Joal – poissons – Fadiouth – île aux coquillages – pirogue au coucher de soleil

CARNET DE CASAMANCE

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la grande pêche

Traversant Mbour, Abou, nous explique que le M ne doit pas se prononcer mais qu’il n’est pas muet pour autant. Mbour avec ses 150 000 habitants est un grand port de pêche jumelé avec Concarneau. D’un urbanisme assez diffus, le centre-ville ancien se repère au caïlcédrats de chaque côté de la rue. Une foire et des marché ont envahi les bords de la route : tissus, canapés, étals alimentaires où l’on vend les produits locaux mais aussi d’importation : les clémentines viennent du Maroc, les pommes d’Europe.

La route passe par des stations balnéaires. Un grand complexe est fermé : crise économique, peur d’Ebola,  l’an passé a été catastrophique pour le tourisme.

 

Des palmiers très hauts et des baobabs dépassent des acacias dont il existe 2 sortes une espèce défeuillée aux branches rouges et une espèce qui garde ses feuilles en hiver.

En face de leur village de cases rondes,  des femmes vendent du lait caillé de zébu. Juste après, les zébus traversent la route. Leur robe est grise et leurs longues cornes sont effilées et recourbées.

Avant Joal, à Ngazobil, nous passons devant le séminaire où Senghor a étudié.

L’entrée de Joal est occupée par un marché local où on trouve de tout.

Le port de Joal

Cymbiums
Cymbiums

De nombreux camions frigorifiques attendent derrière la criée. La halle est vide, ce n’est pas l’heure et surtout les grosses pirogues ne sont pas sorties avec le mauvais temps. Sur la plage la « petite pêche » a rapporté des coquillages, on s’affaire autour des tas de Cymbium et de Murex. Les Cymbium, escargots de mer, sont gros comme des melons, leur chair grisâtre enveloppe la coquille. Ils sont découpés en grosses tranches qui sèchent au soleil et fermenteront plusieurs jours. Leur chair donnera du goût à la sauce. Abou les qualifie de « camembert sénégalais ». Les Murex sont décoquillés ; l’opercule est aussi récupéré, expédié à Dubaï il sera transformé en encens. Les monticules de coquilles serviront à faire de la chaux. Il faut faire attention dans la grande animation de ne pas se trouver sur le passage des dockers qui déchargent les coquillages de coquillage en courant la caisse sur la tête. Des femmes vendent des boissons, des arachides ou des beignets. Cette animation est plaisante.

murex avec son opercule
murex avec son opercule

Les grandes pirogues partiront ce soir pour la grande pêche.

Les fumeries de Joal

Une zone vaseuse sépare le port des fumeries. Pour gagner du terrain à bâtir en remblayant avec des ordures. Sur ces  infects polders de sacs en plastiques des maisons de parpaings se construisent déjà.

les fumeries de Joal
les fumeries de Joal

Plus loin, les fumeries, comme au port, pas de poisson, nous visitons les installations vides. Abou anime la visite en racontant la chaîne des travailleurs qui vient de cette activité. Les hommes déchargent le poisson qui n’a pas été vendu frais, surtout des harengs que les femmes rangent méthodiquement sur des grilles métalliques tendues au dessus des foyers de ciment. Les hommes après le déchargement deviennent les « bergers du feu » alimentant les foyers avec des fagots de branchages mais surtout de paille apportés par les paysans de la région. Les poissons ainsi fumés seront nettoyés par les femmes. Les femmes, payées à la bassine se font aider des enfants. On emballe la marchandise dans des cartons récupérés. Les harengs sont cuisinés avec des haricots. Les têtes de poisson sont pilées pour faire la provende des animaux, les zébus en raffolent. Les écailles servent d’engrais. On balaye soigneusement pour tamiser la poussière. Rien ne se perd. Cette activité qui semble traditionnelle n’a que 20 ans. Celui qui l’a initiée serait devenu millionnaire. Des centaines, peut être des milliers de gens vivent autour de ces fumeries.

Fadiouth, l’île au coquillages

la passerelle conduisant au cimetière de Fadiouth
la passerelle conduisant au cimetière de Fadiouth

La route de Fadiouth est barrée par une procession, les femmes devant, les hommes derrière. C’est donc un enterrement chrétien.  Chez les Musulmans les femmes restent à la maison. D’ailleurs, voici les hommes musulmans qui débouchent d’une autre rue pour présenter les condoléances. Fadiouth compte 90% de catholiques, 10% de musulmans, à Joal la proportion est inverse.

Tout les long de la visite de l’île aux coquillages, David, le guide local, répètera à l’envie, la tolérance et le vivre ensemble des deux communautés. A chaque fête les dignitaires musulmans sont invité à l’église et les chrétiens à la mosquée. Au cimetière de Fadiouth  ils sont réunis (dans des carrés séparés).

Nous avions déjà visité l’île par une matinée chaude et ensoleillée. Sous de gris nuages je renouvelle la visite. David raconte les coquillages, huitres, coques tandis que nous franchissons la passerelle qui relie l’île au continent. Seules les ambulances sont autorisées à y circuler. En dessous le courant électrique et l’eau approvisionnent l’île. De nombreux cochons pataugent sur les rives. Les truies en liberté sont suivies d’adorables porcelets roses, blanc ou tachetés. David explique longuement que ce sont les animaux des chrétiens, les musulmans ne les mangent pas « sauf les musulmans de gauche, tu m’as compris ?».Les rues sont tapissées de coquillages blancs, même les parpaings des maiosns contiennent une grande quantité de ces coques. La promenade serait très agréable sans l’insistance des vendeurs de souvenirs. Aujourd’hui je sui la seule acheteuse à l’horizon. Ils se donnent donc beaucoup de peine pour me convaincre d’acheter des assiettes en bois (j’en ai rapporté la dernière fois) des boîtes à bijoux en corne de zébu (jolie matière) ou des sculptures en ébène, bois bicolore, écorce claire cœur noir qu’on croirait verni. Le vendeur frotte avec un chiffon pour montrer le poli naturel. Il explique les profils de l’homme et de la femme qu’on peut disposer à sa manière….Je suis désolée de devoir me justifier de ne rien leur acheter, ils sont si gentils, mais cela va se reproduire tout le séjour.

les rue de coquillages
les rue de coquillages

L’église est très vaste avec sa couverture de tôle en pyramide, les bancs forment une sorte d’amphithéâtre (comme à la cathédrale de Créteil). L’île cimetière est reliée par une passerelle. Sa montagne de coquillage est surmontée d’une grande croix (lumineuse la nuit). Les baobabs du cimetière se détachent sur les coquillages. Des greniers à pilotis se trouvent sur l’autre rive.

Baobab du cimetière de Fadiouth
Baobab du cimetière de Fadiouth

Nous retrouvons Dominique dans la pirogue de Philippe, belle pirogue monoxyle de caïlcédrats qui vient de Guinée-Bissau. Le reconstitution de la mangrove est une protection du littoral contre l’érosion qui s’aggrave avec le réchauffement climatique. On nous montre les petites pousses de palétuviers plantées il y a juste  jours. Quel plaisir de côtoyer les oiseaux ! Un héron blanc d’une taille exceptionnelle, farouche s’envole avant qu’on ne puisse l’approcher. Un martin-pêcheur zèbre les feuillages de son éclat métallique bleu. Les hérons noirs sont très élégants. Bécasseaux et courlis se réunissent sur de minuscules îlots. Moins rares, les mouettes, sternes et goélands sont partout. « Ne gaspillez pas les batteries, vous les verrez de beaucoup plus près au reposoir ! » nous conseille David.

Le reposoir aux oiseaux
Le reposoir aux oiseaux

A la tombée de la nuit, des îlots de palétuviers deviennent des dortoirs peuplés d’espèces variées. Les pélicans sont les plus amusants avec leurs becs qu’ils déploient pointe en l’air d’un mouvement synchronisé. Aigrettes blanches, hérons noirs cohabitent avec eux. Des vols d’oiseaux se succèdent rasant l’île. Des centaines de mouettes ou de sternes. Spectacle fascinant que de suivre les groupent qui volent tous dans la même direction.

Le soir tombe. La grande mosquée avec deux minarets ouvragés comme de la dentelle se détachent à la pointe de Fadiouth. Les maisons basses en ciment sont hérissées d’antennes. Depuis qu’on a construit la passerelle eau et électricité arrivent dans l’île mais ils ne sont pas à la portée de tous. Les plus pauvres ne sont pas raccordés au réseau. Le ciel rosit encore, il se reflète dans l’eau calme. Nous le tenons, notre coucher de soleil.

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Au restaurant  Finio, Abou montre des photos spectaculaires d’un très beau coucher de soleil au reposoir. Mais les pélicans étaient absents !

Pour dîner : une très belle sole accompagnée d’une sauce verte à l’ail et au fines herbes. Pour dessert, une banane flambée.

Retour,

 

30Km dans la nuit noire à petite vitesse. Abou connait les traquenards, nids de poule ou ralentisseurs qu’il anticipe. En revanche les charrettes à ânes sont invisibles, on ne les découvre qu’au dernier moment.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Joal – poissons – Fadiouth – île aux coquillages – pirogue au coucher de soleil »

    1. @Claudialucia : en effet on trouve des plumbago dans les jardineries chez nous c’est plutôt une plante d’appartement mais chez toi il y en a peut être dans les jardins à l’abri du gel. J’en ai eu un longtemps dans la cuisine mais on me l’a volé sur le trottoir quand je faisais la transhumance des grandes vacances des plantes que je ne peux pas laisser deux mois. Je l’ai retrouvé chez une voisine.

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