CARNET DES BALKANS / KOSOVO

La Ligue de Prizren est à l’origine de l’indépendance de l’Albanie.
Le traité de San Stefano (30 mars 1878) concluant la guerre entre l’empire russe et l’Empire Ottoman fut signé dans la banlieue d’Istanbul et eut pour conséquence la création de la Bulgarie et l’indépendance de la Serbie et du Monténégro. La Bosnie Herzégovine devient autonome.
Le Royaume Uni et l’Autriche Hongrie s’y sont opposés trouvant ce traité trop favorable aux Slaves. Quatre mis plus tard, le traité de Berlin (13 juillet 1878) fit la révision du Traité de San Stefano. La thrace et l’Albanie restent ottomanes. L’Autriche-Hongrie obtient le droit d’occuper la Bosnie Herzégovine.
La Ligue de Prizren demandait l’autonomie de l’Albanie.

Le complexe de la Ligue de Prizren comprend un petit bâtiment d’un étage consacré aux documents sur la Ligue de Prizren, une place ronde entourée de bancs et un groupe de maisons ottomanes. Quand j’arrive, je crise un groupe de soldats ou plutôt de soldates en tenue de camouflage avec des insignes de la KFOR et des drapeaux allemands cousus sur les épaules. L’entrée au complexe coûte 1€. Aucune explication disponible dans une autre langue que l’Albanais. En dehors d’un panneau que je recopie :
« Dans la Résidence du gouvernement Provisoire de la Ligue Albanaise de Prizren a été situé le Musée de la Ligue lequel renfermait de nombreux documents originaux. Le 27 mars 1999 à 22h50 le Musée a été frappé par des obus de mortier des forces serbes détruisant les originaux. Le 30 mars les forces serbes à l’aide d’une excavatrice nt brisé les traces du bâtiment et les statues d’Ymer Prizeni et d’Abdyl Frashëri. Reconstruction en Novembre 1999 »
A l’étage dans la première pièce, on a placé la Carte de l’Albanie (1877-1881) : à l’Albanie actuelle s’ajoutent une grande partie du Kosovo au-delà de Pristina, l’Epire avec Joanina et Preveza et une partie du Monténégro jusqu’à Kotor. Des photos de combattants moustachus portant fez et même caffyah sont exposées. Certains sont en uniforme, d’autres en redingote européenne, d’autres ont des pantalons blancs, ceintures et gilets brodés, l’un d’eux morte même la fustanelle. Dans la seconde pièce, on voit de nombreux fac-similés de documents diplomatiques calligraphiés en albanais, Français ou allemand. Je reconnais la signature de Bismarck. En turc, différents sceaux et cachets. On peut aussi consulter un article du New York Times et admirer une collection de sabres et fusils.

Il me faut faire un travail d’historienne, moi qui n’y connais rien. En l’absence de guide touristique, je n’ai rien pour m’appuyer. Heureusement, à l’hôtel, il y a la WIFI, avec le smartphone, je peux confirmer mes hypothèses et compléter mes « découvertes ».
1878 : formation de la Ligue de Prizren : un texte en français daté mai 1878(2 mois après le traité de San Stefano)
« Nous avons appris avec une profonde douleur que certaines parties de notre contrée habitée par les Ghègues seront annexées par la Serbie et le Monténégro ou par la Bulgarie…. »
J’ai déjà vu au Musée Historique de Tirana les portraits d’Abdyl Fäsheri et d’Ymer Prizreni (président de la Ligue de Prizren) ainsi que de Toptani dont on a vu la Maison Toptani à Kruja. Je reconstitue le puzzle de l’histoire Albanaise….

Musée Ethnographie : les costumes fin 19ème début 20ème sont présentés dans des vitrines, albanais et macédoniens, avec une collection de braseros, d’aiguières et de plats métallique avec des couvercles, des plateau servant de tables basses et des kilims à fond dominante rouge.
A l’étage, une collection de tableaux illustre le thème de l’indépendance albanaise. Tableaux modernes sans dates, les auteurs me sont inconnus. Témoignages et illustrations, la qualité esthétique n’a pour moi aucune importance. Des sous-verres protègent des dessins très réussis.

La mosquée Gazi Mehmet pacha (16ème siècle) est grise à l’extérieur, précédée d’un auvent de bois, très belle à l’intérieur, vaste et décorée. C’est là que se réunit en juin 1878, la Ligue de Prizren.
Des camionnettes apportent des cartons de nourriture pour l’Iftar. Elles portent les noms d’organisations caritatives turques, et certaines portent même un drapeau jordanien u palestinien, étrange retournement des charités !
Le ciel est très menaçant. Je passe sans m’arrêter devant de très belles maisons peintes en jaune et rentre vite fait par l’avenue Adem jJabari, l’artère qui passe devant le Hammam et la Poste, bordée de boutiques d’habillements un peu luxe, robes de mariées ou robes longues au bustier très décolleté.
Je termine l’après midi sur la terrasse de l’Hôtel dans le parfum des pétunias. Il y a aussi un fuchsia et des géraniums maigrelets.