CARNET IRLANDAIS

Un crachin irlandais persistant tombe, contredisant les prévisions météo optimistes de mon téléphone. Nous traînons dans Clifden : courses à Supervalu pour le pique-nique du midi, pain soda au raisin (pourquoi soda ?), un grand pot de yaourt et du vin blanc. Le caissier confisque la bouteille. Trop tôt ! La loi irlandaise interdit de vendre de l’alcool avant 10h30. Je comprends alors pourquoi verres et bouteilles traînent dans la rue devant les pubs. Les gens font des réserves quand il est encore temps, puis abandonnent le surplus. Cette même hypocrisie fait emballer les bouteilles dans le papier kraft puisqu’on ne doit pas boire sur la voie publique.
Malgré la pluie nous nous engageons dans la Sky Road boucle de 17km sur la péninsule proche de Clifden. Elle est double : lower sky road et upper. Nous choisissons la basse puisque de toutes les façons, on ne voit rien.
Arrêt devant une porte monumentale avec tourelles et créneaux : l’entrée du château. Il faut marcher un bon quart d’heure sur un chemin de terre et de cailloux occupants pour apercevoir le château. Construit en 1812-1815, par John d’Arcy, le fondateur de Clifden. C’est maintenant une carcasse vide sans portes ni fenêtres. Le brouillard l’habille de mystère. Le berger sur un quad pousse le troupeau de moutons. Le brouillard se déchire. Quand je remonte au parking les plages de l’autre côté de la baie sont éclairées.
Le beau temps remplace le temps gris. Les fuchsias éclatent de couleur, la mer bleue brille, les pentes raides vertes sont peuplées de moutons. La Sky Road se dévoile à son avantage avec ses îles, caps, fjords. Difficile de décrire. Chaque tournant apporte une surprise. Avec le matin pluvieux, les touristes ne se sont pas pressés sur la route et nous pouvons nous arrêter et prendre des photos.

De la route principale, la WAW, une petite route conduit à Omey Island. Omey est une île à marée haute (tidal island). On peut l’atteindre à pied sec à marée basse. Je traverse la plage pieds nus. Quelques maisons sont dispersées sur Omey. On peut en faire le tour en 2h30 /3h. J’ai bien trop peur de me faire prendre par la marée montante et préfère ne pas m’éloigner. Sur le bord de l’eau, il y a un important cimetière, très bien entretenu. Le gardien passe la tondeuse à gazon qui s’entend de très loin et gâche passablement la promenade.
Dominique a colonisé une plateforme herbue faisant suite à une digue de pierres et blocs taillés. Nous prenons le soleil en attendant l’heure du pique-nique et regardons l’eau monter.

La route de Cleggan fait le tour de la péninsule. Il fait un soleil radieux qui chauffe (c’est relatif, j’ai gardé mon gros pull de laine irlandaise). Près de Claddaghduff (quel nom !) la côte est la plus jolie. Les rochers de granite très clair, le sable blanc donnent à l’eau limpide des nuances turquoise qu’on imagine dans les mers du sud. A chaque crique, je me déchausse pour tremper mes pieds. Avec le beau temps revenu, il y a même des gens en maillot de bain. Je parcours la rute à pieds pour profiter du paysage. Cette petite route a le charme de l’inconnu et me plait plus que la Sky Road trp vantée et trop fréquentée.
De Cleggan on embarque pour Inishbolin. Nous fuyons l’animation du port, l’affluence des voitures, évitons la WAW et prenons la direction de Moyard sur Ballynakill Harbour qui n’est pas un port mais un fjord, un aber, un bras de mer….Avec cette côte si découpée et les nombreux lacs, je perds le sens de l’orientation. Tout à coup, les montagnes, les 12 Bens, surgissent derrière un lac et une prairie verte(dans le pré voisin on s’active à faire les foins). Image de carte postale.

Retour sur la WAW, à l’entrée du parc National du Connemara. Ous avons trouvé la description d’une promenade à une carrière de marbre non loin de Letterfrack. Suivant les instructions , nous passons le Manoir Roseleage, et prenons la première route qui monte dans la campagne. Après quelques centaines de mètres, changement de décor : nous sommes dans la tourbière ; Un écriteau bien délavé prévient qu’il y a des agneaux nouveau-nés sur la route. Ils ont du bien grandir depuis ! Les briquettes de tourbe sèchent formant des faisceaux trapus alignés. Au fond, je reconnais le Mont Diamant(453m). la carrière de marbre est là-haut. Il est trop tard pour grimper les 5km.

Nous avons d’autres projets : retourner aux trois plages de la pointe de Rynvile. La première se prête peu à la promenade, la seconde est inaccessible, un camping et un parc de mobil-homes en bloquent le chemin. Il ne nous reste qu’à retourner à celles que nus connaissons déjà et qui m’avais enchantée samedi. La mer est haute et le sable sec forme une bande très fine. La promenade à marée basse était mieux.
Retour par Sky Road, pas au coucher du soleil comme les guides le recommandent, il se couche entre 21 et 22h, mais sous une belle lumière estivale.