Les sculptures de Salvatore Rizzuti au Musée Civique

CARNET SICILIEN 2016

DSCN6554 - Copie

Au Musée Civique, j’ai fait une bien belle découverte : le sculpteur Salvatore Rizzuti, enfant du pays né en 1949. Il alla peu à l’école et devint berger encore enfant. En gardant ses bêtes, il sculptait le bois jusqu’à ce qu’on reconnut son talent et qu’on l’envoya étudier à Palerme en 1967. Rizzuti est un sculpteur reconnu. L’article que Sciascia lui consacra est exposé en bonne place dans le Musée. Le sculpteur a offert à sa ville natale 33 sculptures, bois d’olivier, terracotta et compositions originales. Les figures sont singulières, souvent chargées de symboles comme cet homme avec un verrou dans la poitrine, un crâne ouvert comme un coffre-fort ou cette femme à tête de poste de télévision. Ces sculptures sont intéressantes et expriment souvent une très grande souffrance.

Vêpres siciliennes
Vêpres siciliennes

La salle suivante est occupée par un groupe intitulé Vêpres siciliennes : 3 personnages, un roi un évêque et une femme couchée sur un bloc – un billot – Scène extrêmement violente où l’évêque tient le poignet de la femme menottée tandis que le roi menace la femme allongée, jambes écartées. Va-t-il la violer ? La tuer ? Le bras levé est inachevé.

Le chant des sirènes
Le chant des sirènes

Un autre groupe ,Le Chant des Sirènes, est composé de tris personnages debout, au milieu un homme, en retrait la mort, le troisième est-il la Sirène, menaçante ou séduisante ? Autre scène complexe : Crucifixion le christ est assez classique mais il a adjoint une femme debout contre un rectangle plein. Une petite composition dans un cadre carré comme une crucifixion en diagonale : Sarajevo 1992. Une autre salle est occupée au milieu par un couple allongé sur un disque: le Refus du Péché Originel, ils ne respirent pas la jouissance pour autant , expriment autant de tourment qu’Adam et Eve de Masaccio à la chapelle Brancacci de Florence.

Sur des bandeaux, au mur des citations des auteurs les plus variés qui ont écrit sur la ville de Pline l’ancien à Goethe en passant par Diodore de Sicile, Cicéron, Al Muqqadasi et même le Parsifal de Wagner.

Après un pique-nique très venteux nous allons voir une petite chapelle tout en haut du village. Rosalia, tout en noir sauf son tablier orange, guide la manœuvre de la Fiat. Elle ne chasse pas les touristes importuns qui font demi-tour devant sa porte mais les accueille comme des hôtes.

 

cascade et maison musée de Martiros Saryan

CARNET ARMÉNIEN

Yerevan vue de la Cascade : le jardin des sculptures et l’Opéra

Les Arméniens font le pont du 9 mai au lundi 13 : vacances scolaires, mais également banques fermées, administrations et même les escalators de la Cascade et le Centre d’Art Cafesjian que je me faisais une joie de visiter. La collection des sculptures de plein  air me laissait présager un musée d ’art contemporain très intéressant. On se console en examinant avec soin les paliers de la Cascade. Le premier présente une piscine carrée où l’eau lisse reflète trois nageurs prêts à plonger en métal argenté brillant. Sous la fontaine deux tortues marines et des nageurs sont en bronze.

la Cascade

Au deuxième niveau : le bassin est à sec : carrés en damiers forment des gradins, chacun porte une grenade d’où jaillira un jet d’eau. Le bas relief du mur représente un oiseau merveilleux dont les ailes sont composées de grenades, grappes de raisin, motifs en amandes, fruits ou poissons. Renversé, sous l’oiseau : un éventail. Sur me rebord vers la ville, un homme est bizarrement agenouillé et grimaçant, du chinois Yu Minjun, lui font face trois mobiles très colorés d’Andrea Carson.

Le troisième niveau illustre le thème « urbanization versus wild life » : un ours polaire de marbre du Chinolis Zhaolui Liu, tourne le dos à une fusée chromée à deux étages polonaise (1980) tandis qu’un lion solitaire occupe tristement le centre du palier. Quand je m’en approche, je découvre que le sculpteur n’a pas fait son lion en bronze mais en pneus de moto lacérés.

 Le 4ème palier est introduit par 4 lettres du mot LOVE ; Dans la piscine à damier, une demi-tête humaine est à demi immergée faisant face à un poisson de bronze exondé.

Lapin acrobate de Flanaghan et soldat de Botero

Enfin ! la descente des marches est terminée. Nous pensions tranquillement les descendre avec l’escalator. Le Chat de Bottero nous accueille en face de la Mouette bleue. Je note les noms des sculpteurs : Saraj Guha pour les impalas, Barry Flanaghan (UK) pour les lapins acrobates, trois sculptures sur ce thème.

Il fait bon ce matin. Il n’y a pas de voitures dans les rues. A l’Opéra nous prenons la rue Moskovian qui décrit une courbe pour aller à la Maison Musée Martiros Saryan.

Maison Martiros Saryan

Martiros Saryan (1880-1972) a étudié à Moscou. Il n’échappa pas à l’influence des impressionnistes puis des Fauves, disciple de Gauguin et de Matisse. La première salle (1909-1917) présente des tableaux colorés sur des sujets orientaux et égyptiens où les animaux sont très présents. Un de mes préférés Night landscape in Egypt montre la gamousse. Dans Persia, des ânes et des gazelles.

En 1921, Martiros Saryan et sa famille s’installent à Yerevan. Les Tableau de cette salle illustrent une Arménie rurale, colorée, orientale avec des maisons aux toits plats, des balcons de bois bleu. L’Ararat mais aussi l’Aragats. Je découvre Ashtarak tel qu’Ossip Mandelstamm a dû la voir, villageoise, orientale, au pied de la montagne. Réalisme socialiste oblige, Saryan peint aussi les usines d’Alaverdi et ses cheminées fumantes.

Shoumen, mosquée, forteresse, monument des Fondateurs de la Bulgarie

CARNET BULGARE

Malheureusement la mosquée Tombul est en ravalement


Cherchant Pliska, on se retrouve à Shoumen, grande ville aux barres et aux tours modernes, quartiers peu engageants. Où se trouve donc la Mosquée Tomboul ? Il faut chercher les quartiers anciens. Il est 13h par plus de 35°, personne à qui demander son chemin. Au hasard, à la sortie de la ville, près des collines, surgit le minaret fin minaret turc comme un crayon taillé. Malheureusement la coupole célèbre, renflée, est en travaux sous des échafaudages. L’accueil est bon enfant, ni voile, ni burnou, ni casier à chaussures. Je n’ai rien sur la tête et les bras découverts. « no  problem ! » dit le jeune homme qui vend les tickets (4levas) et qui me donne un commentaire en français polycopié sous plastique. Construite en 1744, c’est une mosquée baroque décorée par les meilleurs artistes. Décoration florale, camaïeus, paysages, elle serait très belle sans tous ces tubes métalliques. Des tapis et kilim tapissent la cour autour de la fontaine des ablutions qui doit être fonctionnelle puisque des serviettes- éponges y sont étendues ce qui n’arrange pas les photos. De petites coupoles argentées à la mode turque coiffent les bâtiments bas.

la forteresse de Shoumen, au loin on aperçoit le Monument des Fondateurs

Une route monte  à l’assaut des collines boisées. La forteresse de Shoumen se dresse à 473m. La tour carrée de pierre blanche guette. On peut en faire le tour. La vue est très étendue malgré la brume de chaleur ? En face se dresse le Monument des Fondateurs de la Bulgarie . le mur d’enceinte de la forteresse a été restauré récemment. Il est en pierre blanche sans aucune patine. A l’intérieur de l’enceinte tout l’espace est occupé des fondations des bâtiments, églises et maisons. Cette colline fut occupée depuis le 5ème   siècle av JC : Thraces, Gètes, romains, Byzantins (5ème -7ème ) s’y sont succédés. Le musée minuscule est décevant à moins de lire le bulgare.

Asparouh, le fondateur

La route qui rejoint le Monument des fondateurs de la Bulgarie, au sommet de la colline passe par un frais sous-bois d’épais feuillus. De l’eau glacée sourd des fontaines. On oublie la canicule (avec la climatisation de la voiture). A la caisse, la dame parle très bien Français. Elle st contente de me raconter son voyage dans le Midi, Marseille, Aix, Avignon. Les billets spéciaux destinés aux étrangers ressemblent à des diplômes :

« UN BILLET POUR UN VOYAGE DANS LE TEMPS »

Le monument date de 1981. Des cubes monstrueux coiffent la colline. On les prendrait pour des hangars superposés plus que pour une œuvre d’art. Du plateau, on descend un escalier monumental pour pénétrer à l’intérieur de la construction. Une sorte de faille verticale isole un bloc quasi vertical recouvert de mosaïques noir, blanc rouge et dorée, d’un groupe de solides de béton aux formes géométriques, cristaux monstrueux portant des sculptures géantes de granite.

Le premier groupe représente Asparouh, le fondateur sur son cheval triomphant suivi d’un chien destiné au sacrifice. Sous le sabot du cheval, Orphée est en compagnie de 4 fées. Rappel du Célèbre Cavalier de Madara ? Le cheval est à peu près réussi. L’homme et ceux des autres groupes s’ispirent de l’esthétique Goldorak (ou Playmobil). Goldorak-Asparouh plante son glaive dans la terre « Ici, s’établira la Bulgarie ! »

Monument des Fondateurs de la Bulgarie

Le groupe suivant est la « galerie des Khans » Thervel (705) aida l’empereur Justinien, Khroum (803-807) atteignit Cosntantinople, Omurtag (815) fut le bâtisseur.

Les trois personnages verticaux allongés, sont encastrés dans le mur. Un peu plus loin, Boris 1er convertit la Bulgarie au christianisme. La mosaïque géante célèbre la diffusion de l’écriture slave « Âge d’Or » de Cyrille et Méthode, ce qui explique le fond doré.

L'Age d'Or : invention de l'écriture cyrillique

Si l’esthétique est contestable, le monument est pédagogique. J’ai maintenant de bons éléments de chronologie. C’est aussi un symbole du régime qui l’a fait édifier (1981) à rapprocher peut être du Palais monstrueux de Ceausescu à Bucarest.

Budapest : quartier juif

CARNET DE BUDAPEST – Toussaint 2008

 

Synagogue de Budapest

Quartier juif : je découvre une synagogue Art Nouveau, très jolie. Un restaurant  propose des spectacles de klezmer tous les jeudis soirs (dommage, c’était hier !)

monument Carl Lutz

–    « quelle horreur ! »S’exclame D à la vue d’un groupe de statues contemporaines

–    « quelle horreur, les camps ! » je lui réponds!
Un homme rampe sous le regard impuissant de l’ange doré suspendu.
C’est le monument commémoratif de Carl Lutz qui a sauvé de nombreuses vies.

Plus loin, dans l’enclos de la Grande Synagogue, le Saule Pleureur

dont les feuilles métalliques portent chacune le nom d’un déporté. A l’ombre de la Synagogue de la rue Doherty, les tombes disparaissent sous le lierre. La visite rue Doherty ne peut pas se concevoir comme une simple visite touristique. Le souvenir de la Shoah en est indissociable.

Sigulda :Le parc des statues d’Indulis Ranka

 

le poète


Les statues de granite sont dispersées dans le domaine. La plus fameuse et la plus grande est la tête du poète Krisjanis Barons qui collecta les dainas, les chansons traditionnelles lettones. La main posée sur la bouche suggère que ces chansons étaient restées secrètes dans l’illégalité comme l’identité et la culture lettone. Cette statue est d’autant plus intéressante qu’elle présente plusieurs faces.  A l’arrière, trois femme, trois générations, mère, fille, grand-mère, glorifient les femmes lettones qui ont conservé et transmis cette culture. Un homme très musculeux occupe la troisième face.

Plus loin, le cheval de la Destinée dans une belle courbe évidée est double, un cheval semble au galop tandis qu’une autre tête repose en sommeil.

Ces statues sont magnifiques. Mais d’où provient donc le granite ? Ici, affleure plutôt du grès. Peut être des blocs erratiques apportés par les glaciers.

les femmes lettonnes , à l'arrière de la tête du poète

Certaines statues sont bifaces, d’autres encore plus complexes. Dans un bloc, face avant, une tête de femme, sur un côté, une femme couchée, la tête renversée et sur une troisième un groupe d’hommes au travail tandis qu’un homme barbu se trouve en dessous ; Plusieurs statues sont mixtes, hommes-femmes selon le côté.

Ces statues sont réparties sur une pelouse que des jardiniers tondent consciencieusement où poussent des arbres magnifiques chênes et tilleuls. J’emprunte un sentier qui descend dans un vallon parcouru par un frais ruisseau. Au sol, un tapis de muguet mais aussi des prêles sous des chênes, des épicéas et des charmes.

De retour à Créteil j’ai trouvé le site d‘Indulis Ranka