CARNET PORTUGAIS

Vendredi 3 juillet 2015 : voyage Porto
Vol TAP très agréable. Orly 7h45. Enregistrement facile. La voisine du siège C est aimable et bavarde. Les deux heures passent très vite.
Porto 24°C, du soleil, 12° de moins que chez nous, délicieuse impression de fraîcheur.
Cela se gâte lorsque je sors le GPS. L’écran tactile est abîmé. Il faut rejoindre l’hôtel à la carte. On essaie d’éviter l’autoroute parce qu’ on a refusé le badge à 18€ qu’Europcar nous a proposé pour le télépéage. Nous devrons nous acquitter des péages à la Poste mais nous n’avons pas bien compris comment. Suivant les flèches Porto Centre, nous reconnaissons la silhouette de la Casa De Musica, identifions la coupole du Palais de Cristal – pas très cristalline, plutôt métallique. Dans le centre historique, c’est plus compliqué : on se heurte à des sens interdits, des zones piétonnières. Je demande le chemin aux passants. Tout le monde connaît la Rue Alexandre Hercolano où se trouve l’hôtel Istay mais les indications sont contradictoires. Tout le monde sait comment y aller à pied. En voiture, il faut faire un grand détour par une grande artère en courbe, monter sur un viaduc, et sortir presque de la ville.
L’hôtel Istay se trouve en plein centre, à deux pas de la place Batalha. Un arrangement entre l’hôtel et le parking public permet de déposer la voiture (7€/j). La réceptionniste est gentille, la chambre, une grosse déception : une cellule blanche toute occupée par le lit, même pas une table, une chaise pas de verre, une seule table de nuit. On ne s’attarde pas.
Place Batalha, nous reconnaissons l’église S. Ildefonso couverte d’azulejos, notre première image de Porto, il y a 15 ans. De là, j’emprunte la Rua Santa Catarina bordée de vieilles boutiques pittoresques. Je devrais me presser de visiter les églises et musées dont j’ai fait la liste avant le départ. Au lieu de cela, je flâne devant les étalages. Je prends des photos des vieilles épiceries exposant des conserves de sardines et de thon aux boites colorées, des bouteilles de Porto ou de vin, pâtisseries aux plateaux chargés de pasteis de nata, , de petits flans dorés, de beignets fourrés de crème anglaise très jaune, de cakes aux fruits confits. (On a sauté le déjeuner après la collation de l’avion). J’entre à l’intérieur des salles aux boiseries élégantes. Merceries désuètes. Le quartier est piétonnier, les touristes sont nombreux. Quelques vitrines proposent des coqs rouges ou verts imprimés sur des torchons, tabliers, maniques, assiettes ou aimants de frigidaires. Toutefois, les « souvenirs-made-in-China » n’ont pas encore envahi les étalages. De même, les « marques » globalisées restent discrètes. Un immeuble abrite en même temps C&A et la FNAC. L’uniformisation n’a pas encore gagné.
Je traîne avec délices, oubliant que je ne dispose que de très peu de temps pour explorer Porto, cherchant le meilleur angle pour cadrer la boutique jaune ou les figures de proue de bois peint qui se dressent devant la boutique des vêtements de cérémonie. La façade du Majestic Café est Art Nouveau, les glaces de la salle me font penser au Café New York de Budapest où la Belle Epoque s’est figée. Différence, à Budapest on refoule les visiteurs qui ne consomment pas, tandis qu’ici l’accueil est agréable.

Par la Rua Formosa je parviens devant le Mercado do Bolhao l’heure n’est pas propice à la visite d’un marché, je me contente de la façade surmontée de statues. Les boutiques de semences me rappellent que la campagne est proche. Des grainetiers survivent encore. Les jardineries modernes ne les ont pas encore tuées. Survivances d’un monde disparu chez nous.

Je débouche sur l’énorme esplanade des deux avenues Aliados dominée par le haut clocher de la Mairie – Camara Municipal – de Porto. Les immeubles qui bordent l’esplanade sont monumentaux ornés de caryatides de pignons, fin 19ème siècle début 20ème. Ici aussi, je sens une parenté avec les Boulevards de Budapest. Au milieu de l’esplanade on a « dispersé » des sièges fixes au lieu d’aligner des bancs, c’est plus sympathique. Une fontaine est surmontée par une femme mélancolique et douloureuse symboliste.
Non loin, la gare- Estaçao Bento – a sa salle des pas perdus décorée d’azulejos magnifiques, bleus et blancs célébrant des batailles anciennes surmontée d’une frise pastorale plus colorée avec des chars à bœufs et des défilés de bestiaux.
La rue du 31 janvier remonte vers l’église Ildefonso bleue de la place Batalha, elle est bordée de marchands de chaussures.

La cathédrale, la Sé, est perchée sur une colline. Son parvis est une vaste terrasse Terreiro da Sé d’où la vue est merveilleuse sur le Douro, les caves et les chais, les ponts et surtout le Pont Luis1er avec son double tablier, construit par Eiffel. De la terrasse, côté ville, je peux m’amuser à compter les clochers, celui de Clerigos, reconnaissable, le beffroi de la Mairie, et tant d’autres.
Je me souviens bien du pilori – son unique colonne de granite ouvragé.
Je me souviens moins bien de la Cathédrale elle-même – peut être ne l’avions nous pas visitée ? Elle ressemble à un château-fort avec ses deux tours carrées qui encadrent une fort belle rosace du 13ème siècle. L’intérieur est baroque, le chœur, très doré. La surprise : le cloître où les azulejos bleus et blancs sont enchâssés dans les arches gothiques. Réalisés par Valentim de Almeida en 1736, ils représentent la vie de la Vierge et les Métamorphoses d’Ovide. Les scènes mythologiques m’ étonnent dans ce lieu de piété chrétienne. A l’étage, passant par la salle capitulaire, je parviens à la terrasse dominant le Pont Luis 1er.

A notre arrivée, vers 13 heures, j’avais remarqué un petit bistro au coin du garage des autobus. Il propose des plats bon marché : poulet grillé-frites, poissons autour de 5€. Un peu plus loin, dans la rue Alexandre Herculano deux Pastelerias servent salé et sucré, en salle et en terrasse. Je pensais le dîner assuré au pied de l’hôtel. Hélas, à 19h30 tout ferme, les chaises sont empilées et on balaie dans les pieds des clients attardés. Occasion ratée ! Place Batalha, deux restaurants ont leur terrasse, un petit aux tables bleues et un grand plus chic. Nous choisissons le petit, sans nous attarder à son nom Kapadokia : il sert des spécialités turques. Pour notre premier soir, nous aurions préféré manger portugais. Pas de problème ! Au menu il y a aussi des croquettes de morue (bolinhos de bacalhau) et des filets de poisson ressemblant au fish and chips mais avec de la salade à la place des chips. Avec un verre de vin blanc on s’en tire pour 13.5€ pour nous deux ce qui est très raisonnable.

Après dîner, dernière promenade au Douro. Continuant la rua Alexander Herculano j’arrive au pont de l’Infante d’où le point de vue est très beau sur N. Sa.do Pilar, le gros couvent blanc qui coiffe la colline en face de Porto, et sur les autres ponts. Sous le pont court une route tranquille, les hommes sont paisiblement assis aux cafés. La rua Alexandre Herculano est passante avec la gare routière des autobus urbains. Au premier abord elle n’a pas de charme particulier. La présence de plusieurs immeubles de béton des années 50 ou 60 – tout à fait sinistres avec leurs façades noirâtres – dont notre hôtel Istay détruit l’harmonie des petits immeubles carrelés aux balcons de ferronnerie rouillée, et aux toits de tuiles rouges surmontées de lanternons. Nombreuses de ces maisons sont vides et à l’abandon. Celle qui fait face à l’hôtel est le royaume des goélands qui tiennent congrès en face de notre fenêtre. C’était amusant de les voir se rassembler. Leurs bruyantes conférences sont une nuisance. Une fois la circulation automobile apaisée leurs cris nous ont tenues éveillées.


je vais suivre ton récit de voyage avec attention!
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Et je vais retourner sur le tien!
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Splendide la première église ! Et sortir de l’uniformité des magasins doit faire du bien, on a tellement oublié à quoi ça ressemblait ici.
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L uniformisation m à ôté le goût du l’échelle vitrines mêmes marques à Créteil qu a Paris Angers ou Braga heureusement Porto résiste
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Porto n’est pas encore envahie par la mondialisation, à n’en pas douter, c’est une ville qui a son caractère ! une belle invitation à s’y rendre, votre article !
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