il collabora à des journaux russes. Il publia des articles sur le folklore ; En 1867, il est en Serbie, en 1869 à Bucarest où il établit des contacts avec de jeunes Bulgares et publia le journal Indépendance. On présente dans sa maison la presse à imprimer.
Nous terminons la soirée dans le jardin à étudier les cartes et les guides et à trier les photos.
Dîner au joli restaurant bleu avec une belle terrasse. Pas de soupe chaude, seulement du Tarator –soupe froide – yaourt délayé avec des morceaux de concombre et d’ail. Celui-ci est un peu fade et je rajoute du poivre. Pour dessert, une excellente crêpe au miel et aux noisettes.
J’ai la chance de rencontrer un monsieur cultivé parfaitement francophone. Il regrette que le bétail, vaches et moutons, très abondants avant la période communiste aient disparu. On entend les carrioles à cheval mais pas de vaches qui rentrent à l’étable. Tout se normalise si lentement. En 20 ans les restitutions des terres aux propriétaires ne sont pas terminées. De même, les bienfaits de la Communauté Européenne arrivent si lentement. Il semble qu’il faille beaucoup de patience en Bulgarie. Lui qui a des enfants qui travaillent et qui ont étudié en France est tout à fait pro-européen, mais pour les gens ordinaires, il n’est pas aussi affirmatif.
Je suis fascinée par tous ces noms aux consonances étranges , à ces noms inconnues
Les maisons sont superbes
Le tarator me plairait bien je crois
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@ Dominique : tu peux essayer une version française du tarator en n’épluchant pas le concombre il a plus de goût!
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La meme « table basse, ou plutôt un plateau rond de bois » (avec trois ou quatre pieds courts, en bois)est entouré (dans nos villages),des petits tabourets en bois, (avec trois pieds). Et je suis heureux que vous avez decouvert la partie de vie « roumaine » des certains revolutionaires bulgares, car , apres ecrie des anees 1877-1878, j’ai hesite de ecrire ca dans mon message. La Roumanie a accepte ces hommes sans demander rien.
Au sujet des noms etranges, chez nous a la campagne il existe le mot (d’influence bulgare): »lubenitza », pour: « pepene verde »(pasteque). Essayez aussi de trouver et lire une livre avec des contes bulgares(mais je ne sais pas si ils ont traduit ces contes en francais). Ils ont des contes tres amusants, toujours avec un charactere educatif.
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@george : en effet, les livres étaient souvent publiés à bucarest et les révolutionnaires s’y rencontraient.
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J’ai hâte de continuer la visite avec toi, c’est très intéressant. Rien de mieux qu’une rencontre avec un habitant francophone et cultivé 🙂
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@Aifelle : tes visites sur mon blogs et les commentaires me font très plaisir!
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L’auteur des contes bulgares qui est tres connu chez nous est : Elin Pelin
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