Histoire des Grands-parents que je n’ai pas eus – Ivan Jablonka – Seuil

PARCZEW/PARIS/AUSCHWITZ

« ….L’idée de prendre mes grands-parents comme objet d’étude remonte à 2007. Mon projet prend forme assez vite : je vais écrire un livre sur leur histoire, ou plutôt un livre d’histoire sur eux, fondé sur des archives, des entretiens, des lectures, une mise en contexte, des raisonnements sociologiques, grâce auxquels je vais faire leur connaissance. Récit de vie et compte rendu de mon enquête, ce livre fera comprendre, non revivre… »

L’auteur Ivan Jablonka est historien. Cette enquête est menée de façon rigoureuse, scientifique. Cela n’exclue pas la chaleur humaine. L’auteur ne connaissait rien de ses grands-parents, ni de ses arrières-grands-parents. Il découvre des personnalités attachantes et fait revivre tout un monde disparu. Il détaille aussi toutes ses démarches qui le conduisent en Pologne et jusqu’en Argentine. Il fait revivre le petit monde des tailleurs, coupeurs de cuir, fourreurs entre Belleville et Ménilmontant. Il montre l’extraordinaire solidarité entre ces sans-papiers, artisans, militants communistes et anarchistes dans des temps troublés.

Antisémitisme qui a raison de ces jeunes communistes laïques, universalistes, qui vinrent en France chercher l’asile politiques après une incarcération en Pologne pour avoir tendu une banderole et qui se retrouve « sans papiers »:

« Matès un réfugié politique auquel la France s’honore de donner le droit d’asile? Son emprisonnement démontre plutôt l’inanité de la distinction entre « étrangers de bonne foi » et « hôtes irréguliers », et leur fusion dans la catégorie des délinquants »…

Actuel, trop actuel, ce débat!

Matès termine sa vie comme sonderkommando quoi de plus tragique?

Alors que les survivants de la Shoah nous quittent les uns après les autres, Simone Weill, Marceline Loridan-Ivens récemment, les historiens prennent la relève.

Etranger résident collection de Marin Karmitz à la Maison Rouge

PHOTOGRAPHIE NOIR ET BLANC

Exposition temporaire jusqu’au 21 janvier 2018

le mineur de Gotthard Schuh

Exposition temporaire jusqu’au 21 janvier 2018

Marin Karmitz (des cinémas MK2 et producteur de cinéma) a présenté ses collections en les scénarisant comme le film d’une vie. On découvre ainsi en regardant les collections de photographies et d’autres œuvres plastiques, la personnalité du collectionneur.

J’ai beaucoup aimé ces photographies argentiques en noir et blanc, plutôt noires que blancs où le grain, le flou, la lumière qui jaillit a le charme de l’ancien. On entre dans l’univers du photographe Michael Ackermann  installé à New York depuis 1974 reportage d’une banlieue populaire Cabbagetown.

Toute une salle évoque les communautés juives d’Europe de l’Est – Karmitz est originaire de Roumanie – série de clichés de Roman Vischniac missionné par le Joint, étonnant ensemble intitulé Kibboutz en Europe de l’Est de Moï Ver (Lituanie) . Non seulement le témoignage est capitale mais les photos sont d’une grande beauté. Dans les photos plus récente je note aussi les prises de vue d’Auschwitz d‘Antoine Agata son  Huis-clos raconte toutes les ambiguïtés et les violences d’une journée à Jérusalem,

Si la collection est essentiellement photographique, elle comporte aussi des dessins et des sculptures ainsi que de très belles sculptures mexicaines, des tableaux de Dubuffet, des installations d’Annette Messager et Boltanski…..

Impossible de faire le tour de toute cette exposition sans faire une énumération fastidieuse, incomplète…Chacun fera la visite en mettant l’accent sur une facette différente de l’ensemble.

Impossible pour moi d’illustrer ce billet : rien n’interdisait de faire des photos, mais photographier des photos de grands photographes, c’est leur faire injure, les piquer sur Internet frôle l’illégalité, je ne veux pas me préoccuper de copyright, cherchez les donc sur Google, et cliquez sur les liens intertextes.

 

Les ruelles de La Canée

CARNET CRÉTOIS

 

Un air d'Italie en Grèce!


Sur le quai, une marchande bien avisée nous indique un passage étroit entre deux maisons : une ruelle conduit à des palais vénitiens, certains bien rénovés,  en hôtels et chambres d’hôtes, d’autres bien en ruine. Tout un dédale de ruelles, de marches, de palais roses, de loggias . Au bout de la rue Antoni Grampas une belle maison est accompagnée de poteries avec ficus et yuccas. A 16 Odos Angelou Evangelista un très beau palais vénitien porte cette inscription « Pax tibi Marce Meus ».  Les chaises dans la rue accentuent cette impression d’Italie.

Nous retournons sur le quai vers le Musée Naval, beau bâtiment rouge qui cache derrière son porche et sa grille de fer forgé tout un ensemble de casernes qui servirent de prisons aux Turcs. Au dessus d’une porte je remarque le lion de Venise.

Musée naval : caserne vénitienne, prison turque

De l’autre côté du bastion on accède au Musée Byzantin logé dans une ancienne église jaune en haut de la rue Theotokopoulou. Petit musée pour l’ensemble des collections mais passionnant par les commentaires. Il est « byzantin » parce qu’il montre des icônes, mais nombres de pièces sont vénitiennes.

Les céramiques vénitiennes sont incisées (sgraffito) sur des émaux verts ou jaunes avec fond clair bien caractéristiques.

J’apprends enfin  comment Venise s’est rendue maîtresse de la Crète : à l’issue de la 4ème Croisade en 1204, elle fut donnée à Boniface de Montferrat qui la vendit pour un bon prix à Venise. La population locale orthodoxe s’opposa à la mainmise des latins sur l’île. La loi vénitienne ne fut effective qu’en 1252. Les vilains orthodoxes se révoltaient souvent contre les nobles catholiques.

1453 : la chute de Constantinople priva l’Eglise orthodoxe de son chef le Patriarche de Constantinople. A partir du 15ème siècle le système féodal s’affaiblit et les centres urbains se développèrent.

J’ai découvert à Corfou les icônes de l’Ecole Crétoise, puis j’en ai vues à Ravenne, je m’étais interrogée. Pourquoi cette possession vénitienne avait-elle donné une telle production d’icônes orthodoxe ? Le musée Byzantin de Hania répond à cette question. Au 16ème siècle on assiste à la fusion des styles des artistes locaux entre la peinture d’icônes et le Maniérisme italien¸ Depuis le 15ème siècle les Crétois, à égalité avec les autres Vénitiens, pouvaient continuer leurs activités artistiques. Les peintres de Constantinople affluèrent en Crète. Les bonnes relations commerciales de la Sérénissime, les mirent au contact avec les milieux culturels européens. Cette école de peinture trouva de nombreux clients dans les commandes des marchands et celles es monastères jusqu’à sainte Catherine du Sinaï. Cette fusion entre les styles fut aussi visible dans l’architecture ; L’influence de Palladio et de Sanmicheli se voit aussi dans la reconstruction des monastères orthodoxes. J’ai bien aimé les icônes de Saint George écrasant le dragon (surtout les gueules pointues des dragons).

chambres d'hôtes rue Theotokopoulou

Descendant la rue Théotokopoulou, nous cherchons les heurtoirs de Venise (main de laiton). Les maisons, converties en maisons d’hôtes ont installée de jolies terrasses pour le petit déjeuner sur les trottoirs. Au bout de la rue, à gauche la rue Théofanos descend : des plantes vertes dans des pots de fleurs ornent la rue ; Nous cherchons les inscriptions latines à l’entrée du palais Ranieri (1608). L’enseigne d’une cave nous amuse.

Le quartier Evraïki est l’ancien quartier juif. Impossible de trouver la synagogue Hefetz Haim citée dans les guides mais pas localisée sur notre plan. Sort tragique de la communauté juive : déportée par les Allemands sur un bateau torpillé par un sous marin britannique en 1944. J’ai une pensée pour la communauté de Rhodes aussi disparue et celle de Salonique. La rue Zambeliou est bordée de jolis magasins et de cafés chics débouche dans Halidon animée.

petit muséee de La Maison Crétoise

Après une centaine de mètres nous arrivons sur une grande place où est bâtie la Cathédrale orthodoxe à la façade sobre. Juste en face se trouve la Maison Crétoise. L’entrée est dans une cour où il y a aussi une église catholique. C’est un joli musée ethnographique, un peu bricolé et d’autant plus sympathique. Il fait la part belle aux travaux d’aiguilles des femmes : broderies de fleurs de soie, parfois sous verre comme dans notre chambre d’Arolithos, dentelles. Il y a aussi un métier à tisser. La cuisine a été reconstituée avec la vaisselle. Dans une troisième salle les artisans déclinent leur métier : Teresis le tailleur, le cordonnier, le photographe….La visite s’achève dans l’atelier moderne de la brodeuse avec ses machines à coudre décorées de médailles pieuses et d’un chapelet. Il semble que ces broderies soient à vendre mais la vieille dame n’insiste pas occupée qu’elle est avec le tuyau d’alimentation du ruisseau et de la cascade miniature.

Budapest : quartier juif

CARNET DE BUDAPEST – Toussaint 2008

 

Synagogue de Budapest

Quartier juif : je découvre une synagogue Art Nouveau, très jolie. Un restaurant  propose des spectacles de klezmer tous les jeudis soirs (dommage, c’était hier !)

monument Carl Lutz

–    « quelle horreur ! »S’exclame D à la vue d’un groupe de statues contemporaines

–    « quelle horreur, les camps ! » je lui réponds!
Un homme rampe sous le regard impuissant de l’ange doré suspendu.
C’est le monument commémoratif de Carl Lutz qui a sauvé de nombreuses vies.

Plus loin, dans l’enclos de la Grande Synagogue, le Saule Pleureur

dont les feuilles métalliques portent chacune le nom d’un déporté. A l’ombre de la Synagogue de la rue Doherty, les tombes disparaissent sous le lierre. La visite rue Doherty ne peut pas se concevoir comme une simple visite touristique. Le souvenir de la Shoah en est indissociable.

Vilnius: première promenade, de la Porte de l’Aube à la cathédrale par Pilies

Porte de l'Aube, entrée de la Vieille ville


l’Hôtel City Gate est idéalement placé devant la Porte de l’Aube, entrée de la Vieille Ville. C’est un petit hôtel :  une cour bordée d’une galerie de bois fleurie de géraniums, une vigne grimpe sur le mur opposé Impression champêtre. La  chambre est simple mais vaste et confortable. La télévision a les bonnes sorties vidéos pour les photos. Il manque juste un frigo mais Maxima est  à 50m et les halles à côté. L’accueil est sympathique. Il y a un ordinateur à la disposition des clients. Nous serons très bien.

Première promenade dans Vilnius

porte de l'aube

Dès que nous passons sous l’arche de la Porte de l’Aube, nous entendons des chants. Dans la loggia se trouve une Madone miraculeuse en robe de feuille d’or et d’argent et au visage noir. Un groupe de femmes est en prières dans la galerie. Un guide italien commente : « vous voyez ici un exemple de piété populaire. » En touristes consciencieuses, on photographie la galerie.

 

 

 

 

Ce n’est pas cela que je suis venue chercher à Vilnius. Depuis Riga, je traine un remords. Je suis à la recherche des absents, des ombres. J’ai mauvaise conscience de passer d’agréables vacances sur les lieux où ils ont été anéantis. J’aimerais trouver au moins des traces du passé. L’Office du Tourisme propose un parcours sur les lieux où plane encore leur souvenir. Nous préparons la promenade avec soin d’après le dépliant, assises à la terrasse d’un café au milieu de la place Svarus (la Place des Français, selon le garçon, en raison de la proximité de l’ambassade de France) sous un  parasol carré près de beaux arbres rafraîchissants.

rue Sikliu, petit ghetto

Le Petit Ghetto est juste derrière la place encadré par les rues Sikliu, Zydu, Gaono et Antolko

. En 1941, 11000 juifs y ont été parqués puis liquidés. Contrairement au Ghetto de Kaunas qui a été rasé et occupé par des maisons modernes, ici, les maisons sont encore là, les rues étroites, tortueuses, pittoresques. Un hôtel de luxe est installé rue Sikliu , un joli restaurant a disposé ses tables. Je les contemple avec stupeur. Comment peut-on faire la fête ici. Il n’y a pas de prescription pour la Shoah. La taille des maisons me surprend : 10 000 personnes dans ce pâté de maisons ? Une plaque de granite rappelle les faits.  La grande Synagogue a été rasée par les soviétiques

monument au gaon de vilnius
monument auGaon de Vilnius

. Le monument au Gaon (ou à la Sagesse Juive) et le nom du Gaon qu’on a donné à la rue rappelle Eliahu Ben, Shlomo Zeiman (1720-1/97). Tête d’homme massive, barbe imposante et sourcils épais.

 

 

 

 

 

Nous parcourons les quartiers historique de la porte de l’Aube jusqu’à la Cathédrale par Pils suivant le flot des badauds. Pour la première fois, nous entendons parler Français. Sur notre parcours nous voyons des étals de souvenirs : tricots à motifs Jacquard, nappes et torchons, objets de bois, bijoux d’ambre ( véritable ???)Dans les jolies boutiques de Vilnius, il y a encore de l’ambre, mais pas au même prix.

Sous la lumière vive, les stucs blancs ressortent, les croix des églises brillent, une énorme couronne enserre le lanternon de la coupole de Saint Casimir. Clochers baroques, moulures surchargées, Vilnius est décorée et pimpante, l’antithèse de Kaunas sous la pluie.

cathédrale de Vilnius

Quand nous arrivons à la Place de la Cathédrale les dimensions m’étonnent. Je n’aurais jamais imaginé des colonnes aussi énormes.