Les Loups – Benoît Vitkine –

UKRAINE

La nouvelle présidente de l’Ukraine, Olena Hapko, prépare son investiture. Femme d’affaires au passé violent, celle qu’on surnomme la Princesse de l’acier savoure sa victoire. La voilà au sommet. A ses pieds, l’Ukraine et sa steppe immense. Mais la Russie ne l’entend pas ainsi. Face à la future présidente, les services secrets russes et les oligarques locaux attisent les révoltes populaires….

Depuis plus de deux mois, l’Ukraine s’invite sur nos écrans. Images terribles de guerre, de massacres et destruction. Pour mieux saisir l’information, j’ai besoin de littérature, de fictions, de personnages. J’ai beaucoup apprécié Donbass du même auteur : Benoît Vitkine qui est également correspondant du Quotidien Le Monde. 

Les Loups est une fiction, thriller ou espionnage et se lit comme un roman noir. Il apporte un éclairage particulier aux luttes d’influence au plus haut niveau : corruption (et anti-corruption?), mélange très intime des affaires privées et publiques des oligarques. A force de parler des oligarques russes, j’avais oublié qu’en Ukraine, également, des fortunes colossales se sont construites sur le démantèlement des moyens de production soviétiques. Et cet accaparement, si on suit l’auteur, s’est fait avec une violence inouïe, tabassage, meurtres même, montages financiers opaques avec la complicité des Russes, ou des sociétés offshores… Tous les ingrédients, y compris les hôtels de luxe, yachts, fesses, pour un thriller classique! 

Ce jour-là, elle apprend une leçon amère : si les politiques paraissent toujours prêts à ramper aux pieds des hommes d’affaires, ceux-ci peuvent être balayés en un rien de temps par la machine de l’État. Seule l’alliance des deux peut ressembler à une garantie de sécurité.

Les Loups sont donc ces hommes d’affaires brassant affaires publiques et privées. Olena Hapko, l’héroïne du roman, est surnommée La Chienne dans le genre chien d’attaque qui plante ses crocs et ne lâche pas. Sur un programme anti-corruption et pro-européen, elle a été élue présidente. Le roman se déroule pendant les 30 jours précédant son investiture. Alliances politiques partage des pouvoirs, premières concessions….Premières menaces de la part du voisin russe, maître-chanteur qui rappelle les compromissions passées et une affaire embarrassante:

« Mais l’objectif numéro un reste d’en finir une fois pour toutes avec l’indiscipline ukrainienne. Depuis le début
des années deux mille, Kiev et Moscou ont multiplié les contentieux gaziers : dettes, volumes et tarifs pour le
transit vers l’Europe. À plusieurs reprises, la partie russe a dû couper les robinets pour calmer les ardeurs
ukrainiennes, s’attirant la colère des clients européens privés de gaz l’hiver. »

Olena Hapko est un personnage de roman, elle n’a pas existé. Vitkine a-t-il écrit un thriller pour notre grand plaisir ou le journaliste bien informé du Monde a-t-il écrit un roman à clé? Une politicienne s’est distinguée il y a quelques années et s’est retrouvée en prison à la suite de contrats gaziers. Et c’est vraiment étrange qu’en pleine guerre le gaz russe traverse l’Ukraine encore aujourd’hui! Aussi les allusions à Maïdan m’ont intriguée. Je suis vraiment ignorante de cette histoire récente ; la lecture de ce livre a piqué ma curiosité plus que le ronron de la télévision. 

le Pingouin – Andreï Kourkov

UKRAINE

« Un policier se promène dans la rue avec un pingouin. Son chef le voit et lui dit : « Que fais-tu avec ce pingouin ! Emmène-le immédiatement au zoo ! »… Deux heures plus tard, il tombe sur le même policier, toujours avec le pingouin. En colère, il lui dit : « Mais je t’avais dit de l’emmener au zoo ! » « On y est allés, lui répond l’autre, et maintenant on va au cirque… »

Victor, écrivain en panne d’inspiration, solitaire, a apprivoisé Micha, un manchot royal que le zoo ne pouvait plus nourrir. Micha est un oiseau paisible, un bain froid, du poisson congelé semble lui suffire. Victor trouve un travail : la rédaction de nécrologies pour un journal de Kiev, nécrologie de personnes vivantes, pour un bon salaire de 300 $.Le rédacteur lui fournit une liste de personnalités, artistes, députés, militaires, hommes d’affaires avec des éléments biographiques. A Victor, de construire un texte original, agréable à lire ressemblant aux courtes nouvelles qu’il essayait de confier aux journaux et magazines. 

« Généralement, ceux qui méritent une nécro ont atteint une position enviable, ils ont lutté pour parvenir à leurs
fins, et dans ces conditions, il est difficile de rester pur et honnête. En outre, aujourd’hui, toute lutte se résume à
une bataille pour des biens matériels. Les idéalistes fous n’existent plus en tant que classe. Restent les
pragmatiques forcenés… »

Un peu avant Noël, il se vit confier, la rédaction d’une autre nécrologie par un certain Micha « pas le pingouin, l’autre » pour une belle somme. Micha lui confie aussi sa fille Sonia et finalement leur laisse un gros paquet de dollars pour l’entretien de la fillette. 

Voilà constitué le trio, Victor, Sonia et le pingouin qui va passer les fêtes de fin d’année dans une datcha en compagnie d’un ami policier.  Un peu plus tard, une jeune nounou, Nina complètera  la compagnie formant presque une famille – « famille idéale » . En plus des nécrologies, l’argent afflue grâce à la « location » de Micha, le pingouin pour des cérémonies funéraires spéciales. Cette histoire  originale est pimentée par les décès des personnages dont Victor a écrit la nécrologie. Disparitions, fusillades inquiétantes….

« Ce n’est pas de gaieté de cœur que le défunt se résolut à l’assassinat de son frère cadet, qui avait eu par hasard
connaissance de la liste des actionnaires d’une usine de machines à laver qui allait être privatisée. Mais le
monument funéraire érigé par le défunt en mémoire de son frère est devenu le plus bel ornement du cimetière.
Souvent, la vie oblige à tuer, mais la mort d’un proche oblige à continuer à vivre, à vivre malgré tout… Tout est
lié. »

Le roman est écrit sur un ton ironique et décalé. On découvre la violence et la corruption qui règnent  à Kiev dans les années 2000, sous-entendues, bien sûr, suggérées. Ambiance opaque. On devine des trafics mafieux, on se demande même si la chance et l’argent qui circulent ne proviennent pas d’une sorte de pacte avec le diable. La présence de l’animal insolite me fait penser  au chat de Boulgakov, ton décalé des Tchèques de Kundera à Bohumil Hrabal…Est-ce l’atmosphère de l’Europe de l’Est, la slavitude  ou l’écriture sous l’influence du stalinisme qui imprègne ce style?

J’avais découvert Andreï Kourkov avec Les abeilles grises (2022) que j’avais beaucoup apprécié. Le Pingouin (1996) confirme l’impression favorable. Je vais continuer à explorer l’œuvre de cet auteur! 

 

la Stupeur – Aharon Appelfeld –

LITTERATURE ISRAELIENNE

Encore dans cet ouvrage publié en français récemment, (avril 2022) en hébreu (2017) Aharon Appelfeld nous entraîne en Bucovine, sur les bords du Pruth  pendant l’occupation allemande et évoque le massacre des Juifs dans les petits villages. Alors que Mon père et ma mère, Tsili, Les Partisans  avaient pour narrateur un enfant-juif, le personnage principal, Iréna est une paysanne orthodoxe. 

Elle alla machinalement vers la fenêtre. Une scène sidérante s’offrit à ses yeux : le père, la mère et les deux filles étaient alignés devant l’entrée de leur magasin. le corps ceint d’un tablier bleu, la mère avait le buste penché en avant comme arrêtée en plein mouvement<; 

Le mari se tenait près d’elle dans ses vêtements gris habituels, un sourire flottant sur ses lèvres tremblantes, comme s’il était accusé d’une faute qu’il n’avait pas commise.

 » Qu’est-ce que c’est ça? » murmura Iréna en ouvrant sa fenêtre.

Elle les distingua mieux. leur position alignée lui rappela les enfants à l’école. C’était bien entendu une mauvaise comparaison. Ils se tenaient comme des adultes, sans piétiner et bousculer……

La stupeur : c’est celle d’Iréna, sidérée par le sort de ses voisins, les Katz que  le gendarme Illitch, sur ordre des Allemands fait d’abord aligner, puis agenouiller, creuser une fosse avant de les fusiller. L’épicier du village, sa femme et ses deux filles vont être assassinés devant tous les villageois qui déménagent leurs meubles, creusent la cour pour trouver des trésors enfouis. Seule, Iréna, les prend en pitié mais n’a pas le courage de s’interposer.

Iréna, simple paysanne ukrainienne, est  victime d’un mari violent, elle souffre de maux de tête. Adéla Katz, étudiante-infirmière était son amie d’enfance comme Branka, la simplette. Les parents ont toujours entretenu des relations de bon voisinage malgré l’antisémitisme virulent des paysans.

« les Juifs se sont infiltrés dans mon âme et ne me laissent pas en paix. »

A la suite du massacre, Iréna  décide d’aller dans la montagne visiter sa tante qui vit comme une ermite. Le remords de n’avoir pu aider ses voisins la tenaille, elle sent la présence des Juifs morts l’obséder. Elle trouve un peu de paix auprès de sa tante très pieuse puis d’un ermite, un sage. Elle entreprend une sorte de vie errante et interpelle les paysans dans les auberges où elle s’arrête :

« Jésus était juif. Il faut être clément envers ses descendants qui sont morts, et ne pas se comporter avec eux en usant de la force. Il faut les laisser s’installer aux fenêtres, marcher dans leurs cours et leurs maisons
abandonnées. Il est interdit de lever sur eux un bâton ou de leur jeter des pierres. »

Les hommes réagissent très violemment à ces paroles tandis que les femmes l’accueillent avec bienveillance, les prostituées, les femmes battues, les simples fermières la protègent.  Elle rencontre d’autres femmes sensibles au sort des juifs assassiné dans la région, l’une d’elle cache un enfant. Certaines la prennent comme une sainte, pensent qu’elle peut accomplir des miracles.

J’ai été étonnée de cette figure chrétienne mystique, parfois j’ai eu du mal à la suivre. Heureusement j’ai écouté Valérie Zenatti – la traductrice d’Appelfeld  par les temps qui courent et j’ai eu l’occasion d’écouter le poème de Celan : Todesfuge très impressionnant que Celan lit dans la vidéo ci-dessous : Celan est né comme Appelfeld à Czernovitz mais a continué à utiliser l’Allemand alors qu‘Appelfeld a choisi l’hébreu. 

Anselm Kiefer

 

Donbass – Benoît Vitkine –

UKRAINE

Saturée d’images répétitives de guerre, de ruines, bombardements que la télévision montre en boucle, je suis curieuse de littérature qui nourrirait mon imaginaire. Avoir de l’empathie pour un personnage, suivre ses aventures, me sentir happée par un livre, il me semble que je comprendrais mieux les actualités.

J’ai donc lu Les Abeilles Grises de Kourkov et j’ai beaucoup aimé le personnage de l’apiculteur demeuré dans la zone grise, entre les deux fronts tenus par l’armée ukrainienne et les séparatistes du Donbass. Ce livre est sorti en français en février 2022, juste avant l’invasion de L’Ukraine par  l’armée Russe. Il se déroule donc pendant la guerre que les séparatistes du Donbass livrent à l’armée ukrainienne depuis 2014. 

Donbass de Benoît Vitkine se déroule dans la ville d’Avdiivka en 2018

Avdiïvka marquait une limite. Derrière, à l’ouest, commençait l’Ukraine des plaines et du blé, celle des terres noires. Un autre monde. À l’est, c’était le pays des houillères, des puits d’extraction, là où les séparatistes
s’étaient le mieux implantés. Les terrils étaient les gardiens de ce territoire secret, de ses richesses souterraines. Ceux du Donbass s’y accrochaient comme des montagnards à leurs sommets.
[…]
Dans ce monde-là, les villes s’appelaient Anthracite, Prolétaire, Bonheur… On y construisait des jardins
d’enfants, des hôpitaux, des tramways aux couleurs pastel et naïves comme des slogans révolutionnaires.

[….]
Ceux qui avaient gardé leur boulot avaient découvert leur nouveau statut de sous-prolétaires, de déchets de
l’histoire. On ne les comparait plus aux cosmonautes mais aux ouvriers bangladais. Les filles l’avaient compris,
elles aussi. Dans les bals, s’il y en avait encore, elles ne se disputaient plus les jeunes mineurs aux bras durs
comme la pierre.

 

.

L’auteur, Benoît Vitkine est journaliste, correspondant du journal Le Monde et a couvert l’actualité de la région pendant 6 ans . Il est le lauréat du Prix Albert Londres . Le livre est donc très bien documenté. L’interview de Mollat ci-dessous est passionnante mais il vaut mieux lire le livre avant parce que certains détails peuvent spoiler.

Polar ou Docu-fiction?

L’auteur revendique le terme de roman-policier puisqu’il correspond aux codes du genre : un policier doit élucider l’affaire à la suite d’un meurtre. Il utilisera les facilités d’enquête que la police lui confère. L’intrigue permet de pénétrer dans la grande usine de coke qui fait vivre la région (voir la carte ci-dessus), de rendre compte de cette guerre de positions qui fait rage depuis 2014. Il met en scène une galerie de personnages variés : les grands-mères qui jouent un rôle insoupçonnés et qui font vivre leur quartier apportant un peu de chaleur humaine, gardant les enfants

« Malgré leur enthousiasme un peu enfantin, malgré leur obstination à préserver dans la guerre l’illusion d’une vie normale. Elles étaient des survivantes. Le quartier était rempli de ces veuves impassibles. Le pays pouvait bien s’étriper, elles continueraient à fabriquer des confitures et à mariner des champignons. Leurs maris s’étaient agités toute leur vie, puis leurs cœurs avaient lâché, fatigués de tant donner à des corps trop massifs, à des vies trop brutales. Elles, elles restaient. Elles vivaient quinze ans, vingt ans de plus que leurs hommes. Pendant vingt ans, elles enfilaient chaque jour les mêmes chaussons, les mêmes robes de chambre. Elles accomplissaient consciencieusement la routine de leurs petites vies. »

Il rencontre  les soldats avec leur violence, l’alcoolisme, mais aussi les questions et les doutes. les hommes d’affaire et la corruption, les trafics. Le policier Henrik  est un vétéran de la guerre d’Afghanistan, il en conserve des séquelles, homme intègre il est tout à fait désabusé quant à l’honnêteté des hommes de pouvoirs, même des amis de longue date.

Il n’y avait pas d’anges gardiens dans le Donbass. Ou bien leurs ailes étaient chargées d’anthracite.

L’interview de Mollat ci-dessous est passionnante mais il vaut mieux lire le livre avant parce que certains détails peuvent spoiler.

 https://youtu.be/qfcnLBSVm54

les abeilles grises – Andreï Kourkov – Ed. Liana Levi

UKRAINE

Alors que l’Ukraine occupe les actualités avec ces images terribles de guerre, de destructions, de réfugiés…il m’a semblé indispensable d’aborder l’Ukraine par la littérature, pour donner de l’épaisseur à ces images fugitives ou récurrentes auxquelles on finit de s’habituer sans chercher à connaître les personnes, les Ukrainiens et ce qu’ils ont à nous dire en dehors de l’urgence. 

Hasard ou coïncidence? Les abeilles grises est paru en février 2022 en français, quelques semaines avant l’invasion de l’Ukraine, été2019 en VO. 

« Ça faisait presque trois ans que Pachka et lui maintenaient la vie dans le village. On ne pouvait tout de même pas laisser le village sans vie. »

Sergueïtch est apiculteur. Son village dans la « zone grise », sur la ligne de démarcation entre les séparatistes du Dombass et l’Ukraine, sur la ligne de front, a  été abandonné par ses habitants à la suite des bombardements et des tirs. Il ne reste plus au village que lui et Pachka, son meilleur ennemi depuis l’école primaire, qui devient aussi son seul ami.

« Si les nôtres te réclament quelque chose, tu le feras ? – Quels “nôtres” ? demanda Sergueïtch d’un ton contrarié. –
Eh bien les nôtres, ceux de Donetsk ! Pourquoi tu fais l’idiot ? – Mes “nôtres” sont dans la grange, je n’en
connais pas d’autres. »

Sergueïtch reçoit la visite de Petro, un soldat ukrainien, Pachka trafique avec les « séparatistes » qui lui fournissent du pain, de la vodka…L’électricité a été coupée, plus de télévision ni de téléphone, sauf quand on lui recharge le portable. Avec son miel, il fait du troc.  Ils passent l’hiver sous la neige…les abeilles hibernent dans leurs ruches.

« Il se serait vu contraint depuis longtemps de partager toutes ses réserves avec son ennemi d’enfance. Au reste, iln’avait plus trop envie de penser à lui comme à un « ennemi ». À chaque nouvelle rencontre, même s’ils se
querellaient, Pachka lui semblait plus proche et plus compréhensible. Ils étaient à présent un peu comme
deux frères, même si, Dieu merci, ils n’étaient pas de la même famille. »

En hiver les simple se ressemblent, déneiger le toit de la grange, recharger le poêle en charbon, se procurer de la nourriture…

Cinq jours passèrent, tous identiques, tels des corbeaux. Pareille comparaison ne serait pas venue à l’esprit de
Sergueïtch si au cours de ces journées tranquilles et monotones, le seul bruit à emplir de temps à autre les
alentours n’eût été le croassement de ces oiseaux.

Quand le printemps arrive, que la végétation refleurit, Sergueïtch emporte ses ruches dans la campagne, loin des zones de combat pour que ses abeilles butinent en paix. En Ukraine d’abord, il campe, cuisine sur un feu de bois, vend son miel  et fait connaissance avec Galia, la vendeuse de l’épicerie. Une vie simple. Les habitants le voient comme un du Dombass, et après boire, un villageois lui détruit les vitres de sa voiture.

Il arrive en Crimée. Crimée paradisiaque pour les abeilles, tout au moins. Parce que pour lui, c’est plus compliqué, avec son passeport ukrainien. Il est accueilli par la famille tatare d’un apiculteur qu’il a connu autrefois. L’occupation russe de la Crimée est particulièrement cruelle pour les tatars.

Leur terre ? C’est la meilleure ! s’indigna la femme benoîtement. Elle est russe et chrétienne, et ça depuis la nuit des temps ! Bien avant les Tatars, les Russes ont apporté de Turquie le christianisme ici. À Chersonèse. Il n’y avait alors aucun musulman. Ce sont les Turcs qui plus tard les ont envoyés en même temps que l’islam.
Poutine, quand il est venu, a raconté lui-même tout ça : ici, on est en sainte terre russe. – Bon, moi, je ne connais pas l’histoire. Les choses peuvent s’être passées de mille façons. – Les choses se sont passées comme Poutine l’a dit, insista la vendeuse. Poutine ne me ment pas. »

 

Les abeilles comme métaphore de la société?

En remontant le long des vignes, Sergueïtch repensa à ces policiers et à leurs gilets noirs. Il se dit que les abeilles et les fourmis avaient elles aussi des gardiens qui veillaient à l’ordre et protégeaient les familles d’éventuelles intrusions. Il se dit que les humains pourraient apprendre des abeilles. Les abeilles, grâce à leur discipline et leur travail, avaient construit le communisme dans les ruches. Les fourmis, elles, étaient parvenues à un vrai socialisme naturel. N’ayant rien à produire, elles avaient juste appris à maintenir l’ordre et l’égalité. Mais les humains ? Il n’y avait chez eux ni ordre ni égalité. 

Mais pourquoi grises? A vous de lire le livre.

Grâce à Kourkov, j’ai maintenant des images mentales pour imaginer l’Ukraine, le Dombass et la Crimée. Et si vous voulez écouter l’auteur sur France culture, il parle parfaitement le français!

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-culture/la-crise-ukrainienne-vue-par-les-ecrivain