La Forêt de Bonifatu et le Jardin de Saleccia

CARNET CORSE

la forêt de Bonifatu

Pour arriver à la Forêt de Bonifatu, nous reprenons la route de Galeria par l’aéroport puis suivons la rivière Figarella, franchissant de mignons ponts de pierre et s’enfonçant dans la forêt. Le parking et la fin de la route se trouvent sous l’Auberge de la Forêt.

carnets de voyages, lectures
Foret de Bonifatu : boucle de Ficaghjola – passerelle

Je choisis la balade de la boucle de Ficaghjola (4km – 2h – 225 m de dénivelé positif) qui commence à la passerelle qui se trouve sous le parking : deux filins tiennent des plaques métalliques. Un écriteau prévient : « 2 personnes à la fois seulement ». . Le sentier monte en lacets serrés dans une forêt de feuillus : hêtres, yeuses, bruyères arborescentes, bien touffue et bien sombre. Le sentier est bien tracé, bien balisé. A chaque épingle à cheveux, je regarde le cirque de Bonifatu bordé par de hautes aiguilles rouges de rhyolite, déchiquetées et verticales, culminant autour de 2000 m. Au-dessus des feuillus, je découvre une plante qui ressemble à du thym dont le parfum très fort n’est pas celui du thym quand j’en froisse quelques branches.

Foret de Bonifatu : les pins sur le versant ensoleillé

Je franchis un épaulement pour me retrouver sur le versant ensoleillé planté de grands pins Laricio. Le sentier est plus doux, plus facile, en pente plus régulière, il descend jusqu’au ruisseau qui coule avec un bruit rafraîchissant.

boucle de Ficaghjola : ruisseau rafraîchissant

Je remonte un peu pour emprunter le GR20 que je descends sur une rampe cimentée le long d’une paroi rocheuse. A la montée, je croise un couple de randonneurs lourdement chargés qui monte avec entrain. . En face, la roche est ravinée par des gouttières bizarres. Les pins qui s’accrochent font penser à des estampes chinoises. Après avoir franchi la rivière, le parcours se termine sur une piste forestière large ; j’ai marché 1h15 au leu de 2h. Quand je marche seule, à la fraîche, tôt le matin je grimpe plutôt vite.

Baignade à la plage de Calvi

Plage de Calvi

Nous retournons à la gare U Pinetu. La plage est presque vide ce matin, l’eau limpide. La citadelle comme décor, la pinède comme horizon. Je devais être drôlement de mauvaise humeur pour dénigrer la plage de Calvi.

Jardin de Saleccia

Jardin de Saleccia

Le Jardin de Saleccia se trouve 4 km après l’Île-Rousse. Entrée 9€. Ce jardin est très vaste. Il a été réalisé avec les plantes du maquis. Pistachiers lentisques, myrte ou laurier sont taillés en grosses boules à la topiaire tandis que laurier-sauce et cyprès à la silhouette élancées et au feuillage sombre se détachent sur le feuillage léger et gris-argenté des oliviers. La promenade est très instructive : de nombreux panneaux explicatifs racontent l’histoire de l’exploitation agricole puis la création du jardin. D’autres décrivent les espèces les plus emblématiques du maquis : oliviers, amandiers, cyprès pistachiers lentisques.

Je recopie mes notes :

Le nom de Saleccia combinerait la déformation de « cale à bateaux » et de leccia – le chêne-vert.

On a trouvé des vestiges romans, des amphores à huiles. Vers le 13ème siècle Gènes a construit des tours à signaux pour prévenir des invasions barbaresques, la dernière eut lieu sur Monticello en 1805. Au 18ème siècle Saleccia appartenait à la famille Leonetti, le terrain se transmettait de femmes en femmes. A cette époque, les terrains en bord de mer ne valaient rien et étaient donnés en héritage aux femmes. Ironie du sort, dans les années 60 avec l’essor du tourisme la valeur de ces terrains a explosé !

Histoire du domaine agricole :

1840-1875 culture des céréales, des oliviers, élevage des brebis vaches, également une magnanerie et des agrumes. Le domaine fut exploité jusqu’en 1914. La propriété fut laissée à l’abandon, et un incendie le dévasta en 1974.

 

Le Mûrier blanc originaire de Chine est passé en Corse via la Turquie et l’Albanie.  En Corse, on pratiquait au 19ème siècle, l’élevage du ver à soie et des mûriers furent plantés. Ils ont résisté aux feux successifs

 

 

Olivier : la culture remonte en Corse au 6ème siècle av JC, en 1820 on dénombrait douze millions d’oliviers ; actuellement, seulement 180 000.

jardin de Saleccia : olivier

C’est un arbre de valeur et un symbole. On pouvait le céder pour payer ses dettes (même de jeu) sans même qu’il soit déplacé de l’endroit où il était planté. Il était courant qu’une personne soit propriétaire d’un seul olivier sans être propriétaire du terrain.

Les fruits sont récoltés sur l’arbre : on pose des filets et les olives tombent. Traditionnellement la cueillette était faite par les femmes, les hommes les piétinaient dans une auge. Les olives détritées étaient placées dans un sac en poil de chèvre et le broyage se faisait dans une cuve au pressoir.

En Corse :

L’huile d’olive en plus de ses usages habituels était utilisée dans le rituel permettant de révéler le mauvais œil. Le dimanche des Rameaux, on utilisait des rameaux d’oliviers ce qui a donné le nom de Dimanche des oliviers.

Amandier les amandes sont très utilisées en pâtisserie pour faire des macarons (amaretti) du nougat, des croquants, de l’orgeat

Le cyprès ne pousse pas à l’état sauvage en Corse. Il est planté fréquemment à côté des sites funéraires . sa forme particulière aiderait les morts à monter au ciel.

« Celui-ci sent le cyprès » dit-on d’une personne sur le point de décéder.

Les plantes du maquis : d’une hauteur de 0.5 m à 6 m . Cette hauteur m’a vraiment frappée, je ne m’attendais pas à ce que le maquis soit une véritable forêt. Cette hauteur dépend des incendies qui conduisent à la désertification. Heureusement certaines plantes ont un grand pouvoir de régénération : les arbousiers, bruyères, le myrte, le chêne-vert et l’olivier. A l’origine la forêt naturelle était formée de chêne-vert, de chênes lièges et d’oléastres (oliviers sauvages) .

Pistachier lentisque

En Corse on l’utilise pour désinfecter les tonneaux et éloigner les parasites des animaux (colliers pour chiens) ainsi que pour l’hygiène dentaire. En décoction et en fumigation il guérit de l’asthme et de la sinusite. De ses branches souples, on peut également faire des paniers.

 

 

 

 

 

Arbousier peut pousser jusqu’à 1000 m d’altitude et atteindre 12 m. Chez les anciens, l’arbousier était lié à la mort et à l’immortalité. Ses fruits contiennent de la pectine. Il est considéré comme dépuratif. On fait de l’eau de vie d’arbouse, de la confiture.

hélychrisum- italicum

Immortelle d’Italie : elle repart toujours plus vigoureuse à la suite d’une taille rase ou d’un incendie. Ses fleurs séchées sont d’une durée exceptionnelle. Elle est utilisée comme encens pour parfumer les maisons mais l’été en devenant très sèche, elle contribue à alimenter les incendies par l’émission d’essences volatiles.  C’est le parfum dominant du maquis ; Les bergers pour protéger le fromage et soigner les fractures des bêtes ; brûler les soies des porcs…

 

 

 

Euphorbe : est une plante persistante sauf E. arborescente relique du temps où le climat méditerranéen était subtropical. Toutes les euphorbes sont toxiques.  Le nom vient d’Euphorbus, médecin du roi Juba de Mauritanie.

 

 

 

Les Frères Corses – Alexandre Dumas

LIRE POUR LA CORSE

« Vers le commencement du mois de mars de l’année 1841, je voyageais en Corse. 

Rien de plus pittoresque et de plus commode qu’un voyage en Corse : on s’embarque à Toulon : en vingt heures on est à Ajaccio, ou,en vingt-quatre heures à Bastia.

Là on achète un cheval![….]de temps en temps on s’arrête pour visiter un vieux château bâti par quelque seigneur, héros et chef d’une tradition féodale, pour dessiner une vieille tour élevée par les Génois[…] Quant au logement de chaque nuit, c’est bien plus simple encore : le voyageur arrive dans un  village, traverse la rue principale dans toute sa longueur, choisit la maison et frappe à la porte.[…]

Allez sans crainte à Ajaccio, à Bastia, une bourse pleine d’or pendue à l’arçon de votre selle, et vous aurez traversé toute l’île sans avoir couru l’ombre d’un danger : mais n’allez pas d’Occana à Levaco, si vous avez un ennemi qui vous ait déclaré la vendetta, car je ne répondrais pas de vous pendant ce trajet de deux lieux... »

Alexandre Dumas se met en scène avec vivacité et nous le suivons bien volontiers.

Ce n’est pas un récit de voyage comme l’incipit pourrait le faire croire.

Court roman de 110 pages:  vous y rencontrerez des caractères bien trempés.  Vous assisterez à une ou plutôt deux vendette, un ou plutôt deux duels… parce que les frères corses sont deux, et jumeaux. Aussi ressemblants physiquement qu’opposés de caractère. L’un étudie le Droit à Paris, cultivé, moderne. L’autre – dit Dumas – est corse! Avec le « corse« , vous verrez des poignards historiques,  vous irez dans le maquis, rencontrerez un bandit…A Paris, vous irez à l’opéra, souper dans la haute société…

Et vous passerez une bonne soirée de lecture!

 

Au sud de Calvi jusqu’à Galeria

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La belle plage de galets roses

Le soleil s’est levé dans des nuages roses bien jolis puis le ciel s’et voilé dans une lumière presque automnale. La route qui grimpe à Notre Dame de la Serra traverse un chaos granitique. Un énorme bloc ovoïde est évidé, un autre, pointe vers le ciel. Un vaste enclos est prévu pour les pèlerins. Justement le pèlerinage a lieu hier (premier dimanche de septembre, anniversaire de Marie). Il reste dans le grand frigidaire un gâteau au chocolat. Des palmes et des branches de cyprès entourent le porche de la chapelle qui est grand ouverte.

Notre Dame de la Serra

La route de Galeria en corniche suit le rivage très découpé. Certains à-pics sont impressionnants. Les rochers sont découpés. A peine quelques rochers plus bas pour envisager une baignade, venu par mer, bien entendu. Un cap est occupé par l’armée « champ de tir le lundi » prévient un panneau. Un restaurant s’est installé dans le seul creux avec un accès à une plage. Joli restaurant, prix raisonnable, mais ce n’est pas l’heure !

Chaos granitique

La route tortille entre les arbousiers hauts comme des arbres. Dans un tournant on voit une construction basse – première depuis la sortie de Calvi, plus loin, un grand troupeau. Puis une ruine, très grande bâtisse avec une sorte de tour. A sa base, on a planté récemment des vignes, les ceps sont jeunes et rien ne vante le vin produit ici ! On a aussi planté des oliviers.

Dans la Baie de Crovani se trouvent les ruines d’une ancienne exploitation minière de plomb argentifère à l’Argentella abandonnée.

Le Delta du Fango

A l’entrée de Galeria la très grande plage de Riciniccia est large, rose et…vide. Pourquoi ? Les petits fleuves Fango et Marsolimo ont sans doute apporté tous ces galets. La route contourne le delta du Fango pour traverser le lit très large mais complètement à sec. On ne remonte donc pas loin le Fango en canoë ! Nous garons la voiture sur un très grand parking en terrasse. A quelques pas se trouve une tour génoise bien abimée précédée d’un élégant bâtiment de pierre. Un fléchage indique d’un côté « canoë-kayak sur le Fango » de l’autre « la plage ». un petit pont de ciment franchit le « fleuve » qui est un ruisseau. Sur un plan d’eau on peut en effet canoter (le panneau promet des tortues et des oiseaux aquatiques). Je préfère la mer ! Le ciel est nuageux. Les petits galets ont une teinte pourpre, l’eau est agitée d’un petit clapotis pas effrayant du tout mais pourtant personne ne se baigne. J’interroge les gens : « pourquoi n’y a-t-il personne ? » Il me faut convoquer mon allemand. Une dame d’âge mûr émet l’hypothèse « peut être à cause des vagues ? »- « quelles vagues ? il n’y en a pas ! » »pas de soleil » me répond un autre. Deux Italiens se sont baignés « c’est juste un peu dur de sortir avec les galets » . Etrange ! je tente. C’est un peu effrayant d’être seule dans l’eau qui bouge ; sans soleil, elle n’est pas turquoise mais bleue très foncé, presque noire. La plage est longue, j’en parcours à la nage la moitié. Pendant que je nage, un petit zodiac quitte le voilier à l’ancre ; ses occupants sortent des sacs et montent l’aile d’un kite-surf. Je comprends que les couples sur la plage ne sont pas venus nager mais pour le bronzage intégral. Comme il ne fait pas chaud, l’un d’eaux porte un T-shirt noir, des espadrilles mais pas de slip.

Le Guide vert recommande l’Artigiana dans la catégorie « restauration premier prix ». Au tournant de la route, il y a une boutique de produits corses, des tables rustiques avec des bancs, des petites tables basses et même hamac et fauteuil suspendus. A la carte : des salades ; assiettes de charcuterie ou de fromages, et des beignets. Je choisis un duo de beignets de courgettes et fromage. Les beignets de courgettes sont de petites galettes parfumées (courgettes râpées et herbes) les fromages de chèvre est fondu. Les beignets sont accompagnés de tomates-cerises ; de rondelles de radis et de betteraves crue ainsi que de salade. Très copieux. Tout est parfait : l’accueil, la vue et les beignets.

Nous rentrons à Calvi par la route des terres (26 km) qui suit le petit fleuve Marsolino (invisible de la route) et passons par une large vallée où l’on arrose les prés pour faire du foin les balles de foin sont sous plastique). Il y a des vaches. La verdure contraste avec l’aridité des montagnes où la roche est à nu. La route s’élève vers un petit col Bocca di Marsolinu (443 m) puis nous descendons le long de l’aéroport Ste Catalina.

Le soleil s’est enfin décidé à disperser les nuages. Je passe la fin de l’après-midi ensoleillée à la piscine à faire des bassins. J’ai fini Ferrari A son image et je viens de commencer Murtoriu de Marc Biancarelli

La vendetta – Balzac

LIRE POUR LA CORSE?

La vendetta de Balzac est peut être une histoire corse, mais elle se déroule à Paris. En 1800, arrivent à Paris un « étranger, suivi d’une femme et d’une petite fille« – étranger? corse, plutôt! « je vais voir si les Bonaparte se souviennent de nous. » Il viennent demander asile et protection après avoir « tué tous les Porta« .

 

Quinze ans plus tard, Ginevra prend des leçons de peinture chez Servin qui était le maître reconnu pour la « peinture féminine » c’est une élève douée mais rejetée par les filles de la plus haute aristocratie. Occasion de décrire les caractères de ces jeunes filles qui »appartenaient à un monde où la politesse façonne de bonne heure les caractères, où l’abus des jouissances sociales tue les sentiments et développe l’égoïsme ». Les pages décrivant l’atelier, les cabales et mesquineries des jeunes filles sont un pur bonheur de lecture. 

Après le second retour des Bourbons en juillet 1815, les bonapartistes sont pourchassés. Ginevra découvre qu’un proscrit corse se cache dans l’atelier de Servin. Coup de foudre, les deux jeunes corses vont se marier. Tout serait pour le mieux si on ne découvrait pas que Luigi est un survivant de la vendetta qui a chassé les parents de Genivra de Corse. Roméo et Juliette à Paris!

 

Ginevra tient tête à son père, elle épouse Luigi sans son consentement. La vengeance opérera cependant…..

Qui mieux que Balzac décortique les rapports familiaux ou sociaux? Les mesquineries des aristocrates dans l’atelier du peintre sont distillées avec un art consommé. De même les rapports père-fille, l’abus de pouvoir du père. Refuse-t-il le mariage à cause de la vendetta ou par peur de perdre sa fille?

Court roman ou longue nouvelle qui mérite un moment de lecture!

 

 

Occi, Sant Ambrogio, tour des villages, Bodri

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Lumio et le Golfe de Calvi

Le village de Lumio est encore endormi à 9h. Le sentier d’Occi part à l’arrière de l’Hôtel Charles, sur la route T30. Bien chaussée, mais en short (malgré les avertissements) je grimpe allègrement le chemin muletier, revêtu de grosses dalles de granite formant des marches. Tôt le matin, il est bien à l’ombre et la montée est plaisante, avec des vues magnifiques sur la citadelle de Calvi qui se reflète dans le miroir de sa baie. Vers le nord on voit la petite vallée de Spano et la marina de Sant Ambrogio. Selon les guides, 1h de montée, en une demi-heure j’arrive aux ruines. (la promenade est plus longue, les groupés cornaqués par un guide continuent dans le maquis). Jusqu’à l’arrivée au village d’Occi j’ai l’impression d’être seule dans la colline. Je passe dans les ruines et découvre l’église restaurée après être passée sous une arche à moitié cachée par un figuier qui fait un rideau. Deux hommes descendent de la montagne et me saluent. Malheureusement l’endroit sera vite envahi par les touristes. Pas moins de 4 groupes sans compter les individuels.

les ruines d’Occi

Occi, dont le nom signifie, œil, était situé sur un promontoire et servait de guet du temps des pirates.  Village du 12ème siècle, il fut progressivement abandonné à partir du 16ème siècle, ses habitants l’ont quitté en 1860. Le dernier – Felix Giudicelli – dit « Fra Felice » est mort en 1918. Berger, personnage fantasque, se prétendait Comte d’Occi. Il naquit à Lumio en 1830, fit des études en Italie, se disait affilié aux carbonari de Garibaldi et compagnon du futur Napoléon III, de la main duquel il tenait un sauf-conduit. Homme du 19ème siècle, portant redingote et haut de forme s’exprimant en Italien.

la petite église d’Occi restaurée

Les groupes de touristes n’ont pas que des inconvénient, il arrive que je glane des informations intéressantes. Un guide herborise et montre une menthe très parfumée aux très petites feuille la Nepita qui peut parfumer le Bruccio. l’Immortelle d’Italie (Helichrysum italicum) a un parfum très fort; « l’odeur de la Corses » selon Napoléon Bonaparte. On la distille pour faire de l’huile essentielle.

Je rejoins Dominique à 10h30, pressée de me rafraîchir par une baignade. La marina de Sant Ambrogio est tout près. Sous une belle pinède, la station balnéaire est construite de petits bungalows de ciment blancs à toiture voûtée et de mini-villas aux toits de tuile. Tout le front de mer est urbanisé. Certes, les constructions sont discrètes, sans étages, masquées par des jardins. Mais bâti quand même ! Les parkings des résidents sont à l’arrière, le long de la route principale, sous les pins. Les touristes doivent se contenter du parking municipal, au-dessus de la marina, loin de la plage (1 km) et au soleil. La maréchaussée patrouille et photographie les plaques des voitures garées le long de la rue. On squatte une place dans un parking résidentiel privé pour se garer entre une Porsche Cayenne et une Audi immatriculée en Suisse. Une petite allée conduit à la plage, naturelle, sans installation ni paillote. Le sable est très blanc. Il y a quelques rochers. Chacun apporte son parasol et sa serviette. J’aime bien ce désordre coloré. L’eau est cristalline. Nombreux sont ceux qui font du snorkelling. Roches et posidonies assurent le spectacle. J’ai oublié mon masque, dommage ! Selon mon habitude, je nage d’un bout à l’autre de la plage en étant attentive aux rochers qui affleurent vers le milieu. Baignade merveilleuse !

 

Dominique a téléphone à une dame de Calenzana qui « vend des articles de GR20 » qui ne sont ni des tentes ni des duvets mais des plats préparés à emporter. Nous filons à la Rôtisserie Pinellicciu – 1 rue Napoléon – une excellente adresse.

  • » Reste-t-il des beignets de courgette ?»
  • « Non mais la pâte est prête ! L’huile est chaude»

La dame en cuit 6 devant moi (une portion) et je complète le pique-nique par un chausson aux poivrons.

les oliviers de Sainte Restitude
les oliviers de Sainte Restitude

L’enclos de la Chapelle Sainte Restitude nous procure le meilleur emplacement : de l’ombre, des banquettes de pierre, un petit vent rafraîchissant. Nous dégustons beignets, feuilleté et cuggiullele, biscuits à l’anis achetés de la biscuiterie Guerini (il y en avait aussi au vin, aux amandes…). Pique-nique gastronomique !

Crêtes

Nous suivons l’itinéraire « les trésors de Balagne » du Guide Vert. C’est amusant comme un jeu de piste. Nous passons sans nous arrêter à Zilia, Cassano et Lunghigniano où nous sommes déjà passées pour faire une visite à Montemaggiore – village construit sur un promontoire dominant la vallée du Fiume Secco. Devant la grande église ; de la terrasse, le panorama s’étend au de-là de Calvi et de la Pointe de la Revellata. Anecdote amusante : Don Juan aurait séjourné dans la grande maison jouxtant la chapelle.

Chapelle st Ranieri

Chapelle Saint Ranieri  (https://eglisesetchapellesdecorse.jimdo.com/saint-rainier-janvier-2018/)

Edifice roman de style pisan avec des bandes de moellons foncés presque noirs contrastant avec la roche claire et formant des bandes horizontales. Seuls ornements : des masques sur le fronton de chaque côté d’une croix évidée.

La route D151 est très étroite, elle monte au col de Salvi (509 m) en corniche. Sur le Monte Grosso(1938 m) les nuages se sont amoncelés. La route se dirige ensuite vers Cateri qui est un carrefour. A l’entrée de Cateri, je descends à pied au Couvent de Marcasso. L’église est ouverte mais elle est bien sombre, je n’ai pas reconnu le tableau du Repas Pascal cité dans le Guide Vert.

Sant Antonino

St Antonino qui coiffe sa colline

Sant Antonino est un village perché qui coiffe une colline et se remarque de loin. Le tourisme est très bien développé ; On a transformé la place de l’église en parking obligatoire et payant. Les maisons de belles pierres du village ont été restaurées. La promenade dans les rues est très agréable mais un peu factice.  On ne rencontre pas de chat endormi (les touristes qui tirent un caniche ou un bichon maltais les ont fait fuir). Pas de lessive qui sèche non plus. Ni de dames âgées qui papotent. A la place du linge, des articles de mode. A la place des épiceries et bars des restaurants pour touristes. Des bijoux, des céramiques. J’ai l’impression d’être tombée dans un traquenard « attrape-touriste ». Réticente, j’ai été séduite par les petits passages secrets, les coins sombres et humides ou croissent fougères et hortensias.

St Antonino

Pigna

Pigna est encore un village touristique restauré avec goût, comme Sant Antonino, situé sur la « route des Artisans » et s’est fait une spécialité musicale avec un auditorium et un Musée de la Musique qui, malheureusement est fermé le week-end. Les concerts de Polyphonies corses commencent à 21h30, cela ne nous convient pas du tout en septembre où les journées raccourcissent. L’église donne sur une place ombragée de platanes. Elle est ouverte en grand : intérieur blanc. Le chemin de croix contemporain, fait avec des galets multicolores, est original. Le reste ne retient pas mon attention. Je me promène dans les ruelles. Les endroits les plus séduisants sont occupés par les tables d’un bar ou d’un restaurant. Prix raisonnables pour déjeuner ou dîner face à un beau panorama, ou attendre le concert….

Pigna : église

Les artisans travaillent réellement dans les ateliers doublés d’une galerie-boutique. « Défense de photographier » annonce un pictogramme. Du coup la passante s’abstiendra de visiter la boutique. Un peu plus loin, il y a une verrerie, et un artisan qui fabrique des bijoux. Sympathique, cette activité artisanale. Un peu standardisée, je n’ai rien remarqué d’original.

La route passe par Corbara où un énorme couvent se dresse à un carrefour. L’envie d’une autre baignade me tient et nous ne nous arrêtons pas. Nous retournons à Bodri, au moins nous connaissons le chemin. Malheureusement, une chaîne qui n’y était pas hier barre l’accès ; Dominique remonte et installe la Smart sur les quais du train. C’est encore une belle baignade la surface de l’eau est parfaitement lisse.

 

 

 

Le roi du monde – U rè di u mondu – Patrick Hutin

LIRE POUR LA CORSE

 En vacances à Calvi, je découvre dans la liste de Babélio, ce titre. J’aime que mes lectures s’accordent avec mes voyages.  Un livre qui a son titre en langue corse,  je le coche! Bingo! je le gagne!

La couverture : un coucher de soleil criard, n’est pas engageante. L’éditeur Marignana est inconnu de Google.  En revanche, le village se situe à quelques kilomètres de notre gite de Serrièra. Le 4ème de couverture annonce un livre original, drôle et poétique. Original, on verra, peut être….Drôle, tant mieux, j’en ai un peu assez des lamentations mortuaires citées par Merimée, du Requiem de Ferrari, des meurtres de Biancarelli…duels de Dumas. Un peu de légèreté pour changer!

Pour la légèreté, vous repasserez! Le Roi du Monde a pour nom Hugo Victor, grosses ficelles pour un mégalo de village qui urine sur sa belle-mère dès le premier chapitre, quelle poésie! Cela aurait pu être farce, et être drôle, même pas!

Comme je lis toujours jusqu’à la fin les livres que Babélio m’envoie, j’ai cherché ce qui pourrait sauver le livre. J’aime trop les livres pour ne pas leur chercher d’excuses! J’ai bien aimé l’idée d’écrire des épitaphes (décidément difficile d’échapper aux funérailles) mais il ne fallait pas s’appesantir. Vers la fin, cela s’enlise carrément. Arrêtons. ne tirons pas sur l’ambulance!

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Merci à Babélio, même pour les déceptions, la Masse Critique est mon terrain d’aventures

 

Les villages de montagne « balcon de la Balagne »

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Belgodère vue du fort

Nous avons suivi le circuit proposé par le Guide Vert p.132-133-134 . je ne vais pas recopier le guide !

La route T30 nous emmène au-delà de l’Île-Rousse. Nous nous arrêtons au Parc de Saleccia .  C’est encore fermé, on reviendra plus tard.

La petite route (T301) bien tortillante s’élève dans la montagne jusqu’à Belgodère, village pittoresque avec ses maisons tassées sous le vieux fort et sa place de l’église Saint Thomas très sympathique avec ses terrasses sous un gros arbre.

Belgodère Saint Thomas choeur

Par chance, l’église Saint Thomas est ouverte. Le chœur baroque est peint en trompe-l’œil avec cette citation de Thomas « Quia vidisti me thoma credidisti ». L’autel est en marbre blanc incrusté de marbre coloré rose et brun.

chaire avec un bras qui sort???

 

De la chaire ressort un bras portant un crucifix – bizarre et bon goût ??? – .

 

Notre dame des 7 douleurs

 

Une autre sculpture étrange est cette Notre Dame aux Sept douleurs du sculpteur génois Agostino Negri (1695), 7 glaives percent la poitrine de la sculpture noire et dorée. L’église possède aussi de nombreux tableaux :Vierge et l’enfant, saint Antoine de Padoue.

Vraiment une aubaine que l’église ait été ouverte !

De la place entre les terrasses des deux cafés on passe sous une arche et mon monte une ruelle pentue avec des marches. Un chat qui était dans les lauriers roses m’accompagne jusqu’au fort. C’est surtout l’occasion d’admirer le panorama de collines, d’où l’on voit 3 villages perchés.

villages perchés vus du fort

Nous prenons la petite route de Palasca qui est un village charmant complètement piétonnier. C’est un plaisir de flâner dans les ruelles entre les lauriers roses, les lauriers sauce et de la vigne vierge. J’aboutis sur la place du village en descendant un escalier. Le parvis de l’église est orné d’une mosaïque de galets et de petits pavés.  L’église est malheureusement fermée.  A côté de l’église se trouve la Casezza de la Confraternita San Croce (comme à Calenzana). A côté de l’église sous une arche se trouvent des bancs pour profiter de l’ombre et de la fraîcheur, ils sont aussi décorés de motifs circulaire en mosaïque de galets.

La petite place de Palasca

Près du village d’Occhiatana, nous nous détournons de la route pour voir le couvent Tuani franciscain. L’église est sur une petite pl ce avec un énorme platane. Les franciscains sont partis et c’est une propriété privée. Le propriétaire ouvre aimablement l’église (qui n’est plus une église) et m’explique que c’était l’église piévane – je me familiariserai plus tard avec ce mot.

Speluncato

Speluncato est encore un village perché pittoresque avec des ruelles piétonnières tranquilles. Il y a aussi des restaurants qui me plaisent bien mais ce n’est pas encore l’heure de déjeuner.

C’est à Feliceto que nous nous installons sur une terrasse suspendue de Rigo, restaurant simple, quelques touristes, 2 couples étrangers, et des Corses venus en familles avec des amis, bises au serveur, il y en a même un qui a apporté une langouste. Dans mon assiette du saucisson et du jambon en fines lamelles, du fromage en cubes, des olives noires, des cornichons des pignons et deux petites tartines, l’une au pâté l’autre de confiture de figues. Dominique a pris une escalope panée et des frites maison qui sentent bien la pomme de terre.

Muro maisons à arcades

A Muro l’église a une grande façade jaune très grande, le fronton dépasse nettement les côtés. L’intérieur est très orné, très baroque et malheureusement, très dégradé. Le chœur est peint en gris sur fond vert, assez sobre, avec des motifs floraux, urnes et arabesques. Deux retables sont cadrés de colonnes torses imitant le marbre rouge. Les nombreux tableaux sont très noircis. Au-dessus de l’orgue, David joue de la harpe. Si on se réfère aux voitures garées, Muro est bien peuplé. A l’heure de la sieste, les rues sont vides. La rue principale qui la traverse de part en part est large, elle conduit à l’église, à la Poste et à la Mairie. De là partent escaliers et ruelles, pavés de granite, qui montent à l’assaut de la pente. Piazza l’Olmu, je vois une belle maison à arcades avec trois escaliers extérieurs. Sur la place de l’église on a planté des rangées de mûrier, un tilleul, un marronnier et un magnolia.

Avapessa est encore un village de montagne. On ne s’y attarde pas car nous souhaitons visiter un verger extraordinaire au Jardin Botanique Fruitier. La seule visite guidée est à 16h, nous sommes trop tôt ; Il faut attendre près d’une heure. Quand la dame ouvre sa boutique elle nous apprend que cette visite qui comporte des dégustations, des explications dure 2h30. Avec l’attente, cela fait beaucoup trop long. Cela aurait dû être passionnant.

Nous rentrons à Calvi en passant par Santa Reparata (église monumentale) juste au-dessus de l’Île-Rousse.

Nous terminons cette belle journée par une baignade à Bodri, que j’avais remarqué du train. C’est une jolie plage blanche presque sauvage (un seul snack, discret en bois) pas d’installations ; seulement les parasols multicolores que chacun apporte. Le parking se trouve plus haut entre T30 et la voie ferrée, payant 2.5€. Le gardien sympa permet à Dominique de descendre plus près de la plage. L’eau est claire, le sable blanc de granulométrie grossière dans l’eau, sur la plage il est fin. L’eau est très claire même si un certain clapot l’agite. Je m’éloigne du bord pour nager tranquillement parallèlement à la plage. A l’extrémité nord je voix les promeneurs sur le sentier des douaniers et des naturistes. A l’extrémité sud la faune des rochers doit être intéressante si j’en crois le nombre de gens qui nagent avec des masques. Je suis heureuse de nager librement et sereinement sur une belle distance dans une eau cristalline.

A son image – Jérôme Ferrari

LIRE POUR LA CORSE

« La mort prématurée constitue toujours, et d’autant plus qu’elle est soudaine, un scandale aux redoutables pouvoirs de séduction »

En ce qui concerne le style de Ferrari, il est magistral.

La construction du roman est brillante. Le narrateur est le prêtre qui sert la messe des funérailles de sa nièce et filleule, Antonia. Un chœur  chante en polyphonie ; chaque partie du Requiem est le titre des chapitres. Je ne connais pas la liturgie, je ne peux faire les correspondances, je suppose qu’il y en a. Cette messe va raconter la vie de la défunte – une photographe de presse.

C’est donc l’histoire d’une jeune femme d’aujourd’hui, fascinée par les photographies anciennes, à qui son parrain, le prêtre, a offert son premier appareil photo, qui deviendra photographe dans un quotidien régional ; lassée de couvrir les concours de pétanques et les événements provinciaux, elle part comme photographe de guerre en Bosnie et en Serbie. A son Image a pour thème l’image photographiée, le témoignage des photographes de presse. Curieux hasard, j’ai lu le mois dernier Miss Sarajevo, l’histoire d’un photographe de cette même guerre.

« Oui, les images sont une porte ouverte sur l’éternité. Mais la photographie ne dit rien de l’éternité, elle se complaît dans l’éphémère, atteste de l’irréversible et renvoie tout au néant.. »

Photographier l’horreur de la guerre, « les massacres, les déportations […]brutalement arrachés à la sphère de l’intime pour être exposés en pleine lumière » . Dès 1911, on attend de Gaston C « qui’l tienne la chronique minutieuse des défaites de l’empire Ottoman«  en Lybie, quand les troupes italiennes s’emparent de la Tripolitaine, qu’il illustre la propagande colonialiste italienne en quelque sorte . Il prend des photos d’un massacre impossibles à publier, puis la pendaison des responsables du massacre, quatorze arabes pendus en chapelet d’un même gibet, puissance de l’image, déjà!

De l’autre côté de la Méditerranée, dans les Balkans, un autre photographe, Rista développe les pellicules trouvées sur des soldats autrichiens et « découvre que, curieusement, les hommes aiment à conserver le souvenir émouvant de leurs crimes, comme de leurs noces, de la naissance de leurs enfants[…]Tout au long du siècle qui commence ils prendront des photos de leurs victimes, abattues ou crucifiées le long des routes d’Anatolie comme dans un jeu de miroirs  multipliant à l’infinie l’image du christ, ils poseront inlassablement le long d’une fosse pleine de corps nus…. »

Réflexion sur le pouvoir des images, et sur la fascination pour les images horribles. La photographie comme témoignage, comme propagande, doit-on tout photographier?

Les images racontent l’horreur  tout au long du 20ème siècle, le long des guerres qui l’ont ravagé.

Plus près d’Antonia, en Corse, une autre sorte de guerre – celle que les indépendantistes croient mener contre le pouvoir colonialiste – mobilise les garçons du village. Antonia assiste à ces réunions clandestines des hommes cagoulés, ses photos valident la mise en scène  « Sous son objectif tous ses amis évoquaient des personnages de tragédie en proie à d’indicibles tourments, ce qui pouvait bien être le cas... « Antonia comme les autres filles sont réduites au rôle de compagnes des combattants. Rôle, oh combien  traditionnel. Antonia devient « la femme de Pascal B. », qui est arrêté, puis incarcéré. Elle ne peut se contente de ce rôle et le quittera. Plasticages, ruptures dans le FNLC, compétition des attentats….

En 1991, Antonia arrive à Belgrade, rejoindre la guerre qui vient d’éclater, elle prend des photos qui’l et impossible de regarder, elle écrit à son parrain « Je sais que certaines choses doivent rester cachées » , photos obscènes, « il y a tant de façon de se montrer obscènes ». Elle montre les photos à son parrain, « c’est le péché, murmure-t-il ». « elle se sent de plus en plus mal à l’aise que les photos qu’elle a prises aujourd’hui pourraient être publiées. «  et ne développera pas ces photos…

Réflexion sur le pouvoir des images, leur obscénité dans la complaisance, sur la violence. Portrait d’une femme. Ce roman est riche. Toutefois, la répétition de la violence, le machisme ambiant m’ont gênée dans la lecture de ce roman.

Omniprésence de la mort, dans ce Requiem. Depuis Colomba, ou Matéo Falcone, la Corse peut -elle se passer de cette culture des lamentations des morts?

 

 

Le train des Plage de Calvi à l’Île-Rousse, déjeuner raté à Lumio, les villages sous le soleil.

CARNET CORSE

Calvi au lever du soleil

Pour  le train de 8 heures, nous avons mis le réveil à 5h45 et garé la smart orange dans la pinède à l’arrière des tennis, près de l’arrêt U Pinetu qui est un « arrêt facultatif ». Pour que le train s’arrête, il faut faire signe au conducteur.

7h17, le soleil sort du flanc de la montagne éblouissant et éclairant la citadelle de Calvi. L’eau de la Baie de Calvi est un miroir opalin. On a remisé les installations. La plage de Calvi offre son meilleur visage. Je m’assieds sur le sable pour dessiner. Au lever du jour je ne suis pas seule. Déjà sur l’eau une planche de paddle rouge glisse. Des voiliers décorent. Les joggers préfèrent la promenade de planche au sable. Deux jeunes filles se déshabillent et marchent dans l’eau en bikini, très gracieuses, tranquille.

A l’arrière des rails, les employés de la communauté de Commune vident les poubelles. Ils n’ont pas la benne traditionnelle bruyante mais des chevaux qui tirent des charrettes où ils placent les containers du tri en plastique jaune, gris ou verts. Dominique a interviewé les employés. Selon eux, Ségolène Royal a imposé les chevaux pour entretenir la ZNIEFF (Zone d’Intérêt écologique faunistique et floristique). Les ZNIEFF correspondent à un inventaire du Muséum d’Histoire Naturelle lancé en 1982 et sont inscrit dans la loi depuis 2002. Depuis 1992, les ZNIEFF inconstructibles sont sous la pression immobilière. Le traitement des ordures est surveillé. La Résidence Padro n’a pas de container. Les résidents sont tenus d’apporter eux-mêmes les ordures à côté d’un complexe sportif où de grands containers permettent le tri sélectif. C’est un peu contraignant. J’espère que c’est respecté. Les ordures posent toujours des problèmes aigus dans les îles si rien n’est fait. Djerba était défigurée par les ordures en 2015. En Sardaigne en 2014, nous avions été étonnées par la rigueur du tri italien et avions fait connaissance avec les sacs compostables pour les épluchures ménagères à stocker à part. En effet, les îles ne disposent pas de surfaces illimitées pour les décharges surtout quand s’exerce la pression touristique. Je suis donc ravie de ce ramassage avec les chevaux.

 

les plages vues du train

Le petit train s’annonce par un sifflement. Je gesticule. Le chef de train très aimable aide Dominique à monter. Nous lui demandons conseil pour le choix d’une plage avec un restaurant. Selon lui, Lumio serait la meilleure solution : la plage est accessible et équipée d’un restaurant. Le train des plages roule au plus près de la côte en pleine nature. Les plages défilent, toutes différentes : petites criques enserrées dans les rochers à Lumio, village plus construit à Sant Ambrogio ou L’Algajola, grande plage de sable à l’Aragnu. 40 minutes et 17 arrêts (facultatifs) le train parcourt une vingtaine de km (24km en voiture, 17 km à vol d’oiseau. Nous savourons le voyage (6€)

L’Île-Rousse

L’Île -Rousse Ile de la Pietra

8h40 : l’Île-Rousse. Le train suivant est à 11h. Nous avons un peu plus de 2h pour visiter la ville. Ma première promenade sera à l’Île de la Pietra – îlot de granite rouge relié à la ville par une digue – qui a donné son nom à l’Île-Rousse et qui porte une tour génoise et un phare. Le granite est le plus souvent nu. A travers les rochers je contemple le panorama de la ville et des montagnes en arrière-plan avec les lignes de crêtes bien découpées. Je ne suis pas seule. Les randonneurs se succèdent. Un cycliste plus très jeune fait un selfie avec sa bicyclette devant le phare. A la descente je croise des touristes du 3ème âge qui descendent d’un car pour monter dans le petit train qui les promènera jusqu’au phare.

les crêtes vues de l’ïlot

Entre deux promenades, café en terrasse. Au bout de la digue, le square Tino Rossi – encore un Corse célèbre ! – et les tours des fortifications ruinées qu’avait fait construire Paoli qui fonda l’Île-Rousse en 1758 dans sa lutte contre Gènes. Une rue commerçante aux jolis commerces touristiques : maillots, chapeaux, cartes postales et spécialités corses, conduit au marché couvert soutenu par d’épaisses colonnes rondes peintes en blanc. Je regrette de ne pas y faire nos courses de fruits et légumes, charcuterie et poissons bien appétissants mais nous sommes en train !

 

le marché couvert de l’Île-Rousse

Derrière le marché, la grande place Paoli est ornée de très hauts palmiers qui encadrent le buste de Paoli et font un rideau de 3 rangs de colonnes devant l’église de l’Immaculée Conception où je trouve un peu de fraîcheur. De chaque côté de la place on a planté de beaux platanes bien fournis. Un marché est installé avec des serviettes, des drapeaux corses, des chapeaux, robes de plages et maillots à des prix défiant les soldes. Je me laisse tenter. » Ne vous occupez pas des prix ni des tailles qui sont italiennes ! » déclare la marchande « vous essaierez dans la cabine si vous trouvez ce qui vous plait ! ». En effet, je mets la main sur un 56 qui a l’air de convenir (ma taille c’est le 42). La cabine est occupée par une dame indécise qui ne sait pas lequel choisir des 3 maillots qu’elle a emportés. Je vais rater le train !

l’Île Rousse place Paoli église de l’Immaculée conception

La plage de Lumio-l’Arinella

Je retrouve Dominique à 10h30, nous prenons les billets pour Lumio suivant le conseil du contrôleur. Lumio- l’Arinella : la plage est à 150 m la descente goudronnée est facile. A l’arrivée, la crique est paradisiaque. Du sable, quelques lits de plage (pas trop) un joli restaurant sous une double paillote (2 pyramides) une terrasse très chic avec des tables en teck et des nappes blanches. Sur l’ardoise, les prix sont bien élevés (rien en dessous de 30€). Nous ferons une folie ! Au fond se profile la citadelle de Calvi. Je suis impatiente d’étrenner mon nouveau maillot dans la jolie crique rocheuse. Nous choisissons une table sous un parasol de paille.

« Pour boire un verre c’est sur les tables blanches ! » déclare le serveur. Elles sont en plein soleil. « Nous déjeunerons, mais un peu plus tard ! »

« Ce n’est pas possibles, les tables sont réservées, vous pouvez manger à l’intérieur ! »

En clair, il ne faut pas occuper les tables à l’ombre pendant des heures ! Nous n’avons pas franchement l’allure des clients d’un restaurant chic. Le serveur a jaugé notre porte-monnaie.

Furieuses et vexées, nous allons nous asseoir sur un tronc à l’ombre des tamaris. Le train suivant est dans un peu plus d’une heure. J’ai le temps pour une baignade. Nous déjeunerons à la maison. Tant pis pour notre petite folie !

L’eau est agitée, je dois rester dans la crique à l’abri mais les roches sont superficielles ; Pour une petite heure je n’ai pas envie de mouiller les chaussons chinois. Cet arrêt à Lumio est bien décevant ! Nous aurions mieux fait de nous arrêter à Aregnu où la plage était grande avec des restaurants de plage moins sophistiqués !

Villages sous le soleil

les oliviers de Sainte Restitude

Nous retournons sous le soleil revoir Calenzana et Sainte Restitude, continuant la route, nous arrivons à Zilia dont nous avons bu l’eau minérale. C’est le pays des sources et des fontaines. A la fontaine du village, on a gravé dans le marbre un long poème en Corse . par cette chaude soirée, les habitants de Zilia sont assis sur les bancs de pierre le long de l’église ou en face. Ils font très « couleur locale » mais je n’ose pas les prendre en photo. Je m’amuse à grimper les ruelles en pente et les escaliers.

Zilia

Nous avons raté l’embranchement pour Cassano, en contre-bas, (je le cherchais vers le haut) et parvenons au hameau de Lunghignano. Petit hameau, mais une grande et belle église, peu de maisons, pas de voitures. Je sors du village sur un large sentier muletier fléché Muro qui est derrière la petite montagne (725m). je regrette de ne pas avoir la carte pour faire cette randonnée tant le sentier est agréable.

 

 

 

 

 

Polyphonies corses : A Filetta à Calenzana

CARNET CORSE

 

Les spectacles de Polyphonie corse sont nombreux autour de Calvi, lequel choisir ? Nous avons à la maison un CD de ce groupe que nous écoutons régulièrement. La plupart des spectacles commencent à 21h30. Celui-ci est à 19h et Calenzana est sur la route de notre gîte, donc facile d’accès.

Pour visiter Calenzana, nous montons à 17 heures. Un nuage noir a englouti les sommets. On entend tonner au loin. C’est un jour bien gris pour découvrir Calenzana. Nous nous garons devant la biscuiterie traditionnelle Guerini, il y a une charcuterie « chez doumé » et une curieuse boutique fermée propose « des articles de GR20 ». je remonte la Rue Napoléon jusqu’à la poste et cela m’amuse.

Calenzana,

Sur la grande place se trouvent deux églises et un curieux clocher. L’église Saint Blaise est une grande église baroque avec un fronton blanc, édifié de 1691 à 1701 par un architecte milanais. Le haut campanile est une « Tour allemande » : Gènes fit appel à des mercenaires allemands en 1732 qui furent massacrés par les habitants armés de quelques arquebuses mais qui lancèrent leurs ruchers du bord des fenêtres et des toits. 500 allemands furent enterrés au « campo santo dei tedeschi » et c’est sur cd cimetière qu’on érigea le campanile. la  chapelle de la confrérie de Sainte-Croix est sur la même place que Saint Blaise; la présence de es chapelles de confrérie n’est pas rare en Corse.

De la place on peut admirer la vue d’une promenade plantée bordée d’une balustrade.

Après être passées devant des tombes monumentales à la sortie de Calenzana, la Chapelle  Sainte Restitude se trouve à 1km à l’écart du village dans une oliveraie ; Les arbres sont impressionnants avec leurs troncs creux. Juste après notre arrivée, la pluie se met à tomber. La chapelle est beaucoup plus grande et plus baroque que prévue (commencée au 11ème siècle elle a été restaurée ultérieurement, le chœur est surmonté d’une coupole octogonale 18ème siècle),

 

Les chanteurs d’A Filetta sont six hommes d’allure très simple : jeans parfois élimé, polos bleu marine ordinaires. Ils n’ont pas soigné la mise en scène. Leur spectacle est simple intimiste. Le titre A core datu (à cœur donné) correspond à l’esprit de la performance : 16 morceaux pour résumer les 40 ans d’existence du groupe A Filetta fondé en 1978 à l’initiative d’un instituteur et d’un agriculteur de Calenzana qui ne font plus partie du groupe de musiciens professionnels. JC Acquaviva est le conteur de cette histoire entre chaque séquence chantée.

La première période de l’histoire du groupe correspond à la sauvegarde du répertoire traditionnel qui se perd quand la montagne corse se vide avec l’exode rural, chants sacrés ou chants profanes (paghjella). A Filetta s’attacha à faire revivre la tradition. Cependant, et c’est très sympathique, A Filetta s’attache à une tradition très ouverte sans se refermer sur le passé ou sur une identité corse stricte. Au contraire les musiciens d’A Filetta se sont attachés à s’ouvrir sur d’autres polyphonies, sardes voisines mais aussi plus lointaines comme les polyphonies géorgiennes. Dans un troisième temps, ils vont renouveler le répertoire avec des créations sur les modèles traditionnels de Paghjella ou par des collaborations avec des metteurs en scène de théâtre(Médéa de Sénèque) et de cinéma.

La dernière partie « échange artistique » réunit 5 pièces contemporaines très variées. Celle que j’ai préférée est la Folie du Cardinal de Bruno Coulais qui n’est pas un inconnu puisqu’il a composé la musique des Choristes et de Micocosmos – ce n’est pas rien.

Intéressant : le final est un chant géorgien mais JC Acquaviva figure dans les auteurs. J’aime beaucoup cet élargissement au Caucase, une ouverture d’esprit qui ne s’est pas démentie dans toute la performance. Chanter en Corses, mais aussi en Latin en Grec et même en Géorgien ! Se revendiquer porteur d’une tradition, affirmer que la tradition orale n’est pas le passé mais sans cesse en devenir. S’affirmer Corse et prôner le métissage. Quelle belle leçon de générosité !

Les six chanteurs ne chantent pas tous en même temps. Pour la Paghjella, ils sont trois, pour les chants sardes. Ils alternent ? Parfois JC Acquaviva qui est leur porte-parole semble battre la mesure et les conduire. Il semble seulement parce qu’il dit se sentir porter par les paroles sans pulsation rythmique (là pour moi ce n’est pas clair). La gestuelle des chanteurs est particulière, d’une main comme une coque sur ne oreille, l’autre main marque parfois le rythme, parfois elle est posée dans le dos ou sur l’épaule du voisin. Les chanteurs du groupe sont très proches, ils se touchent pour se transmettre de l’énergie. S’ils sont tactiles, cela reste discret. Selon JC Acquaviva, les Géorgiens s’étreignent beaucoup plus.

Une belle soirée !

et ce lien pour les entendre http://

PS  c’est vraiment frustrant que sur mon blog LeMonde je n’arrive plus à intégrer des vidéos. heureusement j’en ai un autre Blogspot qui, lui les accepte. Si vous voulez entendre les polyphonie voici le lien