Enfin le cinéma ! Arts, images et spectacles en France 1833-1907 – Musée d’Orsay

Exposition temporaire du 28 septembre jusqu’au 16 janvier 2022

1826 : premières photos de Niepce

1895 : première séance de cinéma des Frères Lumière.

Depuis le milieu du XIXème siècle, les représentations de la réalité évoluent, les images s’animent.

 

Pygmalion et Galatée Rodin

En introduction à l’Exposition, la sculpture de Rodin s’anime sur l’écran comme une blague : la statue quitte son piédestal et devient femme vivante – illustration de cette arrivée du mouvement. Mouvement, transformations et bouleversements dans Paris documentés par la photographie qui témoigne de la construction des Boulevards haussmanniens, de la construction de la Tour Eiffel, de l’enterrement de Victor Hugo ou tout simplement de la circulation Rue Royale.

Caillebotte : Pont de l’Europe

La peinture aussi préfigure le cinéma comme ce passant sur la gauche du tableau qui s’éloigne à grandes enjambées tandis que le train Gare Saint Lazare s’annonce avec son panache blanc.

Pissaro : La Place du Théâtre français

Cadrage cinématographique pour ce carrefour peint par Pissaro vu de dessus. L’idée de mouvement, d’images animées s’impose dans ces séries de photographies, dans les jeux d’animations de disques qui tournent, de photographies stéréoscopiques, même dans la peinture où les personnages virevoltent comme dans la Valse de Valotton

la Valse : Valotton

Valotton illustre cette vie moderne trépidante

Valotton : le Bon Marché

Evidemment, le sujet de l’exposition est illustré par de nombreuses projections qu’il est plus difficile de photographier et de commenter.

Corps en mouvement des gymnastes et athlètes, corps musclés, à saute-mouton, aux agrès à la course. Différentes des images sportives d’aujourd’hui qui font plus de place au record, à la performance qu’aux exercices . Sport masculin et danse. Loïe Fuller est une muse inspirant de nombreuses réalisations, photographies, films mais aussi sculptures ou lampes.

Loïe Fuller

Photographies, et films montrent aussi le corps féminin dans un but érotique et même un esprit voyeur. toute une salle montre films et photos coquines.

Vers la fin de l’exposition on arrive à représentation historique : panorama comme cette bataille de Champigny/Marne(2 décembre 1870) peinture géante de 120 m de long sur 9m de haut (seul un extrait est ici présenté), peinture et films historiques et bibliques.

Après la surprise de la vie quotidienne qui a ravi les premiers spectateurs, les réalisateurs doivent présentent des sujets plus élaborés : au début du XXème siècles les différents genres de cinéma sont développés : comique, érotique, historique, le cinéma est bien là!

Rencontres avec deux artistes palestiniens au Macval : Taysir Batniji et Kamelya Jubran

Exposition temporaire de Taysir Batniji jusqu’au 9-01-2022 au Mac val de Vitry

hannoun (1972-2009) performance installation, photographie couleur, copeaux de crayon
Champ de coquelicot

QUELQUES BRIBES ARRACHEES AU VIDE QUI SE CREUSE

Je suis un très mauvais public pour l’art contemporain.

Si la visite n’avait pas été guidée en présence de Taysir Batniji et commentée par d’excellents conférenciers, je n’aurais sans doute rien compris et j’aurais été très déroutée par cette installation dont le thème est la disparition, l’effacement, l’arrachement, l’absence et l’exil.

Sans titre -1998 – valise sable;
le sable est un leitmotiv dans le travail de Taysir Batnijj
« ma patrie est une valise » Mahmoud Darwich

Dans le vaste espace que le Macval offre à cette monographie, je suis désorientée. Aux murs :  des cadres assez petits et à l’intérieur, des feuilles blanches, des aquarelles minimalistes, sur le mur du fond un grand tableau noir, dans un couloir des photos, au sol une valise pleine de sable, un pavage avec de vrais pavés, un empilement de savons…Des cartels avec du texte, nécessaires. 

Pères
photographies couleurs intérieur de boutiques à Gaza

Heureusement, une conférencière anime la visite. Elle nous conduit à la série de photographies en couleur « Pères« . Très belles photos de simples boutiques ou d’ateliers à Gaza. Entre les marchandises on voit les photographies de famille, les Pères, ainsi que les portraits de leaders politiques ou ceux des martyrs. Ces boutiques sont des lieux de socialisation, ces portraits accompagnent les clients et vendeurs, avec le temps ils jaunissent, puis disparaissent, effacés, arrachés….

aquarelle imitant les traces que les scotchs arrachés ont laissé sur le cadre : disparition de la photo!

Cette disparition des visages joue en « basse continue » dans l’œuvre du plasticien . Taysir joue avec cette disparition, peint à l’aquarelle, un arrachement imaginaire de photos qui ont disparu bien avant que l’oeuvre ne soit peinte. Sans l’intervention de la conférencière, je serais passée complètement à côté.

Les cadres semblant ne contenir que des feuilles blanches nécessite l’initiative du visiteur : si on s’approche, on pourrait deviner les traces en fine gravure des photos effacées d’une noce : celle de son frère. Mais il faut être prévenu pour venir les chercher d’assez près. De même  ce mur noir n’est pas vraiment noir : c’est un assemblage de portraits de martyrs de l’Intifada. C’est seulement les variations de l’éclairage qui font apparaître les visages.

Pour revenir à la « basse continue » qui accompagne la visite : les bombardements aériens sur Gaza qui pilonnent la ville. Toujours comme accompagnement la musique I will survive de Goria Gaynor, provenant d’une vidéo où Taysir s’est filmé dansant sur cette musique, qui se mêle aux bombes.

Un mur ressemble à s’y méprendre à la vitrine d’une agence immobilière avec  description des maisons qui ne sont pas à vendre, elles ont été bombardées et les destructions sont bien apparentes.

« On note la permanence de certains motifs, de certaines procédures plastiques. il y a des arrachements, des vides, des recouvrements, des réserves, des reconstitutions? Des simulacres? Du non fini, de l’inachèvement…. »

selon le livret de présentation

Une autre conférencière a préparé tout un topo sur l’exil, la disparition, citant Pérec et Hannah Arendt, Edward Saïd….je décroche un peu du commentaire très très intello. Intéressant, certes, pour découvrir par moi-même les oeuvres qui n’ont pas été commentées en détail.

L’oeuvre qui m’a le plus émue : ces toiles de peintres ligotées, roulées, rouillées maculées de la trace de la clé de la maison de ceux qui en ont été chassés et qui la conservent précieusement.

Taysir Batniji assis derrière les toiles roulées. Au fond le simulacre de vitrine d’agence immobilière

Cette exposition qui paraît très conceptuelle, difficile à aborder a été un moment très émotionnellement chargé du fait de la présence de l’artiste d’une grande simplicité et gentillesse.

Le concert de Kamelya Joubran s’inscrit dans la suite de l’exposition; La chanteuse palestinienne oudiste, a une démarche similaire à celle du plasticien : 

Kamilya Jubran et Werner Hasler

 

J’aime l’oud et la musique arabe même si je ne comprends pas les paroles . Kamilya Jubran présentait son nouveau spectacle Wa. J’ai du mal à caractériser cette musique : jazz arabe? jazz électronique. Werner Hasler joue de la trompette mais surtout du clavier électronique. j’ai été un peu désarçonnée par l’électro. 

Sur l’appli RadioFrance j’ai trouvé deux podcasts Dans la discothèque d’Ocora et En sol majeur (RFI) Taysir Batniji

Claudia Andujar – La Lutte Yanomami à la Fondation Cartier

Exposition temporaire 30 janvier/10 mai 2020

Je ne loupe aucune des expositions de la Fondation Cartier et je n’ai jamais été déçue.

Cependant ce compte-rendu est difficile : j’ai du mal à commenter les photos et c’est une exposition de très belles photographies. Evidemment, cela n’a pas de sens de photographier les photos, j’ai donc été chercher sur Internet les illustrations de ce billet. 

Deux vidéos et un film complètent les  photographies.

Un magnifique catalogue en grand format est offert aux visiteurs contenant des cartes du territoire yanomami en forêt amazonienne à la limite du Venezuela. Une biographie très détaillée présente Claudia Andujar ainsi que Davi Kopenawa le chaman et porte-parole des indiens yanomami ainsi que Carlo Zacquini, un missionnaire en territoire yanomami. 

Deux rencontres!

Avec les indiens, bien sûr, magnifiés par ces belles photos. On découvre enfants, femmes ou hommes avec leurs parures de cérémonie, dans l’abandon du sommeil, dans la forêt amazonienne.

Rencontre avec la photographe dont l’histoire singulière commence en Hongrie pendant la Seconde Guerre Mondiale. Son père, son premier amoureux, ses proches sont déportés à Auschwitz. Claudia quitte l’Europe en 1944 pour les Etats Unis d’abord, puis pour le Brésil. En 1955, elle commence à s’intéresser à la photographie mais ce n’est qu’autour de 1970 qu’elle photographie les Yanomami et rencontre Carlo Zacquini en lutte pour la défense des Yanomami et présente ses photographies pour contrer le projet de route transamazonienne traversant les terres yanomami propageant les épidémies et facilitant l’arrivée des orpailleurs. En 1977, Claudia Andujar rencontre Davi Kopenawa.

la deuxième partie de l’exposition s’intitule DE L’ART AU MILITANTISME DE 1978 A NOS JOURS 

Expulsée du territoire Yanomami en 1977, Claudia Andujar se consacre à la lutte indigéniste. Elle témoigne de la campagne de vaccination contre les épidémies décimant les indiens. En 1989, l’exposition Genocido do Yanomami : Morto do Brasil inclue une installation audiovisuelle crée par Claudia Andujar. Depuis elle n’a pas cessé de témoigner en faveur des indiens de plus en plus menacés avec l’élection de Bolsonaro et de l’afflux des mineurs clandestins.

C’est décidément une très belle personne et les photographies sont remarquables!

 

Dorothea Lange – Politiques du visible – au Jeu de Paume

Exposition temporaire jusqu’au 27/01/19

Dorothea Lange (1895 – 1965) ouvre en 1918 un studio de photographe portraitiste à San Francisco.

 

En 1932, lors de la Grande Dépression, elle sort de son studio pour photographier des scènes de rue et l’agitation sociale, conséquence de la grande Crise. A partir de ce moment, elle fera des séries de photographes sur des thèmes sociaux, témoignages et reportages  mais toujours de très grande qualité.

 

 

J’aime quand une exposition me fait rencontrer une artiste. je découvre sa personnalité, le monde qui l’entoure, son style de photographies. Et ce serait déjà une belle rencontre.

J’aime quand une exposition me raconte une histoire.

 

Je suis servie, elle en raconte cinq: la Grande Dépression, la migration des paysans (1935 -1941) ruinés par la sécheresse (Dust Bowl) et par les modifications des pratiques agricoles, illustration pour Steinbeck (à moins que ce soit l’écrivain qui se soit inspiré des clichés de Lange),

 

 

 

l’internement des Américains d’origine japonaise en 1942, reportage plus optimiste sur les chantiers navals de Richmond (1942-1945) intitulé « Une guerre entre deux océans », les travailleurs agricoles migrants autrefois méprisés qui acquièrent une nouvelle fierté et enfin l’avocat commis d’office 1955-1957.

 

 

C’est donc un voyage dans l’histoire aussi bien que dans l‘Ouest Américain. On y retrouve des thèmes tout à fait actuels comme l’exode rural et la migration des paysans qui abandonnent leurs terres pour devenir migrants, chômeurs ou ouvriers dans les fermes industrielles dans des conditions proches de l’esclavage. Dorothea Lange aurait peut être aujourd’hui photographié ces migrants guatémaltèques ou mexicain formant les colonnes vers le rêve américain. Le FSA qui lui a commandé des milliers de photographies (Farm Security Administration) était une des réponses du New Deal de Roosevelt à la crise. L’optimisme des portrait des soudeuses noires en est une autre. Contrepoint à l’histoire tragique de la déportation des citoyens américains d’origine japonaise, qui rappelle un épisode très sombre de la Seconde Guerre mondiale.

La très grande qualité des photographies est celle d’une portraitiste expérimentée. Cadrage, tirage. Chaque cliché est extrêmement soigné. Les photographies sont accompagnées d’un cartel rédigé par Dorothea Lange elle-même qui expliquait le contexte de la prise de vue, présentait les personnages. On sent une profonde empathie avec les personnes rencontrées. Une conscience sociale très aiguë. Pas de sensationnel. Plutôt la recherche de la dignité de la personne même dans la plus grande adversité. Des documents filmés nous font entendre la voix de Dorothea Lange qui explique son travail.

En rentrant à la maison j’ai téléchargé Certaines n’avaient jamais vu la mer et j’ai bien envie de relire Les raisins de la colère.

Ron Amir – Quelque part dans le désert – Au Musée d’Arts Modernes de la Ville de Paris

Exposition temporaire du 14 septembre – 2 décembre 2018

affiche

Novembre, c’est Paris-photo! je regrette cette année Photo-Quai qui était une belle déambulation au Quai Branly, j’étais fidèle à cette manifestation.

De l’autre côté de la Seine, cette exposition de Ron Amir, photographe israélien, annoncée par cette belle affiche colorée, un peu énigmatique. « Quelque part dans le désert » est composé d’une trentaine de très grandes et belles photographies couleur accompagnées de vidéos dépeignant la vie de demandeurs d’asiles érythréens et soudanais dans le centre de détention de Holot dans le Néguev.

On est accueilli par une longue vidéo (20′) où le photographe fait le portrait d’Africains avec une belle voiture blanche. Photo de groupe, ou portraits individuels. Ron Amir photographie « à l’ancienne » avec une chambre sur un trépied et un rideau noir (un blouson) et des plaques de verre. Il prend tout son temps pour mesurer la lumière. La prise parait interminable. Les sujets s’agitent un peu. Il faut les recadrer. Les spectateurs de la vidéo s’impatientent un peu. Temps étiré, temps de l’attente. Les Africains ont leur temps, certains sont en Israël depuis 12 ans. Une autre vidéo dure plus de 20 minutes, il ne se passe rien. Un comptoir est installé, un barman prépare du café. Passer le temps.

four

Sur les photos, la présence des hommes est « en creux« , aucun portrait, des traces de leur présence, la construction d’abris, de cuisines, un four, une mosquée tracée au sol avec des cailloux alignés.

Ces photographies sont soignées, grandes, belles. Pourtant rien n’est aimable. Ce n’est pas un désert photogénique. Plutôt un désert désolé. D’ailleurs, ni canyon, ni dune. Quelques arbres, tamaris ou acacias qui donnent un peu d’ombre. Un four creusé dans le sol, une cuisine avec 3 foyers de pierres, un banc, des bouchons de plastique, des pots de peinture…récup…

Dans cette désolation, dans cette solitude, au milieu de nulle part, une vie sociale s’organise. Ce n’est pas tout à fait le vide. Des hommes le peuplent. On ne les voit pas, on les devine.

Ce n’est pas un reportage dans l’instantané, un oeuvre d’art dans le long terme. Des échange entre le photographe et les Africains, que je n’ose pas nommer migrants. Ils ne bougent pas. Où iraient-ils? On leur interdit d’aller en ville. La frontière est bouclée.

Autre lieux, mais encore le Néguev, cette exposition à la Maison des Arts de Créteil : PROMISE ME A LAND de Clément Chapillon

Dur de photographier une photo avec les spots!

A son image – Jérôme Ferrari

LIRE POUR LA CORSE

« La mort prématurée constitue toujours, et d’autant plus qu’elle est soudaine, un scandale aux redoutables pouvoirs de séduction »

En ce qui concerne le style de Ferrari, il est magistral.

La construction du roman est brillante. Le narrateur est le prêtre qui sert la messe des funérailles de sa nièce et filleule, Antonia. Un chœur  chante en polyphonie ; chaque partie du Requiem est le titre des chapitres. Je ne connais pas la liturgie, je ne peux faire les correspondances, je suppose qu’il y en a. Cette messe va raconter la vie de la défunte – une photographe de presse.

C’est donc l’histoire d’une jeune femme d’aujourd’hui, fascinée par les photographies anciennes, à qui son parrain, le prêtre, a offert son premier appareil photo, qui deviendra photographe dans un quotidien régional ; lassée de couvrir les concours de pétanques et les événements provinciaux, elle part comme photographe de guerre en Bosnie et en Serbie. A son Image a pour thème l’image photographiée, le témoignage des photographes de presse. Curieux hasard, j’ai lu le mois dernier Miss Sarajevo, l’histoire d’un photographe de cette même guerre.

« Oui, les images sont une porte ouverte sur l’éternité. Mais la photographie ne dit rien de l’éternité, elle se complaît dans l’éphémère, atteste de l’irréversible et renvoie tout au néant.. »

Photographier l’horreur de la guerre, « les massacres, les déportations […]brutalement arrachés à la sphère de l’intime pour être exposés en pleine lumière » . Dès 1911, on attend de Gaston C « qui’l tienne la chronique minutieuse des défaites de l’empire Ottoman«  en Lybie, quand les troupes italiennes s’emparent de la Tripolitaine, qu’il illustre la propagande colonialiste italienne en quelque sorte . Il prend des photos d’un massacre impossibles à publier, puis la pendaison des responsables du massacre, quatorze arabes pendus en chapelet d’un même gibet, puissance de l’image, déjà!

De l’autre côté de la Méditerranée, dans les Balkans, un autre photographe, Rista développe les pellicules trouvées sur des soldats autrichiens et « découvre que, curieusement, les hommes aiment à conserver le souvenir émouvant de leurs crimes, comme de leurs noces, de la naissance de leurs enfants[…]Tout au long du siècle qui commence ils prendront des photos de leurs victimes, abattues ou crucifiées le long des routes d’Anatolie comme dans un jeu de miroirs  multipliant à l’infinie l’image du christ, ils poseront inlassablement le long d’une fosse pleine de corps nus…. »

Réflexion sur le pouvoir des images, et sur la fascination pour les images horribles. La photographie comme témoignage, comme propagande, doit-on tout photographier?

Les images racontent l’horreur  tout au long du 20ème siècle, le long des guerres qui l’ont ravagé.

Plus près d’Antonia, en Corse, une autre sorte de guerre – celle que les indépendantistes croient mener contre le pouvoir colonialiste – mobilise les garçons du village. Antonia assiste à ces réunions clandestines des hommes cagoulés, ses photos valident la mise en scène  « Sous son objectif tous ses amis évoquaient des personnages de tragédie en proie à d’indicibles tourments, ce qui pouvait bien être le cas... « Antonia comme les autres filles sont réduites au rôle de compagnes des combattants. Rôle, oh combien  traditionnel. Antonia devient « la femme de Pascal B. », qui est arrêté, puis incarcéré. Elle ne peut se contente de ce rôle et le quittera. Plasticages, ruptures dans le FNLC, compétition des attentats….

En 1991, Antonia arrive à Belgrade, rejoindre la guerre qui vient d’éclater, elle prend des photos qui’l et impossible de regarder, elle écrit à son parrain « Je sais que certaines choses doivent rester cachées » , photos obscènes, « il y a tant de façon de se montrer obscènes ». Elle montre les photos à son parrain, « c’est le péché, murmure-t-il ». « elle se sent de plus en plus mal à l’aise que les photos qu’elle a prises aujourd’hui pourraient être publiées. «  et ne développera pas ces photos…

Réflexion sur le pouvoir des images, leur obscénité dans la complaisance, sur la violence. Portrait d’une femme. Ce roman est riche. Toutefois, la répétition de la violence, le machisme ambiant m’ont gênée dans la lecture de ce roman.

Omniprésence de la mort, dans ce Requiem. Depuis Colomba, ou Matéo Falcone, la Corse peut -elle se passer de cette culture des lamentations des morts?

 

 

Etranger résident collection de Marin Karmitz à la Maison Rouge

PHOTOGRAPHIE NOIR ET BLANC

Exposition temporaire jusqu’au 21 janvier 2018

le mineur de Gotthard Schuh

Exposition temporaire jusqu’au 21 janvier 2018

Marin Karmitz (des cinémas MK2 et producteur de cinéma) a présenté ses collections en les scénarisant comme le film d’une vie. On découvre ainsi en regardant les collections de photographies et d’autres œuvres plastiques, la personnalité du collectionneur.

J’ai beaucoup aimé ces photographies argentiques en noir et blanc, plutôt noires que blancs où le grain, le flou, la lumière qui jaillit a le charme de l’ancien. On entre dans l’univers du photographe Michael Ackermann  installé à New York depuis 1974 reportage d’une banlieue populaire Cabbagetown.

Toute une salle évoque les communautés juives d’Europe de l’Est – Karmitz est originaire de Roumanie – série de clichés de Roman Vischniac missionné par le Joint, étonnant ensemble intitulé Kibboutz en Europe de l’Est de Moï Ver (Lituanie) . Non seulement le témoignage est capitale mais les photos sont d’une grande beauté. Dans les photos plus récente je note aussi les prises de vue d’Auschwitz d‘Antoine Agata son  Huis-clos raconte toutes les ambiguïtés et les violences d’une journée à Jérusalem,

Si la collection est essentiellement photographique, elle comporte aussi des dessins et des sculptures ainsi que de très belles sculptures mexicaines, des tableaux de Dubuffet, des installations d’Annette Messager et Boltanski…..

Impossible de faire le tour de toute cette exposition sans faire une énumération fastidieuse, incomplète…Chacun fera la visite en mettant l’accent sur une facette différente de l’ensemble.

Impossible pour moi d’illustrer ce billet : rien n’interdisait de faire des photos, mais photographier des photos de grands photographes, c’est leur faire injure, les piquer sur Internet frôle l’illégalité, je ne veux pas me préoccuper de copyright, cherchez les donc sur Google, et cliquez sur les liens intertextes.

 

Jardins au Grand Palais

EXPOSITION TEMPORAIRE jusqu’au 24 juillet 2017 au Grand Palais

Avec le printemps, il m’est venu l’envie de flâner dans ces jardins…. de l’Antiquité à nos jours

Giuseppe Penone 1984 Verde con camicia

Exposition éclectique, présentant aussi bien des oeuvres anciennes que contemporaines. Peinture ou photographies, collages et herbiers….

matisse acanthes (papier découpé)

Dessin de Dürer au contemporain Patrick Neu, en passant par Redouté

Iris de Patrick Neu

ou d’herbier, en passant par celui de Jean Jacques Rousseau et ceux du Muséum d’Histoire Naturelle

Il y a aussi des fruits et plantes exotiques entières en cire qui n’auraient pas pu se conserver pendant un long voyage dans l’alcool, trop épais pour être mis en herbier.

Végétaux mais aussi jardins, merveilleux tableauxx représentant Marly ou Saint Cloud

parc et bassins de Marly

Et puis les grand maîtres, Cézanne, Klee, Bonnard, Caillebotte, Berthe Morizot, Picasso …

Klimt
Caillebotte

Dakar – musée IFAN – Exposition Etoundi Essamba

CARNET DE CASAMANCE

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déesse Nimba

Le Musée IFAN – Théodore Monod – est situé Place Soweto dans l’ancien Palais du Gouverneur (1936) : belle bâtisse Art Déco (version sobre) jaune, à l’entrée surmontée d’une coupole dans un ardin de palmiers. Un peu plus loin, un pavillon jaune plus vif est rehaussé de blanc où se tiennent les expositions temporaires. Entrée 5000francs pour les étrangers (2000 pour les sénégalais). Selon le guide Evasion, le Musée est riche de milliers de pièces collectées dans toute l’Afrique occidentale, du Bénin au mali en passant par la Côte d’Ivoire. Seules quelques unes sont visibles selon une présentation un peu désuète mais pédagogique par thèmes. A notre arrivée Madame NDour,  une dame en tenue traditionnelle rose, se propose pour commenter la visite et la rendra passionnante.

 

 

Le premier thème abordé est la Fécondité introduite par un  masque sur une « robe »  de raphia la Déesse Nimba

Ses seins tombant témoignent de nombreux allaitements. Son nez recourbé évoque le bec du calao qui symbolise également le sexe masculin.

 

Le calao est symbole de maternité chez la femme et de fécondité pour la terre.casamancetéléphone 157 - Copie

Mme NDour nous montre aussi un groupe de deux statues féminines, l’une est épanouie, le visage souriant, les mains écartées sur son ventre fécond, la seconde a « l’air stressée », elle referme ses mains sur son ventre stérile. La fécondité est la grande affaire des femmes. Une vitrine contient des « poupées de fécondité » togolaise qui servent aussi de jouets aux petites filles. La conférencière revient sur les rites de fécondité et sur le Kagnalène. Selon elle, 80% des femmes prises en charge par ce rite mettent au monde des enfants en se libérant du stress.

On passe ensuite aux colliers de protection des bébés ou des mères portés à la ceinture, ou au cou, colliers de séduction, gros colliers pour « casser le cou » des bébés, colliers parfumés.

Le second thème est celui de l’Initiation

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initiatrice haut de forme

Initiation des jeunes filles à la puberté pendant laquelle la jeune fille apprend à s’occuper de son mari et de sa maison. Les initiatrices sont masquées. Un curieux masque porte un haut de forme, symbole de dignité. J’avais entendu d’initiation, mais jamais de la bouche d’une femme. Les guides locaux nous parlaient surtout de l’interdit et du secret.

Une série de masques diolas  ornés des cornes du bétail illustre l’initiation des garçons. L’initiation est l’école de la vie sociale. Il existe aussi une seconde initiation « boukout » qui ne se déroule que tous els 20 ou 25ans, l’homme doit venir, toutes affaires cessantes profiter de cette occasion qui ne se représentera peut être plus. Trois masques de guinée Bissau résument les trois étapes : l’hippopotame, animal incontrôlable avant l’initiation le taureau  fougueux et brutal, au cours de l’initiation, enfin la vache calme et docile figure celui qui est initié.

Chez les Bassari, filles et garçons sont réunis dans des cases communes et doivent prouver qu’ils snt capables d’avoir des enfants. Le mariage à l’essai est concluant, ou non. Chez eux la jalousie n’est pas de mise.

Tissage de longues bandes sont consacrées aux grandes occasions : offerte aux mariages dans des corbeilles, on posera le bébé pour son baptème, et ce linge servira aussi de linceul.

Quelques objets sont un peu étranges comme cette chaise royale ornée du calao reposant sur 4 personnages, deux femmes devant deux hommes derrière : « le roi est soutenu par son peuple » dit la guide.

Une machine à repasser les beaux boubous de bazin amidonnés qui ressemblent à de la toile cirée et qui sont raides et brillants. Sur un cylindre, on pose le vêtement qui est battu avec des bâtons ressemblant à de petites massues.

Les portes de grenier racontent la vie  de leur propriétaire : un serpent désigne un vieillard…

antilope
antilope

 

 

Le dernier thème concerne les rituels agricoles. Chez les Bambaras, au Mali, le cimier rend hommage à l’antilope qui a appris aux hommes à cultiver. Un masque, très beau cimier rassemble de nombreux symboles : les dents du crocodile rappellent la nécessité de l’eau, les courbes du caméléon figurent la patience, les cornes de l’antilope, la rapidité. On trouve aussi les tresses de la femme pour la fécondité, avec  le bec du calao.casamancetéléphone 163 - Copie

 

 

Certains masques ont des fonctions de contrôle social : si quelqu’un a fauté (vol, adultère) on l’humilie sous l’arbre à palabres. Souvent le coupable prend la fuite et préfère tout abandonner à la honte d’être désigné. D’autres masques doivent faire peur comme les Revenants.

Je remercie chaleureusement la guide pour cette visite.

 

A l’étage une exposition temporaire est consacrée à la Lutte Sénégalaise – sport national – aux lutteurs. Mor me rejoint et me sert de guide ; Il connait bien les lutteurs et tient à me raconter lui-même les champions et leurs gris-gris. Il y a des portraits et affiches. Ces hommes musclés (parfois gras) qui prennent des poses avantageuses ne m’attirent pas spécialement.

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L’exposition Intitulée : Force&Fierté 30 ans de photographie de la photographe Angèle Etoundi Essamba, en revanche m’a enthousiasmée ! Si je suis une fidèle de Photoquai je visite rarement des expositions de photos. Je m’intéresse généralement plus à l’aspect documentaire qu’à l’esthétique de l’œuvre elle-même. Ici, l’image contient une telle force que j’en ai été vraiment remuée. La série de photographie en noir et blanc est d’une grande puissance. Noire, l’artiste qui travaille parmi les blancs joue de symboles. Elle joue des rayures, des zébrures, des griffures blanches sur le corps, le visage ou le vêtement. En couleur,  elle donne un visage aux femmes invisibles de Ganvié la cité lacustre béninoise, aux travailleuses des mines…De très belles photos en couleurs célèbrent les matières africaines, la terre, le bois mais aussi l’eau. Etoundi Essamba a aussi donné sa chance à un collectif de jeunes photographes sénégalais qui profitent de sa notoriété pour présenter leurs œuvres.

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Le cairn de Barnenez

RETOUR A ROSCOFF(2014)

Cairn de Barnenez
Cairn de Barnenez

 

Appelé Panthéon mégalithique par Malraux, le cairn de Barnenez a bien failli disparaitre en 1955. Un entrepreneur avait acquis le terrain pour exploiter le cairn comme carrière. Le site est inscrit aux monuments historiques depuis un siècle, il n’était cependant pas classé. Quand les ouvriers ont atteint les chambres funéraires, ils ont hésité, en ont parlé dans un restaurant. Le bruit s’est répandu atteignant les oreilles d’un journaliste de Ouest-France. L’entrepreneur indélicat fut condamné à payer la restauration du site. Les archéologues commencèrent alors une campagne et fouillèrent les couloirs. Quelques rares objets donnèrent des datations au C14 : quelques tessons de céramiques et un petit poignard de cuivre. La rareté des objets tient à la nature acide du sol granitique attaquant la matière organique et aussi probablement à la réutilisation du site, donc à des pillages. On n’a retrouvé que 20g de squelette.

les deux cairns superposés
les deux cairns superposés

4700-4500 avant J.C  pour un premier cairn construit majoritairement en dolérite

4300 av J.C. pour un second adossé au premier plus granitique.

Comment les hommes ont-ils apporté tous ces matériaux ? Ils ont trouvé la dolérite sur place, en revanche les carrières de granite étaient plus éloignées : sur l’île Stierec à 1.3km, jusqu’à l’emplacement actuel de Saint Samson. A l’époque, le niveau de la mer était plus bas et la baie de Morlaix était une plaine. La domestication des animaux n’était pas encore faite : les hommes du Néolithique se sédentarisaient, connaissaient l’élevage, mangeaient les animaux mais ne les faisaient pas travailler. On suppose que les blocs étaient placés sur des rondins et tirés par les hommes, puis débités sur places.

Entrée du couloir qui mène à la chambre
Entrée du couloir qui mène à la chambre

 

11 couloirs menant à une chambre funéraire ronde s’ouvraient face à la baie. Ils furent recouverts d’une énorme quantité de pierres formant des gradins. La guide a comparé cette construction à degrés à la pyramide de Saqqarah. Un seul couloir, le couloir C est ouvert aux visiteurs. C’est celui qui a le plafond le plus haut, les autres de 80cm maximum auraient contraint les touristes à ramper. On les a également fermés pour préserver les gravures.

 

 

 

Il s’agit donc qu’une nécropole. Yves Coppens propose une autre hypothèse : Barnenez serait bien un lieu d’inhumation mais aussi un lieu de pouvoir : le monument de grande taille se voit de loin. Cette hypothèse me rappelle la fonction de certains nuraghe que nous avons visités en Sardaigne, bien que la datation ne soit pas comparable, ni la fonction. Le cairn correspondrait plutôt aux Tombes de Géants.  Tombes collectives ou tombes réservées à une certaine élite ? L’absence d’ossement ne permet pas d’avoir des certitudes.

roscoffdtbarnenez 019 - CopieLes chambres funéraires ne sont pas toutes identiques : certaines rappellent un dolmen ou une allée couverte avec des mégalithes, d’autres sont couvertes de fausses coupoles, genre de tholos. La guide nous montre la technique de l’encorbellement qui a été mise en œuvre pour construire la coupole, utilisant des dalles plates et les superposant en laissant dépasser celle du dessous qui supporte la masse.

En plus de l’intérêt historique, le monument s’inscrit dans un paysage magnifique sur une presqu’île entre Carantec et ses îles portant le Château du Taureau, un phare, l’île Stierec et vers le nord-est, Saint Samson et plus loin Plougasnou. Avec la journée radieuse, nous profitons de la vue.

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Autour du cairn est exposée l’œuvre commune de deux artistes : un photographe Daniel Challe et un graveur Pierre Collin. Le photographe utilisait une chambre noire en bois comme les anciens photographes du 19ème siècle, des plaques argentiques. Le piqué des photos est exceptionnel. Le graveur met en scène le monument et le photographe. Il grave à l’eau-forte puis utilise le pinceau, combinant la lenteur de la gravure à la rapidité du lavis avant que l’encre ne sèche. Cette notion du temps s’inscrit en face du monument comme un marqueur du temps historique.

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Après la visite j’avais prévu de faire le tour de la péninsule sur le GR. Nous sommes restées jusqu’à 11h30 au cairn et il ne reste pas assez de temps avant le pique-nique. Je descend chercher le point de vue à la Pointe de Barnenez, trouve le GR et remonte à regrets, la promenade semble superbe.

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Nous trouvons un banc au dessus de la plage de Saint Samson pour déjeuner et je suis le GR34 vers Terenez.

nous rentrons tôt parce que j’ai envie d’essayer l’aquabike à la piscine de Rocroum puisque qu’une activité est comprise dans le billet d’entrée (15€). Mauvais plan : il aurait fallu s’inscrire à l’avance ; il n’y a que 9 vélos et ils sont réservés. De mauvaise grâce je quitte la piscine de natation pour rejoindre l’autre bassin avec ses bulles, ses jets et les nombreux enfants. Pour nager il faut contourner les baigneurs, éviter ce père de famille qui porte un enfant sur ses épaules et qui tire l’autre, ne pas se cogner dans la petite fille flottant avec deux frites l’enserrant tandis que son grand frère, très fier la suit partout. Il y a beaucoup plus de monde que la semaine dernière. Même pour la douche il faut faire la queue.