CARNET BULGARE

Dans la fraîcheur du matin, le trajet dans la montagne jusqu’à Ardino est très plaisant. Forêts de pins, prés couleur paille, nombreux animaux. A Boino, le minaret, fin et pointu comme un crayon, surgit dans l’axe de la route. Il est en ciment blanc festonné. Sommes-nous chez les Pomaks (Bulgares islamisés) ? Les végétaux ont soif. Les sources sont presque taries.
Ardino est une petite ville pimpante. La mosquée a deux minarets. Ici aussi, les agences proposent des voyages en Turquie. La Grèce n’est pas loin non plus, à peine une trentaine d kilomètres.
Nous avons trouvé un but d’excursion excitant : le Pont du Diable sur la rivière Arda. Il ne figure pas sur notre carte mais il est fléché avec un panneau touristique marron, 10km. On s’engage dans une fraîche et verte vallée occupée par des jardins. La route suit la rivière puis s’élève dans la montagne. Le goudron disparaît, la piste devient de plus en plus mauvaise. Des abris avec des bancs jalonnent le parcours. Il reste encore 5km à parcourir, de gros rochers affleurent, le ruissellement a abîmé la piste. La voiture souffre. Il est plus prudent de renoncer. Si la route n’était pas si longue pour arriver à Devin, j’aurais volontiers continué à pied. Le Pont du Diable est une excursion pédestre, à la rigueur en VTT (on a rencontré une troupe de cyclistes) à proscrire en auto !
Nous avons perdu une heure. Nous renonçons au détour suggéré par Balkania, par Zlatograd à la frontière grecque dans les villages Pomak,. 30km supplémentaires, c’est au moins une heure de route !
A partir d’Ardino, nous suivons le cours d’une rivière, la route de la montagne offre des panoramas spectaculaires à travers les arbres mais elle est très sinueuse.
Smolyan
Smolyan est présenté par le Petit Futé comme une « ville américaine conçue pour l’automobile ». On s’attendait à autre chose qu’à un conglomérat d’immeubles modernes dans lesquels on a perdu la route. La cathédrale de ciment gris n’offre aucun intérêt si ce n’est sa taille. Dès la sortie de la ville en direction de Pamperovo, le relief devient très accidenté. Les sommets sont pointus et rocailleux. Il y a de petits lacs. Nous évitons Pamperovo mais devinons les pistes de ski qui font des saignées dans la forêt. Des immeubles au style « sports d’hiver » jalonnent la route.
Shiroka Laka
A un petit col, avant Shiroka Laka, nous trouvons le « coin pique-nique idéal » : une petite guérite de bois ronde construite autour du foyer et de la hotte d’un grand barbecue ; la table et les bancs en font le tour. A quelques pas coule une fontaine. Bel emplacement pour un pique-nique d’avocat et saucisse sèche plate et pêches.

La forêt est fleurie, rien d’exotique : des épilobes roses et chardons violets, mais en quantité.
Tous les guides et Balkania sont unanimes pour louer Shiroka Laka. Architecture typique des Rhodopes, sites antiques, et aussi la légende d’Orphée pour nous faire rêver. Orphée serait né à Gela et la tradition musicale se serait perpétrée. Stoykite est encore préservé malgré la pression touristique et l’industrie du ski, des constructions neuves pied des pistes. Shiroka Laka est un petit bourg fleuri avec de belles maisons des Rhodopes, des marchands de souvenirs, cloches de vaches, couteaux …Au bout du village le petit pont à dos d’âne est charmant ainsi que l’église ancienne avec de jolies fresques naïves.
Nous cherchons Gela, village d’Orphée, et ne trouvons pas le centre du village. Les maisons sont échelonnées le long de la pente. En revanche, une forteresse thrace est annoncée ainsi qu’une basilique byzantine du 5ème siècle. Pour la forteresse, la piste ne semble pas meilleure qu’au Pont du Diable. La basilique n’est distante que de 500m de la route. Ne pas confondre basilique antique et église du village ! De la basilique, il ne reste que quelques ruines, construite au 5ème siècle, elle a été détruite au 6ème par les Avars. Sa taille est impressionnante. Une anecdote m’amuse : on a trouvé dans le narthex sous une pierre tombale, un squelette ayant une pièce d’or de Justinien (527-528) dans la bouche : obole pour Charon. Cet homme était probablement un ecclésiastique de haut rang, des pèlerinages étant effectués sur sa tombe. Survivance des croyances anciennes ? Syncrétisme ?
Les autres villages nous déçoivent un peu. Etait-ce nécessaire après une longue route de se rallonger encore ?
Devin
Nous sommes pressées d’arriver à Devin. Sur le voucher : Complexe Ismena, le GPS accepte l’adresse et nous y conduit (c’est à l’entrée de la ville)
Le Complexe Ismena est immense, un grand bâtiment le long de la route, style rhodopien (ou Deauville) et une bonne dizaine de pavillons plus bas étagés au flanc de la montagne, deux piscines dont une couverte. L’accueil y est étrange. Les hôtesses ne parlent pas anglais et surtout ne comprennent pas notre voucher. Nous ne sommes pas attendues. Une femme plus mûre prend les affaires en main se sert de trois téléphones à la fois »Dobre, dobre… »Tout semble s’arranger pour nous. On nous conduit dans un appartement composé d’une grande chambre avec télé grand écran et d’un living room (deuxième télé, si on n’est pas d’accord entre CNN et la BBC). Dans al salle de bain de moelleux peignoirs pour la piscine. Je me déshabille pour aller nager avant l’orage qui menace. Je n’ai pas encore enfilé mon maillot que l’hôtesse qui parle le moins mal anglais, frappe à la porte. Balkania a appelé, nous sommes attendues dans un autre hôtel Devina. Il y a eu une erreur sur le voucher. Sans précautions préalables, on nous chasse, maintenant et tout de suite. Je rends le peignoir, on ne nous aide même pas à porter les valises. Mon téléphone sonne. Filip s’excuse du désagrément, c’est une erreur de l’agence. Nous lui faisons part de la déception d’autant plus que Devina n’a pas de piscine.
– « vous verrez, Devina est très bien, la piscine municipale est très sympa ! »
La chambre de Devina est très agréable, confortable, plus gaie que les appartements du complexe Ismena. Il y a une terrasse avec une table ronde et des fauteuils. La vue sur la montagne toute proche et l’animation de la station thermale. Mais pas de piscine !
Il nous faudra quand même retourner à Ismena : dans la précipitation j’ai oublié ma montre que j’enlève pour me baigner. L’appartement a déjà été donné à d’autres clients qui l’ont trouvée.
La fin de l’après midi, après que la pluie ait cessé est consacré à l’exploration de Devin. Un tour en voiture. Très vite on arrive dans les logements des locaux, immeubles crasseux pavillons de briques (pas de maison rhodopienne), une petite mosquée, pas de commerçants identifiables. Que mangent les gens ? Tour de ville à pied dans le quartier piétonnier et thermal. Il y a un certain nombre d’hôtels où les curistes doivent trouver tout ce dont ils ont besoin. On ne trouve pas d’établissement de Cure et très peu de restaurants. Après ratissage des trois rues je finis par trouver deux supermarchés : ce soir, ce sera yaourts !
Enfin je trouve la « piscine municipale » qui porte le nom beaucoup plus poétique de « Complexe Orphéus » composé d’un hôtel de 5 ou 6 étages avec une merveilleuse piscine thermale découverte (6levas) et une couverte (8levas). Malheureusement la piscine découverte est fermée après l’orage
Depuis que je suis ton voyage, je me dis que c’est encore assez aventureux de partir sur les routes bulgares … les surprises n’ont pas manqué.
J’aimeJ’aime
@ Aifelle : tout dépend ce qu’on appelle l’aventure. Chez moi c’est rarement l’exploit sportif, plutôt la rencontre fortuite, la surprise. D’ailleurs quand la route est mauvaise, courageuses mais pas téméraires, on rebrousse chemin.
J’aimeJ’aime