CARNET DE GUERNESEY

Le Vazon est une belle plage de sable située à moins d’un kilomètre de l’Hôtel Fleur de Jardin. Voiture garée au Parking Richmond, je suis un sentier sableux qui embaume les parfums de la dune anisé des fenouils qui ne sont pas encore desséchés. Ses crucifères jaunes (Roquette jaune) égaient la dune. La route longe la plage de la Perelle. A son extrémité, d’après la carte, il y aurait un dolmen mais je ne l’ai pas trouvé.
Dominique se gare devant un empilement de cagettes où sont rangées des pommes de terres dans des sacs : 2£ les 2 kg ou 8 pour 12kg. On fait confiance aux passants qui laisseront la monnaie dans une boîte. Plus loin on vend ainsi des pommes dans des sachets ou des œufs.

Je marche sur la ruette (en sens unique pour les voitures) vers le fort Saumarez – il y a des Saumarez partout sur Guernesey parfois écrit Sausmarez – . Elle aboutit à une vaste place où on pourrait laisser la voiture pour gagner à pied l’Ile Lihou sur une chaussée inondée ce matin laissée libre à marée basse. Il y a une grande maison sur l’île. Cela doit être étrange de ne pouvoir gagner Guernesey que deux heures par jour. Sans doute les propriétaires ont un bateau ? De l’autre côté de la place, un gros monument aux morts honore les marins morts en mer lors d’un naufrage dans les années 70. Encore plus loin, la Batterie d’Eree : deux canons sur une plateforme, construite au 18ème siècle pour se prémunir contre une possible invasion française pendant la Révolution et les Guerres napoléoniennes. La colline est truffée de blockhaus et de souterrains creusés par les Allemands que l’on pourrait visiter : le musée est signalé par un drapeau britannique. En revanche, j’ai cherché et pas trouvé le dolmen Creuxes es Faies, les fées me parlent plus que le Mur de l’Atlantique, je regrette de l’avoir raté.

A la fin de la Plage de l’Eree, perché sur un rocher se dresse le Fort Grey que Jackie a surnommé Cup & Saucer : la tour ronde peinte en blancs e trouve à l’intérieur d’une enceinte plus basse de pierres claires jaune/rosé. Le fort Grey se visite (4£ ou avec le ticket collect) . Le fort a été élevé en 1803 sur l’emplacement du château Rocquaine : on a d’abord installé une batterie de 12 à 14 canons protégés par une enceinte circulaire épaisse de 3 m, l’année suivante on a bâti la tour.
La plage suivante est la Plage de Rocquaine. Après avoir dépassé l’Hôtel Impérial la circulation est réservée aux riverains. Il faut se garer près du kiosque du Portelet (WC)la promenade du Portelet au Port Pezeries est piétonnière ou cycliste. Facile, une heure aller et retour sur une route goudronnée presque jusqu’au bout. La colline est abrupte, de beaux pins se détachent sur la crête. Elle est dominée par la Tour d’Observation de Pleinmont – tour en béton. De nombreux sentiers la sillonnent conduisant à la tour ou rejoignant le sentier côtier de l’autre côté de la pointe. Des panneaux explicatifs racontent que des signaux à bras pouvaient remplacer le télégraphe capté par le Fort Pezeries qui s’avance en mer, construction commencée en 1680 ; complété au 18ème siècle et restauré en 1842.

De l’autre côté de la route, sur une pelouse verte, des piliers de granite sont disposés en cercle dessinant La Table des Pions. Cet emplacement fut utilisé jusqu’en 1837 pour le pique-nique de La Chevauchée qui était une procession ayant lieu tous les trois ans qui s’assure de l’état des routes et des fortifications du Chemin du Roi dès 1530. Le folklore local attribue aussi à ce cercle des attributs magiques : lieu de réunion des fées.
Après la Table des Pions, le sentier devient étroit dans un environnement sauvage et rocheux. Les falaises déchiquetées sont hérissées de rochers pointus où le sentier se faufile et disparaît. Si je n’avais pas été seule, j’aurais peut-être essayé de continuer. Sans bâton de marche et surtout sans balisage, je renonce. Dans le Var, j’ai suivi des sentiers côtiers rocheux analogues mais avec des marques de peintures pour guider mes pas. Ici rien et un environnement dangereux.

Dominique me conduit en voiture au parking suivant marqué d’un symbole de point de vue sur la carte près de la Tour de Pleinmont où passe le Sentier des Falaises (Clift Path) qui est bien entretenu. Un grillage côté à-pic le sécurise, des marches aux bords cimentées facilitent descente et montée. Ce serait une randonnée facile si les marches n’avaient pas été aussi hautes. J’ai été bien inspirée de prendre mon bâton télescopique. Sans bâton je n’aurais pas été capable de me hisser parce que cela monte et descend tout le temps. Il y a très peu de tronçons en balcon pour reprendre mon souffle. A peine en haut j’aborde à nouveau une vallée qui entaille la falaise.

Les nuages ont disparu. Le soleil est chaud pour fin septembre. L’eau est bleue, les roches tantôt rouges tantôt noires. Granite saumon, gneiss gris et orange, passées d’une roche à grain fin presque noire ressemblant au kersanton breton. Les pompons roses des Armeria maritima font de la couleur, les fougères sont roussie dans cette la de d’épineux Les prunelliers sont couverts de fruits bleus (sans doute horriblement âpres et immangeables ; on dit qu’ils se mangent après les gelées mais il ne gèle guère à Guernesey.

La visibilité est excellente : je distingue les falaises de Sark ; je crois deviner clocher et tours sur une côte lointaine Jersey ou le Cotentin ?
Dominique pensait m’attendre de parking en parking indiqués sur la carte. Introuvables ! Elle suit ma progression du bout d’une ruette qui mène à une maison de pierre au bord de la falaise. Tantôt je disparais dans le creux, tantôt je vois la voiture briller au soleil. L’étape suivante sera au pied de la Tour d’observation de la Prévôté . Sur la carte et par la route cela ne paraît pas bien loin. C’est sans compter les ravins avec leurs marches innombrables et si hautes. J’arrive vers 16h toute transpirante. Au compteur 22.000 pas. Ce fut une randonnée magnifique. Depuis nos vacances dans le Var je n’en ai pas fait d’aussi sportive et aussi belle.
Nous continuons en voiture jusqu’à la Plage de Petit Bôt. D’après la carte le Chemin du Petit Bôt prend après la Musée de l’Occupation Allemande qu’on trouve mais pas le chemin. On aboutit à Fontenelles et un monsieur anglophone se fait un plaisir de nous remettre dans la bonne route en français. Petit Bôt est une crique très étroite, fracture profonde dans la falaise. On descend par une ruette pentue dans un bois sombre. La petite tour claire est curieusement placée dans le creux, près de la plage. Généralement les fortifications sont sur les reliefs en hauteur ou sur une péninsule. Un panneau nous en conte l’histoire qui remonte à l’Indépendance Américaine quand la France, alliée des Américains était en guerre contre l’Angleterre. Hier matin lorsque Jackie nous a emmenées, il faisait gris et la mer était haute, de gros galets ne m’incitaient pas à la baignade. Cet après-midi, sous le soleil éclatant, l’estran sableux est dégagé ; un beau rouleau se brise sur les rochers, eau transparente couleur menthe glaciale, appétissante. Trois têtes sortent de l’eau, deux autres femmes en maillot de bain en sortent sans se presser. Elles se changent dans une serviette éponge froncée formant une cabine comme quand j’étais petite(il y a 60 ans). Deux autres font des selfies en maillot. Je quitte mes sandales retrousse mon jean jusqu’en haut du genou pour marcher dans l’eau. Elle est bien fraîche.

Diner de risotto aux champignons des bois, trois sortes, décoré avec des brins de pois.
Ah les marches à monter et descendre ! rien de tel pour te casser les cuisses et les jambes (sans compter le souffle). Tu avais bien mérité ton risotto.
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Je me demandais, Miriam, si la maison où vécu Victor Hugo était visitable ?
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@philfff nous l avons visitée (chroniqué ds le blog) mais il faut s inscrire sur Internet à l avance
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Un bien joli circuit, bravo.
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