CARNET SARDE

Sept sites archéologiques aux environs d’Arzachena : trois Tombes de Géants, deux nuraghes, une nécropole très ancienne et un petit temple nuragique.
Nous n’avons jamais vu de Tombe de Géants nous commencerons par la Tombe de Géants Tomba Coddu Ecchiu. On y parvient par la route de Sant’Antonio.

Coddu Ecchiu ou cuddu vecchiu veut dire vieille colline. La tradition populaire attribuait à ces monuments la croyance qu’un géant était enterré dans ce grand monument. C’est une tombe collective et il n’y avait pas de géants chez les sardes.
La construction se fit en deux phases :
1) Une allée couverte 1800-1600avJC, sorte de dolmen dont le couloir serait abrité par des dalles
2) A l’âge nuragique, après 1600, il subit des transformations : la construction de murs périphériques puis de l’exedra formé d’une haute stèle centrale et de pierres orthostatiques de tailles décroissantes vers l’extérieur.
3) Enfin, il faut couvert d’un tumulus de pierre et de terre.
La forme est symbolique, rappelant la tête et les cornes d’un taureau, divinité masculine de force et de virilité tandis que la Déesse-Mère symbolisait la fertilité. La stèle centrale (4mx1.9m) est orientée Est/ouest. L’Est face au lever du soleil représente la vie tandis que le coucher du soleil à l’Ouest, la mort. L’exedra serait le passage entre la vie et l’au-delà.
Dans cette tombe granitique, les ossements n’ont pas été conservés du fait de l’’acidité du sol. L’étude d’autres tombes de géants montre qu’il s’’agissait de tombes collectives pour tout le village. On ensevelissait els morts en soulevant les dalles du couloir puis on les repoussait vers le fond sans faire de distinctions de rang social.
Devant l’exedra, des rites funéraires des déroulaient. Il n’existe pas de textes nuragiques mais la tradition orale a rapporté que les Sardes dormaient plusieurs jours devant la tombe espérant obtenir des réponses de l’au-delà au cours de transes. Ils déposaient aussi des offrandes. On a retrouvé des céramiques.
Le tumulus a été retiré parce que les découvreurs n’avaient pas compris qu’il faisait aussi partie du monument.

Tournant autour, nous découvrons le couloir (10mx1m) séparé par une petite entrée, le dromos où peut être, étaient déposées les offrandes. La guide explique dans un français très correct, quelquefois hésitant. En sortant elle nous offre des mûres. Nous lui demandons conseil pour la plage. Comme c’est dimanche, nou redoutons la foule. Elle craint plutôt le vent »le Mistral comme chez vous, mais il y a aussi le Grec, le sirocco… »
Village nuraghe la Prisgionia

Le nuraghe La Prigionia se trouve tout près. Notre guide parle très bien français, son enthousiasme est communicatif. La visite passionnante.
Le Nuraghe est une tour qui ressemble à un château-fort sans qu’on ait retrouvé de preuve de guerre. D’ailleurs, l’intérieur est beaucoup trop petit pour servir de refuge aux villageois. Le nuraghe serait plutôt un palais c’est la résidence du chef de tribu. Un chef non pas un roi, insiste-t-il. La vie communautaire serait le mode d’organisation sociale nuragique : tombes collectives à l’extérieur du village, vie communautaire dans le nuraghe ainsi que le témoigne une salle de réunion de 12 (16 selon un papier) pouvaient s’asseoir sur la banquette circulaire. Autour du nuraghe on a retrouvé une centaine de structures : habitations comme structures commerciales. On a mis à jour le marché au pied du nuraghe avec le four pour cuire le pain, des ruelles. Le puits de 8m de profondeur contient une source encore aujourd’hui. On y a trouvé des récipients originaux. Pour quel usage ? quel rituel ? L’eau était vénérée par les nuraghis, ainsi que la Déesse-mère et le système matriarcal.

Le guide nous fait entrer dans le nuraghe. Il nous montre son architecture : s’appuyant sur des rochers, puis avec des gros blocs pour former des murs cyclopéens enfin avec des moellons de plus en plus petits. Des connaissances en architecture permettaient à ces constructeurs de tenir compte des problèmes de décharge : au dessus du linteau, une fenêtre de décharge allège la structure, de même à l’intérieur, les couloirs et des niches évident le nuraghe. Autour de la salle centrale il y a trois chambres : dans l’une d’elles on a retrouvé les anneaux pour tisser le lin (on a trouvé des évidences de ce végétal), une autre sans doute la chambre froide contenait des céramiques avec des os d’animaux.
Pour mieux nous faire connaitre les nuraghis, le guide montre les photos de bronzetti. Le chef est identifié avec son bâton, le prêtre , la prêtresse, les guerriers…puis des bateaux sardes retrouvés dans toute la Méditerranée jusqu’à Chypre. Une inscription en
« sémite de l’ouest » atteste du nom de « Sarde »
– « en phénicien ? » je demande.
– – « non en sémite de l’ouest « corrige-t-il

Je reconnais les lettres hébraïques déformées mais tout à fait identifiables le chin, le resh et le dalet qui forment les lettres de Sarde, se lisant de droite à gauche comme il se doit.
« La guerre est arrivée avec les Carthaginois ! » affirme le guide. Dans la rivalité entre Rome et Carthage, la Sardaigne occupait une position stratégique.
Autre mystère : »pourquoi si peu de sites romains en Sardaigne ? » Demande-t-il.
Après ces considérations historiques, le guide revient aux fouilles qui se déroulent en ce moment. On voit des pierres en surface depuis longtemps patnées et celles qu’on vient de dégager et de remettre en place. Les fouilles n’ont débuté qu’en 1994. Ls méthodes les plus modernes ont pu être mises en œuvre. Tandis que des archéologues anciens auraient pu détruire des indices pendant la fouille. La reconstruction (il y a une grue sur le site) est assistée par ordinateur. Il est désormais plus facile de scanner d’identifier et de répertorier chaque fragment plutôt que de le dessiner comme autrefois. Le site a encore beaucoup à dévoiler.
Necropoli Li Muri
Selon le papier prêté :
« Site Néolithique moyen (4000 av JC) un des sites les plus anciens de la Sardaigne. Composé de 4 tombes circulaires appartenant à la « culture des cercles ». On trouve des sites analogues en corse et dans les Pyrénées. Les tombes portaient chacune un menhir. C’étaient des tombes individuelles. Le mobilier éttait composé de lames de silex, d’une coupe de stéatite et d’une boîte d’offrrande contenant de l’ocre rouge rappelant la couleur du sang ».
Je n’ai pas voulu attendre ¾ d’heures la visite guidée. Même avec le papier explicatif, les anciennes pierres parlent peu. Il aurait fallu un archéologue fervent pour leur communiquer un peu de vie.
Tomba Li Loghi
Cette tombe de Géants ressemble beaucoup à celle de Coddu Ecchiu. J’ai réclamé une viiste guidée avant l’heure (12h) car j’ai peur qu’on n’arrive pas à temps au Supermarché qui ferme le dimanche après midi.
Le guide donne des explications analogues à celles de ce matin. Chaque fois, je pioche un nouveau détail ajoutant des pièces à mon puzzle nuragique.
La stèle centrale joue donc le rôle de porte de l’au-delà. La petite ouverture était consacrée aux offrandes. Plus de précision quant aux cérémonies devant l’exèdre : l’incubation : les fidèles dormaient pour entrer au contact avec les défunts, autre coutume :en brisant de la céramique ils pensaient attirer la bonne chance comme le font encore actuellement les Grecs qui cassent de la vaisselle ou dans les mariages juifs.
Selon ce guide, la longueur de l’allée couverte dépendait de l’importance du village voisin, un village et un nuraghe devaient se situer dans les environs.
Après les explications concernant le site, nous continuons à bavarder et à comparer ce site aux autres que j’ai visité ailleurs en Sardaigne. Lui aussi a été impressionné par les géants de Cabras expressifs avec leurs yeux ronds, tellement différents des bronzetti. Comme je fais une comparaison entre les déesses-mères exposées à Sassari et les idoles cycladique il note deux références sur mon cahier Leonardo Melis et Gigi Sanna.
Quelques longueurs dans la piscine du Citty hotel .



Le sémite de l’ouest? J’en apprends tous les jours. Bon, le chin se reconnait, pour les deux autres, je te fais confiance.
Et le Maltais, tu connais?
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@keisha : j’ai réagi comme toi au premier abord mais le jeune archéologue était si convaincant que j’ai retranscrit son commentaire. Hébreu? Araméen? phénicien? je ne suis pas spécialiste.
Le maltais? quelle graphie?
En ce qui concerne les visites, je consigne ce que j’entends ou je lis, sans aucune garantie. Evidemment les spécialistes apprécieront et s’ils pouvaient commenter ce serait merveilleux.
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Le maltais (euh quelle graphie, je ne sais plus, là bas je parlais anglais) est une langue sémitique parait-il et cela parait vraisemblable (argent se dit flouz, là on a fait une grosse peur à nos hôtes qui ont craint de réaliser qu’on comprenait ce qu’ils disaient…)
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