The Lady – Besson

TOILES NOMADES

Même si la critique est un peu tiède, même si le film est un peu trop mélo, avec des méchants trop grimaçants…. ce film est à voir!

Leçon d’histoire? Il manque peut être une analyse des forces politiques birmanes, mais qu’importe. Il est parfois suffisant qu’une figure se lève, symbolise la résistance, la force de la lutte non-violente (je viens de terminer la lecture de la biographie de Gandhi et Gandhi apparait en image subliminale ou presque) .Un film, même de plus de 2 heures ne peut rendre compte de 15 ans de luttes..

Très belle histoire d’amour. Bien que séparés, la Dame de Rangoon et son mari sont associés dans la lutte.

Performance d’une actrice Michelle Yeoh, qui est aussi à l’initiative de ce film.

Danielle Mitterrand : une militante

accès à l'eau pour tous !

La nouvelle du décès de Danielle Mitterrand endeuille cette matinée ensoleillée qui commence. C’est une des figures de mon panthéon personnel qui disparait, non pas la first lady mais la Militante des Porteurs d’eau que j’ai eu la joie d’écouter il y a quelques temps à Villeneuve Saint Georges à l’occasion du Festival de l’Oh. octogénaire mais si dynamique transmettant tout son enthousiasme et son énergie au service d’une cause mondiale : le Droit à l’eau et l’accès à l’eau.

Je lui dédie cette photo d’une porteuse d’eau africaine.

Les porteurs d’eau boiront à leur feuille d’eau un breuvage un peu amer aujourd’hui.

 

Elles changent l’Inde – Expo photo au Petit Palais


Quelle expo! quelle pêche! quelles couleurs!

Je suis sortie toute optimiste et ragaillardie de cette merveilleuse exposition au Petit Palais .

Loin de tout misérabilisme, des couturières, des PDG, des agent(es) de sécurité, des politiciennes,  des chauffeur(es) de taxi, une cinéaste,  des paysannes qui irradient de leur regard de braise, de leurs saris chatoyants, de leur énergie qui s’exprime sur les photos grand format.

Des photos de groupe, des portraits, des parcours individuels ou collectifs : ce ne sont pas des icônes, des modèles, ce sont des histoires racontées, dans toute leur complexité.Avec le soin de ne pas oublier les luttes sociales, les plus pauvres. De ne pas oublier une culture millénaire.

« en Occident, ils ont façonné la femme à partir de la côte d’un homme et lui ont attribué un rôle de tentatrice ou de vierge innocente. En Inde nous avons toujours été mieux inspiré. Elle est à l fois Devi, ou Shakti, la part féminine du divin, maîtresse de l’univers ; Durga, protectrice des dieux : Saraswati, déesse de l’art de la culture et de la musique ; Laxmi, la richesse, Kali, la destruction ; Parvati, la création ; Sita la dévotion ; et Radha, l’amour infini.

mais au fil des millénaires, nous l’avons oublié. par la force physique, nous avons écrit une piètre histoire de domination et d’oppression…. »Tarun J. Teipal

http://www.youtube.com/watch?v=dQKyScz4u_A&feature=BFa&list=PL00F4DF6C7A4E8BC2&lf=results_main

 

Loin de mon père – Véronique Tadjo

LIRE POUR L’AFRIQUE

Nina rentre à Abidjan pour les funérailles de son père, le Docteur Kouadio Yao, avec le regret de n’avoir pas pu assister à ses derniers instants. Son père ne l’encourageait pas à rentrer en côte d’Ivoire déchirée par la guerre civile.

La famille n’est pas un vain mot en Afrique, proche ou étendue, tous participent aux cérémonies en formant un véritable comité de campagne, accueil, transport, restauration….Nina n’est donc pas isolée dans son deuil. Elle doit toutefois se plier à la coutume, aux exigences des anciens du village qui repoussent la date de l’enterrement. Déchargée des corvées matérielles, son rôle consiste à mettre de l’ordre dans les papiers de son père.

Elle en profite pour retrouver les albums-photos de famille, les carnets intimes du père, d’évoquer sa sœur Gabrielle dont l’absence est pesante. Elle va faire des découvertes déstabilisantes: une femme  prétendra que son fils est le fils du docteur, Nina accueillera volontiers ce demi- frère, mais d’autres se présenteront. Le médecin, étudiant à Paris, époux d’une femme française menait une vie de polygame au su de tous, sauf de sa femme et de ses filles qui ne se doutaient de rien.

Un cousin lui annonce que son père avait contracté des dettes importantes. En fouillant, Nina découvre que le père avait recours aux service de marabouts et de sorciers.

Plus on avance dans la lecture, plus on sent la jeune femme tiraillée entre Afrique et Occident entre son  père, éduqué à Paris mais tellement impliqué dans la tradition africaine,  et sa mère, blanche qui aimait l’Afrique, mais restait enfermée dans sa tour d’ivoire d’artiste. métissage insoupçonné au début du livre. On la sent se rapprocher de sa mère alors qu’elle cherchait le souvenir de son père.

Nina pense un moment rester à Abidjan, prendre soin de la maison, jouer son rôle d’héritière. La fin est ouverte.

J’avais été éblouie par La Reine Pokou, que j’offre à l’occasion quand je veux faire un cadeau, Loin de mon père ne m’a pas déçue.

 

Satin rouge film tunisien de Raja Amari avec Hiam Abbas

ARTE nous a donné l’occasion de découvrir ou de revoir ce film de 2002 avec grand plaisir.

  Hiam Abbas, joue le rôle de Lillia, veuve qui a une grande fille.  Couturière, elle découvre l’univers du Cabaret avec ses danseuses du ventre, découvre le plaisir de danser, la possibilité d’avoir une vie à elle, de braver la nuit interdite aux femmes seules et le regard soupçonneux des voisines.

J’ai découvert une facette que je n’imaginais pas de Hiam Abbas dont j’ai vu nombreux films, de Noces en Galilée , La Fiancée Syrienne, Les Citronniers, Free Zone, Amerrika.   Ses personnages tragiques ne correspondent pas à l’image d’une danseuse de cabaret, et pourtant elle sait danser et s’amuser! Toujours avec une dignité et une force impressionnante.

le film ne se résume pas à une performance d’actrice, c’est aussi, visuellement, un très beau film. La cinéaste, Raja Amari,  s’attarde sur de bien belles images, tissus aux couleurs chaudes chatoyantes dans le décor du cabaret et des tenues orientales des danseuses. Blanc et bleu des films tunisiens, des Secrets, film  que j’ai aussi aimé.

Et maintenant on va où? film de nadine Labaki

chœur antique?

Des femmes en noir s’avancent, tel un chœur antique dans une tragédie grecque, le décor s’y prête. Réminiscence d’un film d’Almodovar, elle vont frotter les tombes…. l’atmosphère est lourde, le Liban se déchire.

Les femmes en ont assez, elles sont prêtes à tout pour empêcher leurs maris et leurs fils de s’entretuer. C’est un sujet en or. Des actrices magnifiques, de l’impertinence, de la musique, des gags. Tous les ingrédients pour faire un excellent spectacle!

Et pourtant, j’ai préféré Caramel de la même réalisatrice. Avec trop de bonne volonté, elle en  fait trop, elles veulent tellement bien faire, qu’elles en font des tonnes. C’est sympathique, drôle, mais un peu trop lourd.

affiche

En escarpins dans les neiges de Sibérie – Sandra Kalniete (Lettonie)

LIRE POUR VOYAGER/VOYAGER POUR LIRE

que lire à la veille du départ pour Riga et les Pays Baltes?

Suivant les conseils de Dominique « A sauts et à Gambades », excellent billet contenant des liens passionnants et contradictoires, j’ai donc fait suivre la lecture de Purge de Sofi Oksanen par celle d’En escarpins dans les neiges de Sibérie.

Purge se déroule en Estonie, tandis que Sandra Kalniete est Lettone. L’occupation soviétique, hélas, fut la même. Si les  pays baltes ont des langues totalement différentes et des différences (qu’il faudra que je constate bientôt) l’histoire récente est analogue. Non pas une occupation, mais trois.

En escarpins dans les neiges de Sibérie n’est pas une fiction comme Purge c’est un témoignage. l’auteur raconte les déportations en 1941, 1945 puis 1949 des membres de sa familles. Elle ne se contente pas des témoignages oraux et des souvenirs. Elle exhumé les dossiers des archives, a dépouillé toute la correspondance et même le journal intime de sa mère et a fait œuvre d’historienne corroborant toutes ses affirmations de notes citant ses sources. Elle a également replacé l’histoire familial dans un contexte plus général, letton et même européen . Ces analyses m’ont permis de comprendre ce qui était resté obscur à la lecture de Purge. La déportation de la sœur et de la fille d’Aliide dans le roman m’avait parue bizarre. Je l’avais trop facilement peut être mis sur le compte de la jalousie de l’héroïne  lui faisant endosser une responsabilité très lourde qui n’avait peut être pas lieu d’être. La clandestinité du mari convoité gagne aussi en vraisemblance.

Au lieu de me promener en Lettonie, j’ai erré dans les wagons à bestiaux des déportés et en Sibérie. Si on ne peut vraiment pas parler de promenade, le voyage mérite la lecture. Le livre montre l’incroyable résistance et force d’âme de ces hommes et de ces femmes, résistance physique également dans des conditions extrêmes, imagination de survie : comment se faire des bottes ou des chaussettes avec des chiffons et des herbes, comment lutter contre le scorbut et les carences de vitamines avec les ressources de la forêt…..Leçon de dignité, de l’immense amour maternel et de la solidarité entre déportés mais aussi entre Sibériens.

 

My Little Princess – fée ou sorcière? un conte ou un fait divers?

http://www.dailymotion.com/swf/video/xjkwpx
MY LITTLE PRINCESS : BANDE-ANNONCE HD par baryla

La bande annonce raconte tout!  c’est un peu dommage!

J’ai hésité avant d’aller voir ce film : peur de la complaisance, pour dénoncer on montre beaucoup et peut être trop? J’ai appris que l’auteur du film était justement la petite fille -victime. Exorcisme, psychanalyse?  à ranger dans le chapitre  : « le roman familial est un enfer! »

Très belles images, trop belles, peut être? Huppert est excellente quand à la petite fille tout simplement extraordinaire. J’avais peur de m’être embarquée dans une histoire de pédophilie, de lolita, finalement le rapport à l’érotisme n’est pas du tout le plus intéressant de l’histoire, amours impossible des mères et des filles, mères abusives, même la grand mère ne peut exercer la bienveillance des grand-mères!



http://culturebox.france3.fr/player.swf?video=35833

Découvrez "My little princess" Eva Ionesco filme son enfance outragée sur Culturebox !

Ferrare, les dames des temps jadis : Isabelle d’Este et Beatriz de Luna, Lucrèce Borgia

LIRE POUR VOYAGER/VOYAGER POUR LIRE

ISABELLE D’ESTE de Christiane Gil – Pygmalion


A Ferrare, j’ai entendu l’écho des pas de dames illustres.

Isabelle d’Este, (1474-1539), fille d’Ercole 1er d’Este, après une éducation humaniste de la Renaissance, fut mariée au Marquis de Mantoue, François Gonzague, condottière au service de la Sérénissime. pendant que Gonzague guerroyait Isabelle décorait son château de Mantoue en attirant les meilleurs artistes de Vinci ,Mantegna, Bellini, dans sa jeunesse à Raphaël et au Titien..

.Belle-sœur de Ludovic Sforza, elle rayonnait à la cour de Milan. Mécène, Prima Dona del mondo, elle mit tous ses tatlent au service de la diplomatie. Mantoue, comme Ferrare n’étaient pas des puissances de premier plan, mais elles se trouvaient à la croisée des intrigues entre les puissances, Milan et États du Pape, rivalités entre Autrichiens et Français qui guerroyaient en Italie.

Isabelle d’Este a donc croisé deux rois de France, Louis XII et François 1er, les papes Borgia, Jules II, Clément VII…toute l’histoire de l’Europe est racontée dans la biographie d’Isabelle d’Este de Christiane Gil.

Roman historique ou livre d’histoire? Je penche plutôt pour la seconde alternative; histoire très bien documentée, très précise d’une vie combien romanesque!

La SENORA de Catherine Clément


j’avais lu cet ouvrage il y a 20 ans. Dans la via della Vittoria un panneau placardé dans le petit restaurant du ghetto racontait que Beatriz de Luna avait vécu là. Et j’ai relu la Senora.

Le narrateur, Joseph Nasi, conte les pérégrinations des marranes portugais des quais de Lisbonne au temps des Grandes Découvertes, en passant par Anvers des Habsbourg, Venise, Ferrare, Istanbul de Soliman le Magnifique jusqu’à Safed en Palestine. De persécutions de l’Inquisition ou des papes en intrigues avec les rois qui convoitaient les richesses de la banque des Mendes, la Senora organisait les réseaux qui permettaient de sauver les Juifs Portugais tandis que le  futur Duc de Naxos, son cousin, était le familier des rois et des sultans. Compagnon de Maximilien  Habsbourg, ami de Sélim le sultan, il était mêlé à toute l’histoire du 16ème siècle historie qui s’achève à la bataille de Lépante.

C’est aussi une belle histoire d’amour impossible entre les deux cousins, une recherche spirituelle pour ces marranes qui judaïsaient en secret mais qui ne furent instruits qu’au passage à Ferrare dans la communauté florissante protégée par les duc d’Este.

quand à Lucrèce Borgia, il me faudra trouver sa biographie!

 

Dang Thuy Tram – les Carnets Retrouvés (1968 -1970) ed Picquier

LIRE POUR LE VIETNAM

2805-copie.1306047074.JPG

1970, Whitehurst, chargé par l’armée américaine de trier les documents pris sur l’ennemi, s’apprêtait à brûler ces carnets. Son interprète vietnamien l’arrêta : « ne brûle pas celui-là, il y a déjà du feu là-dedans« . les carnets ne furent publiés à Hanoï qu’en 2006 et Thuy devint une véritable héroïne nationale.

Thuy n’a pas rédigé un ouvrage littéraire pour la postérité. Elle confiait ses pensées à son journal quand elle en avait le temps, pour méditer, dire ses joies et ses peines. Ce journal intime d’une jeune fille, d’une parfaite sincérité, d’une grande simplicité raconte la guerre, les deuils, les destructions que les Américains infligèrent aux combattants, certes, mais aussi à la population civile.

Le nom d’Anne Frank surgit naturellement. Thuy a presque le double de l’âge d’Anne, mais le ton adolescent des deux journaux intimes est semblable. L’exigence de sincérité, la recherche du bonheur en pleine tragédie aussi.

Cependant la ressemblance s’arrête là. Thuy est médecin, elle aspire à devenir un cadre du Parti communiste. Elle est partie volontairement dans le sud pour combattre l’envahisseur Américain. Son courage, son efficacité dans la direction d’un hôpital de campagne, l’enseignement qu’elle continue à dispenser au milieu de la guerre font d’elle une héroîne. Comment garde-t-elle un moment pour écrire?

« Oh Thuy, jeune fille pleine d’amour, tes yeux sont baignés de larmes que de trop nombreux chagrins y ont déposé. Oh, jeune fille souris d’un sourire éternellement présent sur tes lèvres et ne laisse pas deviner à personne que derrière ce sourire on peut percevoir un soupir. tu as vingt-cinq ans maintenant, sois ferme et réfléchie comme on le doit à cet âge! »

Seul son journal peut recevoir ses doutes. Elle se doit, pour ses patients, pour ses collègues, pour le Parti, d’être irréprochable, d’égale humeur. Celle qui console, soigne et apaise. Celle qui évacue les blessés, reconstruit l’hôpital bombardé, celle qui opère souvent sans anesthésiants, celle qui reconstruit et qui voit à nouveau l’hôpital détruit.

Elle écrit aussi ses amours. Son amour c’est M. qui s’est éloigné et qui répond si mal à ses attentes. L’aime-t-il encore? L’aime-t-elle encore? Elle vit une fraternité et une camaraderie amoureuse avec nombreux combattants qu’elle appelle « petits frères ». De la tendresse des petits frères, pudique, elle ne raconte que les « yeux qui pétillent » les cheveux de soie qu’elle caresse, des embrassades fraternelles. On n’en saura pas plus. Et pourtant:

« Chaque fois que nous nous disons au-revoir, je m’aperçois que je t’aime davantage. je te serre dans mes bras, je t’embrasse sur les yeux et je sens que rien ne pourra nous faire oublier les moments que nous partageons (….)Je suis ta grande sœur et je ne dis pas que je t’aime pls que Nghia, plus que Khiêm, mais je peux te dire que je t’aime d’un amour sans limite. »

je me suis un peu perdue dans ces camaraderies amoureuses, j’ai un peu confondu tous ces combattants exemplaires qui ont tous des yeux noirs et des cheveux de soie.

Thuy n’est pas centrée sur elle même. Elle raconte des histoires tristes de familles décimées, de mères qui cherchent leurs fils, de grands frères qui soutiennent de loin des orphelins. C’était cela le Vietnam des années de guerre. D’une guerre qui a duré plus d’une génération.