TOILES NOMADES
C’est un film bleu, comme les murs du restaurant populaire La Cantina, comme les bleus de travail d’Henri patron du restau qui préfère être vêtu comme un ouvrier qu’en cuistot, bleu comme le ciel dans lequel Henri scrute ses pigeons, comme la veste de Rosette….bleu comme les bleus à l’âme d’Henri qui vient de perdre sa femme, bleus de la vie cabossée des handicapés des Papillons blancs.
Avec le bleu, s’harmonise bien le brun de la bière belge, dans les verres, et dans les bouteilles qu’on vide sans compter, le brun du comptoir du bar, de la terre, du terril de verre pilé et du sac en plastique contenant les cendres de Rita…
C’est un film belge, avec de la bière et des frites. Un de ces films, comme ceux des Dardennes – tiens Rosetta est-ce fortuit? – avec des gens simples et vrais, sans clinquant, sans esbroufe, un peu comme les Ken Loach ou un certain cinéma anglais (le militantisme en moins) ciné des prolos, ciné de comptoir de bistro. Un cinéma qui prend en compte les gros, les tristes, les handicapés et qui demande tout doucement, sur le mode mineur, le droit à un peu de bonheur. Le droit de Rosetta, Papillon blanc, à une vie de couple, à être amoureuse, coquette. Un cinéma de la fête populaire, des barques à frites sur le bord d’une plage en mer du Nord… fête parfois grimaçante comme un tableau d’Ensor.
Émouvant.



Je l’ai vu en avant-première il y a un mois, suivi d’un échange avec Yolande Moreau après. J’en suis ressortie un peu partagée. J’en garde le souvenir de quelques belles scènes, mais quelque chose aussi d’inabouti qui a empêché un vrai coup de cœur. (superbe musique).
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@Aifelle: peux tu en dire plus sur le « quelquechose d’inabouti »?
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J’ai eu du mal à croire à l’histoire, peut-être parce qu’Henri reste assez opaque. Que ressens-t’il ? que veut-il ? bien sûr, on saisit à peu près la vie qu’il avait, mais j’aurais aimé que le personnage soit davantage cerné. Ça m’a paru plus clair du côté de Rosette, qui veut vivre les mêmes choses que tout le monde. Reste un regard d’une grande tendresse sur les cabossés et les oubliés.
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