CARNET CORSE


Pour arriver à la Forêt de Bonifatu, nous reprenons la route de Galeria par l’aéroport puis suivons la rivière Figarella, franchissant de mignons ponts de pierre et s’enfonçant dans la forêt. Le parking et la fin de la route se trouvent sous l’Auberge de la Forêt.


Je choisis la balade de la boucle de Ficaghjola (4km – 2h – 225 m de dénivelé positif) qui commence à la passerelle qui se trouve sous le parking : deux filins tiennent des plaques métalliques. Un écriteau prévient : « 2 personnes à la fois seulement ». . Le sentier monte en lacets serrés dans une forêt de feuillus : hêtres, yeuses, bruyères arborescentes, bien touffue et bien sombre. Le sentier est bien tracé, bien balisé. A chaque épingle à cheveux, je regarde le cirque de Bonifatu bordé par de hautes aiguilles rouges de rhyolite, déchiquetées et verticales, culminant autour de 2000 m. Au-dessus des feuillus, je découvre une plante qui ressemble à du thym dont le parfum très fort n’est pas celui du thym quand j’en froisse quelques branches.

Je franchis un épaulement pour me retrouver sur le versant ensoleillé planté de grands pins Laricio. Le sentier est plus doux, plus facile, en pente plus régulière, il descend jusqu’au ruisseau qui coule avec un bruit rafraîchissant.

Je remonte un peu pour emprunter le GR20 que je descends sur une rampe cimentée le long d’une paroi rocheuse. A la montée, je croise un couple de randonneurs lourdement chargés qui monte avec entrain. . En face, la roche est ravinée par des gouttières bizarres. Les pins qui s’accrochent font penser à des estampes chinoises. Après avoir franchi la rivière, le parcours se termine sur une piste forestière large ; j’ai marché 1h15 au leu de 2h. Quand je marche seule, à la fraîche, tôt le matin je grimpe plutôt vite.
Baignade à la plage de Calvi


Nous retournons à la gare U Pinetu. La plage est presque vide ce matin, l’eau limpide. La citadelle comme décor, la pinède comme horizon. Je devais être drôlement de mauvaise humeur pour dénigrer la plage de Calvi.
Jardin de Saleccia


Le Jardin de Saleccia se trouve 4 km après l’Île-Rousse. Entrée 9€. Ce jardin est très vaste. Il a été réalisé avec les plantes du maquis. Pistachiers lentisques, myrte ou laurier sont taillés en grosses boules à la topiaire tandis que laurier-sauce et cyprès à la silhouette élancées et au feuillage sombre se détachent sur le feuillage léger et gris-argenté des oliviers. La promenade est très instructive : de nombreux panneaux explicatifs racontent l’histoire de l’exploitation agricole puis la création du jardin. D’autres décrivent les espèces les plus emblématiques du maquis : oliviers, amandiers, cyprès pistachiers lentisques.
Je recopie mes notes :
Le nom de Saleccia combinerait la déformation de « cale à bateaux » et de leccia – le chêne-vert.
On a trouvé des vestiges romans, des amphores à huiles. Vers le 13ème siècle Gènes a construit des tours à signaux pour prévenir des invasions barbaresques, la dernière eut lieu sur Monticello en 1805. Au 18ème siècle Saleccia appartenait à la famille Leonetti, le terrain se transmettait de femmes en femmes. A cette époque, les terrains en bord de mer ne valaient rien et étaient donnés en héritage aux femmes. Ironie du sort, dans les années 60 avec l’essor du tourisme la valeur de ces terrains a explosé !
Histoire du domaine agricole :
1840-1875 culture des céréales, des oliviers, élevage des brebis vaches, également une magnanerie et des agrumes. Le domaine fut exploité jusqu’en 1914. La propriété fut laissée à l’abandon, et un incendie le dévasta en 1974.

Le Mûrier blanc originaire de Chine est passé en Corse via la Turquie et l’Albanie. En Corse, on pratiquait au 19ème siècle, l’élevage du ver à soie et des mûriers furent plantés. Ils ont résisté aux feux successifs
Olivier : la culture remonte en Corse au 6ème siècle av JC, en 1820 on dénombrait douze millions d’oliviers ; actuellement, seulement 180 000.


C’est un arbre de valeur et un symbole. On pouvait le céder pour payer ses dettes (même de jeu) sans même qu’il soit déplacé de l’endroit où il était planté. Il était courant qu’une personne soit propriétaire d’un seul olivier sans être propriétaire du terrain.
Les fruits sont récoltés sur l’arbre : on pose des filets et les olives tombent. Traditionnellement la cueillette était faite par les femmes, les hommes les piétinaient dans une auge. Les olives détritées étaient placées dans un sac en poil de chèvre et le broyage se faisait dans une cuve au pressoir.
En Corse :
L’huile d’olive en plus de ses usages habituels était utilisée dans le rituel permettant de révéler le mauvais œil. Le dimanche des Rameaux, on utilisait des rameaux d’oliviers ce qui a donné le nom de Dimanche des oliviers.
Amandier les amandes sont très utilisées en pâtisserie pour faire des macarons (amaretti) du nougat, des croquants, de l’orgeat
Le cyprès ne pousse pas à l’état sauvage en Corse. Il est planté fréquemment à côté des sites funéraires . sa forme particulière aiderait les morts à monter au ciel.
« Celui-ci sent le cyprès » dit-on d’une personne sur le point de décéder.
Les plantes du maquis : d’une hauteur de 0.5 m à 6 m . Cette hauteur m’a vraiment frappée, je ne m’attendais pas à ce que le maquis soit une véritable forêt. Cette hauteur dépend des incendies qui conduisent à la désertification. Heureusement certaines plantes ont un grand pouvoir de régénération : les arbousiers, bruyères, le myrte, le chêne-vert et l’olivier. A l’origine la forêt naturelle était formée de chêne-vert, de chênes lièges et d’oléastres (oliviers sauvages) .
Pistachier lentisque
En Corse on l’utilise pour désinfecter les tonneaux et éloigner les parasites des animaux (colliers pour chiens) ainsi que pour l’hygiène dentaire. En décoction et en fumigation il guérit de l’asthme et de la sinusite. De ses branches souples, on peut également faire des paniers.

Arbousier peut pousser jusqu’à 1000 m d’altitude et atteindre 12 m. Chez les anciens, l’arbousier était lié à la mort et à l’immortalité. Ses fruits contiennent de la pectine. Il est considéré comme dépuratif. On fait de l’eau de vie d’arbouse, de la confiture.

Immortelle d’Italie : elle repart toujours plus vigoureuse à la suite d’une taille rase ou d’un incendie. Ses fleurs séchées sont d’une durée exceptionnelle. Elle est utilisée comme encens pour parfumer les maisons mais l’été en devenant très sèche, elle contribue à alimenter les incendies par l’émission d’essences volatiles. C’est le parfum dominant du maquis ; Les bergers pour protéger le fromage et soigner les fractures des bêtes ; brûler les soies des porcs…
Euphorbe : est une plante persistante sauf E. arborescente relique du temps où le climat méditerranéen était subtropical. Toutes les euphorbes sont toxiques. Le nom vient d’Euphorbus, médecin du roi Juba de Mauritanie.

























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Vraiment une aubaine que l’église ait été ouverte !
















