CARNET MACÉDONIEN ET THRACE


Hier soir j’ai fait le siège du comptoir de la réception de Chris &Eve Mansion. Nous n’avons plus rien à faire à Komotiní. Je sais que notre réservation n’est pas remboursable. J’attends un geste commercial. D’autant plus que la télévision ne marche pas; Le technicien est venu. La climatisation non plus. La réceptionniste, désolée, se souvient qu’on a oublié de nous donner la télécommande. A 22h je rencontre un responsable qui comprend que Komotiní n’est pas très touristique, que nous avons été très déçues par la piscine…il fait donc le geste commercial que j’attends.
7h du matin : nos valises sont prêtes. Nous piaffons d’aller découvrir de nouveaux horizons.
8h30 sur la route d’Alexandroúpolis devant l’hôtel. On passe d’abord par des zones industrielles (maxi cheminée) puis des champs de coton. On traverse un village, à gauche l’église, à droite, la mosquée ; deux femmes passent, l’une est voilée, l’autre pas. Amusantes les transcriptions en lettres grecques de Mehmet (station service) et d’Ahmet (commerçant). Beaucoup de coton, des tournesols aussi. La route grimpe dans des collines boisées vers Marroneia dont je reconnais les crêtes où nous étions hier. A plusieurs reprises nous croisons la Via Egnatia – pas l’autoroute – la route romaine qui allait de Dyrrachium (Durrës) en Illyrie (Albanie actuelle) traversant la Macédoine puis la Thrace pour aller à Byzance. Elle fut construite entre 146 et 120 av JC par le Proconsul Gaïus Egnatius en suivant le trajet des armées perses de Darius et de Xerxès ainsi que celles d’Alexandre le Grand. Pendant plus de 2000ans elle fut la seule route décente de la région. Tous les 10 ou 20 miles, il y avait des stations de ravitaillement et tous les 45/60 des auberges. Nous avons déjà marché sur la Via Egnatia à Philippi.
Suivant les conseils du Guide Bleu, nous quittons la route à Dikela pour trouver en bord de mer le site de Mesimvria. L’aire archéologique est très étendue. Les grillages des installations montent à l’Acropole en haut de la colline. Le site de Zone est aménagé pour la visite. Pour la modeste somme de 2€ on visite les vestiges sur des cheminements de planche canalisant les visiteurs qui ne piétineront donc pas le site. L’endroit est très tranquille, nous sommes seules. Zone faisait partie des fort samothrakiens cités par Hérodote, fondés par les Grecs de Samothrace le long du rivage au 7ème siècle av JC, contrôlant les routes maritimes et le commerce entre Grecs et Thraces. La ville était cernée de murailles gardée par des tours.
De nombreuses habitations ont été retrouvées ainsi que deux petits sanctuaires de Déméter et d’Apollon. Utilisant l’iconographie peinte sur les vases grecs, les panneaux mettent en évidence les objets de la vie courante : ici, une petite meule à bras, rectangulaire qui servait à moudre le blé dans un coin de la cuisine. Là, un pressoir de marbre qui était surélevé, là encore, l’amphore enterrée pour le grain, l’huile ou le vin. Un four de potier en forme de tholos. Une villa entière avec la salle des hommes où ils banquetaient couchés lors des symposiums tandis que les femmes filaient à l’étage. Salamlik et Haremlik avant l’heure. Les mœurs ont perduré !

La trouvaille la plus originale est celle de dizaines d’amphores plantées à l’envers sous les fondations d’une maison – vide sanitaire en quelque sorte – pour isoler la maison de l’humidité. Cette humidité, en plein juillet, me fait sourire, l’Egée nord peut être froide et humide à la mauvaise saison.
A la billetterie, les gens sont sympathiques; Je demande s’ils connaissent des chambres à louer. Le Monsieur assure qu’il y en a. Le mieux serait d’aller à la taverne de poisson Philarakia à Makri. Le patron sera de bon conseil et la table excellente. Cette grande taverne occupe toute la place. Les menus sont rédigés en grec mais aussi en truc et en cyrillique (Bulgare). Le patron ne perd pas son temps avec nous :
– « allez à l’hôtel Klio à Aghia Paraskevi ! »
On est un peu déçues par cet accueil abrupt. Nous comptions nous attabler, boire l’apéro…L’hôtel Klio regroupe plusieurs bâtiments blancs aux balcons arrondis à la rambarde verte. Il est situé sur une place où s’arrête l’autobus. De l’autre côté, la taverne et la plage. On ne peut pas être plus près de la mer.
– « Avez-vous des chambres ?
– « un lit, deux lits ? rez de chaussée, à l’étage ? choisissez ! »
Le prix est raisonnable 50€. La chambre est un peu biscornue. Elle a tout le nécessaire : clim, télé, wifi, grands placards et surtout un joli balcon avec une petite table ronde et deux chaises bleues.
Nous passons la suite de la journée à la mer sous un parasol de paille et sur des lits orange. La jeune plagiste ne viendra qu’une seule fois. Pour 3€, un café frappé et une bouteille d’eau nous pouvons rester tant que nous le désirons.
Juste au dessus une petite taverne sert des poissons frits ou grillés. Nos provisions attendent au frigo. Nous mangerons à tour de rôle pour garder notre lit de plage. L’eau est très claire (galets et algues) les poissons et les oursins nombreux. Je sors mon masque mais ne peux rester longtemps tant l’eau est froide. Après 10 minutes, je suis gelée.
Nos voisines sont grecques mais bavardent en anglais. L’une d’elles nous aborde en Français. Elle habite Paris 17ème et elle est contente de bavarder avec nous. On échange numéros de téléphone et email. Pour Samothrace il est quasiment impossible de trouver un appartement à louer sauf si on connaît quelqu’un ??? Pourquoi pas Samothrace ou Lemnos, îles que je ne connais pas.
La visite d’Alexandroúpolis est très décevante. La route principale se continue dans la ville par une artère commerçante bordée de beaux magasins et cafés, qui la traverse de part en part et on se retrouve à l’autre extrémité. Au retour on essaie de bifurquer. Fiasco total ! On passe 4 fois devant le même étalage de pastèques et de melons. On arrive chez les gitans qui ont mis en vente leurs carrioles peintes. Pour décorer un jardin ce serait joli. On implore le GPS de nous sortir de là. Pire ! il nous conduit dans les confins industriels. Nous rentrons sans avoir rien vu de la ville en dehors d’un Carrefour-market où j’ai acheté des yaourts, de la pastèque, du salami et des olives.
Soirée agréable sur notre balcon. Il fait très bon 26°. Dernière promenade les pieds dans l’eau. Les plagistes préparent le week-end rajoutent des rangées de lits et des parasols neufs. Dîner de souvlakis bien grillés de la taverne d’en face.

les joies du gps…..!
belle trouvaille ce « vide sanitaire »!
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@eimelle : isolation par les amphores!
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