CARNET SICILIEN 2016
Au Musée Civique, j’ai fait une bien belle découverte : le sculpteur Salvatore Rizzuti, enfant du pays né en 1949. Il alla peu à l’école et devint berger encore enfant. En gardant ses bêtes, il sculptait le bois jusqu’à ce qu’on reconnut son talent et qu’on l’envoya étudier à Palerme en 1967. Rizzuti est un sculpteur reconnu. L’article que Sciascia lui consacra est exposé en bonne place dans le Musée. Le sculpteur a offert à sa ville natale 33 sculptures, bois d’olivier, terracotta et compositions originales. Les figures sont singulières, souvent chargées de symboles comme cet homme avec un verrou dans la poitrine, un crâne ouvert comme un coffre-fort ou cette femme à tête de poste de télévision. Ces sculptures sont intéressantes et expriment souvent une très grande souffrance.

La salle suivante est occupée par un groupe intitulé Vêpres siciliennes : 3 personnages, un roi un évêque et une femme couchée sur un bloc – un billot – Scène extrêmement violente où l’évêque tient le poignet de la femme menottée tandis que le roi menace la femme allongée, jambes écartées. Va-t-il la violer ? La tuer ? Le bras levé est inachevé.

Un autre groupe ,Le Chant des Sirènes, est composé de tris personnages debout, au milieu un homme, en retrait la mort, le troisième est-il la Sirène, menaçante ou séduisante ? Autre scène complexe : Crucifixion le christ est assez classique mais il a adjoint une femme debout contre un rectangle plein. Une petite composition dans un cadre carré comme une crucifixion en diagonale : Sarajevo 1992. Une autre salle est occupée au milieu par un couple allongé sur un disque: le Refus du Péché Originel, ils ne respirent pas la jouissance pour autant , expriment autant de tourment qu’Adam et Eve de Masaccio à la chapelle Brancacci de Florence.
Sur des bandeaux, au mur des citations des auteurs les plus variés qui ont écrit sur la ville de Pline l’ancien à Goethe en passant par Diodore de Sicile, Cicéron, Al Muqqadasi et même le Parsifal de Wagner.
Après un pique-nique très venteux nous allons voir une petite chapelle tout en haut du village. Rosalia, tout en noir sauf son tablier orange, guide la manœuvre de la Fiat. Elle ne chasse pas les touristes importuns qui font demi-tour devant sa porte mais les accueille comme des hôtes.