CARNET DE CASAMANCE

le matin à MBour
6h ; le muezzin m’a éveillée. Nous allons regretter notre case rouge au plafond de paille, son ventilateur à trois pales, décoré de rouge avec des motifs d’avions (peinture artisanale ou collage d’un wax ?) Rideaux, couvre-lits sont du même tissu à dessins géométrique blancs sur fond rouge. Un grand batik rouge représente un enfant. La salle de bain est carrelée de rouge, même l’abattant des toilettes est rouge.

7h15 : les oiseaux fêtent le lever du jour. Promenade sur la plage. De nombreux hommes font de la gymnastique pour entretenir une musculature impressionnante. Un vieil homme, assis sur un billot de bois, lit le Coran. Devant un café de plage, on brûle des déchets sur un petit feu où chauffe la bouilloire du thé. Des hommes courent. L’un d’eux, un peu rondouillard, essoufflé, s’arrête à mon niveau, me demande une photo « je suis lutteur » annonce-t-il fièrement. Après un cap, la plage change d’aspect, elle est couverte de belles pirogues, peintes de dessins colorés, certaines ornée de petits drapeaux français ou belges fichés sur la proue. Des chats traînent à la recherche des restes. Quatre hommes écorchent un oiseau marin comme si c’était un lapin. La plage, ici est jonchée de saletés, les égouts s’y déversent. Contraste avec la plage des hôtels, gardée par les vigiles.
La Gambie taxe de façon inconsidérée les véhicules sénégalais qui tentent de la traverser (17km). Aujourd’hui, la frontière est fermée. L’itinéraire est donc modifié : nous ferons un grand détour pour la contourner, nous ferons étape à Tambacounda. Le départ est fixé à 10 heures.

La RN1, route vers le Mali est bondée de lourds camions le plus souvent maliens qui emportent la marchandise à Dakar, désenclavant ainsi le Mali qui ne dispose pas d’accès à la mer. Au mois de février, la campagne est sèche. Les diverses silhouettes des baobabs défeuillés font l’attraction du voyage. Dans les villages il y a partout de petits marchés ou des vendeuses de fruits : melons, oranges. Je remarque les vergers de manguiers mais c’est trop tôt dans la saison.

Après Fatik la RN1 n’est pas praticable, on s’engage dans un grand détour vers le nord jusqu’à Diakhao. On traverse des marais salants (le sel est vendu sur le bord de la route), ensuite de vastes étendues très plates grises, inondables. Des plantations d’eucalyptus y prospèrent. Des buissons bleutés leur succèdent avant de retrouver des baobabs et des graminées sèches. Les zébus en troupeaux sont nombreux ainsi que les ânes en liberté. Les villages sont composés de cases recouvertes de chaumes aux toits à 4 pans. Le plus souvent les concessions sont entourées de murs en paille tressée. Seules les petites mosquées sont construites en ciment. Le progrès et le ciment n’ont pas encore défiguré ces villages sous les baobabs. A Diakhao un écomusée est indiqué – fermé – Un homme aiguise sa machette à une borne kilométrique.
Retour sur la RN1 à Kaolack où on voit une grande mosquée avec deux minarets. Nous déjeunons au restaurant Le brasero tenu par un supporter de l’OM qui a décoré aux couleurs du club, mais les affiches les plus récentes sont de 1993. Le plat du jour : poulet yassa.

Sur les bords de la route nous voyons un grand tas d’écorces d’arachides. Arrêt-photo : quelques hommes et femmes attendent sur le bord de la route. Des chevaux et des chèvres sont à l’ombre des grands baobabs. Dès que j’approche j’entends « toubab ! »Une volée de petites filles sort de la palissade. L’une d’elle porte un très petit bébé « cadeau ! Bébé cadeau ! », Elle me tend le bébé pour que je le tienne dans mes bras. Je n’ai pas de cadeau à leur offrir, nous avons bien des peluches mais elles sont au fond du coffre de la voiture. Les petites filles m’escortent, suivies bientôt d’autres. Mor sort un billet de 500F et leur dit de partager. « il faut acheter des bonbons » dit-il.
Au village suivant, nous achetons pour 5000F un gros sac contenant de nombreux petits et deux gros sacs de sucettes.
La carte signale des monuments mégalithiques. Nous en trouvons dans un village. Les habitants sont tous d’accord pour dire que c’est très vieux mais je ne tirerai rien de plus précis. Mor commence la distribution des sucettes.

Sur la route un camion est en panne. La remorque est décrochée. On aligne le chargement en faisant un mur de sacs.
Arrivée vers 17h à Tambacounda à l’hôtel Le relais de Tamba ; il fait une chaleur écrasante frôlant les 40°C, le voyage a été long, je n’ai qu’une envie : nager dans la piscine pour me rafraîchir. La chambre donne sur le patio de la piscine. Nous avons le confort moderne mais la déco est funèbre : de grandes draperies violettes, une chambre très sombre n’incite pas à la gaieté. On se croirait à la morgue. Nous nous installons dans le patio. On ne rentrera que pour dormir.

5000 F de bonbons! On a l’impression que c’est une fortune et que tu dois en avoir acheté des tonnes!
Quel pays pittoresque! L’Europe ne peut plus nous procurer d’aussi forts contrastes.
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@claudialucia : ce sont des francs Cfa : nos anciens francs d’avant 1960 5000cfa= 8.5€ en bonbons cela fait un très gros sac de 50 litres et une dizaine de gros sachets de sucettes. Cela ne sera pas suffisant pour le voyage.
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Une chambre comme la morgue brrrrrrrrrr …. A te lire, je me dis qu’il est toujours possible de se laisser surprendre par un voyage, si l’on sait regarder autour de soi.
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@Aifelle : brrrrr quand il fait 40°C dehors c’est peut être rafraîchissant!
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Hum, même 500 francs c’est beaucoup, tu sais!!!
J’aime bien ton voyage au Sénégal (pays où je n’ai jamais mis les pieds, mais un jour peut être…) J’adore les baobabs…
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@keisha : tu ne peux pas imaginer le nombre d’enfants qui attendent les bonbons sans compter les maman qui en veulent aussi pour elles!
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