De la porte d’Ivry à la porte de Bagnolet

EN SUIVANT LE PERIPHERIQUE AVEC LE VOYAGE METROPOLITAIN

Porte d’Ivry

J’arrive à la Porte d’Ivry par le tramway T3 sur son gazon vert qui court sur les boulevards des Maréchaux,  apaisés. Le Périphérique, objet de notre exploration est invisible.

Des Fortifs au Périf

Denis est notre conférencier pour le début de la matinée, spécialiste Ivry-Vitry. L’histoire commence avec les fortifications de Thiers qui ont coupé à travers le tissu urbain d’Ivry et isolé Ivry de Paris.  Une référence :    Des Fortifs au Périf de A. Lortie et J-L Cohen. Cette ceinture démantelée a donné un espace non constructible La Zone où se sont installées des cabanes, roulotes ….

Les usines Panhard-Levassor bordaient les » maréchaux » avec leurs bâtiments de briques. Le Rendez-vous est devant l’Ecole Emile Levassor construite en angle en face du boulevard Massena, à la pointe des usines Panhard.

En face, un bâtiment de brique occupé par les bureaux de la SNCF est une réhabilitation moderne des bâtiments Panhard.

Un stade, le siège de la fédération française de Tennis de table, des installations sportives isolent la ville du périphérique que nous ne voyons toujours pas.

« habiter une porte »

De l’autre côté du boulevard Massena, une ceinture de briques des logements sociaux (HBM)impriment une identité originale à ses habitants qui ne sont ni vraiment parisiens, ni banlieusards. Espace aménagé récemment ménageant des perspectives singulières place Yersin,  avec la Tour Eiffel dans l’axe.

Souvenir des anciens chemins comme celui du Château des Rentiers que l’on retrouve de l’autre côté du périf dans le Petit Ivry. La place Jean Ferrat est bordée d’un côté d’une barre de logement impressionnante, on a dû déplacer l’ancien moulin qui a gardé ses ailes.

Petit Ivry pavillon

 

 

 

Des pavillons avec des jardins coexistent avec les constructions contemporaines.

Un hôtel, un parking, dominent la tranchée du périphérique. Le plaisir du Voyage Métropolitain est de prendre son temps à regarder ce que personne ne voit : le mur antibruit coloré bariolé, les petites maisons.

 

 

Nous descendons par des ruelles rappelant les traboules lyonnaises entre des jardins et des maisons tranquilles. Pour conforter les construction sur cette pente raide des vis en métal sont électrifiées pour empêcher la corrosion. Bizarre!

Juste en face de cette ruelle bucolique les deux cheminées de l’usine d’incinération d’Ivry et la grande tour du retraitement des ordures. Perspective assez dantesque.

Street Art

Domaine des graffeurs et du Street Art, la  galerie Lavo//Matik et plus bas sous les escaliers nous découvrons un lieu qui leur est un peu réservé sous les bretelles d’une voie rapide reliant Paris à Ivry, autoroute fantôme où ne passe aucun véhicule qui coupe le passage vers la Seine.

Street At sous l’échangeur

il y a bien des chaises, transats et cabanes de bars éphémères, mais il est trop tôt, cela n’ouvre pas avant 11 heures. Nous nous trouvons à la base des Tours Duo de Jean Nouvel. Elles éclipsent un autre bâtiment « remarquable » primé celui de Perreault qu’il faut chercher pour le voir. De l’autre côté on peut voir le joli spectacle de la circulation automobile reflétée sur le mur oblique en une sorte de kaléidoscope. Effet optique étonnant qu’on ne remarque pas quand on roule sur le périf : soit on roule trop vite pour regarder en l’air, soit il y a un bouchon et alors le spectacle s’arrête! 

les tours Nouvel

Le vent glacial rend la traversée de la Seine sur le Pont National assez désagréable. Un gros point rouge sur le béton du périphérique signale le kilomètre zéro de ce dernier. Nous descendons et marchons le long du centre commercial Bercy 2, croisant au passage des Flex bus espagnols ou hongrois. Drôle d’endroit pour embarquer! 

Une odeur alcoolisée nous signale qu’on marche le long des bâtiments de La Martiniquaise  puis un  passage discret nous conduit à une passerelle très haute et très longue qui enjambe les rails des trains de la gare de Bercy. Du haut de la passerelle nous découvrons les bouteilles….

De la passerelle de Bercy

Là où se trouvent les voies ferrées, il y avait autrefois un très beau château et un magnifique parc. Il n’en reste que deux jolis pavillons à Charenton

 

Nous nous dirigeons vers le Bois de Vincennes (qui appartient à la Ville de Paris) . Pour encore quelques jours, la Foire du Trône occupe la Pelouse de Reuilly. Pour entrer il faut se soumettre à la fouille, une file pour les femmes, une autre pour les hommes, on écarte les bras. Palpation et visite des sacs. C’est une plaisanterie parce que nous avons tous des couverts et opinels pour le pique-nique et qu’on nous laisse passer. 

Foire du trône

A 11 heures, il n’y a encore personne, nous traversons sans voir les attractions en action. En revanche les odeurs de barbapapa et de frites nous titillent déjà. Pourquoi ai-je un pique-nique d’œufs durs dans mon sac?

Pique-nique tout à côté sur les bords du Lac Daumesnil. Nous repartons ensuite par la Porte Dorée . Arrêt devant la grande stèle de l’Exposition Coloniale : Monument à la Mission Marchand avec les noms des militaires coloniaux gravés sur une sorte de bouclier et un bas relief représentant des coloniaux aux attitudes avantageuses en compagnie de tirailleurs …L’existence de cette stèle pose problème. Elle est bien propre mais elle fait souvent l’objet de tags ou de jets de peinture. La discussion s’engage dans le groupe. Nous n’avons pas le temps de nous attarder à détailler la très belle façade du Musée de l’Immigration (autrefois musée des colonies) .

la Coulée verte et la Petite Ceinture

Nous entrons dans Paris par des rues tranquilles et des jardins. Nous  accédons à la Petite Ceinture par le square Charles Péguy. Les rails sont toujours en place. A la base du talus des jardins partagés élargissent le périmètre de verdure. Dans Paris, mais avec une impression de campagne. Malheureusement, la coulée verte est barrée au niveau d’un tunnel, c’est le RER A  qui prend la suite des voies ferrées de l’autre côté du périphérique.

Nous continuons la promenade dans Saint Mandé avec un petit détour au Lac de Saint Mandé moins connu que le Lac Daumesnil.

Saint Louis de Vincennes

La promenade dans les rues cossues nous réserve une surprise : l‘Eglise Saint Louis de Vincennes des architectes Droz et Marrast qui remportèrent le concours en 1912, construction terminée en 1924

Le plan d’inspiration byzantine est centré en croix par des arcs de béton.

Eglise Saint Louis de Vincennes

Les murs extérieurs sont en meulière et en brique, le curieux campanile en brique. Le porche est abrité par un auvent semi-circulaire décoré

Porche . H Marret

A l’intérieur, les fresques sont l’œuvre de Maurice Denis et de Marret, les céramiques colorées de Maurice Dhomme.

De Vincennes nous arrivons à Montreuil, accueillis par la grosse barre rouge de la BNP, tout le quartier est BNP, sauf en rez de chaussée les concessionnaires automobile, Renault, Dacia mais aussi des modèles de luxe. Dimanche, ce quartier bancaire est particulièrement désert. Nous montons sur le toit d’une construction sportive et découvrons un curieux espace très graffité. Désert lui aussi. Des enfants jouent sur un terrain. De l’autre côté de la rue, un bloc symétrique : Bloc CGT  face aux capitalistes ! 

Une statue  syrienne  en exil à Montreuil

Nous buttons alors sur une énorme tête d’homme sur un socle: celle du poète syrien aveugle Abu Ala Al Maari (973 – 1057) qui a dénoncé il y a plus de  1000 ans l’intégrisme religieux . Quand sas ville, Ma’arrat Al Numa’Man, s’est révoltée au printemps 2011, le régime syrien l’a bombardée. occupée par les djihadistes en 2013, la statue fut décapitée.

le sculpteur syrien Assem Al Basha l’a sculptée à nouveau en 2018 à Grenade. 

« Elle est réfugiée à Montreuil jusqu’à ce qu’elle puisse retourner dans une Syrie libre de tout despotisme, extrémisme et occupation« 

peut-on lire sur son socle.

Nous traversons les  Puces de Montreuil, encore un souvenir de la Zone! A la Ville de Paris, le Bois de Vincennes, à sa banlieue, les rebuts des chiffonniers, les biffins, la récupération. Plus trop de « puces » et de vieilleries ou d’occasion, plutôt des fringues très bas de gamme. 

Retraversée du périf : Paris nous accueille en fanfare, fête organisée dans un stade, foodtrucks, jeux de ballon, stage de Street Art (effluves des bombes de peinture, on ne verra pas les chefs d’œuvres) une toile cirée piste de danse?

56 rue Saint Blaise : un jardin partagé, étroite bande comprise entre les deux murs d’un immeuble. Deux allées, des bandes de terrain bien vertes où poussent une grande variété de végétaux. Peu ensoleillé, le jardin ne donnera peut-être pas beaucoup de récoltes mais des tomates s’en débrouillent. C’est probablement l’aspect convivial qu’il faut souligner, le plaisir qu’ont les membres de l’association de cultiver leur tout petit carré et de rencontrer les autres. Face à la rue, un bâtiment  assez léger recouvert de panneaux solaires qui fournissent l’électricité nécessaire et même EDF leur reverse quelques subsides. Sans oublier une Amap qui distribue des paniers…..

La balade se termine à l’échangeur de Bagnolet.

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

4 réflexions sur « De la porte d’Ivry à la porte de Bagnolet »

  1. Ce que tu racontes est très loin du Paris touristique classique ! c’est étonnant tout ce qu’il y a à voir en ceinture parisienne.

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  2. Promenade très intéressante ! C’est le genre de quartier que jamais on ne penserait à visiter et pourtant il y a tant de choses à découvrir. A + !

    NB:  Abu Ala Al Maari (973 – 1057) qui a dénoncé il y a plus de 1000 ans donc l’intégrisme religieux.

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    1. @philfff : merci d’avoir attiré mon attention il manquait « 1000 » pour Abu Ala Al Maari, j’ai corrigé!
      Effectivement on ne pense pas à longer le périf spontanément. Heureusement les urbanistes, paysagistes et architectes du Voyage Métropolitain y pensent pour moi et me guident!

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