SAISON INDIENNE
Les Vagabonds enchantés sont les chanteurs Bauls. Chanteurs itinérants au Bengale, vivant d’aumône dans les villages, héritiers d’une tradition séculaire remontant jusqu’au 16ème siècle. Confluence, syncrétisme, entre les adorateurs de Vishnou, de Shakti, les tantriques, les yogis de village, les fakirs, les soufis. Poésie mystique mais aussi grande tolérance.
La narratrice, est une indienne anticonformiste. Ayant approché les communistes naxalites, elle se retrouve en prison. Dans le Paris de Mai68, « fief du sexe, de la drogue et du rock n’roll […] du féminisme, de la psychanalyse et de l’existentialisme…. »elle se pose quelques années jusqu’au coup de foudre pour la musique baul. Elle suit alors au Bengale un musicien Paban. C’est leur histoire qu’elle raconte. Festivals, vie rurale, rencontre avec des musiciens et des gourous, aussi une histoire d’amour!
Comment cet oiseau inconnu
Peut-il ainsi à sa guise
Entrer et sortir de sa cage?
si je pouvais l’attraper
Je l’entraverais
Avec les chaînes de mon esprit.
Mais je ne parviens pas à le saisir,
Il continue d’entrer et sortir.
Sa cage a huit pièces et neuf portes,
Elle est couronnée par une galerie des glaces
Ô mon cœur, la cage dont tu rêves,
Faite de faible bambou
Peut se rompre à tout moment.
Ainsi dit Lallan, l’oiseau peut se libérer de sa cage,
Et s’enfuir, qui peut savoir où.
Lallan Shah Fakir (19ème siècle)
Rabinadrath Tagore a cité cette chanson au Musée Guimet en 1916
La figure de Tagore plane encore :le bungalow de Mimlu Sen, de ses enfants et de Paban se trouve dans la ville universitaire de Tagore : Shantiniketan, plus tard ils s’installeront dans une propriété évoquant les décors de Satyajit Ray…
Le livre foisonne de contes, de mythes, qui s’entremêlent avec le quotidien de ces musiciens comme la poésie, poèmes d’amour, épopée de Rhada et Krishna, mystique étrange
Une fille est Ganga, Jamuna et Saraswati :
Chaque mois, des marées montent en elle,
Forment le confluent de trois rivières de trois couleurs.
Le premier jour, il est noir, le lendemain blanc,
le troisième rouge nacré.
Qui peut sonder les profondeurs d’une femme?
Maheswara ne sait pas grand-chose d’elle
Étonnante chanson célébrant le flux menstruel, célébrations des déités féminines mais aussi statut arriéré de la femme dans la campagne bengalie.
Très éloignée de la philosophie hindoue ou de la musique ethnique, j’ai dévoré ce livre si riche! Il manque seulement un CD pour donner à entendre la voix de Paban!



























