Monténégro : Kolasin

CARNET DES BALKANS/MONTENEGRO

Montenegro : sur la route vers Kolasin

De hautes montagnes séparent le Kosovo du Monténégro. La route s’élève dans la forêt. Des vaches sur la chaussée ne se dérangent pas à notre passage. Avant le col, la douane du Kosovo vérifie les documents de la voiture, et tamponne les passeports. Au col, des fermes sont dispersées dans les pâturages, fermes ou étables d’estives ? Sont-ce les katuns cités dans le Petit Futé ? Le poste-frontière du Monténégro se trouve plus bas dans la forêt. Les guérites au milieu de la route ressemblent) n’importe quelle guérite mais les bureaux sont logés dans de jolis chalets en rondins.

Avant le poste- frontière : les vaches sur la route

La forêt nous parait différente de celle du Kosovo, les épicéas très gros et très hauts sont plantés serrés. On passe un peu plus bas devant de grosses scieries. La route est en excellent état avec de la peinture blanche sur les bords. Les grosses maisons sont crépies, tout semble plus propre. Les petits chalets de bois sont pimpants. Venant du Kosovo, le Monténégro fait penser à la suisse ou à l’Autriche, plus propre, plus prospère.

Rozage, premier village traversé, est très animé. C’est jour de marché.

Berane est une petite ville précédée par des cheminées d’usine dans le creux de la vallée. Trois curiosités sont indiquées par des panneaux touristiques marron : un musée du 19ème siècle, un castrum romain et un monastère. Nous renonçons au Musée, ne trouvons pas le camp romain, le monastère, si.

Monténégro : monastère de Berane

Le monastère de Berane est entouré de murs. A l’entrée des pictogrammes expliquent tout ce qui est interdit et donnent le code vestimentaire : hommes en pantalons longs femmes en jupe. Cela ne m’étonne pas, en Grèce c’est pareil. Bulgares et Roumains sont plus tolérants en ce qui concerne l’habillement . Une jeune femme vêtue de leggings promène une poussette. J’entre donc en panta-court. Autour de l’église blanche, une pelouse très bien entretenue avec des fleurs, rosiers, glaïeuls orange. Je croise un moine aux blancs cheveux longs qui fait mine de ne pas me voir et ne répond pas à mes questions. A-t-il fait vœu de silence ou ne regarde-t-il pas les tentatrices ?

L’église est ouverte, un moine attend dans la guérite qui vend des souvenirs, cierges et livres pieux, silencieux lui aussi. L’intérieur de l’église est cimenté, il reste quelques fresques très sombres et pas d’iconostase dorée. Sous la coupole, un lustre en forme de couronne en laiton. Pas grand-chose à visiter.

Dans la rue, un panneau raconte l’histoire du monastère de Berane, que je recopie et résume. Détruit 5 fois, appelé monastère martyr, érigé au 12ème siècle il fut reconstruit en 1213. Sous ses arches des rébellions se sont organisées pour l’indépendance de la principauté Vasovici puis l’indépendance du Monténégro en 1857, attaqué par les autorités ottomanes, il fut incendié en 1738, 1825, 1862 et 1875. En 1898, la population se souleva pour le défendre, 27 personnes moururent par le feu. En 1912, pendant la Guerre balkanique, il fut à nouveau incendié, reconstruit en 1925. L’épiscopat fut rétabli en 2002.

œillets roses

En faisant le détour pur le monastère nous avons perdu l’itinéraire prévu par la route principale. La signalisation routière ne nous aide pas indiquant des directions lointaines, notre carte d’Albanie couvre un petit coin du Kosovo vers Prizren et les environs de Kotor au Monténégro. Il nous faut faire confiance au GPS qui propose une toute petite route que nous ratons d’abord, puis où nous hésitons de nous engager tant elle est étroite. A la station service, nous demandons si cette route est bien carrossable et si elle rejoint bien Kolasin. Le pompiste confirme « c’est une bonne route ».

Bonne, oui pour le revêtement, elle est goudronnée, les nids de poules sont de taille raisonnable pour une route de montagne ; Sinon elle est très étroite et sinueuse à souhait. De nombreuses habitations la bordent (cela ne veut rien dire, en Albanie la piste pierreuse desservait aussi des villages). 44 km sur cette route seront bien éprouvants pour la conductrice ! La passagère, au contraire est au spectacle. Un régal pour les yeux. A chaque tournant, un panorama spectaculaire. Deux pics se détachent, ressemblant aux montagnes que ls petits enfants dessinent : une pointe ou deux de pierre, couronnant un cône d’herbe verte au dessus d’une forêt touffue. Entre l’herbe et la roche, un liseré de neige. Les névés brillent. Plus près de nous  les fleurs forment des tapis colorés, nappes roses, jaunes ou bleues. Les petits œillets sont d’un rose très intense. J’aimerais avoir une flore pour herboriser. Je photographie. Les motards ont repéré cette jolie petite route. Ils roulent en meute, par groupes de 4 ou 5 qui s’attendent et se regroupent au col, immatriculés en Pologne ou en Allemagne. Dominique ne décolère pas, elle avait prévu une boucle par le Nord qui nous aurait conduites au Parc National de Biogradska Gora où nous aurions fait étape, une promenade autour d’un petit lac et un pique nique. Nous aurions roulé sur une grande route au lieu d’être à 20km /h sur la petite.

Notre gite « apartaman » mirovic

13h, nous arrivons enfin à Kolasin qui n’est pas un village bien organisé, plutôt une station de ski .Chaque maison dans son jardin propose des apartamans. Les maisons sont dispersées le centre est diffus. Par chance nous trouvons facilement notre Apartaman Mirovic : plusieurs maisons blanches sur une pelouse impeccablement tondue, une allée cimentée qui descend à la rivière, sept jardinières de pétunias disposées sur une échelle double au milieu d’un polygone de galets. Au fond, une gloriette (soleil ou pluie). D’épaisses tables et bancs sont disposés près de la rivière. Quelques jeunes poiriers, pommiers et cerisiers sont alignés dans la pente. Seuls les poiriers sont indemnes de la cloque.

Tout est ouvert, mais il n’y a personne. La dame arrive alors que nous pensions partir. Elle parle anglais et nous laisse choisir notre « apartaman » : deux pièces en rez de chaussée, simple et sobre avec tout ce qu’il faut. Les fenêtres donnent sur le jardin. Des photos anciennes sépia sont coincées dans des cadres entre deux plaques de verre.

« Où trouver un pique-nique ? » .Au centre, il y a bien quelques boutiques villageoises mais pas destinées aux touristes. Les cafés sont occupés par des hommes assez patibulaires pour que je n’ai pas envie de m’y attabler. J’achète des cerises à la fruitière qui m’indique où on pourra me faire des sandwiches « Tam !’Chez les commerçants personne ne parle ni anglais, ni allemand, seulement monténégrin ou serbe, peut être russe (tout cela se ressemble). Les passants nous indiquent le chemin en serbo-croate peu soucieux de savoir si nous comprenons ou pas. On n’est pas franchement les bienvenues !

Nous cherchons un  coin pour manger nos sandwiches et les cerises ; pas facile, on ne va pas s’installer chez les gens dans leurs jardins. On gare la Clio sous un panneau de basket, un gamin sort et nous tient des discours hostiles, c’est son panneau, on l’empêche de jouer ; pourtant il n’a pas de ballon. On s’en débarrasse en lui faisant des grimaces genre Monty Python (e n craignant qu’il ne revienne avec des copains et des cailloux.

Le jardin botanique  attraction recommandée par le Petit Futé est perché ç côté de la gare. Fermé. Sur un écriteau : un numéro de téléphone. Il convient de prendre rendez vous. J’appelle avec le téléphone français. On me répond mais personne ne comprend ni l’anglais, ni l’allemand. Je raccroche cette conversation de sourds ruineuse.

Parc national Biogradska : biogradska Jezero

Il ne reste plus qu’à remonter au nord au parc National Biogradska  en empruntant la route principale par laquelle nous aurions dû arriver. Large et bien entretenue elle est très fréquentée par les camions, j’en compte six à la file. Finalement, la bouche par le sud a peut être été moins stressante.  La route passe par la vallée de la Tara qui remonte vers le nord vers la Serbie,  affluent de la Drina, puis de la Save qui conflue vers le Danube. Pour entrer dans le parc un péage de 3€ par personne est exigé. La route traverse une hêtraie fantastique, des arbres très hauts, très vieux, certains dépassent les 40 m.

Au bout de la route le lac Biogradska Jezero : un sentier aménagé en fait le tour sous les hêtres mais aussi les aulnes et les épicéas. Le lac a une couleur étrange. Il reflète les sommets. Le sentier propose des activités diverses comme estimer la hauteur d’un arbre géant ou sa circonférence. En bout du lac une sorte de delta crée une forêt vierge humide qu’on traverse sur des planches. D’autres promenades permettent d’atteindre les sommets pour voir les katuns dans les alpages. Mais c’est l’affaire d’une journée.

Kolasin : restaurant Vodenica

Nous terminons la journée au restaurant Vodenica installé au bord de la rivière dans une maison de bois aux larges bardeaux décoré par des objets anciens : une pierre à meule, un pressoir, une baratte, quelques outils. Sur la terrasse quelques tables avec des nappes à carreaux ; il y a aussi une salle à l’étage cosy et bien décorée. Je choisis parmi les spécialités régionales le Kacamak , une sorte d’aligot, pommes de terre crème et 26beaucoup de fromage. Dominique a pris des filets de poulets, escalopes servies avec de la crème fraîche et un assortiment de légumes . C’est très abondant. L’addition avec les boissons monte à 16.3€. on reviendra demain !

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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