CARNET BULGARE

L’orage a sérieusement fait baisser la température.
Zakuska : assiette fromage – saucisson. Dans la salle du restaurant deux télévisions sont en marche. L’une d’elles présente des peintres d’icônes modernes, sur l’autre des chanteuses se trémoussent lascivement dans leurs clips. Grand écart entre orthodoxie et pornographie. Il n’y a pas de juste milieu. Vieilles en fichu, grosses dames peu soignées ou poupées Barbie maquillées, aux ongles bleus et aux lèvres pulpeuses. Pour vendre un climatiseur, l’affiche montre les fesses rebondies d’une fille en string, la vodka polonaise, deux lèvres suggestives et un regard fou…Sur le bord des piscines, des gamines de 8 ou 9 ans prennent des poses aguicheuses. Sans parler de la prostitution au bord des routes près de Varna et des plages…
On reprend avec plaisir la route des gorges. Le lac à l’entrée de Devin n’est pas aussi laid que je l’avais cru. Ses abords manquent de soin. . Je vois la centrale hydraulique, elle est assez grosse. Jusqu’à Teschel, la route emprunte la vallée étroite. Sur les rochers verticaux, des pins s’accrochent comme dans les tableaux chinois. Après Borino, la route gagne les sommets, elle sort de la forêt des résineux. Le panorama est dégagé : plusieurs lignes de crêtes sortent de la brume. Paysage d’alpages. Dans de larges prés fauchés, les champs de pomme de terre sont entourés de barrières de bois aux longues planches horizontales. Il y a de nombreux petits champs de tabac. A Borino, nous avons vu un beau nid de cigogne. Nous sommes arrêtées par la Police des Frontières qui vérifie les papiers de la voiture « passeport !» nous sommes à quinze kilomètres de la Grèce mais il n’y a pas de poste-frontière.

La route redescend, les champs de pommes de terre sont protégés par des épouvantails. Des attelages à cheval circulent sur la route. Le cheval tire la charrette et travaille également aux champs. Un homme fauche à la main. Grand paix que cette vie d’alpages d’un autre temps.
Détour, par Zneitsa, gros bourg de montagne qui possède une grande mosquée. Le long des rues sont alignés les tas de bois de chauffage. Partout on fend son bois. J reconnais le même foulard que j’ai acheté à Maramures en Roumanie. Foulard orthodoxe ? Bulgare musulmane ? J’aurais envie de montrer cela à mes élèves qui portent le foulard par provocation.
Dospat exploite sa forêt « durablement » et le fait savoir par panneaux pédagogiques illustrés de fleurs, loutres, blaireaux, renards. Cette forêt est composée à 69% de pins d’Ecosse, 27%d’Epicéas de Norvège, le reste de feuillus, bouleaux, érables acacias.
Nous traversons le bourg de Dospat avec sa grosse mosquée à 9 dômes. Je suis déçue de ne pas voir le lac, seulement une grosse canalisation bleue.
Satchova : les cultures de pommes de terre cèdent la place au tabac. Sur el bord de la route, dans la forêt on clive des ardoises, des dalles de schistes, à la main avec des masses, les carriers découpent leurs dalles et les empilent sur des palettes tout à fait modernes que nous retrouverons emballées de plastique dans un vaste supermarché de la pierre le long de la route dans la vallée.

Dryanovo : sous des séchoirs à tabacs bâchés de plastique (il y a eu de l’orage ces derniers jours), des femmes enfilent les grosses feuilles rondes de tabac sur de longues aiguilles, assises par terre. Il fait étouffant.
Deben : on passe devant une grande église en ciment. Depuis Devin, nous ‘avions vu que des mosquées.
Debenitza : arrêt devant deux platanes immenses âgés de 600 ans, sur l’église, un nid de cigogne avec trois cigognes.

La petite route monte dans la montagne. Nous traversons Marchevo avec ses hôtels thermaux d’un côté et tout un quartier gitan aux petites maisons couvertes d’un toit à double pente sans jardin ni verdure. La misère. On nous a déconseillé de nous y arrêter. S’arrêter, pour quoi faire ?
On traverse encore un gros village très animé bâti à flanc de pente. A l’entrée, une rangée de remises ou de garages, et des greniers à foin à clairevoie au dessus des maisons. Le moindre endroit plat est construit. Maisons de ciment au crépis claire, pas de « maison rhodopienne » . Mais un village très vivant.
Le pompon rouge du cheval c’est pas une simple decoration, c’est pour le proteger des maladies et des « regards malins »…
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@George : en effet presque tous les chevaux en ont!
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Ces trois dames perchées sont très emblématiques de ces pays, Patrick Leigh Fermor en parle dans son livre et je vois que rien n’a changé depuis
je lis avec attention les précisions de George
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@Dominique: est-ce que tu te souviens dans quel ouvrage de Fermor? je le relirais bien.
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Une charrette avec du foin en vrac comme dans mon enfance en Lozère! Maintenant ils ont les rouleaux emballés dans du plastique comme partout en France!
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