UKRAINE
« Un policier se promène dans la rue avec un pingouin. Son chef le voit et lui dit : « Que fais-tu avec ce pingouin ! Emmène-le immédiatement au zoo ! »… Deux heures plus tard, il tombe sur le même policier, toujours avec le pingouin. En colère, il lui dit : « Mais je t’avais dit de l’emmener au zoo ! » « On y est allés, lui répond l’autre, et maintenant on va au cirque… »
Victor, écrivain en panne d’inspiration, solitaire, a apprivoisé Micha, un manchot royal que le zoo ne pouvait plus nourrir. Micha est un oiseau paisible, un bain froid, du poisson congelé semble lui suffire. Victor trouve un travail : la rédaction de nécrologies pour un journal de Kiev, nécrologie de personnes vivantes, pour un bon salaire de 300 $.Le rédacteur lui fournit une liste de personnalités, artistes, députés, militaires, hommes d’affaires avec des éléments biographiques. A Victor, de construire un texte original, agréable à lire ressemblant aux courtes nouvelles qu’il essayait de confier aux journaux et magazines.
« Généralement, ceux qui méritent une nécro ont atteint une position enviable, ils ont lutté pour parvenir à leurs
fins, et dans ces conditions, il est difficile de rester pur et honnête. En outre, aujourd’hui, toute lutte se résume à
une bataille pour des biens matériels. Les idéalistes fous n’existent plus en tant que classe. Restent les
pragmatiques forcenés… »
Un peu avant Noël, il se vit confier, la rédaction d’une autre nécrologie par un certain Micha « pas le pingouin, l’autre » pour une belle somme. Micha lui confie aussi sa fille Sonia et finalement leur laisse un gros paquet de dollars pour l’entretien de la fillette.
Voilà constitué le trio, Victor, Sonia et le pingouin qui va passer les fêtes de fin d’année dans une datcha en compagnie d’un ami policier. Un peu plus tard, une jeune nounou, Nina complètera la compagnie formant presque une famille – « famille idéale » . En plus des nécrologies, l’argent afflue grâce à la « location » de Micha, le pingouin pour des cérémonies funéraires spéciales. Cette histoire originale est pimentée par les décès des personnages dont Victor a écrit la nécrologie. Disparitions, fusillades inquiétantes….
« Ce n’est pas de gaieté de cœur que le défunt se résolut à l’assassinat de son frère cadet, qui avait eu par hasard
connaissance de la liste des actionnaires d’une usine de machines à laver qui allait être privatisée. Mais le
monument funéraire érigé par le défunt en mémoire de son frère est devenu le plus bel ornement du cimetière.
Souvent, la vie oblige à tuer, mais la mort d’un proche oblige à continuer à vivre, à vivre malgré tout… Tout est
lié. »
Le roman est écrit sur un ton ironique et décalé. On découvre la violence et la corruption qui règnent à Kiev dans les années 2000, sous-entendues, bien sûr, suggérées. Ambiance opaque. On devine des trafics mafieux, on se demande même si la chance et l’argent qui circulent ne proviennent pas d’une sorte de pacte avec le diable. La présence de l’animal insolite me fait penser au chat de Boulgakov, ton décalé des Tchèques de Kundera à Bohumil Hrabal…Est-ce l’atmosphère de l’Europe de l’Est, la slavitude ou l’écriture sous l’influence du stalinisme qui imprègne ce style?
J’avais découvert Andreï Kourkov avec Les abeilles grises (2022) que j’avais beaucoup apprécié. Le Pingouin (1996) confirme l’impression favorable. Je vais continuer à explorer l’œuvre de cet auteur!
Je v
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Je suis restée en panne avec mon commentaire, je ne sais pas pourquoi … je disais donc que je voulais moi aussi continuer avec l’auteur, peut-être avec un autre titre.
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Aifelle : pourquoi pas le pingouin ?
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J’ai peur d’un côté un peu trop farfelu.
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J’ai lu ce Pingouin il y a fort longtemps, et l’année dernière(?) un gros bouquin de l’auteur (bien aimé) alors je devrais bien continuer…
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@keisha : je continuerais bien avec ton gros bouquin. Quel titre?
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Vilnius, Paris, Londres
Assez gros mais qui se lit tout seul.
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@keisha merci je le chercherai à notre retourfin jin
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Encore un billet qui confirme que cet auteur est à lire… et je commencerais bien avec ce titre !
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@ongannmic: Le Pingouin est très bien mais Les Abeilles Grises racontent la guerre zi Donbass et plus d actualité
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De mon côté, c’est l’inverse : j’ai découvert Kourkov dans les années 90 avec ce Pingouin que j’ai adoré (il y a une suite, il n’y a plus l’effet de surprise mais bien quand même) et je n’ai pas encore tout lu de cet auteur mais ces Abeilles grises est un coup de cœur aussi 🙂
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