Garouste au Centre Pompidou

Exposition temporaire jusqu’au 2 janvier 2023

Garouste : L’étudiant et l’autre moi-même

J’avais découvert Garouste au Musée de la Nature et de la Chasse dans une présentation du tableau Diane et Actéon qui m’avait bien intéressée CLIC

Pinocchio

Je ne connaissais pas la vaste production du peintre et cette rétrospective au Centre Pompidou a été une surprise. : elle retrace son œuvre sur une quarantaine d’années et se répartit sur plus de 18 salles (+ la chronologie). Il faut prévoir une bonne après-midi et peut-être, comme moi, vous fatiguerez avant la fin ; ce qui est dommage parce que les œuvres les plus récentes sont passionnantes.

EN CHEMIN LE PASSEUR S’INVITE DANS LES SALLES OBSCURES DU PALACE

Garouste, avant d’être un peintre reconnu à part entière se consacra à la décoration et au décor de théâtre. Il construisit une installation La Règle du Jeu avec des objets, des piquets figurant des personnages, un masque, des énigmes. Une série de tableaux  ayant aussi pour titre La Règle du Jeu représente une comédie policière, dispersant les énigmes comme au Cluedo. J’ai passé un peu trop de temps à chercher les indices…

Adhara

Après les décors on en arrive avec de très grands formats à des peintures impressionnantes: dans une atmosphère sombre, deux personnages, l’un d’eux, yeux bandés l’autre accompagné d’un chien, semblent dédoublés : sont-ils Le Classique et l’Indien, figures récurrentes à cette époque? D’autres tableaux sombres, gris ou bruns ont des titres lourds de significations, Constellations, Orthros et le Classique.

Orthros et le classique

Orthros est le chien bicéphale, psychopompe, dit le cartel je remarque une grande maîtrise dans le dessin. En même temps je cherche à mobiliser les souvenirs de la mythologie grecque, sans succès. Un autre tableau s’appelle Orion, encore une constellation, encore de la mythologie. Colomba, encore une constellation mais aussi des allusions littéraires à Prosper Mérimée, et à Henry James avec l’Image dans le le Tapis. 

Garouste nourrit sa peinture de clins d’oeil, un Déjeuner sur l’herbe est composé de  deux femmes habillées et d’un homme nu. Dans la Chambre rouge, encore une inversion aux codes habituels : l’homme git sur le lit alangui tandis que la femme est debout. 

La chambre Rouge

Personnages à l’antique (lutteurs) et nature morte géante avec un énorme vase bleu qui revient à plusieurs reprises dans la série de tableaux. La couleur violente fait apparition dans les années 1985. Le Commandeur, sa statue renversée sont aussi des sujets de la série.  La salle suivante nous plonge dans l‘Enfer de Dante avec des allusions à Delacroix avec le bateau qui conduit Dante et Virgile

Dante

Inspirée de Rabelais, La Dive Bacbuc, une curieuse installation cylindrique, peinte aussi bien dehors qu’à l’intérieur, visible par des œilletons. 

Don Quichotte et les livres brûlés

Cervantès aussi : un portrait de Quichotte avec la figure de J. M. Ribes

Le théâtre de Don Quichotte

On voit maintenant les ânes qui vont peupler nombreux tableaux. Ânes bibliques ou non

Balaam 2005
L’ânesse et la Figue

l »âne et les ânesses figurent dans  nombreux tableaux y compris dans Le Pont de Varsovie et les ânesses

le Pont de Varsovie et les ânesses 2017

Comme j’ai beaucoup de sympathie pour les ânes je les ai photographiés!

A partir de 1990 Garouste s’intéresse à l’hébreu, aux épisodes bibliques mais aussi au Talmud et au Midrach. Il Illustre la Haggadah de Pessah et la Meguilat Esther.

 

Meguilat Esther

Une grande trilogie prend pour sujet Pourim : les masques m’avaient fait penser à Venise avant que je ne lise le titre,

Pourim

Nombreux tableaux sur des thèmes juifs, aussi bien bibliques que plus modernes comme les portraits de Kafka que de rabbins. Celui qui m’a touchée c’est la sculpture de Jonas une arche avec une voile sur des vagues qui contient dans un tiroir secret 4 chapitres du livre de Jonas pliés en leporello (livre accordéon) en hébreu, français, phénicien, yiddisch, latin, allemand. 

Jonas

A vrai dire, je suis arrivée fatiguée et saturée dans ces dernières salles aux thèmes juifs qui sont très intéressantes et j’ai regretté de ne plus être assez concentrée pour m’y consacrer plus sérieusement.

Pourim : le festin d’Esther

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

15 réflexions sur « Garouste au Centre Pompidou »

  1. Gérard Garouste a été marqué à vie lorsqu’il a appris comment son père ,marchand de meubles, avait spolié des familles juives de déportés sous l’Occupation. Je ne peux pas regarder ses tableaux sans y penser.
    Il est aussi l’auteur d’une grande sculpture du Parc de Saint Cloud. Je n’en connais pas d’autres.
    Ses oeuvres autobiographiques permettent vraiment de comprendre l’homme derrière l’artiste. Il a aussi beaucoup fait pour des jeunes en difficulté.Vos photos m’ont permis de réaliser pleinement que ses tableaux inspirés de la Bible sont une référence au judaïsme, plutôt qu’au catholicisme.
    Merci Miriam.

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      1. Super!… Et non dispensable. C’est par la lecture de son album « La Bourgogne, la famille et l’eau tiède  » que je fus introduite dans la compréhension de son œuvre. Il me semblait avoir trouvé là son rapport avec un oncle bourguignon simple et très sain. Mais je dois me tromper. Je ne retrouve pas trace en feuilletant cet album. Intéressant hasard : ce soir à 18h on projette un film intitulé  » Les intranquilles ». D’après le synopsis, au moins point commun avec la détresse de Gérard Garouste.
        Depuis la lecture de votre billet, j’ai découvert son mariage solide et ancien quoique difficile avec Madame Rochline, une personne juive.

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  2. Il y a pas mal de temps, j’avais vu une petite expo de Garouste, qui m’était restée assez hermétique. Je pourrais retenter. L’homme m’intéresse beaucoup. As-tu lu « l’intranquille » ? A lire si ce n’est pas déjà fait.

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    1. Merci de votre commentaire claudialucia. Il semble que Garouste peut difficilement laisser indifférent.

        Sa biographie, ses aveux interpellent. La mise en scène de lui-même et de ses proches, au même titre que ses références pour moi souvent énigmatiques à des scènes bibliques avec une liberté jamais mise en oeuvre dans des commandes religieuses moralement convenues...       Ses personnages humains ou animaux difformes, torturés, grimacants, ses fonds de tableaux aux couleurs d'apocalypse parfois, l'intrication du réalisme et du surréalisme,  la violence des scènes représentées et des couleurs, la folie qui se lit dans les expressions caricaturales des visages ...      Tout un ensemble terriblement grinçant à mes yeux, fait que son œuvre plus que dérangeante, est unique et marque les  esprits comme les affects. Ils interrogent aussi et conduisent souvent à  s'interroger. 
      
       D'où peut-être sa notoriété. 
      

      Le mar. 25 oct. 2022 à 17:46, carnets de voyage et notes de lectures de miri

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