La Havane – Vedado – visite de la Forteresse – Musées – Cocotaxi – Prado

CUBA – Samedi 21 février

La Havane : petit marché local

En sortant ce matin dans le jardin, l’odeur délicieuse d’oranger en fleur nous surprend. Inutile de se lever tôt dans notre belle maison Le petit déjeuner n’est pas servi avant 8heures.  A neuf heures, nous sommes sur la calle 23, si animée hier soir, maintenant déserte. Pas un taxi.  Nous détaillons les belles façades, certaines restaurées, certaines mangées par la végétation tropicale Des chapiteaux corinthiens, ioniques ou doriques s’écaillent ou sont soulignés par des peintures colorées dans la plus grande fantaisie. Difficile d’imaginer la vie dans ces villas immenses. Les anciennes familles occupent-elles encore leurs domaines ou sont ils fractionnés en logements ?

Nous sommes à la recherche d’une bouteille d’eau . J’essaie une épicerie au comptoir ouvert sur la rue . Les rayonnages sont absolument vides, bien entendu, l’eau minérale est inconnue. S’il n’y a rien sur les étagères, par terre se trouvent des sacs. On vend en vrac, le riz, le sucre les haricots et la farine pesés sur une balance Roberval. Pas de conserves en dehors du lait condensé . Sur des étals presque vides sont exposés des tomates, concombres et tubercules que je n’identifie pas .

en taxi vers la forteresse

Nous trouvons enfin un taxi, une vieille Lada qui suit le Malecon et emprunte le tunnel pour aller à la forteresse.

9h30 : il est bien trop tôt. La billetterie n’ouvre qu’à 10 heures (plus une bonne dizaine de minutes de retard. L’exactitude n’est ni espagnole ni latino-américaine) . Il fait déjà chaud, le soleil tape dur . Une belle lumière inonde La Havane.

De loin, les gratte-ciel du front de mer ont belle allure, de près ils étaient laids .La Havane offre son profil américain avec ses gratte-ciel et son Capitole.

profil « américain » et port vus de la forteresse

Les gros cargos se succèdent dans la passe qui mène au port. L’un d’eux, Panaméen est particulièrement rouillé.

Finalement, nous pénétrons dans l’énorme forteresse du 18ème siècle entourée par ses fossés herbus et ses hauts murs .Elle garde l’entrée du port, le défendant des corsaires. Très vaste  et armée de nombreux canons. Ce n’est qu’une partie du système défensif. Un autre fort se dresse en avant à côté du phare, en face, la Fuerza Real que nous avons visitée la semaine dernière .

La Havane : forteresse

Les bâtiments très hauts précédés de hautes portes de bois sont très bien conservés (ou restaurés).Ils abritent un petit musée des armes (poignards, sabres, kris) du monde entier, des restaurants, et surtout la Foire du Livre .les écriteaux au dessus des portes évoquent la littérature cubaine   Lezama Lima, Alejo Carpentier ...

Nous montons sur les enceintes sous un soleil cuisant(j’aurais dû prendre mon chapeau de paille ou un foulard). Sur la Place d’Armes, une surprise nous attend : une dizaine de soldats espagnols en perruque et bottes de mousquetaires relève la garde . deux d’entre eux se détachent. Un minuscule canon est mis à feu à l’aide d’une loupe. Autour du canon, en arc de cercle : un grand cadran solaire.

Fortreresse de la Havane : relève de la garde

Visite au Musée Che Guevara : on voit son bureau, quelques effets personnels, un vieux sac à dos, un canif . beaucoup de photos. J’en connais une bonne partie d’après le livre de Découvertes Gallimard et celui de Kalfon. Sur des panneaux vieillots très sobres : des citations à la gloire du Che de Fidel, de Borges et l’inévitable José Marti .C’est émouvant . La personnalité du Che, archange de la Révolution, modèle d’un Homme Nouveau ne peut laisser indifférent . Pourtant je suis toujours sceptique aux martyrologies . Que serait il devenu s’il avait survécu ?

Pour rentrer : taxi de collection : une Opel 1954 peinte en marron. Le chauffeur nous fait remarquer que Cuba est un musée roulant ;

Irons nous voir le Musée de la Musique ? Assises sur un banc du square du 13 mars, nous hésitons. Promenades au Prado pour voir les façades des grands édifices ? ou Musée de la Révolution construit dans le monumental Palais Présidentiel construit en 1913 ?

La Havane : Capitole

Impossible de faire l’impasse sur la Révolution. Nous passons plus d’une heure à regarder les photos en noir et blanc avec leur austère commentaire, les slogans révolutionnaires , et quelques objets de la vie quotidienne des guérilleros (chaussures de marche, chemises militaires, blaireaux …)tout un demi siècle d’histoire défile, et pas seulement à Cuba . je reconnais les figures de Nasser, de Gagarine, de Mikoyan . cela me remue que les images d’actualité de mon enfance et de mon adolescence soient maintenant passées à l’Histoire. des souvenirs clignotent .

Des visages inconnus de cubains, bourgeois, paysans sous le chapeau de paille, quelques rares visages de femmes ,. des centaines de visages qu’on ne peut pas ignorer. Je lis avec attention les austères panneaux de statistiques . Bien peu répondent à mes interrogations . Rien sur les taux de naissance ni sur la contraception, si peu sur les exportation et le prix du sucre .

De la guerre opposant Cuba aux USA, des données nouvelles : la guerre bactériologique aurait été utilisée par la CIA : maladies du tabac, maladies de la canne et même la dengue . Que penser ?

Dominique découvre qu’elle comprend très bien l’espagnol écrit des panneaux même mieux que l’anglais .

Nous rentrons au Vedado en Coco taxi – version latine du touktouk asiatique – version moderne aussi : une coque en fibre de verre jaune : un engin léger, rigolo, confortable mais terriblement bruyant. Le notre ne démarre pas, il doit être poussé par trois vigoureux passants . A chaque carrefour, il pétarade sans trêve . Malheur, s’il cale, il ne pourra pas repartir .

Dans le jardin il fait une température idéale, pas une voiture dans la callé 25 ni sur 6 . Des enfants jouent à la balle dans la rue. Je me prélasserais bien encore plus dans cette douce tranquillité .

Cocotaxi

Vers 16 heures, nous prenons un autre cocotaxi, nous y avons pris goût . Je marchande 3$  pour la Vieille Havane, le chauffeur en demandait 5 . C’est toujours risqué de marchander avec un touktouk j’en avais déjà fait l’expérience à Kanchanabury . Pour ce prix négocié, le Cocotaxi fonce, nous secoue . C’est à se demander s’il ne fait pas exprès de passer dans les nids de poules et s’il ne rase pas les piétons pour nous effrayer . J’allais faire la remarque à Dominique « nous sommes punies », quand la police arrête notre véhicule qui roulait à gauche largement au dessus des 40km/h autorisés. Au lieu de nous conduire à la Cathédrale, il nous laisse devant le Capitole. Nous sommes bien contentes de descendre à défaut d’être arrivées à destination .

Nous sommes abordées par des mendiants. C’est la première fois . Je distribue de bonne grâce chicklets et savons.

Nous descendons le Prado qui est vraiment une très belle promenade ombragée d’arbres magnifiques, avec des bancs de marbre, bordée de deux contre-allées tranquilles . Les immeubles sont surchargés de stucs, colonnes et moulures, peints en vert, bleu, beige . Comme c’est samedi, soir tout le monde est dehors au balcon. Je prends une photo d’une femme noire vêtue de rose fuchsia avec des bigoudis sur la tête qui danse avec son balai. Il y a de la musique partout. Chacun pousse sa chaîne au maximum.

Aux balcons du Prado

Nous nous asseyons sous les fenêtre d’un bel immeuble d’où sort une musique assourdissante : d’après ce qu’on voit sur le balcon, c’est une boum d’enfants .

Par les petites rues animées, nous parvenons à la Cathédrale. Des musiciens jouent dans un bar, les spectateurs se massent dans la rue . sur la place de la Cathédrale, devant le restaurant Le Patio un orchestre de cinq musiciens . Des cubains invitent à danser les touristes. Un vieux noir avec une casquette rouge fait rouler un bidon et fait mine de danser avec .

Le musée colonial occupe une belle demeure construite autour d’un vaste patio . les salles du rez de chaussée présentent de la vaisselle de porcelaine fine : quel raffinement chez les familles nobles espagnoles ou créoles .  A l’étage, des pièces sont reconstituées : une salle à manger d’apparat avec tout un service de verres en cristal, ne chambre à coucher etc… Nous sommes sans cesse sollicitées par les bruits de la rue les orchestres des bars des rues adjacentes, ,  trois petites filles répètent une chorégraphie en tapant dans leurs mains …

Il fait presque nuit quand nous remontons Obispo que nous reconnaissons . Cela fait plaisir de repasser par des endroits connus. Nous nous approprions la ville . Pourtant Obispo,  le soir, est bien différente de l’autre matin . Les oiseleurs ont rentré les cages, les librairies sont fermées mais les bars font recette . Nous passons devant des galeries de peintures que nous n’avions pas remarquées quand nous cherchions nos piles . Je fais mon pèlerinage Hemingway, entre au Floridita (très classe, air conditionné, le portier referme la porte derrière moi) . A côté du fameux tabouret de l’écrivain, une silhouette en carton à son effigie .

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « La Havane – Vedado – visite de la Forteresse – Musées – Cocotaxi – Prado »

  1. Ah… Comme ce billet ne comporte pas l’année (contrairement aux précédents, que j’ai lus ensuite), j’ai commencé par soupirer d’envie à cette évocation d’un beau voyage en février… [2004, tout d’même!].
    Merci de nous faire découvrir un pays et ses paysages figés dans le temps.
    (s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola

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