CARNET PORTUGAIS/LE MOIS ITALIEN
Pereira prétend, ces deux mots reviennent comme un refrain. Pourquoi prétend ? Pereira donne sa version d’une histoire singulière, dans une période singulière de l’histoire du Portugal. Portugal sous Salazar alors que fait rage la Guerre d’Espagne, où les jeux ne sont pas encore faits, où un bataillon portugais combat aux côtés des franquistes. Lisbonne, semble calme et pacifique mais dans « un charretier socialiste avait été massacré sur sa charrette dans l’Alentejo et avait couvert de sang tous ses melons » tandis que la presse portugaise célèbre le « yacht le plus luxueux du monde ». Pereira est journaliste. Mais les nouvelles, il les apprend du garçon du café Orquidea .
Le doutor Pereira est responsable de la page culturelle du Lisboa un journal catholique. Il mène une vie rangée, ne s’intéresse pas à la politique, entre omelettes aux herbes et citronnades bien sucrées, il traduit des pages de Balzac, de Maupassant ou d’Alphonse Daudet pour sa page hebdomadaire et aimerait rédiger des billets, éphémérides ou des nécrologies d’auteurs qui viendraient à disparaître. Pour cette dernière éventualité, il songe à embaucher un jeune stagiaire.
La rencontre avec ce jeune homme et son amie Marta, plus que les turbulences de l’actualité, fait prendre un tournant à cette existence tranquille. Tandis qu’il pousse le futur journaliste à s’intéresser à des écrivains catholiques Bernanos et Mauriac, le jeune homme écrit des billets politiques impubliables sur D’Annunzio, Marinetti ou Maiakovski… Pereira ne parvient pas à licencier son stagiaire inutile, au contraire il paie de sa poche son salaire. Un médecin, dans une cure de thalassothérapie qui lui ouvre les yeux « Et si les deux jeunes avaient raison ?[….]ma vie n’aurait pas de sens, ça n’aurait pas de sens d’avoir étudié les lettres à Coimbra, et d’avoir toujours cru que la littérature est la chose la plus importante du monde, ça n’aurait pas de sens que je dirige la page culturelle de ce journal où je ne peux pas exprimer mon opinion, et c’est de cela que je sens le besoin de me repentir, comme si j’étais une autre personne et non pas le Pereira qui a toujours été journaliste, comme si je devais renier quelque chose. »
La routine quotidienne est bousculée, Pereira prend conscience de la censure, puis de la violence de la dictature….
J’ai beaucoup aimé ce récit qui m’a promenée dans Lisbonne, et m’a raconté une période que je connaissais mal.


encore un qui me tente bcp!
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@eimelle : laisse-toi tenter, surtout que tu aimes aussi le Portugal!
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Lu en italien
« Sostiene Pereira. Vraiment aimé;
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Un Tabucchi que je trouve à priori plus intéressant que la nouvelle que je viens de lire qui m’a plu pourtant parce que elle parlait de peinture (Fra Angelico) . Mais je préfèrerais certainement ce roman qui pose des questions graves en réveillant la conscience du personnage principal.
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@claudialucia : reveiller la conscience, tu as trouvé la formule!
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