Lisbonne (3) musée des azulejos

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Googlemaps  a fourni l’itinéraire : autobus 759 sur la place du Rossio.

Le Musée est dans le couvent de Madre de Deus dans un quartier industriel. Comme c’est trop tôt, je prends un café au comptoir d’un bistro très prolo 0.60€. Pusi on attends l’ouverture dans la cour fleurie. Des Althéas  fleurissent rose et leur pistil est grand comme celui d’un hibiscus.

Nous avions déjà visité ce musée et acheté le catalogue. Cette nouvelle visite est un plaisir renouvelé.

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Les salles d’exposition sont réparties autour d’un patio d’une simplicité monacale. Le parcours est chronologique et très didactique il y a aussi un parcours tactile pour non-voyants. Les premiers azulejos sont maures. Les plus anciens son 13ème . J’ai du mal à distinguer les motifs maures des motifs gothiques. Les carreaux Renaissance sont plus élaborés, les lignes sont plus courbes, il y a plus de fruits ou de fleur. On cite une commande du Duc de Bragance en 1558 d’azulejos italo-flamand-maniéristes.

La production d’Azulejos ne commence à Lisbonne qu’au 16ème siècle.   Deux versions coexistent : grandes scènes historiées et carreaux répétitifs formant une « tapisserie ». Un magnifique retable polychrome 1580 occupe tout un mur ; Les motifs des « tapisseries » sont variés : ceux à la « pointe de diamant » peuvent avoir un carré au centre, ou une pyramide ou un ovale. (vu à Tomar à la chapelle)

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Au 17ème siècle l’Eglise était le principal commanditaire d’azulejos pour couvrir l’intérieur des églises. D’autres motifs sont floraux : camélias ou acanthes, d’autres religieux comme les coquilles saint Jacques ou les croix de Malte. Les azulejos évoluent sous des inspirations sont asiatiques, chinoises ou indiennes, paons et animaux exotiques sont représentés ainsi que dees éléphants ou des pagodes.

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L’église de Madre de Deus est très riche en dorures et tableaux. Comme notre visite est centrée sur les azulejos je les néglige. Le bas des murs est habillés de carreaux bleu et blancs de deux artistes flamands Willem van der Kloet (1666-1747) et Jan Van Qort . Flandre, bleu et blanc, chercher une piste du côté de Delft ? Les scènes sont bucoliques, la présence de crocodiles est étrange

Un petit cloître sur deux étages, bordé de fines colonnettes est « tapissé » de carrelage. A l’étage on retrouve motifs manuélins de cordages et feuillages.

 chasse au léopard
chasse au léopard

La visite continue à l’étage : trois tableaux colorés ont des sujets mythologiques « Neptune et Amphitrite » ou profanes.  Une « chasse au Léopard » m’a amusée ; se déroule-t-elle en Afrique en Amérique ou en Asie ? Des indiens sont nus avec des pagnes en feuilles, armés de lances, les léopards occupent une grande partie de l’espace. L’un deux se mire dans une glace trouvée dans un coffre ouvert, abandonné. Le tableau le plus burlesque est « le mariage de la Poule ». la Poule arrive dans un carrosse tandis que les singes viennent d’un autre angle dans une charrette, portant des instruments de musique ou chevauchant des chevaux. Le décor est oriental avec de nombreuses tours , minarets ou clochetons .

mariage de la poule
mariage de la poule

D’autres sujets sont plus classiques comme « La Bataille d’Alexandre au Granique contre les Perses ». autre burlesque : un médecin administre un clystère.

Au 18ème siècle, les scènes sont le plus souvent bleues et blanc parfois incluses dans une frise colorée dans les tons de jaune brun ou rose : scènes de la vie quotidienne racontant celle d’un chapelier.

18ème siècle
18ème siècle

A l’étage on voit le « panoramique de Lisbonne » qui montre la ville avant le séisme de 1755. La tour de Belem est bien reconnaissable ainsi que le monastère dos Jeronimos. Entourées par des murs, des quintas, des palais sont dispersés dans la campagne. Un grand palais occupe la Place du commerce. Les collines du château et de l’Alfama, en revanche sont construites. En face du panoramique « Lisbonne aux mille couleurs » a été réalisée pour l’Exposition de Paris e 1937 par Paolo Ferreira (1911-1999).

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Si le 19ème siècle m’intéresse moins, je me rappelle les azulejos des Gares de chemin de fer.

En revanche les œuvres du  20ème siècle sont bien représentées. Sous le titre « Réinterpréter les traditions » plusieurs séries de carreaux dessinés par Alvaro Siza Veira sont très intéressantes. Nous avons aussi aimé un  panneau de Querubim Lapa (pavillon du Portugal exposition de Lausanne 1957 et une composition 1991 sur un fond rosé rythmé par des carreaux en parallélogramme, un renard et un chat ( ?) se lancent une balle. Sorti du cadre il y a aussi une maison et un bateau.

Pour finir, une exposition temporaire est consacrée au design d’Alvero Siza Veira.

Le restaurant est installé dans le patio sous des bâches vertes. Au fond u n bassin carré et une vasque sont peuplés de poissons rouges. Nous choisissons d’y déjeuner. 9.5€ Bacalau au four et miettes de pains de maïs . Les miettes- de la chapelure – recouvrent le poisson qui s’effeuille. Sur le poisson on a disposé des oignons en rondelles, et en dessous des épinards en branches. Quatre pommes de terres dans leur peau craquante ont cuit avec le poisson. C’est délicieux et abondant. 2€ une soupe à la coriandre et à la crème, très fine. Et 6.5€ une quiche de légumes  accompagnée de salades.

C’est un peu cher dans les standards portugais mais c’est excellent et surtout le cadre est parfait.

Lisbonne (2) Belem

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Munies de nos cartes de transport, nous trouvons  Place Figueira le tramway 15 pour Belem . Le tramway est le moyen idéal pour visiter la ville.

Après les rues étroites de la Baixa, le tramway débouche sur l’énorme Praça do Comercio dont les arcades font penser à Rivoli, arc de triomphe, à l’arrière le Tage.

Le tramway s’arrête devant le Monastère dos Jeronimos. Eblouies par la blancheur du portail, la finesse des statues, nous en oublions de consulter nos guides. Je ne saurais donc pas identifier ces personnages de Joao de Castilho. L’émerveillement est total quand on entre dans le cloître. La dentelle de pierre, la profusion des décors fait oublier la foule de touristes plus ou moins bien élevés. La palme revient à une famille française qui sort les sandwiches emballés dans de l’alu et s’adosse aux colonnes.

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Nous avons visités des cloîtres tous plus beaux les uns que les autres mais celui-ci surprend encore. Il me semblait qu’après Tomar rien ne pourrait le dépasser en gloire des Grandes Découvertes. A Tomar la puissance des Templiers et de l’Ordre du Christ, leur richesse étaient manifeste. La fenêtre manuéline était une allusion aux découvertes, mais on sentait l’ordre monastique. Le moistero dos Jeronimos est plus exubérant, plus fantaisiste. Les décors de Boytac, de Jérôme de Rouen puis de Jao de Castilho et enfin de Nicolas Chantereine, et de Diogo de Torralvo, sont d’une profusion inégalée. Je m’attendais à des cordages, des nœuds marins, des bateaux, des sphères armillaires : thèmes manuélins, il en a, au milieu de colonnes torses aux boutons de rose, feuilles de vigne, clous…Lequel de ces sculpteurs a eu l’idée de cet angelot qui taquine un oiseau ou de cet autre putti chevauchant un lion qui fait des grimaces. Certaines scènes auraient pu se jouer dans la Renaissance italienne. Dans la dentelle de pierre ajourée qui pare le haut des arcades je reconnais u bateau, une croix des Templiers mais parmi tant de fantaisie. Une photo du 19ème siècle montre le cloître rempli de fontaines de céramiques mauresques. La verte pelouse qui les remplace est bien sobre ! La galerie supérieure est dessinée par Jao de Castilho. De là on entre dans le haut chœur de l’église et on découvre la hauteur de la nef et ses décors tempérés par la pénombre.

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Leçon d’histoire dans une salle : une frise chronologique raconte l’histoire du Portugal et la place dans une perspective mondiale, se déroulant des premiers rois du Portugal jusqu’à la Révolution des Œillets. Une journée entière aurait été nécessaire pour l’étudier dans le détail ! Je me contente du début : de l’Expédition de Tanger (1137) – souvenir des tapisseries de Guimarães – jusqu’au règne de  Manuel (1495-1521). Juste avant la Prise de Constantinople (1453) je note en 1441 l’arrivée des premiers esclaves noirs au Portugal et l’installation de la première sucrerie à Madère (1552).

Avant que Colomb ne découvre l’Amérique en 1492, Dias avait passé le cap Bonaventure en 1488.

1500, les Hyéronimites s’installent à Belem.

1502 Cabral découvre le Brésil, c’est aussi l’année du début de la construction du monastère.

1510 : fenêtre manuéline de Tomar

1512 à 1515 Diogo et Francisco de Arruda fortifient Safin, Mazagan et Ceuta, ce même Francisco de Arruda qui a construit Brotas et Evoramonte mais surtout l’architecte de la tour de Belem(1519)

Je clos ma copie avec l’installation de la première sucrerie au Brésil en 1532.

Autre leçon d’Histoire dans la salle Capitulaire où se trouve le tombeau d’Alexandre Herculano (1810-1877) historien, écrivain, polémiste et journaliste. Cette leçon d’histoire commença avec la Révolution Française dont les idées furent propagées par les armées de Napoléon qui envahirent le Portugal, continuant avec les luttes entre monarchie absoljue et libéraux se concluant avec la Convention d’Evoramonte (1834). Suppression des ordres religieux en 1833.

Beaucoup de textes sont en Portugais et obscurs. Je ne prends pas tout en note.

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Le Réfectoire (1577-1618) est d’une sobriété monastique. Seul décor : une belle frise d’azulejos (18ème siècle) sur des thèmes bibliques.

Nous terminons la visite par l’église Santa Maria qui renferme els tombeaux de Camoes et de Vasco de Gama.

Nous aurions été bien inspirées d’aller à pied à  la tour de Belem (15minutes) plutôt que de reprendre le tram. La tour ne se voit pas de la rue où il passe. On se retrouve au terminus.

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La lige de chemin de fer coupe l’accès aux bords du Tage. Un haut pont la franchit à la hauteur de la Tour de Belem. Seulement 150 personnes sont admises en même temps dans la tour de Belem. Du rez de chaussée on peut admirer la merveilleuse loggia de Francisco d’Arruda, zoomer sur les sculptures. Nous aurions dû nous arrêter là. Après, c’est le piège à touristes : l’escalier qui conduit à la terrasse (93 marches) est en colimaçon ; on ne peut pas s’y croiser. Un astucieux système de flèches rouge et vertes et de signal lumineux est censé réguler le passage. Il ne marche pas toujours. si on rencontre des gens en sens inverse il faut reculer(si c’est possible) ou attendre dans els salles aux étages. Il y a tellement de monde qu’on ne voit rien. Tellement d’attente qu’on ne regarde rien tant on est pressé de sortir.

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On aurait envie de longer le Tage pour rejoindre le Padrao dos Descobrimentos – le Monument des Découvertes . la marina allonge le chemin, pas de banc deux terrasses de café. On se traine jusqu’au monument. Je ne goûte pas spécialement les sculptures gigantesques (52m de hauteur) élevée en 1960 par Leopoldo de Almaida. Un grand vaisseau de pierre porte sur chaque face une théorie de chevaliers, et d’autres personnage qui font cortège au roi Henri le Navigateur debout à la proue. A la poupe, il y a une très grande croix et un ascenseur (4€). Si j’avais pris le guide Vert j’aurais cherché Camoens le roi Manuel et le peintre Nino Gonçalves. Le livre étant resté à l’hôtel, non seulement je ne les ai pas cherchés mais j’ai effacé la photo de la face à l’ombre, où ils figurent.

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La place est pavée d’une grande rose des vents. En son centre la carte du monde raconte les découvertes. Les continents sont en marbre rose, les mers de calcaire beige. On a gravé dans les mers les caravelles et les dates des découvertes.

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Fourbues nous rentrons en tramway. A19h, les pastellarias et notre petit self rangent leurs chaises. IL ne reste plus que les restaurants pour touristes. Miracle ! Au rez de chaussée d’un hôtel au coin de notre rue, Pingo doce la grande chaîne de supermarché a un magasin. J’achète 8 yaourts, des sandwiches et des gâteaux puisque on a un frigo ans la chambre ; Dîner et petit déjeuner sont assurés, on fait des économies !

La place au bas de la gare et de nos fenêtre et éclairée, on dîne aux chandelles. Sur une estrade une chanteuse interprète des tubes planétaires : de la musique cubaine, Cesaria Evora…rien d’original mais cette musique vivante est plaisante. Il fait un peu frais pour rester bras nus sur la place. Notre chambre est un galetas mais le concert est gratuit !

 

Pereira prétend – Antonio Tabucchi

CARNET PORTUGAIS/LE MOIS ITALIEN

Pereira prétend

Pereira prétend, ces deux mots reviennent comme un refrain. Pourquoi prétend ? Pereira donne sa version d’une histoire singulière, dans une période singulière de l’histoire du Portugal. Portugal sous Salazar alors que fait rage la Guerre d’Espagne, où les jeux ne sont pas encore faits, où un bataillon portugais combat aux côtés des franquistes. Lisbonne, semble calme et pacifique mais dans  « un charretier socialiste avait été massacré sur sa charrette dans l’Alentejo et avait couvert de sang tous ses melons » tandis que la presse portugaise célèbre le « yacht le plus luxueux du monde ». Pereira est journaliste. Mais les nouvelles, il les apprend du garçon du café Orquidea .

Le doutor Pereira est responsable de la page culturelle du Lisboa un journal catholique. Il mène une vie rangée, ne s’intéresse pas à la politique, entre omelettes aux herbes et citronnades bien sucrées, il traduit des pages de Balzac, de Maupassant ou d’Alphonse Daudet pour sa page hebdomadaire et aimerait rédiger des billets, éphémérides ou des nécrologies d’auteurs qui viendraient à disparaître. Pour cette dernière éventualité, il songe à embaucher un jeune stagiaire.

La rencontre avec ce jeune homme et son amie Marta,   plus que les turbulences de l’actualité, fait prendre un tournant à cette existence tranquille. Tandis qu’il pousse le futur journaliste à s’intéresser à des écrivains catholiques Bernanos et Mauriac, le jeune homme écrit des billets politiques impubliables sur D’Annunzio, Marinetti ou Maiakovski… Pereira ne parvient pas à licencier son stagiaire inutile, au contraire il paie de sa poche son salaire. Un médecin, dans une cure de thalassothérapie qui lui ouvre les yeux  « Et si les deux jeunes avaient raison ?[….]ma vie n’aurait pas de sens, ça n’aurait pas de sens d’avoir étudié les lettres à Coimbra, et d’avoir toujours cru que la littérature est la chose la plus importante du monde, ça n’aurait pas de sens que je dirige la page culturelle de ce journal où je ne peux pas exprimer mon opinion, et c’est de cela que je sens le besoin de me repentir, comme si j’étais une autre personne et non pas le Pereira qui a toujours été journaliste, comme si je devais renier quelque chose. »

La routine quotidienne est bousculée, Pereira prend conscience de la censure, puis de la violence de la dictature….

J’ai beaucoup aimé ce récit qui m’a promenée dans Lisbonne, et m’a raconté une période que je connaissais mal.

logo eimelle, le mois italien

 

 

 

Magellan – Stefan Zweig

LIRE POUR LE PORTUGAL 

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Les Grandes Découvertes ont été un des thèmes récurrents de notre voyage. la biographie de Magellan, une évidence, surtout par Stefan Zweig, un écrivain que j’admire infiniment. 

Zweig replace cette biographie dans le contexte historique de la Route des Épices:

« Derrière les héros de cette époque se cachent les forces agissantes, les commerçants, l’impulsion première elle-même a eu des causes essentiellement pratiques. Au commencement étaient les épices. »

Il raconte comment le Portugal s’est lancé dans les Grandes Découvertes :

« Transformer le Portugal; ce petit pays impuissant, en une puissance maritime, et l’Océan Atlantique, considéré comme un obstacle, en un moyen de communication a été en substance le rêve de toute la vie de l’Infant Henrique, celui que l’Histoire a surnommé le Navigateur. »

Le monument des Grandes Découvertes à Belem
Le monument des Grandes Découvertes à Belem

« Au début du 16ème siècle « le plus petit état d’Europe pourra prétendre posséder et régir un territoire plus vaste que l’empire roman au temps de sa plus grande extension. »

C’est donc un épisode d’une épopée digne des conquêtes d’Alexandre que Zweig  va nous conter. Explorations des mers lointaines et rivalité entre le Portugal et l’Espagne de Charles Quint, régulée par le pacte de Tordesillas.

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Après la Découverte de l’Amérique « Un seul exploit reste encore à réaliser, le dernier, le plus beau, le plus difficile : faire sur un seul et même navire le tour du globe, prouver envers et cotre tous les cosmographies et les théologiens la sphéricité de la terre. Accomplir cette mission sera le but et la destinée de Fernao de Magalhaes. « 

Magalhaes, c’est le nom de l’aventurier dans Les Mystères de Lisbonne j’aime bien ces clins d’oeil que se font les livres. Hasard ou volonté de Camilo Castelo Branco? Zweig retrace la carrière que Fernao  Magalhaes fait au service de la marine portugaise, ses expéditions aux Indes et dans les îles lointaines où il apprend la navigation et où il s’illustre dans des faits d’armes. Il ramène un esclave malais Henrique qui servira de traducteur dans son tour du monde. Années d’apprentissage puis démarches auprès du roi Manoel afin de réaliser sa grande idée : rejoindre les îles Moluques ou poussent les épices en passant par la route de l’Ouest. Est-il un mauvais courtisan? Le roi ne soucie-t-il plus d’élargir son empire? Il ne réussit pas à le convaincre.

Fernao Magalhaes quitte le Portugal pour se mettre au service de l’Espagne, il devient Magellan et ira conquérir des îles pour Charles Quint

« Ce que Magellan vit en cette minute, c’est la tragédie de Coriolan, du transfuge par amour-propre, immortalisée par Shakespeare. Comme lui coriolan a servi fidèlement sa patrie pendant des années, qui repoussé par elle, met son talent dédaigné au service de l’adversaire. » 

« il sera toujours seul, et seul contre tous »

Zweig montre les minutieux préparatifs de l’expédition qui pourra durer de longs mois voire plusieurs années. Il raconte les embûches que les nobles espagnols et le roi du Portugal sèmeront sur son passage pour faire échouer le départ. 

Le 20 septembre 1519 cinq navires quittent Séville, 1 seul rentrera.

« …c’est ainsi que surgit brusquement au milieu de tous ces navigateurs, chercheurs d’or et aventurier, un étrange idéaliste; qui ne se lance pas dans l’aventure pour la gloire ou l’argent, mais par amour sincère du voyage, pour la simple joie de voir, d’apprendre et d’admirer… » 

c’est l’italien Pigafetta qui consignera les souvenirs de l’aventure.

« Que serait Achille sans Homère? »

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« Shakespeare a utilisé pour sa Tempête une scène du récit de voyages de Pigafetta » note Zweig. En plus d’une narration précise du périple à travers les mers, un vrai roman d’aventures avec tempêtes, mutinerie et famines, Zweig donne une dimension littéraire à sa biographie de Magellan avec les références à Homère et à Shakespeare; même à Tristan et Isolde de Wagner!

Quelle joie quand il atteint les Philippines puis les Moluques, quand l’esclave Henrique retrouvent des hommes qui parlent son langage.

« Ainsi le cercle s’est fermé : à l’autre bout du monde, sous d’autres cieux, l’Europe s’est heurtée à l’Europe. Jusqu’à présent dans sa route vers l’Ouest, Magellan n’avait trouvé que des territoires inconnus. » [….] par dessus les océans immenses un pont est jeté de leur monde à ce monde nouveau »

Magellan ne connaîtra pas la gloire à Séville.

« Ainsi périt, dans une bagarre stupide avec une horde de sauvage, le plus grand navigateur de tous les temps. un génie, qui, comme Prospéro, a maîtrisé les éléments et vaincu toutes les tempêtes et triomphé de tous les obstacles, est abattu par un misérable roitelet indigène »

Le retour se fera sans lui du 27 avril  au 6 septembre 1521 sur des routes maritimes connues mais tenues par les Portugais qu’il faudra éviter.

« De même que le Cid mort maintenu par ses hommes sur son fidèle cheval de bataille remporte encore une victoire, de même l’énergie de Magellan impose, par delà le trépas, sa volonté. Ses hommes contemplent enfin la terre promise qu’il ne lui a pas été donné de voir »

Je referme le livre avec la furieuse envie de lire maintenant sa biographie d’Amerigo.

 

 

Evoramonte – Arraiolos

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Evoramonte sur sa colline
Evoramonte sur sa colline

Le village d’Evoramonte est à 20km à l’est d’Evora. Pour gagner du temps et éviter la traversée de Montemor et d’Evora nous choisissons l’autoroute que nous quittons à la sortie 6 juste après Evora. Il reste encore 17km de route.

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Négligeant le village moderne au pied de la colline, nous montons à l’assaut du château Ses remparts foncés encerclent le sommet ; le château blanc les domine de sa hauteur. On peut entrer en voiture dans l’enceinte.  Une rue monte à l’esplanade où se tient le château, une autre, dans son prolongement, descend à l’église et au cimetière. Ces deux rues sont bordées de maisons bien blanches ornées de plantes en pots. Près du château  on remarque deux portes au tour en granite et à l’ogive gothique. Une maison porte une simple plaque : c’est ici qu’a été signée la Convention d’Evoramonte fin 1834 qui a mis fin à la guerre civile entre Libéraux et Absolutistes. L’Office de tourisme est fermé, le café-restaurant aussi. Seule boutique ouverte : celle d’une céramiste. Nous faisons donc une promenade très tranquille à travers les rues désertes, animées seulement par les allers et retours de quelques chats. Tout est photogénique : les pavés de la rue en pente, les hautes cheminées blanches, les façades rehaussées de jaune d’or ou bleu.

Le château d'Evoramonte
Le château d’Evoramonte

En me rapprochant du château, je suis déçue de découvrir que le château blanc est recouvert d’un enduit de ciment gris fort laid au lieu des belles pierres blanches que j’imaginais. . La restauration aurait-elle été bâclée ?

Le château se visite. Un plasticien a conçu des installations à l’intérieur du château. Son œuvre-maîtresse qui donne le titre à l’exposition – Pegasus – une moto à voile, le cheval ailé  s’envole de la grande salle du 2ème étage.

Salle du château d'Evoramonte
Salle du château d’Evoramonte

Au rez de chaussée, dans une salle voûtée aux belles arcades sont  soutenues par de courts piliers de roche claire qui sont sculptés de motifs manuélins « flammes » évoquant l’amour mystique ou les vagues de la mer. Dans cette salle basse on a disposé des panneaux explicatifs qui m’ont beaucoup intéressée. Certains présentent le château, son « plan centré » avec ses trios salles carrées superposées flanquées de quatre petites pièces dans les tourelles.  Contrairement à ce que j’imaginais en le voyant dominer ses remparts crénelés, Evoramonte n’est pas un château-fort ni une forteresse. C’est une résidence de chasse, un palais de prestige « imitation de Chambord ». Là, je tique, Chambord est autrement plus grand et plus beau !

Construit très rapidement en 2ans en matériau composite – pierre, briques –  à l‘origine, on a donné la part belle au mortier. Le ciment de la rénovation rappelle donc l’esprit de la construction.

Un autre panneau établit une longue chronologie que j’ai recopiée en sautant des étapes.

1166 Evoramonte est conquise par Afonso Henriques

1248 : octroi de la charte d’Evoramonte

1306 : une inscription sur la forte de Feixo apporte le témoignage de la fondation du château

1512 le duc de Bragance se réfugie dans le château accusé du double meurtre de sa femme et de son amant

1531 un séisme met à bas la forteresse

1532-1533 reconstruction du palais

1725 nouveau séisme 2 tours s’écroulent

1834 convention d’Evoramonte

On a pas trouvé de vestiges de la période maure mais le village a des caractéristiques méditerranéennes : maisons blanches, carrées, dôme rond sur la chapelle.

D’autres panneaux montrent des châteaux construits à la même époque qu’Evoramonte. Je retrouve Aguias Brotas, la tour vue hier. Elle a été construite en 1530.

La Tour de Brotas, le château d’Evoramonte, la tour de Belem seraient toutes les trois de la même veine.

Des décorations manuélines discrètes ornent le château chaque étage est enserré à l’extérieur d’une corde marine sous les fenêtres carrées, on voit un nœud de marin. A l’intérieur al base des chapiteaux représentent des flammes qui peuvent aussi être les vagues de l’océan.

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De la terrasse du château, la vue est panoramique : on voit partout des oliviers plantés régulièrement ;   les oliviers portugais ont une coupe un peu bizarre, ils sont comme étêtés, cours et non pas taillés en coupe comme en Italie ou en Grèce. Au lieu de voior de beaux troncs noueux et tordus on voit une sorte de buisson. Les arbres majestueux sont les chênes-lièges.

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Nous trouvons la RN4 venant d’Espagne pour gagner Arraiolos, la ville des tapis brodés. Comme à notre habitude, nous montons au château perché entouré de ses murailles (1306-1310). Elles ont fait l’objet de nombreuses reconstructions, la dernière de 1944(il semble que Salazar ait consacré beaucoup d’énergie aux châteaux médiévaux !).

Du château (1306-1315), il ne reste que deux tours, l’une d’elles à peu près carrée, l’autre à peu près octogonale.

La colline est coiffée d’un imposant sanctuaire : l’église du Salvador (1275 modifiée au 16ème siècle )à qui détonne dans cet environnement médiéval.

Les rues très en pente sont bordées de maisons blanches au décor bleu. Pas de brodeuses sur le pas de la porte ! Peut être n’existent-elles que dans l’imagination du rédacteur du guide touristique (ou préparent elles le déjeuner à cette heure-ci).la ville semble active avec des équipements neufs, de nombreux cafés.

le monastère de Batalha

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Batalha : chapelles inachevées et agapanthe
Batalha : chapelles inachevées et agapanthe

Troisième monastère visité dans la semaine (billet groupé 15€). Et aucun sentiment de répétition. Alcobaça : la découverte et surtout les deux histoires : celles de la fondation du monastère (azulejos) et celle de la Reine Morte. A Tomar, découverte de la puissance et de la richesse des Templiers et de leurs successeurs, l’or des Grandes Découvertes avec les symboles manuélins résumés dans la fenêtre célèbre. Batalha est différent.

Mis en valeur sur une vaste esplanade, l’église peut être abordée de tous les côtés. On peut choisir le porche gothique tardif de Huguet aux nombreux personnages gardant l’entrée, ou par le chevet dans l’énorme ébauche des chapelles Inachevées. De l’extérieur c’est la gloire du gothique flamboyant. Belle couleur de la pierre sous le soleil du matin, pierre claire, un peu orangée où la patine grise se mêle harmonieusement.

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On entre dans la nef en contournant la pierre tombale d’un des architectes. Cinq architectes se sont succédé :

  • 1388 – 1402 Afonso Domingues
  • 1402-1438 Huguet
  • 1438-1448 Martin Vasques : Chapelles Inachevées
  • 1448 -1477 Fernao d’Evora : cloître d’Afon
  • 1480-1515 Matéus Fernandez : style manuélin
  • 1515-1533 Style Renaissance
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La nef immense d’Afonso Domingues est éclairée par des vitraux. Dans le chœur les vitraux 16ème s sont très colorés.  Sur les hauts piliers qui semblent  être des faisceaux de plusieurs colonnes soudées les chapiteaux paraissent très petits. Alternent une ronde d’’anges avec de longues iles en V qui forment un zigzag et des feuilles de vigne. A la base des piliers, un motif discret orne chaque colonne. Le chœur et les chapelles autour sont sobres, pas de dorures baroques pour masquer le gothique.

lanterne octogonale de la chapelle du Fondateur
lanterne octogonale de la chapelle du Fondateur

La chapelle des Fondateurs est construite autour du double tombeau de Jao et Philippa de Lancastre. Sur la très haute pierre tombale les deux gisants sont côte à côte. Dans des niches reposent les quatre fils dont Henrique le Navigateur. Huit énormes piliers soutiennent la lanterne octogonale très élégante.

Cloitre de Batalha :
Cloitre de Batalha :

Lorsqu’on entre dans le cloître on change d’univers quittant le gothique pour le style manuélin, dentelle de décors avec les symboles marins des Grandes Découvertes, la Croix des Templiers qui ornait les voiles des caravelles, la sphère armillaire, les nœuds marins et cordages…

Batalha, lavabo du cloître
Batalha, lavabo du cloître

La Salle capitulaire renferme le tombeau du soldat Inconnu. Elle est gardée par des militaires en treillis de camouflage armes à la main. Nous assistons à la relève de la garde. Ce déploiement militaire donne de la raideur et enlève du charme au cloître. Le silence est troublé par le pas martial. Les commandements s’accordent mal avec la méditation. Mêm le murmure de l’eau dans la très belle fontaine ou lavabo, en est troublé ;

Le calme, nous le trouverons dans le cloître suivant, très simple et parfumé de roses qui poussent autour de trois grands cyprès. Des panneaux racontent la vie des dominicains, vie vouée à l’étude.

La visite se termine dans les chapelles inachevées. L’énormité des piliers laisse supposer un monument imposant. La mort du roi commanditaire a mis fin au chantier. Ou peut être sa démesure ?

Non loin du monastère un petit musée est très agréable à visiter. Géologie, Préhistoire, Histoire et Ethnologie. Une exposition temporaire est consacrée aux minees de lignite de la région.

Batalha : chapelles inachevées
Batalha : chapelles inachevées

Les vitrines racontant l’histoire géologique du Jurassique au Miocène m’ont beaucoup intéressée. C’est au Jurassique que vivaient les dinosaures de Lourinha. La paléogéographie montre que le continent était haché de failles correspondant à l’ouverture du Proto-Atlantique avec déppôt de sédiments marins. Au Jurassique supérieur et au Crétacé, le bassin se ferme tandis qu’au Miocène le massif calcaire est relevé. L’érosion karstique se met en place.

A côté des maquettes structurales, de beaux fossiles sont exposés : ammonites, encrines (très beau) aussi dinosaure (stégosaure) et des dents de mamouth.

Un romain en toge occupe le centre d’une pièce ronde où sont regroupés les vestiges romains venant de Conimbriga et de Collipe.

Les étapes de la construction du Monastère sont détaillées par des maquettes.

Je passe distraitement dan la section ethnologique.

Vers midi, nous sommes de retour au Moulin pour un déjeuner sous la treille.

Après midi ensoleillée à la piscine ; Il est plaisant de profiter de ce gîte si joli avec une hôtesse sympathique. La petite chatte Cal, très joueuse nous tient compagnie.

Sitio : les arènes
Sitio : les arènes

Vers 18heures nous retournons au Sitio pour refaire les photos prises hier par temps gris

Tomar – forteresse des Templiers – monastère énorme

CARNET PORTUGAIS

Tomar : l'église des Templiers
Tomar : l’église des Templiers

71km entre Nazaré et Tomar en passant par Alcobaça et la route IC9 toute neuve, vide qui traverse un massif – collines ou montagne ? – plutôt montagne à cause du relief malgré la faible altitude. Ds bancs calcaires sont en saillie.

C’est un paysage très différent de ceux que nous avons vus au Portugal. L’olivier confère un goût de Méditerranée. La vigne est plantée en rangs parallèle assez bas alors que dans le Minho elle grimpe. Villages perchés dispersés. Beaucoup moins de construction que dans la zone côtière. De grands viaducs enjambent les vallées creusées par des rivières invisibles mais nombreuses. On passe à quelques km de Fatima sans s’arrêter. Les apparitions et les sanctuaires du 20ème ne me disent rien.

Le couvent de Tomar est au sommet de la colline. On y accède par une rampe pavée très raide, crest toute une ascension pour découvrir en haut un grand parking, une route et des voitures. Une flèche indique le Castelo.  Château fort ou couvent ? C’est la même chose dit la jeune fille de la cafétéria. Les grosses tours carrées et les remparts ressemblant à ceux d’Obidos cachent le couvent pourtant énorme. Le Castelo était une forteresse des Templiers fondé en 1160 sur un fort maure du 9ème siècle au 12ème. L‘influence proche-orientale se remarque dans les renforcements inclinés des murailles qu’on voit en entrant par une chicane qui ne laisse voir qu’une échauguette surmontant le rempart.

Tomar : murailles
Tomar : murailles

En 1319, l’Ordre des Templiers est dissous et le château passe à l‘Ordem de Cristo.

On découvre après l’église des Templiers bâtie au 12ème siècle sur le modèle du Saint Sépulcre  – la Charola . Le nouveau bâtiment fut érigé par Jao III au 16ème siècle.

Tomar : porche de Joao de Castilho
Tomar : porche de Joao de Castilho

Avant d’entrer on est rempli d’admiration devant la finesse du porche plateresque de l’Espagnol Jao de Castilho : les angelots musiciens grimpent dans les feuilles d’acanthe tandis queu les personnages sont finement ciselés.

La visite est fléchée. Elle commence par le Cloître du cimetière dallé de pierres tombales. Au milieu quatre orangers et un massif sont dans des jardinières d’azulejos qui rappellent les zelliges mauresques. Les arcades sont gothiques avec de petites colonnes géminées aux chapiteaux végétaux. Les murs sous les arcades sont carrelés d’azulejos bleus et blancs aux motifs végétaux.

Cloître du Cimetière
Cloître du Cimetière

Le Cloître des Ablutions (1420 agrandi au 16ème) tient son nom de la présence d’un puits entouré de quatre massifs de romarin. Les arcades sur deux niveaux sont gothiques.

La toute petite chapelle Portocarneiros est entièrement carrelée. Le jaune éclaire cette pièce aveugle.

La Sacristie possède un magnifique plafond à caissons de bois peint (1629-1630). Un long lavabo occupe un mur. L’eau sort de 5 têtes expressives même rigolardes.

Tomar : croix des templiers dans l'église manueline
Tomar : croix des templiers dans l’église manueline

L’église manuéline (16ème siècle) est construite sur deux niveaux. Du chœur haut on découvre la rotonde des Templiers. Dans l’église manuéline  j’admire la finesse des sculptures aux motifs des Navigateurs : cordes, nœuds marins, sphère armillaire ainsi que les croix des Templiers que l’ordre du christ a adoptée.

Charula : église byzantine des Templiers
Charula : église byzantine des Templiers

Une somptueuse fresque précède la Rotonde. Cette Rotonde dorée, surchargée de motifs brillants de bois peint doré est qualifiée de byzantine. Au centre 8 colonnes se rejoignent pour former une sorte de chœur circulaire. Tout autour il y a des statues de bois peint. Une sorte de déambulatoire est orné de tableaux et de fresques.

 

Tomar : cloître principal
Tomar : cloître principal

Le Cloitre Principal (16 ème) a été dessiné par Diogo de Torralva, admirateur de Palladio. Il a un air d’Italie avec ses colonnes « toscanes » premier niveau, ioniennes à l’étage. Les arcs sont ornés de caissons. Une certaine sobriété contraste avec l’exubérance manuéline. Par des escaliers en colimaçon évidés on parvient à la terrasse – terrasse de cire – on y faisait sécher la cire d’abeille. De cette terrasse on découvre deux autres cloîtres : le Cloître des Corbeaux et le Cloitre de Micha. On est aussi très roche des pinacles de la nef manuéline. Je peux photographier les motifs marins. Au centre du grand Cloître la très belle fontaine a une vasque en forme de la Croix des Templiers ;

Le Réfectoire est à l’échelle du couvent : immense ! De longues tables occupent toute la longueur. On peut imaginer les moines dîner en silence tandis que le lecteur se trouvait dans l’une des deux petites chaires finement ciselées.

Les cellules sont réparties de chaque côté de deux couloirs qui se coupent en croix et qui sont ornés d’azulejos. Au croisement, on trouve une curieuse pièce Calefactorie où on allumait du feu pour que les moines  assis sur des bancs puissent se réchauffer.

Tomar : fenêtre manuéline
Tomar : fenêtre manuéline

De l’une des cellules s’ouvrant sur le cloître Sainte Barbara (ou sainte Barbe), on découvre le chef d’œuvre du monastère : la Fenêtre Manuéline. A sa base le « capitaine » soutient à bout de bras deux mâts aux multiples décors. On reconnait des chaînes, des coraux, des algues, des cordes et des câbles. Les cordes sont nouées de nœuds marins. Au sommet la croix de l’Ordre couronne la fenêtre. Tous ces symboles glorifient la puissance et la richesse des Navigateurs.

Il reste encore deux cloîtres à explorer, beaucoup moins ornés que les précédents. Du cloitre des corbeaux il n’y a pas grand-chose à dire. Le cloître de Micha, en revanche est très différent. Il est pavé plus grossièrement et les arcades sont également plus frustes. Le patio n’est pas planté. Son dallage creusé d’une rigole destinée à conduire les eaux de pluie dans une citerne. Nous avons vu récemment en Tunisie des citernes analogues dans la cour de palais ou de mosquées.  Le nom de « Micha » vient de la distribution de miches de pain aux indigents, ce qui explique la relative sobriété du décor .

Il faut descendre par la rampe bien raide aux pavés irréguliers et glissants. On rase les murs pour trouver un peu d’ombre.

Rues de Tomar pavoisées pour la fête des Tabuleiros
Rues de Tomar pavoisées pour la fête des Tabuleiros

La Praça de la Republica est bordée d’un côté par l’église Sao Jao Baptiste au délicat portail manuélin que nous négligeons après toutes les splendeurs du monastère. De chaque côté des boutiques et les terrasses de trois pâtisseries. Le projet était de déjeuner en ville. On ne sert ici que des gâteaux. Le choix est : s’installer sur es terrasses aérées de la place mais ne manger que du sucré (ou presque) ou chercher u n petit restaurant dans les rues étroites par cette chaleur étouffante. On choisit la première solution avec des petits pâtés à la viande et aux crevettes et une sorte d’omelette sucrée au lait caramélisée sur les deux faces, sorte de crème brûlée délicieuse.

Nous avons de la chance : la semaine dernière s’est déroulée la Fête des Tabuleiros qui n’a lieu que tous les deux ou trois ans. Toute la ville est décorée de fleurs, pompons, guirlandes en papier crépon< ; Certaines rues ont une véritable allée couverte avec arcades et guirlandes et même un tapis de fleurs ; Certaines boutiques ont une tapisserie de fleurs en papier ;

La ville moderne commence en delà de la rivière ou une grande roue avec des cruche tourne sur elle-même.

A Tomar se trouve une des plus anciennes synagogue du Portugal, transformée e Musée hébraïque. J’aurais beaucoup aimé la visiter; Fermée quand nous sommes descendues du monastère

Obidos

CARNET PORTUGAIS 

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Il fait bien gris et frais (16°). Sous les nuages, nous longeons la côte vers le sud jusqu’à Caldas da Reinha – station thermale depuis le 15ème siècle – maintenant, ville active avec grandes surfaces, zones piétonnières et embouteillages. Au retour, on prendra l’autoroute pour l’éviter !

Obidos est un village très touristique qui se voit de loin avec ses tours carrées et ses remparts crénelés coiffant une colline. A l’entrée, un étrange bâtiment attire notre attention : le Sanctuaire Senhor da Pedra(1740-1747) au plan octogonal selon le Guide Vert. Etrange octogone dont aucune face ne ressemble à une autre. Difficile de trouver une symétrie. Deux arcades encadrent une belle vue de la ville close. La façade bombée s’ouvre par un magnifique porche baroque aux volutes et pompons de pierre. Les architectes ont conçu de curieuses fenêtres mises – deux à deux –  ressemblant à un  sablier, les concavités se touchant ; A l’arrière les décors sont moins soignés. Les toits sont de tuiles bicolores rouge et vertes.

Senhor da Pedra
Senhor da Pedra

Deux femmes avancent, balais à la main, un gros bouquet de marguerite et une énorme clé. Elles viennent faire le ménage et sont assez gentilles pour nous laisser un coup d’œil à l’intérieur. (Lundi c’est fermé). Je filme la coupole décorée de bleu, les balustres et les arches. Poliment mais fermement on nous met à la porte.

Il faut laisser la voiture au parking à l’entrée du village. On peut louer des véhicules électriques 20€/h.  Tous les visiteurs se concentrent dans la rue principale la Rua Direita où les échoppes se succèdent. Une sur deux propose la spécialité locale la Ginja – liqueur de cerise servie dans une coupelle de chocolat (principe du Mon Chéri). Il y a aussi de belles fringues et même une librairie d’occasion, des restaurants, des marchands de souvenirs.  On se bouscule. Touristes de toutes nationalités – souvent avec enfants et épées de bois – Moyen Âge oblige – se pressent dans une ambiance Concarneau. Un accordéoniste chante, assis sous la Porta da Vila, un autre musicien a un curieux instrument à percussion métallique. Des personnages sont déguisés en moyenâgeux sorcière ou médecin avec un masque bec d’oiseau. Des jeunes chevelus fabriquent des bijoux en macramé –fort jolis mais fort chers.

Porta da Vila
Porta da Vila

Il faut s’attarder dans les ruelles  et les venelles perpendiculaires étroites et vides pour profiter du charme des maisons blanches soulignées de jaune ou de bleu. Bougainvillées violettes, bignones orange, géraniums rouges ou mauves dégoulinent par-dessus les murs ou s’échappent de poteries au sol ou accrochées aux murs. On aimerait tout prendre en photo.

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le pilori et l’églises

La Praça Santa Maria se trouve sous le pilori calcaire orné du « filet d’Obidos ». Le roi Dinis en visite en 1282 fut séduit par la ville et l’offrit à la Reine Isabelle qui l’accompagnait. Depuis Obidos fut l’apanage des reines. En 1491, l’Infant se noya à Santarem dans le Tage et fut retrouvé dans les filets des  pêcheurs. Sa mère, la reine

le filet d'Obidos
le filet d’Obidos

Leonor vint chercher l’apaisement de son deuil à Obidos. Le filet sculpté sur le pilori rappelle ce drame. La place sous le pilori est calme :une belle fontaine, en face l’église Santa Maria, à droite, une belle maison et la Poste.

Avant le tourisme, nous entrons à la Poste payer nos péages d’autoroute. Curieuse coutume. La plupart des autoroutes ont  des péages avec des cartons, on paie en sortant à un employé ou à une machine. Il existe au Portugal un autre système : des portiques flashent les véhicules. On dispose alors de 5 jours pour s’acquitter du péage soit à la Poste soit dans les Payshops des supermarchés. Il existe aussi un abonnement – Europcar nous l’avait proposé pour 18€.

Eglise Santa Maria

D’après le guide Vert, Afonso V y épousa en 1444 sa jeune cousine de 8 ans. Depuis el 15ème siècle, l’église a subi des transformations. Les murs furent recouverts complètement d’azulejos (17ème s). les tableaux de Jao Da Costa ne m’ont guère intéressée. Les décors du plafond, en revanche, m’ont étonnée. Les anges ou putti m’ont semblé très bronzé, Africains ou métis, rappellent- ils l’empire portugais d’Afrique des îles ou du Brésil ? Belle piéta sculpté délicatement attribuée à l’atelier de Chantereine.

la prison
la prison

Au bas de la place, une maison à arcade avec un escalier extérieur était la prison.

Continuant la rua Direita, nous arrivons en haut de la ville sous le château – maintenant une pousada .J’accède aux remparts dont je fais le tour complet en ¾ d’heure. Ils datent des Maures mais ont été restaurés à nombreuses reprises et sont en excellent état. La vue sur les toits est merveilleuse. Je découvre l’intérieur des cours,  parfois un néflier ou des orangers, des placettes avec les tables d’un restaurant où je déjeunerais volontiers, les piscines des maisons d’hôtes.

vue des remparts
vue des remparts

Nous avions imaginé déjeuner à la mer, sur les quais d’un port ou sur une plage.

Négligeant la voie rapide A8 (que Maria appelle familièrement Oitou)nous nous engageons sur les petites routes qui tortillent dans la direction de Peniche. A force de tournicoter, nous remontons sur Oitou en direction de Bombarral, c’est-à-dire à l’opposé, vers l’intérieur des terres. Nous regrettons le GPS cassé ! Reprenons l’autoroute vers Peniche et sortons à Praya del Rey (qui figure sur la carte). La route traverse des vergers : pommes, poires, cerises, toute la région en est plantée. Puis des forêts très denses d’eucalyptus et de pins. Sur les dunes, près de la mer, on a installé deux golfs . L’herbe très verte contraste avec la dune. Posées ici et là, les belles pancartes bleues du Marriott5*indiquent le front de mer ; La plage est merveilleuse. On y accède par un ponton de bois ,au dessus des chardons bleus qui embaument ; la plage de sable blanc est protégée par une falaise. Il y a quelqeus parasols carrés. Pas de bar de plage. Rien. Les parasols sont ceux du Marriott. Ce n’est pas là que nous déjeunerons. UN minibus débarque un groupe de Chinois. Demi-tour.

Deuxième golf, hôtels 5*…on tourne le dos à la mer, direction la lagune d’Obidos. On trouve es lotissements moins luxueux que ceux des golfs, enfin deux tavernes, une petite typique mais complète. La seconde Le Restaurant d’Edgars, plus contemporaine avec Wifi. Nous nous attablons passé 14h. Le menu est alléchant ; Il y a des fruits de mer. Plat du jour sardines 9.5€. Bien cher pour des sardines ! Le serveur ne parle que Portugais mais communiquer est facile avec le menu en main ! Il annonce qu’avec les sardines, vient aussi la soupe et le dessert et même la boisson et le café sont compris. Dans la soupe orange nagent des feuilles de chou. Quatre belles sardines dorées grillées à point et 4 petites pommes de terres nouvelles décorées de lanières de poivron rouge sont disposées sur une assiette rectangulaire. Dommage que le pudding d’œufs soit terminé (il est passé 15h), je prends une glace.

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La plage est grande. Il faut beaucoup marcher dans le sable sec pour atteindre l’eau, pas assez profonde pour nager. Les enfants pataugent. Les hommes trainent des filets et pêchent à pied. Je marche le long de l’eau espérant atteindre la passe sur l’océan ouvert et les grandes vagues. Mais il faut contourner des bassins. Pour rentre, je remonte les jambes de mon pantalon et traverse un bras de mer. C’est juste !

Sur le sable, un seul bateau échoué, la coque bleue, et plein de couleurs en haut. Allons- nous trouver la dernière des barques colorées qui nous avaient enchantées il y a 35 ans ? je fonde, appareil photo sorti ! Ce n’est pas du tout une barque mais trois parasols et un paravent bleu !

Une barque????
Une barque????

Pour le retour je demande à Googlemaps de remplacer le TomTom défaillant. Jusqu’à Obidos il nous promène dans marais et vergers sur de jolies petites routes. Le soleil est sortion refait les photos d’Obidos sous le soleil. Sur la A8 (oitou) le téléphone perd le signal. Aucune importance puisque Nazaré est bien signalé.

A la sortie du rond point il y a même un panneau « Fanhais ». la route s’engage dans la belle pinède, il y a même un petit lac. Nous arriverons directement au gîte croyons nous. A une fourchette nous choisissons la gauche, roulons, roulons dans les pins. Le revêtement se détériore ; IL y a d’énormes nids de poule. Une petite dune a même recouvert la chaussée. Nous enjambons l’A8 sur un pont qui ne mène nulle part. Cela ressemble à un cauchemar. Finalement nous revenons en arrière jusqu’à la fourchette, prenons à droite, passons sous l’autoroute et reconnaissons notre village.

Fin d’après midi à la piscine.

Alcobaça – la Reine morte et installation de Cristina Rodrigues

CARNET PORTUGAIS 

Eglise d'Alcobaça
Eglise d’Alcobaça

Le monastère occupe tout un côté d’une vaste place, la façade baroque de l’église est encadrée par de très longs bâtiments sobres.

Passé le porche surchargé de décors, dépassés les grandes silhouette de Saint Bernard et de Saint Benoît, on entre dans un monastère cistercien, donc dépouillé. La nef de l’église est haute. Les arcs brisés annoncent le gothique mais on n’a pas ouvert les verrières qui éclairent les cathédrales gothiques. Les chapiteaux sont romans. Il faut se dépêcher de visiter l’église, la Messe va bientôt commencer et on chassera les touristes.

Le tombeau de Dom Pedro
Le tombeau de Dom Pedro

Les tombeaux d’Inès de Castro et de Dom Pedro se font face dans le transept. Ce sont les protagonistes de la pièce de Montherlant, la Reine Morte. Dom Pedro ; fils du roi Afonso V, marié à l’infante d’Espagne Constança, tomba amoureux d’Inès, la suivante de l’Infant, Inès de Castro. Afonso V éloigna Inès. A la mort de Constança, Pedro alla vivre avec Inès à Coimbra. Afonso fit assassiner Inès et Pedro se rebella contre son père. A la mort du roi Afonso, Pedro, révela son mariage secret, fit exhumer Inès, la couvrit de pourpre et la couronna. Il contraignit les nobles de la cour de baiser la main de la reine morte et fit arracher le cœur de ses meurtriers.

Baldaquin dans la salle des Rois : Christina Rodrigues
Baldaquin dans la salle des Rois : Cristina Rodrigues

Cette histoire – macabre – donne un éclairage particulier à la visite. C’est aussi le fil rouge pour une autre visite : celle de l’installation de la plasticienne Cristina Rodrigues dans les murs du monastère. Je suis souvent sceptique à propos de ces installations dans des lieux prestigieux. Parfois le cadre magnifie une sculpture quelconque, parfois il la ridiculise comme à Blandy- les- Tours, j’avais accouru sur le conseil de Télérama pour voir quelques bouts de ferraille. Le travail de Cristina Rodrigues m’a beaucoup intéressée. J’y ai prêté autant d’attention qu’au monument lui-même.

Dans la Salle des Rois, un baldaquin de pompons bleus, blancs et jaunes ; de lacets et de galons de dentelle rayonnaient d’une couronne centrale figurant la royauté. Autour de la salle, les rois du Portugal, en statue grandeur nature, se tiennent debout et racontent l’histoire de  Portugal. En dessous des azulejos 18ème siècle, racontent la bataille de Santarem gagnée par Afonso 1er en 1147 qui fit appel à Bernard de Cîteaux. On voit les moines mesurer les futures fondations du monastère.

dans le cloître : les raisins de la colère
dans le cloître : les vignes de la colère

Le cloître de Dinis ou cloitre du silence est planté de quelques orangers dans des carrés limités par des buis, mais son aspect général est plutôt minéral. En son centre, la plasticienne a disposé une sculpture faite avec des bouteilles à l’envers sur une sorte d’égouttoir et l’a titrée Les vignes de la colère. Quelle colère ? Celle de Dom Pedro contre son père après l’assassinat d’Inès ? Je l’imagine puisque je lie l’installation à l’histoire de la Reine Morte.

chimère romane
chimère romane

Le cloître est bordé d’arcades avec des chapiteaux romans figurant des végétaux et un besstiaie de dragons et chimère. Les chapiteaux romans me touchent.

Dans la Salle Capitulaire se trouvent de grandes statues de terracotta, des anges musiciens.

cuisine
cuisine

Les cuisines sont impressionnantes par leurs dimensions, la hauteur des cheminées carrelées qui font des hottes gigantesques au dessus de la rôtisserie. Combien de bœufs pouvaient tourner à la broche ? Les éviers ont la taille d’une grande baignoire de pierre. Leurs robinets sont des têtes à taille réelle. Le bruit de l’eau est très présent : on a détourné une rivière pour que le monastère puisse boire et cuisiner.

coeurs blancs
coeurs blancs

C’est ici que l’installation est la plus frappante : dans la rôtisserie, sur des tringles sont alignés des sachets de plastique transparents alternant avec des rubans blancs. Le contenu du sachet n’est pas évident à première vue. Je pense à des gargoulettes de céramique blanche. Intriguée, je regarde mieux et découvre des tuyaux à la partie supérieure. Un doute m’effleure : on dirait des cœurs avec les veines et les artères. Le doute est levé quand je découvre une rangée de ces vases en céramique noire accompagnés de rubans rouges posés sur la grande table de pierre. D’autres sont suspendus au dessus de la fontaine. Ce sont bien des cœurs. Equivoque cuisine qui embroche des cœurs ! Me vient l’image de Dom Pedro arrachant les cœurs des assassins d’Inès. Cœurs noirs  et cœurs blancs. Cœur symbolisant l’amour des royaux amants. Le titre de l’installation est parlant : Os amantes !

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Le Réfectoire est dans la pénombre, les moines y dinaient en silence, écoutant la lecture des Saintes Ecritures.  La plasticienne y a dispersé six chandeliers laqués soit de noir soit de blanc. En place des cierges elle y a suspendu des chaines dorées qui scintillent où sont accrochés des bijoux de filigrane. Couchés dur les socles, des angelots, putti, ou bébés batifolent avec des feuilles de vigne, des grappes de raison, bébé laqués de noir ou de blanc.

Dans le Dortoir, à l’étage, la plasticienne a placé des sièges formant un U. Au pied de chaque chaise, se trouvent des pieds en résine noire, des chausses creuses. Chaque chaise est enrubannée, double de crépon. Sur certaines elle a déposé de petits paquets. Scène plus difficile à interpréter. Elle m’évoque un tribunal (rien ne le prouve). Les assassins d’Inès seraient ils jugés ici. A moins que ce soit ici que dom Pedro ait réuni la Cour pour prêter hommage à la Reine Mort.

Bien sûr, ces interprétations sont entièrement personnelles. En dehors des titres, rien n’est explicité. Et tant mieux !

Nous continuons la visite et découvrons par hasard le Cloître des Novices(ou des évêques) ecore plus vaste que le premier, classique et austère (fin 16ème – 17ème ) planté de rosiers dans des carrés de buis.

La plasticienne m’a guidée dans cette visite. J’aurais aussi bien pu emprunter l’audioguide et m’intéresser plus à la vie des moines ou aux aspects historiques. Tout est dans les guides, inutile de les recopier.

Promenade à Povoa de Lanhoso

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Maria da Fonte héroine de Povoa de Lanhoso
Maria da Fonte héroïne de Povoa de Lanhoso

Réveil gris. La température a chuté. Hier accablante, ce matin 19°. Je revêts un sweat pour déjeuner sur la terrasse.

Dernier jour à Povoa, nous allons visiter les curiosités locales. En plus du Castelo et du Castro préhistorique, on peut voir travailler les artisans bijoutiers spécialisés en filigrane, et 16km de voie romaine.

POVOA boules rond point

Pour ne pas tourner en rond (décidément le GPS fait défaut !), nous allons à l’Office de Tourisme pour nous faire expliquer le chemin de la Voie Romaine. Le jeune homme parle bien anglais mais c’est surtout un adepte de Google maps. Il me fait passer derrière son comptoir et me montre le trajet sur l’écran de l’ordinateur en street view. C’est très fastidieux et je n’y comprends rien. Plusieurs départs sont envisageables, près du château après le rond point des boules (allusion gigantesque au filigrane) à la sortie du village sur la route 103. Il lui vient une idée :

le chêne de Caves
le chêne de Caves

-«  avez-vous vu le chêne ? »

Un centre d’interprétation est à côté à proximité et la via Romaine y passe. En tout cas, c’est un repère fiable, le Centre d’Interprétation est bien fléché. Il faut suivre les indications Carvalho de Cavos , les balises de GR rouge et blanches sont visibles à partir de la petite chapelle Sa. Marta.

Le chêne est vraiment impressionnant. Pas moins de dix poteaux métalliques lui servent d’étais. Ce serait le plus grand chêne de la péninsule ibérique d’après l’animatrice du Centre d’Interprétation (beau bâtiment, exposition de panneaux sur le thème de la forêt et de la biodiversité).

L’animatrice me fait cadeau d’un topoguide cartonné pour le circuit Maria da Fonte qui suit la voie romaine sur un tronçon.

Le GR est bien balisé. Me voilà partie pour une balade non seulement sur les traces des Romains mais aussi sur celles des femmes du Minho qui se révoltèrent en 1846 avec Maria da Fonte pour porte drapeau. Je ne connaissais pas cette héroïne avant d’avoir ouvert Amour de Perdition de Camilo Castelo Branco. Le traducteur y fait clairement allusion dans la préface. Au second rond point, j’avais vu la statue d’une jeune paysanne mais je ne la savais pas si célèbre.

Le GR emprunte une petite route pavée de petits pavés cubiques de granite. Plus portugaise que romaine, cette route ! Elle rejoint un  groupe de maisons devient asphaltée. Au virage je la quitte pour une descente sur de très grosses dalles : les dalles romaines.

Via romaine de Braga à Astorga
Via romaine de Braga à Astorga

Granite à gros cristaux de feldspath comme tous les granites ici. Peut être verrai-je  une borne miliaire comme sur le document ? Je n’en n’ai pas  vu, mais j’ai vu un lavoir qui sert encore, sur le rebord il y a une brosse et du savon. Vu aussi deux vaches à la robe jaune avec des longues cornes recourbées et effilées. Le sentier passe par de nombreux groupes de maisons. C’est fou comme le Minho est construit. On est en campagne mais il y a des maisons partout, des vieilles en granite, des neuves en ciment et même de très belles maisons de vacances. Il y a aussi des chiens. Heureusement ce sont des petits bâtards  ressemblant un peu aux Jack Russel, petites pattes courtes, poil ras blanc avec des taches jaunes. Petits mais gueulards. Je ne suis pas très effrayée quand ils tentent de me barrer la route. Une chienne va même chercher ses chiots à la rescousse pour me chasser. Il suffit que je me saisisse d’un bâton ou d’une pierre pour les faire fuir. Les chiens de la campagne craignent les pierres et connaissent ce geste. Même si je suis bien incapable de les lancer.

Le sentier entre en forêt. Il est encadré par deux murettes de granite très moussu. Genêts et ajoncs égaient la promenade de leur floraison jaune. Fougères-aigles vert tendre, bruyère rose. Le parcours est fleuri et coloré. Dans la forêt,  les eucalyptus sont plus nombreux que les chênes ou les pins. Cela m’attriste un peu. Ils appauvrissent la forêt. Que fait-on de leur bois ? A leur décharge, ils sentent bon. Le sentier grimpe. Aurai-je une belle vue au sommet de la colline ? Le sentier redescend dans les eucalyptus. Pas de panorama.