CARNET IRLANDAIS

Le soleil est revenu quand nous arrivons à la plage de Feohanach protégée par des falaises rouges. Le sable est rosé, les algues recouvrent la grève : laminaires et ulves mais aussi algues rouges dégagent une senteur agréable, vivifiante. Une femme promène deux labradors ; je sens une truffe humide se poser dans le creux de ma main. Un salut tranquille. Les gens, ici, sont amicaux et très simples. Les chiens aussi.
Nous rejoignons la Slea Head qui est le nm local de la Wild Atlantic Way : circuit autour de la pointe de la péninsule de Dingle. Sur la carte, la distance n’est pas comparable au Ring of Kerry parcouru hier. Et pourtant, il nous occupera toute la journée, et nous n’aurons même pas le temps de tout voir.
Pause dans un petit port bien caché, occasion de faire le dessin de trois pointes élégantes sur ce que je prends pour une île : c’est un cap « the Three Sisters » de l’autre côté de la baie (cap occupé par un golf 18 trous). C’est peindre plutôt que dessiner qu’il faudrait. Après la pluie, les couleurs sont resplendissantes, herbe verte, rochers multicolores, parfois pourpres, violets ou noirs, l’eau turquoise ou bleu vif selon les profondeurs et le passage des nuages très photogéniques.

La Slea Head traverse Ballydavid sans qu’on s’en aperçoive. Une petite route vers l’intérieur conduit à l’Oratoire Gallarus. Cette petite église tient de la construction préhistorique en pierres sèches comme les maisons beehives et de la carène d’un bateau renversé, dans un enclos rond comme les forts. Elle serait très émouvante si un groupe d’adolescents n’étaient pas là à rigoler à grand bruit. Ils sont venus pour une sorte de pèlerinage, sur leur porte-vues est écrit « journal de prières ». Leur animateur à allure de hippie les entraine dans l’église mais son sermon les fait glousser.
Dans un bâtiment de pierre à quelque distance de l’oratoire on projette une vidéo qui montre les constructions préhistoriques : forts circulaires, vus d’avion. Vu du ciel n comprend mieux le plan circulaire caractéristique. Il raconte les débuts du christianisme en Irlande. Très tôt au 5ème siècle les moines irlandais construisirent des monastères sur ce plan circulaire. L’oratoire est postérieur. Le billet porte des explications que je résume ici :
« On construisit cet oratoire il y a 1300ans. C’est un exemple de maçonnerie à sec. Le toit est formé par les murs qui s’inclinent progressivement. Dimensions 8mx5mx5m.
A la suite d’une série d’invasions Vikings et Normands qui ont dévalisé et réduit en cendre les habitations autour de l’oratoire de Gallarus.
Nous partons à la recherche de la chapelle romane de Kilmakedar et des pierres tombales qui l’entourent. Parmi elles des pierres oghamiques, des tombes avec des croix celtiques et même un cadra solaire. Nous avons beau sillonner les petites routes en suivant le plan, nous trouvons des petites et grandes églises gothiques en parfait état mais point de ruines romanes !
A Ballydavid nous pique-niquerions volontiers sur des tables et bancs en face d’un restaurant (trop cher) et d’une petite plage où des familles se baignent en combinaison de plongée. Cette petite plage est coincée entre des rochers et semble bien abritée. Nous en trouvons ensuite un beaucoup plus grande à l’arrière du terrain de sport (parking impossible).

Une toute petite route non loin de Ballyferriter et près des Trois Sœurs est bien encombrée de piétons, cyclistes, voitures qui se dirigent vers la plage. E chemin est si étroit qu’on ne peut même pas se croiser voiture/piéton. Mais tout le monde met du sien et celui qui est le mieux placé recule vers un endroit plus large. Sur la plage des jeunes jouent à des jeux de ballon, au foot qu’on appelle ici soccer comme aux Etats Unis, et à un jeu utilisant d’étranges battes à mi-chemin entre la crosse de hockey et la batte de base-ball ils lancent une balle de tennis. Rita m’expliquera qu’ils s’entrainent au Hurling (jeu irlandais dont j’ignore tout). Après une belle balade pieds dans l’eau sous un franc soleil, nous reprenons le circuit.

Près de Ballyferriter, un menuisier expose sur la route des meubles originaux : fauteuil au dossier-guitare, fauteuil- harpe celtique…Il est très sympathique mais je n’ai pas osé lui demander de poser pour une photo je le regrette, il a vraiment beaucoup d’allure.
Les nuages à nouveau s’accumulent sur les sommets. Le Mont Brandon est vraiment noir quand je fais une petite montée en suivant d’autres touristes sur un chicot rocheux dominant la mer.
A Dunquin un musée tout neuf met à l’honneur la langue gaélique et la vie sur les îles Blasket juste en face. Architecture années 2010, deux ailes en ciment et verre. L’exposition photographique est vraiment belle. Les panneaux présentant la langue gaélique son plutôt rébarbatifs pour qui ne s’intéresse pas trop à la langue irlandaise. Chaque panneau est consacré à un écrivain (ou une conteuse) ayant écrit dans cette langue ; En dehors de Synge(que je connais de nom) les autres sont de parfaits inconnus.
Une autre section ethnographique raconte la vie dans les îles et l’émigration aux Etats Unis. Un film de 1953 montre la dernière messe du vieux curé venu en barque et soutenu par ses paroissiens. Des homards, des araignées de mer, des crabes gigantesques dans des vitrines illustrent la pêche des îliens.
Quel beau paysage ! Le Hurling, nous l’avions découvert lors de notre voyage grâce aux personnes avec qui nous avions échangé notre appartement. C’est vraiment un sport national, une passion; on voyait les pères entraîner leurs enfants tout-petits. Francis a ramené une balle de Hurling.
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@claudialucia : tu es plus savante en Hurling que moi!
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Oui! On avait fait connaissance d’un joueur de Hurling. Il voulait nous amener au championnat de Hurling (il était joueur lui-même) mais notre départ était prévu! Donc on est passé à côté !
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