CARNET JORDANIEN

C’est l’aventure !
Nous quittons Amman par la route de l’aéroport selon les conseils du portier de Retaj. Le pictogramme du petit avion nous guide, il y a très peu d’indications en lettres latines. A la sortie de la ville, le GPS prend le relais dans les zones artisanales ou commerciales, d’autant plus que seules Aqaba et la Mer Morte sont indiquées (vers le sud alors que les châteaux sont à l’Est)
On traverse les villes de Sahab et de Al Muqqawar. Des marchandises sont artistiquement empilées dans la rue. Nous achetons un pack de 6 bouteilles d’eau pour seulement 1 JD , le même prix que la minuscule bouteille de l’hôtel. Je prends le pack, entre dans la boutique, attendant patiemment que la cliente au comptoir emballe tout un caddy de friandises. Le magasin embaume le café moulu sur place. Dans une grande vitrine on a mélangé amandes cacahouètes et pistaches, le mélange est du meilleur effet. Des tiroirs ouverts contiennent des friandises emballées dans du papier brillant. Les pots de khalva ont la taille de pots de peinture. Cette confiserie est tellement appétissante.
La route 40 traverse un désert caillouteux plutôt plat. Rien n’accroche le regard, à part la ligne électrique. Le matin tôt, seuls quelques gros pick– up foncent. Plus tard arriveront les gros camions qui vont en Irak et en Arabie Saoudite. Ils transportent surtout du matériel de construction, sacs de ciment ou énormes blocs calcaires.
Qasr -el –Kharaneh

Notre premier château du désert se dresse fièrement non loin de la route. Solide cube de belles pierres claires, renforcé de tours rondes à chaque coin. Daté 711 ap.JC du règne du calife Omeyyade Al-Walid-ibn-al-Malik. Plusieurs interprétations à propos du rôle de ce château, forteresse ou Khan?il ressemble aux caravansérails vus en Turquie, en Arménie et en Ouzbékistan.

Au rez de chaussée les hautes ouvertures des écuries permettaient aux dromadaires de s’y abriter. Des pièces sont réparties autour d’une cour centrale carrée. Deux escaliers extérieurs en pierre conduisent à l’étage où 4 grandes chambres s’ouvrent sur d’autres plus petites. Un gradé accompagné par un jeune policier s’entête à chercher le hammam. Il m’explique en bon anglais que le calife avait 4 femmes qui devaient avoir tout le confort. Comme j’ai lu que le château était un caravansérail, je pense qu’il y avait plutôt des marchands que les femmes du calife. J’en ai conclu que le gros policier était un macho. L’étape suivante m’expliquera son obsession du hammam.
Qusayr Amra

Plus qu’un château, c’est une halte de plaisance avec des bains dont les fresques sont surprenantes. Ce site exceptionnel fut découvert par Alois Musil en 1907 et connu une restaurationpar une équipe espagnole en 1971 et 20 ans plus tard avec les français. Classé au Patrimoine de l’Humanité, son Centre des Visiteurs est très intéressant. Des panneaux en arabe- anglais et français donnent des explications très complètes sur le site mais également sur les califes omeyyades
Califes omeyyades :

la capitale fut Damas et qui entreprirent l’arabisation de la région avec le développement de l’écriture coufique et l’émergence d’une littérature arabe. Sus leur règne la tolérance permit l’intégration des cultures locales byzantines et perses. En plus des monuments emblématiques comme la Mosquée de Damas et le Dôme du Rocher à Jérusalem, on leur doit, en Jordanie la citadelle d’Amman et plusieurs châteaux du désert.
Site de Qusayr Amra :
Dans un climat semi-aride, le Wadi Botoum permettait avec des barrages, des citernes et des ouvrages hydrauliques d’entretenir une quasi oasis. En outre il était situé le long des pistes caravanières. Les habitations étaient construites en hauteur à l’abri des inondations tandis que les bains se situaient dans la zone basse. Des tamaris marquent le lit de l’oued.
Les fresques


Une des fresques représente les rois Caesar”, l’empereur byzantin, “Kisra”, l’empereur sassanide, “Negus”, le roi d’Abyssinie et “Rodéric”, le roi wisigoth d’Espagne.
Le prince est dans une construction d’image montrant l’art de recevoir les baigneurs. L’histoire est racontée sur plusieurs registres ; En haut ce sont des scènes de chasse avec le rabattage des onagres, au milieu on voit le roi dans un jardin, une femme au bain. La présence de personnages et même de personnages féminins fort peu vêtus est tout à fait étonnant dans la peinture islamique. Sans doute, le caractère tout à fait profane du lieu (un hammam) explique cela. Dans la salle voûtée, sur le plafond sont peintes les constellations.

Une autre pièce est décorée d’animaux dans des médaillons tandis qu’un plafond montre le travail des artisans de l’époque.
L’habilité et la finesse des fresques évoque l’art des miniaturistes, Ariane à Naxos aurait servi de modèle à la femme aux bains ce qui dénote une influence byzantine.

Malgré les abondantes explications, à l’entrée dans le bâtiment c’est la surprise totale. Je n’aurais jamais imaginé une telle fraîcheur, une telle variété des couleurs et des thèmes. C’est aussi un miracle que je l’ai trouvé ouvert ; A la fin de ma visite, un bédouin en galabieh brune et caffieh à damier rouge ferme le verrou .
Superbes bâtiments ! Et les fresques …. Est-ce qu’il faisait très chaud à cette époque ?
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@Aifelle : début avril, la température est idéale, il fait très frais le soir et le matin, bien sûr dans le désert il n’y a pas d’ombre et il faut se protéger, pas tant de la chaleur que des coups de soleil
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C’est vrai, c’est splendide ! Et les lieux semblent déserts. Pas de touristes ! Tu as eu l’impression que ce voyage pouvait être dangereux?
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@claudialucia : en effet, le tourisme est à l’étiage, mais pas inexistant. On est patientes pour les photos et on se lève tôt<; Pour ce qui est d'un éventuel danger, jamais nous n'y pensons.
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En tous cas, c’est un voyage qui vaut le coup et sans la foule, c’est encore plus beau !
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