Un mois de Juillet, tour de Roumanie, chez l’habitant
En attendant le taxi qui doit nous conduire à l’aéroport, nous regardons la télévision sur une chaîne Régionale ? Régionaliste ?
Trois musiciens habillés de noir, guitare, clarinette et vielle à roue chantent en hongrois. C’est agréable. cela change des sempiternels spectacles folkloriques (une chaîne ne diffuse que cela). Reportage en hongrois sur une concentration de coccinelles VW. Pourquoi pas ?
La télé passe du coq à l’âne : un vieux monsieur est à l’honneur dans une salle de conférence. Tiens je comprends le Roumain maintenant ? Non c’est du Grec que je ne pratique pas couramment mais dont les sonorités me sont familières. Pendant un bon quart d’heure, on disserte sur les parentés entre la Grèce orthodoxe et la Roumanie. Une vieille dame Russe leur succède, très digne, très distinguée, très russe. Elle a invité un violoniste à la coiffure très russe – au bol – Aussi loin que je puisse comprendre, on parle de Dostoïevski puis de Prokofiev, récital. Cinq dames en costume brodé bleu et beaux voiles blancs chantent des mélodies orientales. Un homme derrière un pupitre décoré avec une mosquée stylisée fait un discours. Ce sont des Tatars (l’homme revendique sa culture très ancienne(les sous-titres roumains sont explicites).
Hongrois, Tatars, russes, toutes ces minorités font la Roumanie. Tous ? Au cours de notre voyage, nous avons vu des Allemands en Transylvanie, une Hongroise en pays Sicule, Viorica est Houtsoule, rencontré de nombreux Tsiganes. Sous forme de boutade j’avais demandé à Pétré « Qui sont les Roumains ? » Assumant son origine russe et, vivant à Crisan, village Ukrainien, il m’avait donné une version optimiste de l’acceptation par les Roumains de leurs nombreuses minorités surtout dans la Dobrogea où vivent aussi Lipovènes, Tatars, Turcs et Grecs…
Kyra Kyrilina de l’écrivain roumain Panaït Istrati est un conte oriental. Le héros est Roumain mais l’action se déroule dans l’empire ottoman.
Toute cette diversité me fascine mais je ne suis pas aussi optimiste. La disparition tragique de la communauté juive, la mauvaise intégration des Tziganes, me pose problème. L’accueil à la synagogue et au Musée juif m’ont semblé étranges. Où sont passés les Juifs ? Les Israéliens ne passent pas inaperçus, l’Hébreu s’entend dans tous les sites touristiques, les sociétés israéliennes comme la Bank Léumi ont pignon sur rue mais il me faudra lire les mémoires d’Elie Wiesel pour trouver les traces de la Sighet juive. Aussi pour connaître une autre version de l’histoire contemporaine : dès 1939, Sighet est redevenue Hongroise et c’est comme Hongrois que les Juifs de Sighet ont connu un certain répit jusqu’en mars 1944 avec l’entrée des Allemands comme occupants. La déportation a suivi.
Je n’arrive pas à faire du tourisme en Europe de l’Est sans que l’histoire récente de la Seconde Guerre mondiale ne me rattrape. J’aurais également aimé discuter avec les Roumains rencontré de la période d’avant 1989 mais je n’ai pas su poser les bonnes questions, je n’ai pas été assez claire, peur de parler de sujets qui fâchent avec ces gens si hospitaliers.